FC Sion vs. Reste du monde : la semaine de vérité ?

Après les forfaits prononcés contre le FC Sion dans les matchs face au Celtic Glasgow, les fronts se sont encore durcis, avec la décision du Tribunal cantonal vaudois favorable au FC Sion, joyeusement ignorée par l’UEFA. La semaine risque d’être riche en enseignements mais sans forcément faire avancer le schmilblick, vu que les parties pourraient bien outrepasser les différents verdicts qui seront rendus.

Après que l’UEFA eût prononcé les défaites par forfait contre le Celtic, et donc de facto son exclusion de l’Europa League, le FC Sion s’est rué devant les tribunaux pour faire annuler la sanction. Avec des fortunes diverses.

Jeudi noir

Le jeudi 8 septembre, le FC Sion essuie deux nouveaux revers devant la justice. Le premier n’appelle pas vraiment de commentaires, le Tribunal cantonal s’estime incompétent ratione loci, au motif que l’affaire ne présentait pas suffisamment de liens avec le Valais. On ne s’y attardera pas, vu que la même action aboutira quelques jours plus tard devant un tribunal vaudois.
Le deuxième revers est plus intéressant car essuyé devant ce fameux tribunal de district de Martigny qui a accordé les mesures superprovisionnelles ; le tribunal a refusé d’invalider la décision de l’UEFA au motif que c’est le club – et non les joueurs – qui a été exclu. Comme je n’ai pas eu accès au détail de la décision, je ne vais pas en tirer des conclusions péremptoires mais cela semble confirmer la théorie que j’ai défendue dans la partie précédente de mon article, soit que les mesures superprovisionnelles s’adressaient uniquement aux joueurs mais n’étaient pas suffisantes pour permettre au FC Sion d’aligner les joueurs en question.

Mardi faste

Les actions du FC Sion vont toutefois clairement repartir à la hausse le mardi 13 septembre puisque le Tribunal Cantonal Vaudois va ordonner la réintégration du FC Sion en Europa League et la qualification des six joueurs pour les matchs suivants. Sur la base de mesures superprovisionnelles en admettant (pour résumer) d’une part que Sion avait rendu vraisemblable un dommage si les défaites par forfait devaient s’avérer injustifiées, d’autre part que les délais étaient trop courts pour que le club valaisan saisisse les juridictions compétentes selon les règlements de l’UEFA. Au surplus, on relèvera que l’UEFA avait pu faire valoir sa position dans ce dossier par le biais d’un mémoire préventif. Pour des raisons à la fois professionnelles et personnelles, je ne commenterai pas plus avant cet arrêt mais allez le lire, c’est intéressant, surtout pour les fans du FC Sion, c’est finalement le premier document directement favorable à leur club depuis le début de l’affaire El Hadary, même s’il ne s’agit encore une fois que de mesures superprovisionnelles basées sur la vraisemblance d’un dommage mais qui ne préjugent pas de l’action de fond.

Bienvenue à la loi sur les cartels

L’action au fond, indispensable pour demander des mesures superprovisionnelles, s’est une nouvelle fois déplacée. Plus question du jugement du TAS sur les périodes de transfert prétendument déjà purgées, ni du droit de la personnalité du joueurs, désormais le FC Sion, par une énième contorsion, invoque l’article 7 alinéa 1 de la Loi sur les cartels : «Les pratiques d’entreprises ayant une position dominante sont réputées illicites lorsque celles-ci abusent de leur position et entravent ainsi l’accès d’autres entreprises à la concurrence ou son exercice, ou désavantagent les partenaires commerciaux.» D’après l’alinéa 2, «Sont en particulier réputés illicites : a. le refus d’entretenir des relations commerciales (p. ex. refus de livrer ou d’acheter des marchandises) ; b. la discrimination de partenaires commerciaux en matière de prix ou d’autres conditions commerciales ; c. le fait d’imposer des prix ou d’autres conditions commerciales inéquitables ; d. la sous-enchère en matière de prix ou d’autres conditions commerciales, dirigée contre un concurrent déterminé ; e. la limitation de la production, des débouchés ou du développement technique ; f. le fait de subordonner la conclusion de contrats à la condition que les partenaires acceptent ou fournissent des prestations supplémentaires.»
Si un jour cette action doit être jugée au fond, ce dont je doute, on souhaite bien du plaisir aux avocats du FC Sion pour faire rentrer une décision de forfait prise sur la base d’une qualification douteuse dans le cadre de cet article. Paradoxalement, le FC Sion aurait eu plus de facilité à invoquer l’abus de position dominante s’il avait été formellement exclu de l’Europa League plutôt que simplement condamné à des défaites par forfait. Ceci explique peut-être les multiples provocations de Christian Constantin envers l’UEFA…

