5ème pays : les Pays-Bas

Après le groupe A qui – soyons honnêtes – ne fait pas rêver grand-monde, place au fameux «groupe de la mort qui tue» ! Comme à chaque tournoi, les Pays-Bas feront partie des favoris et devraient régaler les foules. Mais avec un loser comme Robben dans leurs rangs, une victoire en finale semble quand même utopique…

Pourquoi les Pays-Bas ?

Au pays du Gouda, des moulins à vent, des tulipes, des altitudes négatives et des rollmops, le football est le roi incontesté au niveau sportif.
Le petit royaume du nord de l’Europe lui a toujours fourni des joueurs et des équipes magnifiques. Les Pays-Bas, c’est Neeskens, Cruyff, Van Basten, Gullit, Bergkamp. C’est le football total aussi, la plus belle chose qui soit arrivée à ce sport, jusqu’à la retraite de Pipo Inzaghi. Et puis, la magnifique combinaison «maillot orange – Surinamais à dreadlocks» toujours représentée par au moins un joueur néerlandais (de Gullit à Rijkaard, de Davids à Evander Sno, de Clarence Seedorf à Georginio Wijnaldum), ça achève de rendre les Oranje sympathiques.

Pourquoi pas les Pays-Bas ?

En psychologie, il paraît qu’on appelle ça de l’anticipation négative. On essaye de se persuader du pire histoire d’être moins déçu quand la catastrophe se produit. Alors pour ne pas m’énerver et/ou fondre en larme quand les Bataves se feront sortir du tournoi, j’essaie de trouver mille et une raisons de les détester. Je les hais, oui, je ne supporte pas les Pays-Bas ! Parce qu’on ne peut aimer une équipe qui a passé nonante minutes à démonter l’adversaire lors de la dernière finale de la Coupe du Monde. Parce que les tulipes c’est moche et que l’Heineken c’est insipide. Parce que quand j’étais à l’école, je perdais bêtement des points dans mes tests de géographie, ne sachant jamais qui de la Haye ou d’Amsterdam était la capitale de ce pays à moitié construit sur l’eau qui ne devrait même pas exister. Parce qu’on ne peut que haïr ces hordes de supporters primaires qui débarquent par dizaines de milliers, qui installent leurs caravanes n’importe où et qui ne pensent qu’à picoler, chanter, hurler, vomir, repicoler et revomir. Parce que la couleur orange me rappelle les ouvriers des viaducs de Chillon et les ralentissements qui gonflent tellement les pendulaires. Et puis, enfin, n’oublions pas que (la) Hollande a déjà signé une probante victoire au mois de mai, ça suffit maintenant…

Faites-nous rêver avec un souvenir du football néerlandais 

Tout le monde se rappelle (dans le cas contraire, passez au moins une partie de vos dimanches pluvieux sur ESPN Classics) de la magnifique équipe néerlandaise qui avait décroché le titre de champion d’Europe en 1988, en battant l’URSS grâce à des buts de Gullit et Van Basten. Sur le terrain, ce jour-là, personne n’aurait imaginé que les Oranje puissent perdre. En alignant des joueurs légendaires, comme les deux précités, mais aussi Frank Rijkaard, Ronald Koeman ou Jan Wouters, cette équipe est une des plus belles à avoir participé à un Euro. Et Gullit – Van Basten en tête de gondole d’un champion d’Europe, ça a quand même plus de classe que Charisteas – Karagounis…

Fais-nous rire avec un souvenir du foot néerlandais

Etant donné que mes grands-parents eux-mêmes n’étaient pas encore à l’état de projet lors d’une défaite 12-2 contre l’Angleterre en 1907, je suis bien obligé de me rabattre sur un événement plus récent… En 2008, les Néerlandais ont une fois de plus prouvé aux derniers sceptiques qu’ils avaient le don de foirer tout seuls une compétition qui leur semblait promise.  Après deux branlées infligées à l’Italie et à la France, agrémentées d’une victoire de leur équipe B contre la Roumanie, le titre continental leur tendait les bras. Certains rigolaient même à la vue de l’adversaire suivant. Mal leur en a pris, puisque les Bataves sont lamentablement tombés face à la redoutable et redoutée Russie, au terme d’un non-match que des hectolitres d’Amstel n’ont jamais pu faire oublier. Ah, les Pays-Bas, le parfait exemple de l’ascenseur émotionnel…

Pourquoi les Pays-Bas vont être champions d’Europe ?

