Le Werder blême

Un pâle Werder Brême a subi un sévère revers dans la course à l’Europe en s’inclinant lourdement à domicile contre Mainz. Alors qu’ils rêvaient de Ligue des Champions à l’automne, les Brêmois pourraient bien se retrouver bredouilles en fin de saison.

On varie un peu les plaisirs lors de ce dernier week-end de mars en nous rendant dans un stade que l’on ne visite pas très souvent, le Weserstadion de Brême, où ton site préféré n’était plus revenu depuis Pâques 2007. Même si c’est loin, on devrait y venir plus souvent, l’accès au stade a quelque chose d’un peu britannique avec une allée assez sympa pleine de bars et de supporters. Le temps nous manque malheureusement pour essayer tous les bars mais on trouve quand même quelques minutes pour une halte dans un Biergarten sur les bords de la Weser. La bière locale, la Haake-Beck, est pas mal du tout.

Convivial

Depuis notre dernier passage, le stade a subi une importante rénovation. En fait, c’est surtout l’enveloppe extérieure qui a été modifiée avec l’ajout d’une structure photovoltaïque arrondie qui casse le côté jadis anguleux du Weserstadion. A l’intérieur, cela n’a pas tellement changé : c’est devenu très fonctionnel mais sinon les fans locaux prennent toujours place dans la Prostkurve à l’est, les projecteurs emblématiques sont toujours là et ça reste un stade assez convivial avec des spectateurs proches du terrain. A l’aune de la Bundesliga, c’est un stade de dimension modeste ; d’ailleurs, à l’œil, on n’imaginerait jamais que cette enceinte peut contenir plus de 40’000 spectateurs, elle paraît plus petite que le stade de Genève (mais beaucoup plus remplie et bien mieux fréquentée).

Destins croisés

Après avoir lutté presque jusqu’au bout contre la relégation la saison dernière, le Werder Brême était reparti d’un meilleur pied dans le présent championnat. A l’automne, les Brêmois pouvaient même rêver d’un retour en Ligue des Champions mais cela s’est sérieusement gâté depuis lors ; aujourd’hui, il n’y a plus guère qu’une qualification en Europa League pour sauver la saison. Mainz connaît un destin inverse : après avoir brillamment obtenu sa qualification pour l’Europa League la saison passée, le Karnevalsverein doit lutter contre la relégation en 2011-2012. Pourtant, la situation délicate au classement ne conduit pas l’entraîneur mayencennois Thomas Tuchel à délaisser son sacro-saint turnover. Ainsi, Mohamed Zidan, qui affole les statistiques depuis son retour à Mainz, est resté nonante minutes sur le banc de touche ; il semblerait que cela n’ait guère plus à l’Egyptien qui avait justement quitté Dortmund pour retrouver du temps de jeu.

Affolter trop tendre

Le coaching de Thomas Tuchel s’avérera pourtant gagnant. Certes, le match aurait pu prendre une autre tournure si une tête du Brêmois Bargfrede ne s’était pas écrasée sur le poteau en début de match. Mais ensuite, les deux joueurs qui remplacent Zidan vont unir leur talent pour ouvrir le score, Andreas Ivanschitz à l’ouverture et Adam Szalai à la conclusion d’un tir en force sous la latte après avoir éliminé avec une facilité déconcertante un François Affolter bien trop junior en la circonstance. Orphelin de ses compères du boy-band de l’an dernier, Schürrle et Holtby, et longtemps éloigné des terrains par une vilaine blessure, le talentueux Hongrois revient en forme au meilleur moment pour mener son club vers le maintien.  Evidemment, devant son public, le Werder devait réagir mais sa domination restera extrêmement brouillonne et peu inspirée. Manifestement, la succession des Micoud, Diego et autres Özil n’a pas été assurée, les Brêmois possèdent le ballon et se créent des corners mais ce n’est pas franchement dangereux. Mainz est même tout près du 0-2 sur un coup franc d’Ivantschitz qui heurte l’angle des buts de Wiese.