Le refus de l’UEFA

C’est cette fois-ci au tour de l’UEFA de jouer le passage en force en ignorant royalement la décision du Tribunal vaudois. Il faut dire que l’instance faîtière du football européen se retrouvait dans une situation insoluble : si l’UEFA avait purement et simplement réintégré le FC Sion, le Celtic Glasgow se serait à son tour précipité devant les tribunaux avec une argumentation fort similaire à celle des Valaisans, soit qu’il risquait un dommage irréversible s’il était exclu de l’Europa League après avoir été éliminé par un club alignant des joueurs qui s’avéreraient en fin de compte non autorisés à jouer. Le Celtic n’aurait eu aucune peine à faire valoir la vraisemblance de sa prétention et aurait dû être réintégré. Du coup, les autres clubs du groupe, Atletico Madrid, Udinese et Rennes, auraient alors pu faire valoir un dommage en estimant qu’ils n’avaient pas à jouer des matchs supplémentaires qui risquaient d’être pour beurre selon le résultat de la procédure au fond, pour un litige qui ne les concernait en rien. L’imbroglio était assuré.

Cet exemple tout bête montre à quel point la justice civile n’est pas outillée pour résoudre ce type de conflit et pourquoi il faut absolument éviter de s’y adresser, sous peine de devoir attendre chaque fois dix ans avant de pouvoir valider le résultat d’une compétition. L’UEFA a choisi la solution de facilité et a ignoré la décision du Tribunal vaudois, qui a alors menacé de ne pas valider les résultats de l’Europe League, puis a confirmé sa première décision après une contre-attaque de l’UEFA. Deux nouvelles décisions favorables au FC Sion mais qui n’apportent rien de vraiment nouveau par rapport à la décision du 13 septembre. C’est là qu’on en est, au 26 septembre 2011, alors que trois décisions devraient tomber dans les jours qui viennent.

Le Tribunal de district de Martigny

Le Juge du Tribunal de district de Martigny va devoir convertir les mesures superprovisionnelles en mesures provisionnelles. Cette décision n’aura pas d’incidence sur les épisodes précédents, notamment les forfaits qui ont été ou pourraient être prononcés, de même qu’elle ne pourra pas soustraire Sion à la sanction. La décision du juge octodurien est surtout importante si les procédures au TAS et au TC vaudois devaient s’enliser. Si le Tribunal de Martigny refuse les mesures provisionnelles, alors le FC Sion devra renoncer (temporairement en tous les cas) à aligner ses six renforts. En revanche, une décision positive permettra à Laurent Roussey de continuer à aligner Feindouno, Mutsch et compagnie, avec toujours les risques que cela conduise ultérieurement à des défaites par forfait. En l’absence de faits nouveaux et vu que la FIFA ou l’UEFA ne vont pas forcément beaucoup s’investir dans cette procédure-là, on devrait aboutir à la confirmation des mesures provisionnelles, toujours en faveur des joueurs dont la position semble plus solide que celle de leur club. 

