13ème pays : la France

Place au groupe D et à la présentation très attendue de nos meilleurs ennemis : les Français ! Humiliés lors de l’Euro 2008 et, surtout, lors de la dernière Coupe du Monde où ils avaient littéralement touché le fond, les Bleus devront se racheter durant ce mois de juin. Ce n’est pas gagné même si, sur le papier, cette équipe a de la gueule.

Pourquoi la France ?

Tout simplement parce que la France, son équipe de foot et tout ce qui s’en rapproche de près ou de loin me fait rêver ! Tous les matins, dans la voiture pour aller bosser, j’écoute Gloria Gaynor à coin et le soir, avant de me coucher, je me repasse la vidéo des deux buts de Zizou en finale contre le Brésil. Et j’en rêve toute la nuit. Le journal L’Equipe est ma bible, Téléfoot mon émission favorite, Christian Jeanpierre mon idole et mon modèle journalistique.
Mon joueur préféré, c’est Christophe Dugarry. Mon consultant préféré, c’est Christophe Dugarry. Mes bras d’honneur préférés, ce sont ceux de Christophe Dugarry. Mes coups de gueule préférés au Canal Football Club, ce sont ceux de Christophe Dugarry. Mon idéal masculin, c’est Christophe Dugarry.
Le Paris Saint-Germain va devenir le plus grand club du monde, et de fait, le championnat de France sera très vite le plus compétitif de la planète. Tous les joueurs français se battront pour revenir au pays, et l’équipe de France gagnera toutes les compétitions internationales de ces vingt prochaines années, au point qu’on ne saura plus où mettre les étoiles.
Raymond Domenech est un génie incompris, une sorte d’élu. Sa demande en mariage est la plus romantique et touchante que je n’aie jamais vu, qui plus est adressée à une femme présentant l’émission de télévision la plus pertinente et utile du PAF. Laurent Blanc est son digne successeur, son héritier, son fils spirituel. La France est grande !

Pourquoi pas la France ?

Parce que l’équipe de France – et ce qui l’entoure – représente tout ce que le football a de plus déplaisant, surtout depuis 1998 : l’arrogance, le nombrilisme, la bêtise et (heureusement) le ridicule. Alors, forcément, elle n’est guère très populaire. Surtout aux yeux du reste de la population francophone mondiale d’ailleurs, qui a le triste privilège de devoir endurer les nombreuses effronteries des Bleus en version originale. Un ami suisse-allemand (si, si) m’a affirmé l’autre jour que de l’autre côté de la Sarine, ils avaient exactement le même problème mais avec l’Allemagne : c’est peut-être vrai mais dans une moindre mesure seulement, tant n’importe quelle équipe m’apparaît infiniment plus sympathique (ou moins antipathique, c’est selon) que celle de nos voisins de l’Ouest. Mais au fond on les aime quand même, nos Shadocks, et il y a une raison particulière à cela : ils nous font bien rire. Pas sûr que mon pote s’amuse autant avec la Mannschaft…

Fais-nous rêver avec un souvenir du foot français !

Oh les champions, on est tous ensemble. C’est le grand jeu, la France est debout. Votre passion toujours nous rassemble. Allez les bleus on est tous avec vous. Vous portez nos espoirs. Vous gravez notre histoire. Et dans nos cœurs vous serez toujours vainqueurs. Le bleu c’est notre couleur. Là-bas, à l’autre bout du monde (de l’Europe en l’occurrence…), on vit chaque seconde à vos côtés. Oui, la France est à vos pieds. Vous serez toujours les premiers.
Ainsi, comme le dit si bien Johnny dans cette chanson quasi orgasmique que ne pourrait renier la Section Ouest, le football français, c’est du rêve à l’état pur ! Alors pour sortir des sentiers battus, j’ai sorti «Un siècle de football» de la bibliothèque, j’ai enlevé la poussière qui le recouvrait et l’ai ouvert au hasard. Page 181. Nous sommes le 23 avril 1977 à Genève. Et vous me croyez ou non, mais ce jour-là, la France a pulvérisé la Suisse, ce qui n’était pas arrivé depuis 22 ans ! Extrait : «C’est un superbe coup franc signé Platini qui permet aux Français de mener 1-0 au repos. Prometteuse, cette sélection new-look à majorité stéphano-nantaise laisse l’adversaire se fatiguer avant de frapper en fin de match. Six, Rocheteau et Rouyer donnent à la victoire française des allures de triomphe totalement inattendu.» Je n’étais pas né, mais certainement qu’à l’époque, ça en a fait rêver plus d’un…

Fais-nous rire avec un souvenir du foot français !

