Le Giro de la Serie A (1/2)

Deux semaines après la Bundesliga et la Ligue 1, et une semaine après la Premiership et la Liga, c’est au tour de la Serie A de reprendre ses droits ce weekend. Le championnat – d’après certains le plus en déclin d’Europe – pourrait bien se montrer plus disputé que la saison passée. Enfin on espère… Rapide tour d’horizon des équipes qui devraient se disputer le haut du classement de cette édition 2013/2014.

Un titre déjà joué ?

Cette saison encore, la Juventus fera sans aucun doute office de grand favori au titre, si l’on excepte bien entendu le néo-promu Sassuolo qui paraît largement au-dessus du lot. Après une édition 2012/2013 remportée avec la manière, on voit mal comment la Juve pourrait laisser échapper un troisième titre d’affilée. Toute autre performance des Bianconeri que la première place serait une véritable contre-performance que seul un succès européen pourrait éventuellement rattraper. Les Turinois se sont surtout renforcés dans le secteur offensif en recrutant deux pointures comme Carlos Tevez et Fernando Llorente. Il est certain que ces renforts sont a priori meilleurs que ceux que la Juve s’était fait prêter la saison précédente (Nicklas Bendtner et Nico Anelka) qui ont tous deux vite été réexpédiés à leurs envoyeurs dans leur carton d’origine.

Si Llorente a semblé quelque peu avoir de la peine à s’adapter au foot italien (il faut dire qu’il a également peu joué la saison passée), Tevez paraît s’être mieux  acclimaté à son nouvel environnement. Le reste de l’équipe est demeuré quasiment inchangé. On note tout de même l’arrivée du défenseur international italien Angelo Ogbonna et le départ d’une des révélations de la saison précédente Emmanuele Giaccherini. La finale de la Supercoupe disputée dimanche dernier face à la Lazio l’a prouvé, les Bianconeri sont dans une forme fracassante. Sous l’impulsion d’un Stephan Lichtsteiner totalement enragé et déchaîné contre son ancienne équipe (on a même cru un instant qu’il allait arracher à deux mains la jambe du pauvre Sergiu Radu et la bouffer telle une cuisse de poulet), la Juve a atomisé les Biancocelesti 4-0, le tout au Stade Olympique de Rome s’il vous plaît ! Bref, de quoi annoncer qui sera le patron cette année…

Deux nouveaux challengers ?

Si, traditionnellement, les principaux rivaux de la Juve sont les deux clubs milanais, on a l’impression que cette année leur campagne estivale de transfert n’a guère convaincu d’un côté comme de l’autre. Les deux principaux rivaux pour le titre seront ainsi, une fois n’est pas coutume, Naples et la Fiorentina qui ont réalisé de bonnes saisons l’an passé, mais à qui il manquait un petit quelque chose pour réaliser un saut de qualité important, permettant de concourir pour le scudetto.
Déjà en partie dans le coup lors du dernier exercice, Naples a réalisé une campagne de transfert intelligente et intéressante. En vendant le matador Edinson Cavani au PSG (eh non pas de blague avec le Qatar, on en a eu assez), prêt à débourser presque n’importe quelle somme pour s’adjuger ses services, les Partenopei ont fait le plein de devises. Cette importante rentrée d’argent leur a permis d’aller chercher Gonzalo Higuain au Real, ce qui semble être une des meilleures affaires de l’été. Il est évident que la nomination surprise de Benitez au poste d’entraîneur a également favorisé les arrivées de nombreux Espagnols que sont Raul Albiol, le gardien Pepe Reina ou encore le plus si jeune José Callejon qui devrait enfin pouvoir jouer régulièrement.
Encore un de ces entraîneurs qui amène sa bande de joueurs. Ajoutez à cela le transfert de l’international belge Dries Mertens et le trio des Suisses et vous obtenez une équipe qui paraît capable de concurrencer la Vieille Dame. Seul bémol, le latéral gauche colombien Juan Zuniga, l’un des meilleurs de la botte actuellement, pourrait faire ses bagages en direction du… Juventus Stadium. Vendre un de ses meilleurs éléments à son principal rival a de quoi étonner. Même si le contrat de Zuniga se termine à la fin de la saison (ce qui signifie courir le risque de le laisser partir sans toucher le moindre argent) cela ressemble un peu à ce qui s’appelle se tirer une balle dans le pied. A la limite tu le vends ailleurs…