Le Tribunal Arbitral du Sport

Cela aurait dû être la mère de toutes les batailles, celle qui détermine qui est dans son bon droit et qui ne l’est pas dans ce dossier. C’est-à-dire que soit le TAS acceptait l’interprétation du FC Sion selon laquelle il aurait déjà purgé la sanction, ce qui légitimerait le combat de Christian Constantin, soit il réfutait cette interprétation et, à ce moment-là, il ne serait plus resté beaucoup d’arguments à Sion pour éviter la sanction. Le problème, c’est que le champ de bataille devait être l’action FC Sion vs. FIFA. Laquelle a été retirée par les Valaisans. Aujourd’hui, il ne subsiste plus qu’une action FC Sion vs. SFL dont on ne sait pas trop ce qu’il pourrait en ressortir, surtout que l’une des parties a largement mis en doute l’intégrité et l’indépendance du TAS. A priori, comme je l’ai déjà expliqué, la position du FC Sion paraît fragile.
J’ai déjà discuté ce point mais, pour répondre à la remarque pertinente d’un lecteur, je vois mal comment l’Olympique des Alpes peut prétendre avoir purgé sa suspension à l’été 2009 et à l’été 2010, en invoquant une décision du Tribunal fédéral de… janvier 2011. Car, pendant les périodes concernées, aucune des parties ne se sentaient liées par une quelconque interdiction, surtout pas le FC Sion qui aurait hurlé au scandale en invoquant l’effet suspensif si on lui avait refusé une qualification à cette époque-là, puisque son président clamait sur tous les toits que le Tribunal fédéral allait lui donner raison et invalider la décision de la FIFA pour notification incorrecte.

Les conséquences

Si le TAS donne raison au FC Sion, celui-ci verra son combat légitimé. La SFL n’aura d’autre choix que de qualifier définitivement les joueurs concernés et les protêts déposés contre Sion devraient être rejetés. Par contre, on ne sait pas quelle serait la réaction de la FIFA, qui n’est plus partie à la procédure, et qui pourrait éventuellement redonner des périodes de transferts à purger. Mais là, ce n’est que pure spéculation.
Si Sion est débouté, il perdra alors toute légitimité, puisque tous les arguments invoqués pour ne pas purger la sanction auront été déboutés les uns après les autres. La solution serait sans doute de déposer un recours au Tribunal fédéral contre le jugement du TAS, qui n’aurait que peu de chances d’aboutir si l’on juge le «succès» du premier recours au TF contre le TAS, mais qui permettrait de prolonger les mesures provisionnelles du Tribunal de Martigny pour continuer à aligner les renforts de l’été. Avec un risque toujours plus accru de défaites par forfait par la suite, car, si le TAS lui donne raison, la SFL va sans doute accepter les protêts déposés contre le FC Sion pour tous les matchs où il a aligné Feindouno et compagnie.
En revanche, le verdict du TAS, dans un sens ou dans l’autre, ne changera pas fondamentalement la procédure ouverte avec l’UEFA puisque le litige sur la qualification incorrecte ou pas des joueurs contre le Celtic demeure intact. Reste que le verdict du TAS renforcera la position de l’une ou l’autre des parties devant le Tribunal cantonal, en particulier dans l’éventualité d’un jugement au fond sur l’abus de position dominante.