Ce qui est bien avec la France, c’est qu’elle constitue à elle seule une formidable banque de souvenirs amusants. Kostadinov, la deuxième étoile de 2002, Domenech, l’Afrique du Sud… Les Shadoks ont toujours su nous faire rire, même après la mort de Coluche. Mais s’il ne fallait retenir qu’un seul moment, je choisirais la finale de la Coupe du Monde 2006 (durant les prolongations plus précisément), moment choisi par Zinédine «dix buts maximum par saison en championnat» Zidane pour rappeler sa vraie nature à qui l’avait oubliée. Et le produit de marketing préféré des Français de sortir par la toute petite porte, celle qui lui était destinée depuis le début. Tu ne nous manques pas, Yazid !

Pourquoi la France va être championne d’Europe ?

Parce qu’en 2008, elle était attendue, et elle s’est lamentablement plantée. En 2010, elle était outsider, et elle a juste réussi à se saborder toute seule sans jamais avoir peur du ridicule. Cette année, la France n’est pas rangée au rang des favoris de la compétition, peu de monde l’attend et c’est tant mieux pour elle. Elle a hérité d’un groupe plus qu’abordable, la plupart de ses joueurs sont dans une forme ascendante en cette fin de saison et sa cote sur Betclic est intéressante. Autant de raisons de parier sur elle, non ?

Pourquoi la France va se vautrer lamentablement au 1er tour ?

Si la France a choisi le coq comme emblème national, c’est parce qu’il s’agit du seul animal qui continue de chanter lorsqu’il a les pieds dans le caca. Autrement dit, le Français moyen est tellement fier (on n’a toujours pas compris de quoi) qu’il est dans l’incapacité chronique d’apprendre de ses erreurs et se remettre en question. C’est ainsi qu’à peine deux ans après la plus grave crise de leur histoire, les Bleus sont déjà persuadés d’être à nouveau une équipe qui fait peur, sous l’impulsion d’un Laurent Blanc leur rappelant une période fleurie qu’ils ne revivront jamais. Cette mentalité imbécile est perceptible non seulement dans l’opinion publique mais également au sein de l’équipe elle-même, raison pour laquelle celle-ci va une fois de plus se vautrer prématurément (malgré des qualités footballistiques évidentes), et rester ainsi la nation de seconde zone qu’elle est depuis maintenant dix ans. La vanité… décidément mon péché préféré.

Comment la France va être championne d’Europe ?

La chance de la France est de commencer face à l’Angleterre. Contre une équipe qui cherchera encore ses marques et qui ne sera pas encore remis de l’énorme cuite concédée lors du jubilé de la Reine, les hommes de Laurent Blanc, sans être brillants, s’imposeront 1-0 sur un but so british de Florent Malouda. Deuxième rencontre face à l’Ukraine, condamnée à gagner après son nul initial face à la Suède. Malgré la mise en place de canons à neige pour entamer le moral de leur adversaire, Andreï Chevtchenko et ses copains ne peuvent faire mieux qu’un triste 0-0.  Enfin, pour la troisième rencontre de la phase de poule, les Bleus font le job contre la Suède. Victoire 2-0, aucun goal encaissé, première place du groupe et Espagne évitée en quarts.
C’est là que les choses se corsent, mais pas tellement, tant le jeu français est huilé, les joueurs flamboyants et la chance de leur côté. La veille de son quart de finale face à l’Italie, on apprend que la Squadra Azzura se retire de la compétition, gangrénée qu’elle est par les affaires de corruption dans le Calcio. Un tirage au sort est effectué entre les 4 barragistes de novembre. L’Estonie croit toucher le gros lot mais n’arrive pas à réunir suffisamment de joueurs pour disputer la rencontre. Forfait 3-0 et qualification sans coup férir pour la demi-finale.
Après une semaine de repos, la terrible Allemagne se dresse sur le chemin des Français. Très vite, les casques à boulons, en vert RFA pour l’occasion, retombent dans leurs travers : sortie aérienne hasardeuse du gardien, manque de mobilité défensive sur coup franc, relances foireuses, bref, un fiasco total. Gaël Clichy et Blaise Matuidi inscrivent chacun pleur premier but en bleu tant la faiblesse de l’adversaire est affligeante.
La finale face à l’Espagne est tendue. Les deux équipes se rendent coup pour coup, le spectacle est au rendez-vous mais les équipes ne peuvent se départager. Les prolongations sont inévitables. A la 105ème minute de jeu, lors du changement de camp, Gerard Piqué apprend par Eric Abidal, assis en bas de la tribune, que Sergio Ramos a envoyé plusieurs SMS à Shakira la veille de la finale. Il n’en sait pas plus, n’en connaît pas le contenu mais cela suffit pour faire sortir le défenseur barcelonais de ses gonds. En pleine prolongation, il se dirige vers le Madrilène et lui assène un coup de boule à rendre jaloux Zizou. Le premier nommé est expulsé, le second a le sternum brisé, et Vicente Del Bosque a déjà procédé à ses trois changements. L’Espagne se voit contrainte de terminer à neuf.  Tout devient plus facile, la France passe l’épaule et une statue est dressée en l’honneur de l’homme au foie flambant neuf. Ce dernier se voit en revanche contraint de trouver un nouveau club…

