L’Allemagne dégraisse

C’est dans une ambiance d’allumage mutuel que les sympathiques débiteurs de l’Euro affrontaient leurs méchants bailleurs germaniques dans ce Quart de Danzig. Les journaux populistes avaient d’ailleurs excellé pour mettre le feu à ce derby de la dette : entre un majestueux «C’est le moment que vous dégagiez de la zone euro» ou un superbe «Bankrupt Germany», le spectacle se faisait plus sur l’infantile échiquier médiato-politique que sur le rectangle vert. Au bout du compte, les Allemands n’ont fait aucun cadeau à des Grecs qui pourront toujours se consoler vu que cette défaite ne leur coûtera rien… c’est déjà ça de gagné.

Le résuméPour clairement marquer qui allait tenir les cordons de la bourse, la Mannschaft part tohu-bohu dans ce match en se créant deux occasions dans les trois premières minutes. Toutes les deux furent avortées en raison d’une rigolote glissade de Klose et d’un subtil hors-jeu du brave Miroslav. Puis, Samaras, l’homme qui ne peut se payer une coupe de cheveux drastique, tenta quelques tacles maladroits mais cela ne fit que titiller les envies offensives allemandes sur la cage de ce malhabile de Safakis. Vers la vingtième, les ultra-dominateurs «Löwen» se créèrent ainsi quatre occasions en autant de minutes par Reus deux fois, Özil puis Klose. Mais ayant lu le faux script russe, toutes ces frappes manquèrent de peu le cadre hellénique.
Pourtant, à force de réclamer son dû, Philip Lahm finit par montrer la voie à ses attaquants grâce à une superbe frappe qui laissa la défense grecque fortement empruntée à cette occasion. Heureusement, la pause allait forcer le coach Santos d’organiser un bénéfique remaniement de son équipe. Avec succès, vu que les Germains s’endormirent en début de deuxième période et se firent pincer sur une contre-attaque chanceuse mais fortement bien menée et conclue par Samaras.
Dès lors, les grappilleurs du Pirée avaient tout à perdre face à l’austère coalition allemande, elle qui ne pouvait se permettre de perdre, ne serait-ce qu’un Drachme dans cette partie à sens-unique. Les hommes d’Angela remirent vite de l’ordre au tableau d’affichage grâce à une reprise du tibia de Kedhira, puis à une tête habile de Klose sur une sortie aux pâquerettes de Safakis et enfin à une volée sans concession de Reus sous la barre. Pour remercier les Grecs d’avoir participé à cet Euro, l’arbitre slovène offrit un penalty aléatoire à un Salpingidis qui le méritait bien pour sa teigneuse abnégation. Comme quoi, on ne prête pas forcément qu’aux riches.
L’homme du match
Symbolisant la force offensive des Allemands, Marco Reus mérite une mention spéciale. L’ex de Gladbach su véritablement prendre sa chance lors de sa première sélection en marquant d’une ambitieuse reprise de volée dans le but vide, alors qu’un plat du pied merdique aurait suffit. Nul doute que la confiante arrogance du futur Dortmundais fit jubiler un certain Julien M., fanatique supporter du Borussia… et accessoirement de la Roja.
La buse du match
On aurait dit que le gardien grec Sifakis avait revêtu un maillot découpé dans un trampoline. De Zeus, la plupart des ballons touchés par le gardien grec rebondissaient telle une boule de flipper dès qu’ils rentraient en contact avec ses mains, bras, torse voire tête. Pour tout dire, même le réalisateur polonais n’arrivait plus à l’encadrer en fin de match.
Le tournant du match
La 55ème minute : les Grecs allaient nous démontrer que même dans des conditions hostiles, ils pouvaient somme toute effacer un déficit.
Le geste technique du match
La tactique de Joachim Löw. En osant laisser Gomez, Podolski et Müller sur le banc dans le but de mieux ajuster les forces de sa ligne d’attaque et faire tanguer la galère grecque, l’ex-entraineur de Frauenfeld (!) a réussi son pari étonnant mais finalement gagnant. La Bastille n’aurait-elle pas déjà brulé si Laurent Blanc avait osé parquer Nasri, Benzema et Ben Arfa sur le banc ?

 

Le geste pourri du match
Les désastreuses passes grecques (non Frank, rien à voir avec Zahia). 220 passes réussies par l’ensemble grec durant tout le match alors que le duo Özil-Schweinsteiger en délivrèrent 235 à eux seuls. 78 passes grecques en première mi-temps alors que les Espagnols en réussissent en moyenne 700 !
Les Grecs n’ont décidément pas la mémoire des chiffres, pourtant ils comptent !
Les anecdotes
En propos d’avant-match, Joachim Löw  déclara sereinement : «les Grecs sont les champions de l’efficacité». Gros plaisantin va !
Le très sérieux Bild a établi le hit-parade des plus jolies WAGs allemandes. En tête arriva mademoiselle Kedhira suivie par la copine de Mats Hummel et reléguée sur la banquette (décidément !) madame Gomez.
Avec ses 6 buts, ce match fut le plus prolifique d’une phase finale de l’Euro, juste derrière le 6-1 infligé par les Pays-Bas aux anciens Yougoslaves lors de l’Euro 2000. Bonne nouvelle donc, ces chipoteurs de Hollandais ne rentreront pas les mains vides de ce tournoi.
Boateng a de nouveau mis sa main où il ne devait pas. Mais cette fois, il s’est fait pincer.
Le match vu par les Allemands
30ème minute : On bosse dur sur le terrain et on domine ces paresseux de Grecs. Mais Zeus est contre nous, ça va finir par nous coûter cher. Ces mollassons de Grecs n’en plantent vraiment pas une.
38ème : Oh oui ! Vorsprung durch Technik
55ème : Mécréants de Grecs, on passe de nouveau à la caisse à cause de vous
92ème : C’est pas tout ça, mais c’est encore nous qui allons raquer pour payer leur billet de retour à ces habiles contribuables grecs
Le match vu par les Grecs
30ème : On se fatigue pas trop et on tient à distance ces agités d’Allemands. Eros est avec nous, ça va finir par payer. Ces naïfs d’Allemands sont bien maladroits.
38ème : Oh, non ! Downgraded by Moody’s… again
55ème : Prenez ça bande de Teutons, et comptez pas qu’on vous rende la monnaie
92ème : Et dire que lundi matin, ces cons d’Allemands bosseront dur pendant qu’on fera la bamboula toute la journée avec Karagounis et compagnie
Le match vu par Roland Collombin
Oumais trop génial bonnard de voir ces artistes grecs taper comme des sourds dans la boule tout le match. Tu vois, moi le foot que j’aime, c’est celui de la déblaie, tout basé sur l’instinct du moment. Avec leur technique rustique et leur sens tactique kamikaze, ces capions de Grecs me rappellent vachement bibi au sommet de la Streif. Alors que Russi faisait religieusement étirements sur étirements après une bonne nuit de sommeil, moi je finissais godet sur godet après une nuit de rioulle avec mon fan’s club du Ski Club Bruson. Tu te rends compte que je partais un peu au feeling drute en-bas après le Steilhang, sans trop savoir si j’allais freiner au fond. Ben, je trouve que ça ressemble vachement aux sorties à la bracaillon de leur drôle de gardien Sifakis avec ses dantesques gants Uncle Ben’s. Bon, pis s’te fois pas grave s’il passe à travers, imagine les cafolées qu’il s’enverra en racontant ses exploits à ses potes en-bas au Bar de l’Acropole dans vingt ans de ça !

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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