La Fiorentina reste elle aussi sur une bonne saison 2012/2013. Dire qu’elle fait partie des favoris de cette édition serait probablement un peu excessif, mais en faire un outsider et un prétendant sérieux aux places qualificatives pour la Ligue des Champions l’est beaucoup moins. A l’instar de Naples, la Fiorentina a enregistré une importante rentrée de cash durant l’été en vendant son meilleur joueur Stevan «Jo-Jo» Jovetic, malheureusement trop souvent blessé. Cet argent, les Viola l’ont investi pour se dégotter un attaquant de premier rang en la personne de Mario Gomez qui jouait finalement assez peu dans la meilleure équipe européenne du moment.
Le plus espagnol des Allemands partagera l’attaque avec Giuseppe Rossi (ex-Villarreal comme une bonne partie de l’équipe), débarqué en janvier dernier, qui n’a jusqu’à présent pas pu disputer le moindre match pour cause de blessure. Il fera donc figure de nouvelle recrue ce weekend face à Catane. Cette attaque de feu sera épaulée par un milieu de terrain qui demeure inchangé ou presque. On notera toutefois le recrutement de doublures de luxe dans ce secteur, puisque l’ancien capitaine de l’AC Milan Massimo Ambrosini viendra apporter son expérience et le Slovène Josip Ilicic sa créativité – enfin si ce dernier met un terme à son régime de 4 matchs pourris sur 5. La défense, quasiment inchangée elle aussi, semble un peu faible pour véritablement viser le titre malgré l’arrivée de l’ancien joueur d’Hoffenheim Marvin Compper. Même constat au poste de gardien puisque pour l’instant la Fiore est toujours à la recherche d’un véritable numéro un. On parlerait d’un certain Julio Cesar, ce qui serait certainement plus clinquant que Neto remplaçant l’an passé et pressenti comme titulaire pour l’instant…

Des milanais largués ?

Comme déjà brièvement abordé, les deux équipes milanaises semblent un peu en retrait cette année. Il faut toutefois un peu nuancer ce constat pour l’AC Milan qui semble quand même en mesure de lutter pour une place qualificative pour la Ligue au pognon. En revanche pour l’Inter, une place dans le top 3 constituerait presque une bonne performance tant les Nerazzurri sont passés à côté de leur saison passée. Les Rossoneri ont passé tout l’été à courir après le japonais du CSKA Keisuke Honda sans pour autant que cela ne porte ses fruits pour l’instant. Les principaux renforts se limitent à deux anciens Interistes (une véritable mode on vous dit), Andrea Poli et Matias Silvestre. Cela paraît somme toute un peu léger pour pouvoir espérer lutter pour le titre, même si le trio d’attaque Prince-Balotelli-El Shaarawy pourrait faire des étincelles et pas seulement au niveau de la coupe de cheveux. Malgré une fin de saison 2012/2013 encourageante, on voit mal comment les septuples champions d’Europe pourraient venir jouer les trouble-fêtes et contester le titre à la Vieille Dame. Une place sur le podium paraît par contre un objectif raisonnable et à portée de main des Milanais. La saison pourrait également être conditionnée par une éventuelle qualification en Ligue des Champions mais pour cela il faudra éliminer le PSV, ce qui ne sera pas chose aisée.

