Rekordmeister gegen Rekord-Meister

Contrairement à d’autres championnats, la Bundesliga ne se résumera jamais à un duel monotone et sans intérêt entre deux géants surendettés à coup de matchs à sens unique insignifiants. Néanmoins, il paraît difficilement imaginable que le titre échappe, en cette saison de jubilé, au club le plus titré, le Bayern Munich, ou au meilleur champion, le Borussia Dortmund, de l’Histoire de la Bundesliga. Cérémonie d’ouverture et début des hostilités vendredi soir avec un BVB – Brême qui s’annonce déjà très spectaculaire dans l’ambiance incandescente du Westfalenstadion.

VfL Borussia Mönchengladbach

D’aucuns prédisent à Lucien Favre le même destin avec Mönchengladbach qu’avec le Hertha Berlin : soit une 4e place inattendue, suivie d’un limogeage et d’une relégation la saison suivante. C’est vrai qu’il y a quelques similitudes avec le même classement (4e) et le départ de trois joueurs clés l’été suivant (Simunic, Pantelic et Voronin au Hertha, Dante, Neustädter et Reus à Gladbach). Mais la comparaison s’arrête là : à l’époque, le 4e rang du Hertha était flatteur car accompagné d’une bonne dose de réussite, avec beaucoup de victoires par un but d’écart, alors que celui des Fohlen était l’expression logique d’une réelle qualité de jeu et d’un collectif performant. En outre, les départs semblent avoir été beaucoup mieux compensés à Mönchengladbach qu’ils ne l’avaient été à Berlin.

En défense centrale, le Brésilien Dante devrait être remplacé, aux côtés de l’Autrichein Stranzl, par un ex-espoir du foot espagnol, Alvaro Dominguez ; sinon, Lucien Favre peut aussi compter sur le Hollandais Brouwers qui a toujours répondu présent lorsqu’il a été fait appel à lui la saison dernière. A mi-terrain, Roman Neustädter, un guerrier de l’ombre qui ne jouait pas beaucoup avant l’arrivée de Lulu, cède sa place à Granit Xhaka. S’il s’adapte au rythme de la Buli, l’ancien Bâlois devrait même apporter une qualité technique et une fluidité supérieures au jeu des Fohlen, l’ancien Gunner Nordtveit assurant la part plus défensive du Doppelsechs.

La perte qui sera beaucoup plus difficile à compenser, c’est bien sûr celle de Marco Reus, meilleur joueur de la dernière Bundesliga et impliqué dans la quasi-totalité des mouvements offensifs la saison passée. Pour le remplacer, Gladbach a cassé sa tirelire pour faire venir le jeune espoir hollandais Luuk de Jong, qui devient le transfert le plus cher de l’histoire du club. Malgré son talent, le transfuge de Twente Enschede aura sans doute de la peine à assumer immédiatement une si lourde succession mais, si on lui laisse un peu le temps, il a les qualités pour s’imposer au Borussia-Park. Les débuts des trois nouveaux ont été compliqués lors de la défaite contre le Dynamo Kiev (1-3) qui enterre quasiment  les espoirs de Ligue des Champions, avec beaucoup d’approximations pour Dominguez, une bévue sur le deuxième but pour Xhaka et un autogoal pour de Jong…

A part ces renforts, l’équipe est jeune et dispose d’une grande marge de progression. Le gardien ter Stegen, qui a débuté sa saison en arrêtant un pénalty de Lionel Messi à froid, le latéral Jantschke ou le milieu Herrmann devraient rapidement s’imposer en équipe d’Allemagne. Et avec le rapide ailier Mlapa et l’espoir suédois Hrgota, le contingent a gagné en profondeur. On l’a vu avec la naïveté coupable dont les Fohlen ont fait preuve contre Kiev après une entame de match tonitruante, il leur faudra un peu de temps pour intégrer les nouveaux et assumer une pression nouvelle. Mais je suis persuadé que si Mönchengladbach arrive à limiter les dégâts en début de championnat, le potentiel est là pour confirmer l’exploit de la saison passée. Et, au pire, pour terminer en milieu de tableau mais je n’imagine absolument pas un scénario à le berlinoise.