Comment la France va se vautrer lamentablement au 1er tour ?

Toute seule, comme d’habitude. Enfin, pas tout à fait : on la verrait volontiers accompagnée de la non moins détestable Angleterre, la compétition se débarrassant ainsi rapidement de deux de ses quatre plus grosses plaies (pour l’Italie et le Portugal, on saura se montrer patient).

Les forces de la France ?

Il y en a une… son entraîneur est en fin de contrat. La FFF, certainement refroidie par l’expérience sud-africaine de 2010, n’a pas voulu reconduire le contrat de Laurent Blanc avant de voir ce que l’Euro allait donner. Du coup, gagner cette compétition est le meilleur moyen pour lui de clouer le bec des grands intellectuels de la fédération et par la même prolonger son contrat. Sa motivation se répercutera naturellement sur ses joueurs. CQFD.

Les faiblesses de la France ?

On l’a vu, les principales faiblesses de la France sont davantage d’ordre psychologique que sportif. Mais une autre problématique, encore plus dangereuse, a récemment émergé dans le camp des Bleus : la communication. Emmenée par un Zidane – encore lui – passé maître en la matière, toute une génération d’illettrés s’est en effet implantée dans les travées de Clairefontaine ces dernières années, rendant le dialogue entre les différents partenaires aussi stérile que DSK ; les échanges de politesse entre Anelka et Domenech en 2010, ou encore l’altercation entre Evra et Duverne quelques jours plus tard, sont autant d’exemples récents qui confirment cet état de fait. Dans une équipe où l’identité nationale et l’amour du maillot n’existent plus depuis longtemps, la langue commune ne fait même plus office de force unificatrice et Victor Hugo se retourne dans sa tombe à chaque fois que Franck Ribéry ouvre la bouche. La dernière conférence de presse de ce dernier, d’ailleurs, vaut largement le détour.

Quels joueurs français vont illuminer l’Euro ?

Je serais tenter de dire Franck Ribéry, mais je vois plus celui-ci s’illustrer dans les boîtes à fesses ukrainiennes avec son copain Karim. Je ne peux pas miser sur Hatem Ben Arfa, sélectionné pour sa superbe saison anglaise. On connaît l’artiste, capable du meilleur mais aussi du pire. Par défaut, j’aurais envie de miser sur Jérémy Menez. Etincelant avec le PSG, très régulier en équipe de France, il est le genre de joueur encore non confirmé sur le plan international qui est pourtant capable de faire basculer une rencontre à lui tout seul. Il est peut-être l’exception, parce que la grande force de l’équipe de France version 2012 est peut-être bien son homogénéité.

Quels joueurs français vont faire rire l’Europe ?

Vu les nombreux prix Nobel qui peuplent l’équipe, difficile de deviner qui va réellement s’extraire du lot cette année. Mais à n’en pas douter, une même conférence de presse qui parviendrait à réunir à la fois Ribéry, Ben Harfa, Nasri et Benzema (ainsi que leurs interprètes) serait un grand moment de bonheur.

Ton gage si la France sort au premier tour ?

Le grand supporter de l’OM que je suis s’engage à acheter un article sur la boutique en ligne du Paris Saint-Germain.

Ton gage si la France est championne d’Europe ?

Si les Bleus sont champions d’Europe je m’engage à devenir leur chroniqueur officiel sur CartonRouge.ch, et ce, jusqu’au prochain Euro !

