Armstrong devra-t-il se doper pour gagner ?

Les Pigeons sont de retour avec un grand favori en la personne de l’ineffable Lance Armstrong. De son côté, Nikola Karabatic n’a pas été sélectionné car il est toujours présumé innocent. Toutefois, s’il s’avère que le «meilleur handballeur du monde» a participé à ce coup monté digne des Pieds Nickelés, il aura évidemment droit à sa pigeonnisation en bonne et due forme. Pas de sélection non plus pour un représentant du triste LHC, mais ce n’est que partie remise. Ami lecteur, tu as jusqu’au dimanche 21 octobre à minuit pour faire ton choix !

Lance Armstrong

Doit-on vraiment présenter l’un des plus grands renégats du milieu sportif, l’Al Capone du cyclisme, le Jérôme Kerviel de la petite reine ? Cette même petite reine qui voit sa crédibilité enfoncée jusque dans la fosse des Mariannes de la connerie humaine par la faute du plus grand escroc de l’ère moderne. Après son refus de recourir contre la décision de l’Agence américaine antidopage le bannissant à vie du cyclisme professionnel tout en lui retirant tous les résultats obtenus depuis le 1er août 1998 – en particulier ses 7 titres au Tour de France –, Lance Armstrong vient donc d’être reconnu coupable d’un nombre hallucinant de violations des règles antidopage.
Après avoir nié en bloc la moindre accusation l’impliquant directement ou indirectement, et jusqu’au point de traîner tout kamikaze qui était dans le vrai devant les tribunaux, ce renoncement signifie un passage aux aveux pur et simple. Au fil du temps, l’étau s’était lentement mais sûrement resserré sur le Texan à mesure que ses anciens soldats déchus l’aient balancé, suivant des témoignages d’une similitude frisant la perfection, mais nullement dus au hasard. Les preuves étaient devenues trop évidentes et trop accablantes, la fissure du glacial Yankee se fissurant avant de voler en éclats.
Plus abject que le mensonge généralisé qu’il a défendu corps et âme, c’est aussi l’instrumentalisation d’une maladie dont il s’est servi pour se dédouaner et justifier ses performances défiant toute logique élémentaire. Avant le diagnostic qui devait le condamner à mort en 1996, Lance Armstrong n’était qu’un honnête coureur décrochant çà et là quelques succès ponctuels. Une petite année après sa guérison, le voilà transformé en machine de guerre écrasant toute concurrence sur son passage ; le Robocop de l’ascension des cols hors-catégorie, le Terminator du contre-la-montre. Durant de trop longues années, personne n’a été capable de contrer cette stupéfiante suprématie.
Mais personne n’était dupe. Il suffisait d’attendre le bon moment, la progression d’une technologie resserrant davantage ses mailles sur les tricheurs et la bonne volonté des témoins qui ont été de moins en moins peureux et bien plus bavards. La plus grande supercherie du monde du sport vient donc de prendre officiellement fin. Si l’Américain a été déchu de tous ses principaux titres, une seule récompense majeure ne pourra lui être enlevée car elle est de loin la plus méritée : un deuxième Pigeon d’Or après son sacre de l’été 2010.