Départs : Reus (Dortmund), Neustädter (Schalke), Dante (Bayern Munich), Leckie (FSV Francfort), Kachunga (Hertha BSC).
Arrivées : de Jong (Twente Enschede), Dominguez (Atletico Madrid), Hrgota (Jönköping Södra), Rupp (Paderborn), Xhaka (Bâle), Mlapa (Hoffenheim).
Equipe type présumée : ter Stegen; Jantschke, Stranzl, Dominguez (Brouwers), Daems; Xhaka, Nordtveit; Herrmann (Ring), Arango; de Jong; de Camargo (Hanke).
Pronostic : 3e

Borussia Dortmund

Le ciel est bleu azur sur Dortmund : doublé Coupe-championnat, records en tous genres dont celui de la meilleure affluence moyenne jamais réussie en Europe, hausse des recettes de 120 à plus de 200 millions d’euros en deux ans, bénéfices financiers… La campagne d’abonnements s’est ouverte sous le slogan «Hier regiert die Freude» qui résume assez bien l’état d’esprit du club en ce moment, il y a eu plus de 90’000 demandes pour «seulement» 54’000 abonnements disponibles (je te rassure, j’ai suffisamment d’ancienneté pour faire partie des privilégiés).

Dès lors, pas question de changer une politique qui marche. Seuls deux départs significatifs sont à noter : d’abord, celui de Lucas Barrios, meilleur buteur du club en 2009-2010 et 2010-2011 mais relégué sur le banc la saison passée par Robert Lewandowski. Il est remplacé dans ce rôle de joker par le jeune Julian Schieber, cela rentre dans la stratégie de rajeunissement du club mais il ne faudrait pas que le Polonais connaisse une trop longue absence. L’autre départ majeur, c’est bien sûr celui de l’enfant chéri du Westfalenstadion, Shinji Kagawa, élu deuxième meilleur joueur de la dernière Bundesliga par ses pairs et quatrième par la presse. Pour le remplacer, le BVB est allé chercher celui qui a été élu meilleur joueur, par tout le monde, de la dernière Buli : Marco Reus, un enfant du pays qui revient à la maison après six ans d’exil à Ahlen et Mönchengladbach. Les deux joueurs n’ont pas tout à fait le même style de jeu, Reus porte un peu plus le ballon et joue un peu plus haut que son prédécesseur japonais, il faudra sans doute un temps d’adaptation mais les premières expériences sont plutôt favorables. Et puis, Dortmund enregistre presque une arrivée supplémentaire avec le retour du prodige Mario Götze, qui n’a presque pas joué lors du 2e tour stratosphérique et inégalé en Europe (15 victoires, 2 nuls) du printemps dernier.

Pour le reste, l’équipe est encore jeune et a sans doute gagné en expérience. Mats Hummels a appris lors du dernier Euro qui l’a vu s’imposer en équipe d’Allemagne, Ilkay Gündogan est enfin sorti de l’ombre de Nuri Sahin, Ivan Perisic peut exploser cette saison après une année dans un rôle de joker et je suis persuadé que Robert Lewandowski peut faire mieux que ses 22 buts de la saison passée. A priori, si le total record de 81 points de 2011-2012 sera difficile à égaler, le BVB est parfaitement armé pour défendre son titre. Certes, les matchs de préparation n’ont pas été très concluants, avec beaucoup de buts encaissés, et la saison a débuté par une défaite en Supercup, mais l’on devrait voir une toute autre équipe dès la reprise de la Bundesliga.
Reste le sujet qui fâche : la Coupe d’Europe, où le BVB reste sur deux éliminations peu glorieuses en phases de poule. Nous, en tant que supporters, on signe les yeux fermés pour refaire la même saison que la précédente et tant pis pour la C1. De toute façon, dans le contexte actuel, avec le Villarato et la disparité des règles financières, il est quasiment impossible pour un club allemand de gagner la Ligue des Champions, alors à quoi bon aller perdre en finale ou en demi-finale comme le Bayern ou Schalke ? A la fin, il ne reste que le souvenir d’une défaite amère, contrairement à un titre ou une victoire en Coupe. Mais pour le club, il n’est pas possible de raisonner ainsi. Avec le record de points et la démonstration en finale de Coupe, le Borussia a atteint le sommet la saison passée au niveau national, il faut des nouveaux défis pour les joueurs. Et il sera difficile de retenir les meilleurs éléments si le BVB n’arrive pas à prouver qu’il peut faire autre chose que de la figuration sur le plan européen. Dès lors, pas question cette saison de laisser la C1 de côté pour privilégier le redressement d’une situation compromise en Bundesliga après un départ raté : être toujours européen au printemps sera un objectif. C’est le grand défi du Borussia Dortmund : continuer à avoir le même succès au plan national tout en redevenant une force qui compte au niveau continental.    