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13 Commentaires

  1. C’est vrai qu’il existe une forme de complexe d’infériorité de la part des Suisses par rapport à leurs voisins. Les Romands haissent la France, le Tessinnois l’Italie et les Bourbines l’Allemagne.
    Cela dit, en restant objectif, la France de Blanc n’a plus vraiment l’arrogance et les travers décrits ici.
    Après je l’avoue également, je suis toujours plus content de voir cette équipe perdre, sans vraiment m’expliquer pourquoi.
    Cela avec des anglais au bord du gouffre (3 absents récemment, des conflits interne, un nouveau coach, Rooney suspendu), des suedois totalement Zlatan-dépendant et des urkainiens très limités, je vois la France sortir sans trop de soucis de ce groupe… En espérant me tromper :p

  2. La France évitera de toute manière l’Espagne en 1/4 vu que, faisant partie du groupe C, elle affrontera une des équipes du groupe D, dit « de la mort » (Allemagne, Pays-Bas, Danemark ou Portugal).

    Sinon, quelques piques intéressantes et quelques méchancetés gratuites. Et, même étant français, j’ai presque préféré l’anti que le pro.

  3. Au temps pour moi, j’avais un mauvais tableau des groupes. La France jouera bien contre l’une des équipes du groupe de l’Espagne en 1/4. Mea culpa.

  4. sacré Pavel…gentil malgré qu’il soit un peu français. Personne n’est parfait quoi…La france doit bien être la seule équipe tant détestée que même le cro-niqueur pro a du balancer des vannes. Mais en fait j’aime beaucoup la France, sa gastronomie, ses vins et ses filles (et Pavel).

  5. Ben j’y étais à ce Suisse – France du 23 avril 1977, et pis c’est tout…

    Bon vu que Coluche est cité dans cet article, c’est lui qui la fait le gag sur l’emblème sportif de la France…

  6. une presentation bonus sur notre Nati pour rigoler a la fin de cette tres bonne serie?

    Parce que j’ai pas trop envie d’attendre 2014, sans garantie en plus…

  7. on vous laisse le hooliganisme , le fric et les stades vides …vous êtes champions !!! tout ce que le football a de plus déplaisant .

  8. « moment choisi par Zinédine «dix buts maximum par saison en championnat» Zidane pour rappeler sa vraie nature à qui l’avait oubliée. Et le produit de marketing préféré des Français de sortir par la toute petite porte, celle qui lui était destinée depuis le début. Tu ne nous manques pas, Yazid !  »

    Je préfère dix fois un Zidane ou un Cantonna qui règle ses comptes sur le terrain d’homme à homme à des danseuses du type Ronaldo, Ashley Young ou Rooney qui préfèrent plonger au moindre coup de vent.

    Autrement, la chose représente bien la mentalité d’aigri suisse (que ce soit le Romand par rapport à la France, le bourbine par rapport à l’Allemagne ou le tessinois par rapport à l’Italien). Parce que y’a guère qu’en Suisse romande où le fait que Zidane a été un grand joueur est remis en question.

  9. @EDLT

    Le hoologanisme…mouais…un ou 2 pétards de temps en temps…je suis pas sur qu’à Nice, Bastia ou Paris ce soit bcp mieux hein…!

    Le fric ? C clair qu’en bossant 28h par semaine dont 26 à rien branler (les 2 autres, ils boivent le café quand même), le Suisse reste bien en avance de ce côté-là.

    Pour les stades vides c’est pas tout faux…mais vaut mieux avoir un championnat modeste et le savoir que croire que le sien est dans les 5-6 premiers européens alors qu’il est MOISIIIIIII ! A non excuse, Valancienne-Brest…tout une affiche !!!

  10. C’est pas le Suisse qui bosse 28h par semaine évidemment…

    @sekant

    Rappelle nous comment la France s’est qualifiée pour 2010 et pour la finale de 2006 par exemple…?

    Ah ouais non il me semblait bien…

  11. Autant ta remarque sur la qualif de la France en 2010 est tout à fait justifiée, cette qualif était honteuse, autant celle sur la finale 2006 est la remarque d’une personne aigrie d’avoir vu une équipe qu’il n’aime pas être à deux doigts de soulever le trophée pour la seconde fois (t’as bien lu, « seconde fois »). La France est parvenue en finale en battant l’Espagne en 8ème, le Brésil en quart et le Portugal en demi sans que personne n’ai rien à redire la dessus.

    Elle a fait quoi ton équipe en 2006 ?
    Ah ouais, il me semblait bien…

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