Gary Bettman

C’est reparti pour une nomination supplémentaire, à croire que le commissaire de la Ligue Nationale met tout en œuvre pour passer pour un fantastique incompétent. Le pire, c’est que l’Américain ne fait même pas exprès. Depuis qu’il est à la tête de la LNH, le hockey professionnel nord-américain est confronté à sa troisième grève en 20 ans. Un résultat prodigieux qui est en très grande partie le fruit de l’égo surdimensionné de Mr Buttman, pour les intimes.
Incapable de créer des conditions-cadres pour éviter de devoir se taper un conflit de travail chaque semaine, Gary Bettman se révèle aussi un piètre négociateur doté d’un champ de vision aussi court que sa taille. Alors que la menace d’un lock-out planait depuis des mois, l’Américain s’est montré «pro-passif» et a tout simplement baissé son froc devant le syndicat des joueurs en refusant de considérer toute solution alternative, car la saison régulière aurait très bien pu débuter tout en continuant les discussions sur la nouvelle convention de travail comme cela s’est fait en NFL avec les arbitres. «Le lock-out est inévitable, démerdez-vous !» Il a donc décrété la grève sans avoir levé le petit doigt pour considérer une autre option, prenant tout le monde pour de profonds imbéciles.
Circonstance aggravante, Gary Bettman s’est lui-même placé dans le camp des propriétaires par le fait qu’il s’obstine à sauver des marchés largement déficitaires jusqu’à acquérir les Coyotes de Phoenix et créant de facto un conflit d’intérêt interdisant toute marge de manœuvre. Pendant ce temps, si la Suisse bénéficie de la venue de certaines des vedettes de la Ligue, c’est le gagne-pain de milliers de travailleurs qui leur a été retiré sans autre forme de procès. Une véritable injure envers ceux qui triment pour survivre en œuvrant pour un sport qui représente pour eux une véritable passion. Une passion qui leur est retournée en pleine face, avec les compliments d’un Gary Bettman obnubilé par de puériles querelles de pognon. L’urgence est donc de se débarrasser de cet imposteur le plus vite possible. En attendant, tout ce qu’on peut faire pour lui est de lui décerner enfin le trophée du Pigeon d’Or qu’il convoite depuis un bon moment.

Antonio Conte

La Juventus est décidément incorrigible : manifestement, le scandale du Calciopoli n’a pas suffi. En ouvrant une polémique stérile pour se réapproprier les étoiles des Scudetti qui lui ont été retirés, la Vieille Dame montre que même les titres achetés sont un motif de fierté et que la tricherie ne suscite toujours pas la moindre réprobation à Turin. La preuve, le club turinois a soutenu son nouvel entraîneur à succès, Antonio Conte, qui vient pourtant d’écoper de dix mois de suspension pour son implication dans le scandale du Calcioscommesse. Certes, l’entraîneur de la Juve n’est pas directement accusé d’avoir truqué des matchs mais il lui est reproché de n’avoir rien dit à la justice alors qu’il aurait été au courant de l’existence de deux matchs arrangés à l’époque où il officiait à Sienne durant la saison 2010-2011. En tous les cas, si les faits ont été jugés suffisamment graves pour justifier dix mois de suspension, c’est qu’Antonio Conte n’est pas la blanche colombe que l’on essaie de nous présenter à Turin.
En fait, cela ne surprendra personne de voir l’ancien milieu de terrain de la Juventus tremper dans ce genre de combine. Joueur teigneux, toujours à la limite de la régularité, voire au-delà, doté de ressources physiques stupéfiantes, Antonio Conte était l’un des symboles des années troubles de la Juventus, celles où sévissaient les sinistres Lippi et Moggi, celles où le football italien «devait sortir des pharmacies», celles où les Ravanelli, Del Piero, Amoruso et compagnie s’effondraient dès la ligne des seize mètres franchies et où l’on glorifiait des titres obtenus grâce à d’invraisemblables séries de victoires 1-0 sur pénalty à la 93e. Qu’aujourd’hui, Antonio Conte soit majoritairement considéré comme une victime en Italie est bien la preuve que cette époque-là n’est pas révolue. 