La maigreur du palmarès néerlandais au niveau international est une erreur de l’histoire que les hommes de Bert Van Maarwijk vont s’empresser de corriger cette année. Il n’est pas normal que les Bataves aient un palmarès aussi fourni que celui de la Grèce et moins que celui de la France.
D’autant que les Néerlandais ont toujours été des conquérants qui ont débordé de leurs frontières. Il suffit de voir l’empire colonial monté par les Bataves pour s’en rendre compte, ou encore d’assister à l’arrivée (pacifique généralement) de la marée de supporters oranges sur les lieux d’un match. L’invasion de ces hordes de moustachus en caravane sera la plus sympathique de l’histoire de l’Ukraine (les moustachus en orange sont généralement plus conciliants que les moustachus en rouge) et, une fois les pays hôtes éliminés (après trois petits matchs chacun), Polonais et Ukrainiens adopteront ce look ridicule et soutiendront, eux aussi, les Pays-Bas.
L’ambiance terrifiante qui sera générée par ces dizaines de milliers de Slaves remplis de Trappe Tripel se prenant momentanément pour des Néerlandais, couplée à la présence combinée de Mark Van Bommel et Nigel de jong sur le pré vont donner des hauts le cœur à nombre d’adversaires qui envisageraient alors sérieusement de déclarer forfait.
Dans le cas contraire, les atouts de la sélection néerlandaise sont eux aussi assez impressionnant, et le secteur offensif devrait pouvoir gagner l’Euro à lui seul.

Pourquoi les Pays-Bas vont se vautrer lamentablement au 1er tour ?

Question facile ! Parce que c’est le groupe de la mort, tout simplement ! Petit retour en arrière… En 2004, ils s’extirpent du groupe le plus relevé de la compétition, laissant sur le carreau ni plus ni moins que leur grand rival allemand. En 2008, rebelote, et avec la manière ! Or, un dicton bien connu dit bien que deux c’est assez, mais que trois c’est trop. Les séries sont faites pour être brisées, tous les grands spécialistes, même ceux de la RTS, vous le diront. Cette année, il y a trois gros et demi dans ce groupe B, ce qui veut forcément dire des déçus. Cette génération néerlandaise est vouée à rester celle des viennent ensuite et aura cette fois l’intelligence de se faire éliminer rapidement. Ben oui, quitte à ne pas gagner le titre, autant partir en vacances et profiter des bienfaits des plages ukrainiennes avant l’arrivée de hordes de touristes russes.

Comment les Pays-Bas vont être champions d’Europe ?

Tombée dans ce qu’on qualifie pompeusement de «groupe de la mort», la sélection néerlandaise va se balader. Avec une victoire facile en ouverture contre le Danemark, une face à l’Allemagne (si la Suisse met 5 buts à cette défense avec Derdiyok – Mehmedi, les Pays-Bas n’auront aucune peine à en marquer 3 ou 4, même à cloche-pied), et enfin, un dernier carton contre le Portugal en faisant tourner l’effectif.
Pour le reste, les Pays-Bas devront à tout prix éviter toute prolongation, ou pire, toute séance de tirs au but pour espérer s’imposer. En effet, ces exercices n’ont pas l’habitude de leur sourire. Mais de toute façon, il sera impossible aux adversaires de tenir 90 minutes sans craquer devant une des célèbres frappes de Robben, un exploit de Van Persie ou de Van der Vaart, voire de Sneijder.
La finale opposera à nouveau Pays-Bas et Espagne, les deux meilleures équipes d’Europe et, cette fois, grâce à une tête déviée de Wilfried Bouma dans les arrêts de jeu, les Néerlandais s’imposeront 3-2 ou 4-3.

Comment les Pays-Bas vont se vautrer lamentablement au 1er tour ?

Les Pays-Bas vont d’entrée affronter l’adversaire le plus faible du groupe. Le problème, c’est que les vraies équipes de chèvres sont réunies dans le groupe A. Traiter le Danemark de petite équipe est donc aussi absurde que de qualifier Michel Telo de chanteur ou Pierre Ménès de journaliste ! Face à une équipe qui a quand même remporté son groupe de qualifications, un score nul sera déjà un bon point de pris. Pour le second match, pas de surprise, l’Allemagne ne fera qu’une bouchée de son voisin et rival ancestral. Enfin, pour conclure en beauté, le sucre glace sur le poffertjes sera le remake du huitième de finale de la Coupe du Monde 2006 face aux klaxonneurs fous ! Le record de 20 cartons sera battu, la majorité de l’équipe portugaise aura passé plus de temps à se rouler pas terre qu’à jouer, les intellectuels néerlandais auront pété une durite avant l’heure de jeu, le match se terminera à 8 contre 8, Saint-François sera bouclé mais surtout les Pays-Bas ne gagneront pas et pourront plier bagage…