L’imposture Tim Wiese

C’était décidément le jour de grâce pour Thomas Tuchel qui va une nouvelle fois réussir un coaching gagnant à la pause en remplaçant Szalai, légèrement touché, par Eric Maxim Choupo-Moting. A peine entré en jeu, l’éternel espoir camerounais va doubler la mise sur un centre de Zabavnik en profitant d’une chute du Brêmois Hartherz. On a cru à une faute mais l’arbitre a eu raison de laisser jouer, une nouvelle fois le défenseur du Werder s’était montré bien trop tendre. La réaction brêmoise s’est fait attendre ; Claudio Pizarro, de retour de suspension, réduira bien le score mais son but sera annulé de manière un peu discutable pour avoir touché le ballon avec le bras mais c’est à peu près tout.
Le Werder boira même le calice jusqu’à la lie lorsque son gardien Tim Wiese nous a gratifié d’une de ces sorties fumeuses dont il a le secret, en venant percuter son défenseur Clemens Fritz pour permettre à Eric Maxim Choupo-Moting de s’offrir le doublé dans le but vide. Je n’arrive pas à comprendre que le sélectionneur national Joachim Löw persiste à faire du peu rassurant portier brêmois le numéro deux de la Nationalmannschaft derrière Manuel Neuer. Si c’est juste pour jouer un match amical avec une équipe B contre la France, ça passe, mais s’il devait arriver quelque chose de fâcheux à Neuer à l’Euro, l’Allemagne va vraiment viser le titre européen avec Tim Wiese dans les buts ? C’est d’autant plus incompréhensible qu’il y a actuellement une pléthore de bons gardiens en Allemagne : Zieler, l’actuel n°3 dans la hiérarchie, les jeunes prodiges Leno et ter Stegen, Baumann, Weidenfeller, Rensing ou encore Ulreich, il y a vraiment l’embarras du choix pour ne pas trembler à la perspective d’une blessure de Manuel Neuer.

Privé d’Europe ?

Avec ce succès convaincant, Mainz fait un pas de géant vers son maintien ; il faudra inscrire encore quelques points mais ça paraît bien parti. A Brême, en revanche, c’est la déprime et les supporters n’ont guère goûté à la piètre performance de leur équipe favorite. Le Werder avait deux matchs à domicile contre des mal-classés, Augsburg et Mainz, pour conforter sa place en Europa League, il n’a pris qu’un point et s’est fait rejoindre par la concurrence. Ces points perdus, il faudra les récupérer contre le Bayern Munich ou Schalke 04 qui doivent encore visiter le Weserstadion d’ici la fin de saison. Mais il est clair qu’actuellement, pour les trois places en Europa League, la dynamique est plus favorable à Hanovre, Stuttgart et Wolfsburg qu’à Brême et Leverkusen. L’hypothèse de voir cette équipe brêmoise décimée par les blessures, trop naïve en défense et stérile en attaque privée d’Europe pour la deuxième année consécutive n’a donc rien d’utopique.

Werder Brême – FSV Mainz 05 0-3 (0-1)

Weserstadion, 40’132 spectateurs.
Arbitre : M. Kircher.
Buts : 19e Szalai (0-1), 48e Choupo-Moting (0-2),74e Choupo-Moting (0-3).
Werder : Wiese; Ignovski (46e Marin), Affolter (51e Naldo), Papastathopoulos, Hartherz;  Fritz, Bargfrede, Junuzovic, Trybull (51e Füllkrug) ; Pizarro, Rosenberg.
Mainz : Wetklo; Bungert, Kirchhoff, Noveski, Zabavnik; Baumgartlinger, Polanski (85e Fathi), Soto; Ivanschitz, Müller (59e Caligiuri); Szalai (46e Choupo-Moting).
Cartons jaunes : 54e Fritz, 62e Zabavnik, 63e Soto.
Notes : Brême sans Vander, Prödl, Arnautovic, Hunt, Kroos, Borowski, Stevanovic, Ekici ni Thy (blessés), Mainz sans Svensson, Risse ni Gavranovic (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. Sympa, le compte-rendu. Mention à l’allusion au stade de genève. Et je partage tout à fait ton avis sur Tim Wiese, crétin fini de surcroît.

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