Départs : da Silva et Koch (Duisburg), Kagawa (Manchester United), Barrios (Guangzhou Evergrande), Kringe (St. Pauli), Focher (Sturm Graz).
Arrivées : Reus (Mönchengladbach), Bittencourt (Cottbus), Kirch (Kaiserslautern), Schieber (Stuttgart).
Equipe type présumée : Weidenfeller ; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer ; Kehl (Bender), Gündogan; Götze (Blaszczykowski), Reus, Perisic (Grosskreutz); Lewandowski.
Pronostic : 2e

Bayern Munich

Depuis le grand Mönchengladbach des années 1970, jamais un club n’avait autant menacé la suprématie nationale du Bayern Munich que ne le fait Dortmund depuis deux saisons. Alors, pour ce cinquantième anniversaire de la Bundesliga, la priorité absolue du Rekordmeister, c’est la reconquête du titre, quitte à faire passer la Ligue des Champions au second plan. On a sorti le chéquier du côté de la Säbener Strasse pour récupérer le Meisterschale et pas seulement sur le terrain puisque Matthias Sammer, figure emblématique du rival dortmundois, remplace l’inutile et effacé Christian Nerlinger au poste de directeur sportif. Clairement une plus-value car le Ballon d’Or 1996 a les épaules assez larges pour s’imposer face aux Hoeness, Rummenigge et compagnie et incarner la direction sportive du club bien davantage que son prédécesseur.

Sur le terrain, le onze de base ne va pas forcément beaucoup changer, par contre l’effectif a gagné en profondeur : aucun départ significatif mais arrivée de quatre joueurs pouvant briguer une place de titulaire, voire cinq si le transfert du surcoté Javi Martinez aboutit. Le joueur a donné son accord, préférant le Bayern au Barça et au Real, mais les dirigeants de Bilbao font de l’obstruction. Dans les buts, Neuer est indiscutable alors que Lahm et Alaba devraient occuper les deux places de latéraux. En revanche, pour les huit autres postes, la concurrence s’annonce féroce. En défense centrale, ils sont quatre pour deux places, Boateng, Badstuber, van Buyten et le nouveau venu Dante, voire même cinq si Martinez débarque. Mais a priori, le Basque viendrait plutôt pour occuper une place de demi-défensif à côté de Schweinsteiger, avec Luiz Gustavo et Tymoschuk en réservistes. L’arrivée du champion d’Europe espagnol permettrait sans doute à Toni Kroos de remonter d’un cran pour occuper sa place de prédilection, celle de numéro 10. Du coup, ils se retrouveraient à cinq pour les trois places de demis offensifs : Kroos, Müller, Ribéry, Robben et Shaqiri, rien que ça, sans même compter que Mandzukic peut également jouer dans un couloir. Mais le Croate, très convaincant depuis son arrivée sur les bords de l’Isar, évoluera plutôt en attaquant de pointe, reléguant Mario Gomez, 80 buts avec le Bayern lors des deux saisons écoulées, et Claudio Pizarro, meilleur buteur étranger de l’histoire de la Bundesliga, au rang de jokers !  

Lors du triple échec du printemps passé, l’entraîneur Jupp Heynckes avait invoqué l’étroitesse du contingent et l’absence de solutions offensives alternatives. Cette saison, avec l’effectif le plus dense et le plus onéreux de l’histoire de la Bundesliga, cette excuse ne sera plus valable. Don Jupp, dont le contrat expire en juin prochain, est condamné au succès, si possible en faisant d’emblée la course en tête car le Bayern sait bien que, si le titre doit se jouer lors du BVB – Bayern programmé lors de l’antépénultième journée au Westfalenstadion, ça va être très compliqué. En remportant la Supercup et en mettant ainsi un terme à une série de cinq défaites consécutives contre Dortmund, le Bayern s’est un peu rassuré mais on a déjà vu les premières FC Hollywooderies de la saison à la Säbener Strasse, avec une altercation entre Can et Badstuber à l’entraînement et des échanges de politesses par médias interposés entre dirigeants pro- et anti-Gomez. Au pays du mia san mia, on a toujours coutume de dire «notre seul adversaire, c’est nous mêmes», c’est peut-être un peu moins vrai depuis deux saisons et l’affirmation du BVB. Sur le papier, le Bayern s’est clairement donné les moyens de faire mieux que la saison dernière, reste à voir si cela suffira. Il y a douze mois, 17 des 18 entraîneurs de Bundesliga pronostiquaient un titre du Bayern, seul Schaaf de Brême avait vu le sacre du BVB ; cette année, les avis sont beaucoup plus nuancés. Personnellement, je vais pronostiquer un sacre bavarois, ça ne mange pas de pain : depuis que j’effectue ces présentations de Bundesliga, j’ai toujours foiré mon prono sur l’identité du futur champion !