Le Tribunal Cantonal Vaudois

La décision du Tribunal Cantonal Vaudois sur l’octroi de mesures provisionnelles ne préjugera en rien du problème de fond mais concerne uniquement la participation du FC Sion à l’Europa League et, le cas échéant, le droit des six nouveaux joueurs à y participer (à moins que le tribunal n’étende les mesures provisionnelles à la SFL mais ça paraît peu probable). Si le TC revient en arrière et refuse les mesures provisionnelles, c’en est fait des espoirs du FC Sion de jouer l’Europa League cette saison, il pourrait éventuellement rester un mince espoir de toucher des dommages et intérêts mais la procédure s’annoncerait longue et parsemée d’embûches. Cette hypothèse paraît peu probable, il nous étonnerait que le tribunal se déjuge et quelque part donne raison à l’UEFA d’avoir snobé son verdict initial.
Il est plus probable que le Tribunal Cantonal va confirmer la réintégration à titre provisionnel du FC Sion. D’un autre côté, il paraît douteux que le Tribunal impose en même temps à l’UEFA d’exclure le Celtic de la compétition car, privilégier les prétentions d’un club par rapport à l’autre et juger un dommage potentiel plus vraisemblable que l’autre, serait une manière de trancher déjà la question de fond, pas vraiment compatible avec une demande de mesures provisionnelles. On peut supposer que le Tribunal Cantonal va seulement imposer la réintégration des Sédunois en Europa League et laisser ensuite l’UEFA se dépatouiller avec ce sac de nœuds.

Que va faire l’UEFA ?

Le cas échéant, que va faire l’UEFA ? A priori, et pour les raisons évoquées ci-dessus, la réintégration du FC Sion, soit en lieu et place du Celtic, soit aux côtés du Celtic dans un groupe à cinq, poserait des problèmes pratiques et juridiques considérables. Le scénario le plus probable, ce serait donc que l’UEFA continue d’ignorer les injonctions de la justice. Après tout, l’article 292 du Code pénal ne prévoit qu’une amende, laquelle ne devrait pas beaucoup obérer le budget de l’association nyonnaise. En outre, il y a un élément (comme beaucoup d’autres dans ce dossier) qui a échappé à une certaine presse qui se voit déjà apporter des oranges à Michel Platini du côté de Bochuz : l’entité qui refuserait d’appliquer les mesures provisionnelles dictées par la justice, ce ne serait pas Platini, Infantino ou qui que ce soit d’autre, mais en premier lieu l’UEFA, en tant que personne morale de droit suisse.
On ne va pas rentrer dans une longue théorie sur la responsabilité pénale de l’entreprise, que je ne maîtrise d’ailleurs pas, mais c’est uniquement en tant qu’organes de l’UEFA que Michel Platini et consorts pourraient éventuellement encourir une responsabilité pénale, après examen des processus décisionnels au sein de l’UEFA. Or, même si le devoir de diligence d’un dirigeant d’association fait l’objet d’une réglementation et d’une jurisprudence moins détaillées que celui de l’administrateur d’une société anonyme, l’article 69 du Code Civil  stipule que «la direction a le droit et le devoir de gérer les affaires de l’association et de la représenter en conformité des statuts.»
Les dirigeants de l’UEFA pourront donc se retrancher derrière leurs devoirs légaux et statutaires. Soit que, confrontés à deux obligations divergentes, celle de respecter la décision du Tribunal d’un côté et celle de respecter leurs devoirs de dirigeants de l’autre, ils ont dû faire, en leur âme et conscience, une balance des intérêts et ont estimé qu’il était plus important de défendre les intérêts de l’immense majorité de leurs membres plutôt que ceux d’un seul club. Et si la justice veut vraiment invalider les résultats de l’Europa League, on doute que cela ait une grande influence si tous les participants à la compétition acceptent les résultats. De toute façon, le temps joue en faveur de l’UEFA, sachant que le FC Sion aura bien de la peine à obtenir sa licence en mars prochain s’il est encore empêtré dans des querelles juridiques d’arrière-garde.
Bref, quelles que soient les décisions prises (ou pas) cette semaine, l’épilogue de cette affaire n’apparaît pas proche. La seule certitude c’est qu’Udinese ne sera pas à Tourbillon jeudi soir, pour le reste, les voies de la justice sont impénétrables… Même si j’espère t’avoir donné un aperçu de la situation un peu plus complet que ce qui avait été présenté jusque-là par chez nous.
Si tu as manqué le début : FC Sion vs. Reste du monde : la genèse ; FC Sion vs. Reste du monde : l’embrouille ; FC Sion vs. Reste du monde : le Grand Soir et FC Sion vs. Reste du monde : le passage en force
A suivre : FC Sion vs. Reste du monde : ???