L’Inter reste quant à elle sur une saison absolument catastrophique (9e). Après une année qui a été qualifiée d’année de transition, la volonté affichée de rajeunir l’équipe est lentement en train de prendre forme. Un grand nombre de renforts avaient débarqué en janvier dernier dans cette optique et plusieurs renforts estivaux avaient même déjà été négociés durant l’hiver. C’est ainsi qu’ont débarqué l’argentin de Naples Hugo Campagnaro, le franco-algérien Ishak Belfodil, le jeune argentin Mauro Icardi, l’ex-Porto Rolando ou encore plus récemment le tri-national Saphir Taïder ainsi que le jeune brésilien Wallace (manquerait plus que Gromit se ramène). En revanche, exit les Schelotto, Kuzmanovic, Gargano et surtout Cassano qui quittent déjà le club, même si pour les deux premiers rien n’est encore définitif. Une volonté donc de rajeunir et renouveler l’effectif certes, mais au niveau des résultats, il y a de quoi s’inquiéter. Durant les amicaux du mois d’août, les Nerazzurri ont enchaîné les mauvaises performances avec des défaites mortifiantes contre certains des plus grands clubs européens (Chelsea, Valence, Real Madrid) sans marquer le moindre but; le nouveau coach Walter Mazzarri aura donc bien du boulot.
Autre point d’interrogation qui a mobilisé toute l’attention cet été, la vente du club à… un milliardaire indonésien dénommé Erick Thohir. En effet, le charismatique président Moratti n’aurait plus assez d’argent à injecter dans le club et se serait décidé à vendre au moins en partie le club, afin que celui-ci ne devienne pas un club de seconde zone. L’affaire entre Moratti et le milliardaire indonésien pourrait se conclure dans les prochains jours. L’Inter deviendrait ainsi en odeur de sainteté du côté de Jakarta, véritable fief de Manchester United où un scooter sur deux arbore un autocollant à l’effigie des Red Devils. Et des deux-roues, il y en a un paquet là-bas. Enfin, dernier point d’interrogation, le retour possible de Samuel Eto’o à Appiano Gentile dans les prochains jours. En effet, il n’y a pas que l’Inter qui subisse la crise, le fameux Anzhi Makhachkala a également décidé de brader ses quelques stars à des prix dérisoires. Ainsi, le camerounais le plus célèbre de l’histoire aurait exprimé sa volonté de retourner à Milan où sa famille est toujours installée; étonnant que celle-ci ne l’ait pas suivi entre Makhachkala et Moscou. Affaire à suivre, mais Eto’o pourrait bien être attendu comme le messie par les Nerazzurri. Avec une équipe il est vrai en reconstruction et de nombreuses interrogations, l’Inter peut difficilement viser plus haut qu’une place qualificative pour la Ligue des Champions ce qui serait déjà une excellente performance.

Les Romains, pas mieux qu’en Europa League ?

L’AS Rome et la Lazio ne figurent plus véritablement dans la liste des prétendants au titre. Malgré le fait que les deux équipes de la capitale demeurent compétitives, on voit mal comment elles pourraient prétendre à autre chose qu’une place qualificative pour la coupe européenne dont tout le monde se tape, sauf quand Bâle arrive en demi-finale.

L’AS Rome a réussi quelques jolis coups sur le marché des transferts cet été. En engageant l’ancien entraîneur de Lille Rudi Garcia, les Giallorossi sont parvenus à attirer un joueur de la trempe de Gervais Kouassi mieux connu sous le nom de Gervinho (mais pourquoi se fait-il appeler comme un Brésilien ?) qu’il avait eu sous sa direction en France. Cette acquisition importante a été accompagnée de celle de l’ancienne gloire de l’Inter Maicon, de l’ancien portier napolitain Morgan de Sanctis, de Mehdi Benatia et enfin de Kevin Strootman dit Strootmaninho, (non mais lui aussi a le droit). Ces nouveaux arrivants associés aux éternels De Rossi et Totti pourraient donner à la Louve certaines ambitions.
Cependant, l’AS Rome a perdu dernièrement son buteur attitré Pablo Osvaldo parti dans l’urgence du côté de Southampton. Celui qui se prétend un des meilleurs attaquants d’Italie n’aurait-il pas pu trouver un club plus huppé et plus digne de son rang ? Ce départ précipité chez les Saints est compréhensible dans la mesure où depuis quelques semaines, l’Italo-Argentin échangeait régulièrement des insultes avec une bonne partie des tifosi romains. Et quand on ne t’apprécie pas en général à Rome on te le fait savoir… Pour preuve, un message peu élogieux retrouvé tagué en bas de chez lui qui lui était directement adressé le lendemain de l’amical Italie-Argentine. C’est donc un peu dans la précipitation que l’ancien avant-centre a fait ses valises et qu’il n’a pas été pour l’heure remplacé. En effet, avec Mattia Destro blessé, on voit mal qui pourrait se muer en buteur du côté du Stadio Olimpico. L’AS devra apparemment s’en remettre une fois de plus aux coups de pied arrêtés de Totti, d’autant plus qu’un autre élément offensif, le jeune Erick Lamela est également annoncé partant pour Tottenham…
Du côté de l’autre club romain, peu de choses ont évolué durant la pause estivale. L’effectif est resté pratiquement le même. Si l’an dernier la Lazio avait disputé un premier tour canon, le deuxième fut un véritable chemin de croix, reléguant les Biancocelesti de la 2e à la 7e place. le seul point positif de la saison passée aura finalement été la victoire de la Coupe d’Italie contre l’AS Rome en finale, ce qui te sauve largement une saison lorsque tu es Laziale. La seule nouveauté est l’arrivée de l’excellent Argentin d’Anderlecht Lucas Biglia, mais cela ne suffira pas pour espérer une place dans le trio de tête. La lourde défaite 4-0 de la Lazio dimanche dernier face à la Juve lors de la Supercoupe semble aller dans ce sens. De plus, cette cuisante défaite aura des conséquences importantes puisque suite à des chants racistes adressés aux joueurs de couleur de la Juve, la tribune des tifosi sera fermée pour un match. La sanction n’est en soi pas très importante, mais le vrai problème est plutôt qu’une fois de plus la Lazio n’est pas prête à se débarrasser de son image de club raciste aux yeux du monde.