Les forces des Pays-Bas

Des buts, des buts, des buts. Et si les défenses adverses ne seront pas forcément embêtées par l’empilement de noms ronflants dans les lignes offensives néerlandaises (Huntelaar, Robben, Van Persie, Van der Vaart, Sneijder, Affelay…), elles seront empruntées car le danger vient vraiment de partout. Les défenseurs sont meilleurs pour marquer de la tête que pour défendre. Les ailiers sont capables de piquer dans l’axe et de frapper de loin, et le niveau technique de cette équipe est simplement impressionnant.
Et puis, les cadres de la sélection néerlandaises sont en plein dans la force de l’âge. Ce qui représente un avantage certain sur les seules équipes en mesure de barrer la route aux Néerlandais. Les cadres espagnols vieillissent, l’équipe allemande est trop jeune. Pas de doute, les Néerlandais sont mûrs pour décrocher un deuxième Euro.

Les faiblesses des Pays-Bas

Ses bons joueurs… Le problème, c’est qu’il y en a trop. Au Bayern, Arjen Robben se dispute avec Franck Ribéry pour tirer les coups francs, alors que ce dernier ne parle pas un mot de néerlandais, à la rigueur quand il est bourré. Alors imaginez ce que ça peut donner entre personnes qui parlent la même langue ! En fin de match, menés au score, quand Kuyt, Robben, Sneijder, Van der Vaart, Van Persie et Huntelaar se seront réunis à six autour du ballon pour décider de qui va frapper, que le ballon sera perdu, et que seul le premier cité opérera un embryon de repli défensif, il ne fera pas bon d’être défenseur orange…Et il est là l’autre problème : la défense n’est, et de loin, pas leur point fort. Une preuve ? Le dernier match durant lequel les Bataves n’ont pas pris de goal, c’était contre la Suisse. Tout est dit…

Quels joueurs néerlandais vont illuminer l’Euro ?

Tous les observateurs de football attendent Robin Van Persie de pied ferme, après sa saison magnifique sous le maillot maudit des Gunners. Toute l’attention sera focalisée sur lui, ce qui va permettre à Wesley Sneijder de redevenir ce qu’il était : un des cinq meilleurs joueurs au monde. Cette saison, le joueur de l’Inter n’a servi à rien, ou presque, et s’est montré à des années-lumière de son niveau habituel et l’Euro serait une magnifique occasion de se relancer. Ensuite, il y a Klaas Jan Huntelaar, le gars qui marque à chaque fois qu’il joue, mais qui est victime d’une sous-estimation chronique. Au moins quatre buts pour lui dans ce tournoi, on parie ?

Quels joueurs néerlandais vont faire rire l’Europe ?

Les six joueurs précités quand ils se retrouveront comme des blaireaux à se disputer ce ballon pour finalement envoyer une mine par-dessus la tribune du stade de Kharkov pourraient bien nous faire marrer. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un, je miserais évidemment sur Arjen Robben. Toujours le premier pour disputer le ballon à ses partenaires durant le temps réglementaire, il devrait se faire beaucoup plus discret lorsqu’il s’agira de trouver des volontaires pour tirer les penalties d’ une hypothétique séance de tirs aux buts. Il cherchera plus vraisemblablement à trouver refuge derrière l’arbitre ou un panneau publicitaire et aurait tout intérêt à y rester bien planqué…

Ton gage si les Pays-Bas sortent au premier tour ?

Si les Pays-Bas sortent au premier tour, je m’engage à construire une maquette de moulin à vent avec comme unique outils, des allumettes et du Gouda fondu.

Ton gage si les Pays-Bas sont champions d’Europe  ?

Question redoutable. Dans la mesure où je tiens à garder mon job et une certaine crédibilité, et tenant compte qu’un accident peut toujours arriver et qu’ils ont une infime chance de gagner cette compétition, je me dois de rester soft. Aussi je propose de revêtir la panoplie complète du supporter batave : queue de lion, gros sabots hollandais, couleurs bien pétantes, drapeau noué autour du cou et Heineken à la main, et traverser ainsi vêtu un centre commercial lausannois de votre choix.

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5 Commentaires

  1. Joli article les gars bravo! Pourquoi n’y a-t-il pas de vrais magiciens en Hollande ?
    Vous ne connaissez pas les faux mages de Hollande ?

  2. Dommage que depuis quelques années le beau foot champagne de la sélection hollandaise ne soit plus qu’un souvenir… En 1998 et 2000, c’était clairement les plus belles équipes, avec Bergkamp en maitre de cérémonie, le joueur le plus classe du monde. Par contre depuis, si on excepte 2008, c’est assez désert niveau jeu, en 2010, je me suis particulièrement ennuyé devant leurs matchs et j’ai toujours pas compris comment ils avaient pu éliminer un Brésil qui leur était largement supérieur.
    Bref, j’espère que cette année, on va revoir du beau jeu et des buts.

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