Écrit par Julien Mouquin

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19 Commentaires

  1. Merci pour le boulot, Julien.

    On y voit un peu plus clair.

    Ce qui est évident, c’est que tout ça est un sacré sac d’embrouilles. Les décisions de justice iront tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre et les parties risquent l’une et l’autre d’ignorer les décisions prises!

    Avant le dossier de CR, je pensais que Sion était dans son tort sur le fond mais que l’UEFA prenait de gros risques en ignorant des injonctions de la justice. Après cette lecture, il parait évident que l’UEFA n’a pas grand chose à perdre dans l’histoire, à l’inverse du FC Sion qui pourrait même risque la relégation, pour peu que la décision du TAS soit tardive et que tous les protêts déposés soient validés par la SFL.

    CC prend des risques énormes et je me demande s’il en est conscient. Depuis le début de l’histoire, on ne sait pas s’il croit vraiment en son combat ou si – comme le pense Mouquin – il tente simplement de s’arroger consciemment des avantages illégaux.

  2. Ce qui ne faut pas oublier, c’est que le TAS n’a aucune légitimité légale par rapport à un tribunal civil car c’est tout simplement un « tribunal » privé.
    Et il ne faut également pas oublier qui finance, du moins en partie, cet organisme.

  3. Encore une fois bravo pour ce travail! On ne peut que regretter qu’aucun journal n’ait eu l’honnêteté professionnelle d’en faire de même.
    Un point m’intéresse tout particulièrement et est pour l’instant régulièrement passé sous silence, tant dans ces articles que dans la presse romande: qui de la lettre adressée par l’UEFA avant les rencontres Sion-Celtic qui confirme aux clubs concernés que les 6 joueurs sédunois sont autorisés à jouer? Si le contenu de cette lettre est bien exact et même si – comme Julien – je reste persuadé que CC a tort quant au fond du problème (les fameuses périodes d’interdiction), il s’agirait-là d’un document très délicat pour l’UEFA… Comment cette dernière pourrait-elle en effet autoriser le FC Sion a aligner ses recrues avant de punir le club pour cette même raison 3 jours plus tard?

  4. Une autre petite remarque concernant le jugement du tribunal martignerain de ce matin. Les mesures superprovisionnelles ayant été définitivement confirmées, CC pourra continuer à aligner ses 6 recrues pendant la présente saison. Les protêts n’y feront rien… Ce n’est pas nécessairement très règlo au niveau de la manière, mais force est de constater qu’il a déjà obtenu par la force sur seul sol helvétique ce que la FIFA lui avait pourtant interdit: des transferts…
    Va-t-il maintenant continuer son action du côté du TAS, dans un aspect du dossier bien plus délicat?? J’ai l’impression qu’il pourrait se limiter au tribunal valaisan pour ne pas perdre la face et laisser croire le spectateur moyen non informé qu’il a gagné sur tous les tableaux…

  5. Sinon, marrant que CartonRouge face la pub de Lüscher « Par amour de la Suisse »… Moi, j’aurais plutôt dit « Par amour de lui-même »…

  6. Bravo, bien écrit!

    Mais alors Monsieur le Procureur Mouquin il me semble que vous regardez trop les séries américaines à la télévision.

    Quel manque d’objectivité, tout comme un procureur américain.

    Vous ne citez que des éléments à charge.
    Alors que vous avez l’air de connaître le dossier, vous ne citez que les lignes qui vont à l’encontre du FC Sion et de Christian Constantin.

    C’est fort, à voir le nombre de personnes qui tombent dans votre panneau.

    Vous êtes certainement un bon procureur américain mais sûrement pas un juge digne de confiance. L’UEFA pourrait vous engager.