L’éternel et le nouvel outsider

Deux «petites» équipes peuvent potentiellement venir se mêler à la lutte pour les places européennes. Comme chaque année, l’Udinese fait partie des équipes dont les grands se méfieront tout particulièrement. Sans faire beaucoup de bruit, l’Udinese c’est tout de même une place dans le top-5 de Serie A lors des trois dernières saisons, et par conséquent une certaine régularité dans la performance. Une équipe capable chaque année de te sortir une ou deux révélations qui viennent ensuite alimenter les plus grands clubs d’Italie. Pourtant cette année l’effectif y est demeuré très stable et l’Udinese devrait aligner un onze de base identique à celui de la fin de saison passée, ce qui est encourageant vu les bonnes performances de fin de saison des Bianconeri.
Même si le Serbe Dusan Basta ou encore le jeune Colombien Luis Muriel intéressent les grands clubs et pourraient faire l’objet de transfert de fin de mercato, l’Udinese pourra toujours compter sur son capitaine-buteur Toto Di Natale qui ne quittera pas le club d’aussitôt. Signalons encore une information concernant le club frioulan qui pourrait s’avérer capitale pour le futur. Si la plupart des clubs italiens évoluent dans des enceintes vétustes et délabrées, les dirigeants de l’Udinese ont pris la courageuse décision d’entreprendre la modernisation totale du Stadio Friuli, ce qui pourrait certainement s’avérer un atout pour l’avenir du club. Espérons que d’autres clubs emboîteront le pas à l’Udinese mais malheureusement rien n’est moins sûr…
L’autre petit poucet qui étonne depuis deux saisons, c’est Catane. Désormais seul club sicilien de Serie A avec la relégation de Palerme, Catane a surtout étonné l’an passé en finissant à la 8e place devant l’Inter, ce qui constitue le meilleur résultat jamais obtenu par le club de la ville située sur les pentes de l’Etna. Les éléphants ont toutefois perdu deux de leurs pièces maîtresses qu’étaient Francesco Lodi (promis à un grand club, il a finalement choisi Genoa) et le petit Alejandro Gomez qui a succombé aux dollars argentés de l’aluminium du Metalist Kharkov (pour une fois que ça n’est pas le pétrole, ça nous fait particulièrement plaisir de le souligner). Mais nul doute que les recruteurs siciliens auront trouvé des nouveaux talents du côté de l’Argentine pour pallier à ces deux départs. Pour preuve, Catane a recruté pas moins de 4 nouveaux Argentins cet été. Avec une douzaine de compatriotes de Messi dans l’effectif, la nouvelle recrue grecque en provenance de l’AS Rome Panagiotis Tachtsidis a meilleur temps de se mettre à l’espagnol ! En continuant sur sa lancée, Catane a les moyens de venir se mêler à la lutte pour les places européennes. Une telle performance signifierait bel et bien que le club sicilien pourrait devenir pour les saisons à venir l’outsider du Sud.

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1 Commentaire

  1. Bravo, excellent article.
    Je suis moi-même journaliste au sein d’un hebdo de la région de Lavaux et je tiens à féliciter l’auteur de ce texte.
    En effet, il parcours complètement, et de manière très juste, la saison italienne à venir.

    Merci encore, je lis toujours avec grand plaisir vos articles!

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