Voyage au bout de l’ennui

Loin des frimas de l’hiver malgré une bise à débosser un chameau et sur une pelouse nettement plus praticable qu’une semaine auparavant, les 5’750 spectateurs de la Pontaise pouvaient espérer assister à un match de bonne facture. Toutefois, les conditions météorologiques ne font pas tout et encore faut-il que les différents acteurs aient la volonté et la capacité d’offrir un spectacle digne de ce nom. Autant le dire tout de suite, ce fut loin d’être le cas tant au niveau des deux équipes que du directeur de jeu Monsieur Zimmermann et ses assistants.

Des signes avant-coureurs à cette parodie de match de football de ce dimanche après-midi pouvaient pourtant laisser présager une telle issue. En effet, on avait d’un côté le LS, trois matches officiels depuis la reprise et trois 0-0. Question spectacle ça donnait déjà une assez bonne indication. Ensuite, pour ceux qui avaient eu le bonheur d’assister à ces rencontres ou de les analyser, la pauvreté affichée dans le jeu était assez affligeante. Toutefois, après les valises ramassées cet automne, les plus optimistes y voyaient au moins une certaine assise défensive supérieure et des raisons d’espérer sur les quelques rares occasions qui auraient pu se transformer en but. On était toutefois bien loin du beau jeu à la Lausannoise unanimement reconnu la saison passée et qui était devenu la marque de fabrique du LS de Martin Rueda.

De l’autre côté, le FCZ. Loin de sa splendeur récente ponctuée par trois titres de champion suisse en 2006, 2007 et 2009 et après avoir perdu près de la moitié de ses titulaires à la trêve (Rodriguez, Alphonse, Margairaz et Mehmedi notamment), il erre dans le ventre mou du classement et n’avait pas été capable d’inscrire le moindre but depuis 231 minutes avant cette partie.
Contrairement aux craintes qui pouvaient alors être émises avant le début de cette rencontre, le LS prit le match à son compte. Face à des Zurichois bien timides et sans doute les pieds quelque peu emmêlés dans les rouleaux de papier hygiénique égarés malencontreusement par le parcage visiteur visiblement pas au courant qu’il y avait de la bise du côté des Plaines du Loup, les joueurs de Martin Rueda furent même proches d’ouvrir le score sur une tête de Sonnerat à la 24ème. Mais avec le seul Moussilou en pointe, difficile d’être régulièrement dangereux même si les montées de Chakhsi sur l’aile droite furent à souligner.
Alors que chacun s’était gentiment endormi, Adrian Nikci, laissé étrangement seul à 20 mètres de Coltorti, avait tout loisir d’armer un tir croisé pour tromper le gardien lausannois alors que la mi-temps était quasiment atteinte. Déjà que marquer un but ne semblait pas simple en 315 minutes, tenter d’en mettre deux en 45 relevait de l’impossible.
Néanmoins, le coach lausannois tentait un coup de poker à la mi-temps en sortant deux joueurs à vocation défensive (Meoli et Marazzi) pour les remplacer par un attaquant (Negrao) et un milieu offensif (Khelifi). Ce qui en soi paraissait une bonne initiative allait en fait s’avérer totalement désastreux puisque, bien aidé par des Zurichois volontiers truqueurs et manipulateurs et sans envie aucune d’emballer le match, les Lausannois furent incapables de porter le danger devant les buts de Leoni. Pire, un nombre incalculable de ballons furent perdus ou donnés directement à l’adversaire. Les manquements du LS apparurent de plus en plus criants et on en oublia même les décisions fantaisistes et parfois partiales de Monsieur Zimmermann et de ses juges de touche qui furent vraiment à la hauteur du match. C’est-à-dire pas bien haut.

Et maintenant ? La menace valaisanne se fait de plus en plus sentir derrière le LS, surtout que ce canton a une petite dent contre les citadins depuis hier et qu’ils ne feront de cadeaux à personne. Et comme Servette semble avoir trouvé –  du moins pour l’instant – un repreneur valable, le spectre d’un barrage de tous les dangers fait de plus en plus peur aux supporters vaudois. Même si avec 6 points de retard sur une équipe de GC également à la rue, rien n’est perdu. Il faudra par contre plus d’envie et plus de talent pour revenir sur les Sauterelles. A moins qu’une nouvelle bombe n’explose dans le microcosme du football helvétique et qu’en finissant derniers, le LS décroche l’Europe.
Photos joueurs de Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – FC Zurich 0-1 (0-1)

La Pontaise, 5’750 spectateurs.
Arbitres : M. Zimmermann, assisté de MM. Helbling et Habegger.
But : 44e Nikci (1-0).
Lausanne : Coltorti ; Meoli (46e Khelifi), Page (79e Roux), Tall, Chakhsi ; Sonnerat, Bah, Sanogo, Pasche ; Marazzi (46e Junior Negrao) ; Moussilou.
Zurich : Leoni ; Glarner (53e R.Koch), Texeira, Beda, S.Sutter ; Gajic, Buff, Aegerter; Nikci, Konzen; Chermiti (80e Drmic).
Cartons jaunes : 34e Tall (jeu dur), 45e Moussilou (comportement antisportif), 55e Nikci (jeu dur), 81e Pasche (réclamation).