  7. @Olmat:
    le tribunal cantonal vaudois en parle dans sa décision (et en tient compte… ce qui n’est pas sans importance):

    attendu qu’à teneur du règlement de l’UEFA Europa League 2011/2012, pour être qualifiés pour participer aux compétitions interclubs de l’intimée, les joueurs doivent avoir été inscrits auprès d’elle pour jouer dans un club dans les délais requis (art. 18.01), qu’ils doivent être dûment inscrits auprès de l’association concernée conformément à la réglementation de cette dernière ainsi qu’aux dispositions de la FIFA, en particulier au Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs de la FIFA (art. 18.02);

    attendu que, dans la perspective des matchs de barrage de l’UEFA Europa League, l’intimée a informé l’adversaire de la requérante, le club écossais X.________, que l’Association Suisse de Football (ASF) avait confirmé que les joueurs dont la participation était litigieuse avait été qualifiés et que, partant, elle était tenue de considérer que ces joueurs étaient aptes à participer à l’UEFA Europa League 2011-2012 (lettre du 17 août 2011: « Therefore, UEFA has to consider that these players are eligible to participate in the UEFA Europa League 2011-12. »),

    que la requérante a affronté le X.________ lors des matches de barrage de l’Europa League, le 18 août 2011 à […] (score: 0-0) et le 25 août 2011 à […] (score: 3-1), qu’ainsi, la requérante s’est qualifiée pour les phases de poule de la compétition;

    attendu que l’instance de contrôle et de discipline de l’UEFA a, par décision du 2 décembre 2011 dont les motifs ont été communiqués à la requérante le 5 septembre 2011, admis les protêts du X.________ et déclaré les deux matches disputés contre ce club « perdus par forfait 3-0 » par la requérante, que, dans ses motifs, cette instance a considéré que les joueurs en cause n’étaient pas qualifiés par l’ASF et la FIFA sur la base de leurs règlements, mais en vertu d’un ordre intimé par le juge des districts de Martigny et St-Maurice, juge qu’ils n’étaient pas autorisés à saisir, que, ce faisant, l’intimée a sanctionné la requérante pour le motif que certains des joueurs de celle-ci s’étaient adressés au juge civil pour obtenir leur qualification, qu’elle a ainsi, de manière indirecte certes, mis en échec l’ordonnance de mesures préprovisionnelles rendue par le juge des districts de Martigny et St-Maurice, laquelle est à ce jour toujours en force,

    qu’il n’appartenait en aucun cas aux organes de l’intimée de revoir le bien-fondé de cette ordonnance,

    qu’au demeurant, l’intimée a statué dans une matière qui n’était pas de sa compétence, la qualification des joueurs pour l’Europa League ressortissant, à tout le moins prima facie, à l’association nationale (art. 18.02 du règlement précité), ce qu’elle avait d’ailleurs reconnu dans sa lettre du 17 août 2011,

    qu’analysé au stade de la vraisemblance des faits et de l’apparence du droit, ce comportement, qui s’apparente à un boycott et que ne vient justifier aucun motif légitime, porte une atteinte grave à la concurrence et constitue un abus de position dominante;

  8. @osiris
    Il s’agit du 4ème article de Julien Mouquin sur le sujet. Tous les problèmes ont été présentés, tous les arguments décortiqués, …
    Parler de manque d’objectivité, c’est un peu fort de café… à moins d’être pro FC Sion et de ne considérer comme vérité que ce qui sort de la bouche de CC.