Départs : Petersen (Brême), Olic (Wolfsburg), Butt (retraite), Pranjic (Sporting Lisbonne), Usami (Hoffenheim), Breno et Sattelmaier (?).
Arrivées : Mandzukic (Wolfsburg), Dante (Mönchengladbach), Shaqiri (Bâle), Starke (Hoffenheim), Pizarro (Brême), Weiser (Köln).
Equipe type présumée : Neuer ; Lahm, Dante (Boateng), Badstuber, Alaba ; Schweinsteiger, Luiz Gustavo ; Robben (Shaqiri), Müller (Kroos), Ribéry ; Mandzukic (Gomez).
Pronostic : 1er

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. Mouquin a dit:
    Dante, Neustädter et Reus à Gladbach

    Parks a demandé:
    à Dortmund Gladbach?

    La rédac’ a répondu:
    Merci, ça a été corrigé

    Fin

  2. je cite Mouquin »Contrairement à d’autres championnats, la Bundesliga ne se résumera jamais à un duel monotone et sans intérêt entre deux géants  »
    Je suis d’accord pour dire que la Bundesliga est sous évaluée en particulier en France ou on se pame p;lus facilement devant arrrsenoool et autre manu …..
    Mais est ce une bonne raison pour vomir le Barça…

    A tu vu Julien le match,de supercoupe entre le barça et le Réal du 23/08/2012?
    as tu vu Iniesta un poids plume se balader, manier le ballon, donner le ballon entre trois madrilenes pour Xavi ? Comment peux tu etre de si mauvaise foi encore et dire que ces matchs sont interets?
    Pour mémoire depuis 2006 je tiens à rappeler le palmares pour des joueurs comme Xavi ou Iniesta
    2006 champions league
    2008 euro
    2009 champions league
    2010 coupe du monde
    2011 champions league
    2012 euro
    est seulement grace des arbitres incompétent ou vereux ? Du dopage ?
    Reste qu’au dela du palmares reste un style unique et dont on parlera dans 50 ans.

  3. PS
    pour compléter mon post j’aurais du rajouter que Mouquin fait référence au classico pour parler de son championnat favori, preuve s’il en de la supériorité de ces deux clubs. Un adage en France dit ;
    qu’il vaut mieux faire envie que pitié.

  4. @Qad
    Désolé d’etre aussi brumeux pour vous
    je faisais reférence à l’anti-espagnolisme vicérale et primaire de Mouquin .
    Qaund il ne cesse de denigrer (avec humour et mauvaise foi ) le barça ou la roja.
    je recite la phrase
    « Contrairement à d’autres championnats, la Bundesliga ne se résumera jamais à un duel monotone et sans intérêt entre deux géants surendettés à coup de matchs à sens unique insignifiants »
    Voila j’ai redonné le palmares des deux joueurs (iniesta et Xavi).
    Est plus claire pour vous Qad.

  5. C’est relatif de toute façon, si on considère que le Bayern gagne 1 une année sur deux (ou presque), la Bundesliga, on peut également s’interroger sur l’intérêt que ça représente.

    Enfin bref, à mon sens tous 4-5 (je rajouterais même la L1, qui malgré des matchs parfois pauvres présente régulièrement un vrai suspense, mais j’ai peur que les qataris viennent mettre fin à cette ère) présentent une forme d’intérêt, que ça soit pour le spectacle, le jeu proposé, le supense ou autre.
    Concernant la Buli, j’ai regardé le match du BVB contre Brême, et même s’il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions, je trouve la défense très peu rassurante.

    Et je trouve que tu te contredis toi-même en affirmant qu’il impossible pour un club allemand de gagner la CL en citant les exemples du Bayern et de Schalke ensuite. Si le Bayern a échoué 2 fois en finale sur les 3 dernières éditions c’est pas à cause de l’arbitrage ou des finances mais pour des raisons sportives ou de malchance. Leur présence là indique que justement, les clubs allemands et italiens ont aussi clairement leur carte à jouer.

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