Sébastien Fournier

La carrière d’entraîneur de Sébastien Fournier dans l’élite, au FC Sion, avait plutôt pas mal débuté : malgré un niveau de jeu misérable, les victoires s’enchaînaient, la défense ne prenait quasiment aucun but, le public se pressait en masse pour voir cette équipe enfin dirigée par un authentique Valaisan et le FC Sion semblait en mesure d’assouvir les ambitions revanchardes de son président. Mais le premier grain de sable a enraillé la mécanique : il a suffi d’une virée nocturne mal gérée et d’une défaite pour que la crise couve à Tourbillon. Lynchage public des joueurs coupables, noms d’oiseaux dans les vestiaires, les nerfs de Sébastien Fournier ont lâché aux premières difficultés. Se rendant compte qu’il avait commis une énième erreur de casting dans le choix de son entraîneur, lequel n’avait pas les épaules assez larges pour supporter la pesante pression sédunoise, Christian Constantin en a profité pour le pousser vers la sortie, reprochant au Nendard des attitudes pourtant très constantiniennes.
Le meilleur ami de Pape Thiaw n’a pas tardé à rebondir à la tête de l’ennemi juré servettien. Une régression, car c’était passer d’un club qui joue le titre avec un effectif bâti à coup de millions à un club qui lutte contre la relégation avec un contingent miséreux. Sébastien Fournier n’a pas franchement réussi ses débuts à la tête du Servette FC avec une défaite infamante en Coupe à Cham, puis en championnat à Saint-Gall, contre Lausanne, avant le naufrage total au Stade de Suisse. Et quand on entend le Valaisan présenter comme «match référence» la faiblissime prestation des Grenats contre le LS, ne se créant qu’un minimum d’occasions contre un adversaire réduit à dix et que tout supporter genevois regardait de haut il y a encore deux mois, on se dit qu’il ne devrait pas faire de vieux os sur le banc frontalier. Surtout que le Saint Président Hugh Quennec, frustré de ne pas pouvoir, pour les raisons que l’on sait, virer son entraîneur en hockey sur glace, se venge en faisant valser les coachs avec son club de football.  

Mathieu Manset

Tous les agents d’Europe le savent : lorsqu’ils ont un joueur de deuxième ou troisième zone aux références improbables à refourguer à prix d’or, le FC Sion est généralement une bonne adresse. Il suffit d’une étiquette ronflante style «mondialiste», «Buffon africain», «meilleur joueur africain» ou «meilleur buteur du championnat serbe» pour que Christian Constantin se précipite avec son jet magique pour signer l’affaire du siècle sous les yeux énamourés des journalises du Matin. Sauf que pour le dernier coup fumant, notre bien-aimé rédacteur en chef avait réussi à voler l’exclusivité au machin orange et à nous annoncer en primeur l’arrivée du «nouveau Drogba» à Tourbillon. Sauf que les références du joueur en question, Mathieu Manset, passé par la quatrième division anglaise et le championnat chinois, auraient dû inviter à une certaine prudence.
Malgré un pénalty inscrit lors de la victoire contre Servette, le Français a rapidement déçu, aussi bien par sa qualité de jeu que par son engagement. Et, comme il n’a pas dû être très bien renseigné sur le mode de fonctionnement de son président, Mathieu Manset a eu la bonne idée de s’offrir une virée nocturne alcoolisée hautement médiatisée, soit le prétexte idéal pour virer un joueur classé dans la catégorie «flops» six semaines seulement après son arrivée en Valais et avec 64 malheureuses minutes de jeu pour prouver ses qualités. Sauf que les justes motifs de licenciement ne devaient pas être si justes que cela puisque le nouveau Drogba évolue désormais avec les M-21 du FC Sion et s’en va batailler du côté d’Yverdon, Delémont ou Tuggen. Enfin, Didier Drogba évoluait encore à Guingamp à l’âge de 25 ans, Mathieu Manset n’en a que 23, rien n’est perdu, surtout que Michel Decastel a même décidé de redonner à l’ex-banni sa chance en LNA. Reste à éviter le Loft pour saisir cette chance.

Écrit par Julien Mouquin, Mathieu Nicolet (texte) et Robert Johanson (dessin)

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6 Commentaires

  1. Armstrong étant hors-catégorie et les autres ne lui arrivant pas à la cheville (qu’il a bien enflée), je ne vois pas qui d’autre que Bettmann pourrait obtenir ce pigeon d’or.

  2. les pigeons d’or sont vraiment trop faciles ces derniers temps….il y en a des hors categories, a l’image des cols avalés par sieur Armstrong

  3. Armstrong a fait fortune et n’a jamais été pris la main dans le sac. Bettman est également payé des millions par années en tant que commissaire pour la NHL pendant que les fans et les employés des franchises sont pris en otages. Vous êtes sur que ce sont des pigeons? Ce sont plutôt eux qui font des autres des pigeons a mon avis.