    Ne me comprends pas mal: je n’apprécie pas du tout le caporalisme dont fait régulièrement preuve tant la FIFA que l’UEFA. Il n’empêche le litige initial entre le FC Sion et la FIFA – qui porte sur les périodes de transfert – est clairement en défaveur de CC. Si on en est toujours à parler de cela aujourd’hui, ce n’est qu’en raison de certaines approximations de la part des juristes de l’UEFA et de la FIFA, approximation dont CC profite à merveille (sur ce point, il mérite mon admiration). De là à le décrire comme une victime, il y a encore un monde…

  9. Oui, comme je l’ai écrit, tous les éléments à charge, uniquement à charge. Tout le monde sait que CC s’est, pour une fois, fait entubé par les Egyptiens. Il se défend avec ses armes.

    Pas un mot sur les énormes erreurs de la FIFA qui se décharge sur la SFL et sur l’UEFA.

    Crois-moi, à ce que je sais de bonne source, certaines personnes de la FIFA sont mouillées jusqu’au cou dans cette affaire et ceci les tristes sires du Zurich ne veulent pas le reconnaître. Il y en a déjà qui ont été virés.

  10. Suite à la décision du Tribunal de district de Martigny de qualifier les joueurs du FC Sion, il peut sembler vraisemblable que d’autres clubs se feront un plaisir de mettre leur grain de sel.

    Sur la base de cette décision, qu’est-ce qui empêcherait, par exemple, le Lausanne-Sport d’aligner Moussilou contre Sion dimanche puisque cette sanction l’empêche techniquement de travailler.

  11. ce qui me sidère – et c’est peu dire- c’est que personne ou peu degens semblent choqués par le fait qu’une association se moque d’un décision de justice civile!! c’est un fait grave : essayez une fois en tant qu’individu de le faire et vous verez les conséquences. Là il semble normal de tergiverser, de trouver des excuses.
    D’autre part, parler de ^peu de dommage finacier’ en jeu c’est oublier que l’amende – si elle vise l’uefa- peut aller jusqu’à 5 millions et qu’une condamnation pénale ouvre le champ à des prétentions en dommage et intérêt qui pourraient aller bien plus loin

  12. Bravo pour cette série d’articles, très instructifs. Si, de manière regrettable, les autres « media » font des raccourcis trompeurs de cette affaire, c’est à cause de sa complexité (même pour un juriste) d’une part, pour vendre leur journal et plaire à leurs lecteurs, d’autre part. On peut être très critique de l’UEFA et de la FIFA, de leurs dirigeants, sans tomber dans le panneau dressé par Constantin – de manière grossière et presque « suicidaire ».

  13. A Me M.

    Sur la question de savoir si Sion a purgé ou pas, je crois que personne de sérieux (donc pas CC…) ne soutient que Sion a purgé les deux périodes. Ma remarque était plutôt que je me demande si les autorités du foot auraient du immédiatement appliquer les sanctions à l’encontre de l’Olympique des Alpes, dans la mesure où cette dernière n’a pas fait l’appel.

    En caricaturant, si ma voisine commet un excès de vitesse et que mon beau-frère fait appel pour son propre compte, je ne vois pas ce qui empêche d’encaisser l’amende de la voisine avant d’attendre le déboutement pour le recours fantaisiste du beau-frère.

    La question est alors de savoir si les autorités du foot n’ont pas « tacitement » renoncé à la peine en ne l’appliquant pas dès que possible. Je penche plutôt vers le non, mais la SFL aurait dû/pu bloquer les transferts bien avant cet été… là, on peut penser qu’il y a eu erreur de leur part.

    Sur le fond de l’affaire, et vue que les décisions des autorités sportives sont désormais en force, je suis plutôt d’avis que tout va mal se terminer pour Sion – autant il semble possible d’obtenir des décisions sur mesures provisionnelles de juges complaisants, autant sur le fond, la loi sur les cartels et la protection de la personnalité des travailleurs, Sion et les joueurs instrumentés ont des chances purement théoriques, à mon avis.

    Dommage que Sion risque de fausser le championnat en offrant des matches gagnés à certaines équipes et pas à d’autres (6 points pour le LS!) – je trouverai parfaitement légitime de sanctionner Sion pour cela, en les reléguant.

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