    Je vais voter Fournier, parce que le SFC mérite son pigeon ce mois-ci. Ca fait mal d’en arriver la en tant que Genevois mais faut être lucide..

  4. Article sur Conte sans fondement. De bar du commerce : primo, il n’a été sanctionné – en première instance (la « peine » devrait être ramenée à 4 mois selon les médias italiens) – que pour « omission de dénonciation » : toute l’accusation (de la fédération italienne de foot) repose UNIQUEMENT sur le « il ne pouvait pas ne pas savoir » que certains joueurs des deux équipes (Albinoleffe-Siena 1-0; Conte était à l’époque l’entraîneur de Siena) s’étaient entendus sur la victoire de la première nommée. En Suisse, une telle accusation ne survivrait pas au principe qui postule que le juge doit se fonder une intime conviction, et que si doute il devait y avoir, il profite à l’accusé. Cartonrouge, où sévissent des juristes aguéris, devrait le savoir. Ce qui est en plus singulier dans les faits, c’est que l’alors entraîneur de Albinoleffe, l’assez connu Mondonico, n’a lui pas été inquiété, alors que son propre assistant a reconnu l’arrangement : la théorie du « il ne pouvait pas ne pas savoir » a une interprétation bien différente pour la fédération… Secundo, pour le sous-entendu dopage, il n’a jamais été établi : et contrairement à d’autres pays où les suspicions (fortes) n’ont jamais conduit à une véritable procédure, la justice italienne a elle blanchi totalement la Juventus. Tertio, les « ils tombent dans les seize » est un tel lieu commun sur le foot italien qu’il ne mérite pas que je m’époumonne à son sujet, si ce n’est pour dire qu’il ne grandit pas l’aspect journalistique de recherche de son auteur.

  5. @ Antonio

    T’excites pas, tout le monde sait que la Juve a tjrs été propre, n’a jamais triché,…d’ailleurs c’est juste une coïncidence que l’infirmerie de l’équipe était (peut-être encore je sais pas) plus grande, mieux équipée et plus perfectionnée que l’hôpital de la ville de Turin…tout ca pour masser 5 cuisses et donner des VITAMINES aux joueurs…logique non? pfff

    @ Cole

    Même si je partage pas forcément ton avis entier, ta 1ère phrase est évocatrice. Je crois que s’il y a un pigeon dans l’histoire, c’est tout sauf Armstrong. Comme l’a dis Landis, c’est plutôt l’UCI qu’il faut blâmer. Si Armstrong était si chargé que cela, pourquoi il n’a jamais été officiellement pincé malgré ses nomreux contrôles? Trois réponses possibles: l’incompétence des contrôleurs, l’avance technologique des sportifs en matière de dopage ou…la corruption des instances dirigeantes (UCI, FIFA, NFL, NBA,…).

    Tout le monde sait (ceux qui sont logiques et/ou informés) qu’il est impossible de finir un Tour de France, jouer 50 matchs de foot par année, résister à des charges de saison et d’entrainements de 100 matchs (NBA, NHL)…le tout à l’eau clair et aux spaghettis bolo…

    Concernant Bettman, il a pas baissé son froc devant la NHLPA (à part pour leur montrer son *** ptet) mais devant les proprios qui le soutiennent et apportent de l’eau à son moulin (à fric).

  6. @ D.S.
    Si tu connaissais le système de santé en Italie, tu ne t’étonnerais de rien… Mais tu ne le connais pas, à l’évidence. Comme tu ne connais rien du dossier, d’ailleurs. A part ce que tu veux bien : le réquisitoire du procureur Guariniello. Mais bon, c’était son réquisitoire. Et la justice italienne ne l’a pas retenu dans ses considérants : ce n’était donc pas pour elle un fait établi. Tu peux encore pouffer.

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