Oktoberfest-Zeit

En ce moment, toute l’Allemagne célèbre la bière. Encore plus que d’habitude s’entend. Et, forcément, quand ton équipe favorite gagne 5-0 après une démonstration de football éblouissante, la boisson houblonnée a meilleur goût qu’après une défaite. Les Brinkhoff’s de samedi se sont avérées particulièrement savoureuses. Ein Prosit !

Il vient de m’arriver quelque chose d’assez inhabituel : j’ai raté deux matchs officiels de suite du Borussia Dortmund, en l’occurrence les déplacements sur la pelouse des deux seuls clubs historiques de Bavière, Nürnberg en championnat et Munich 1860 en Coupe. J’en ai souffert, surtout en voyant le délire collectif des 15’000 fans en jaune descendus un soir de semaine à Munich contre une deuxième division. C’est donc avec une impatience non dissimulée que je retrouvais mon BVB pour la venue de Freiburg au Westfalenstadion. Le Borussia était également en quête de rachat après trois sorties mitigées à l’extérieur (défaite à Naples, nul à Nuremberg et victoire aux prolongations à Munich).  A priori, Freiburg était l’adversaire idéal pour se relancer : déjà parce que les Breisgauer prennent toujours des roustes à Dortmund, ensuite parce qu’ils sont loin de confirmer leur cinquième rang de la saison passée. Toutefois, malgré son classement peu flatteur, Freiburg est tout sauf moribond : il l’a prouvé en étant jusque-là l’unique formation à avoir pris des points au Bayern Munich en Bundesliga ou en éliminant Stuttgart en Pokal. Il manque juste aux Fribourgeois la confiance et la réussite qui les habitaient il y a douze mois, comme en témoigne cet essai de Gelson Fernandes à la dernière minute la semaine passée contre le Hertha Berlin qui s’en vient mourir sur le poteau. Un déclic pourrait suffire aux Breigsauer pour retrouver une place au classement plus digne de leur statut d’européen.

A sens unique

L’après-midi commence mal, puisque Freiburg gagne le toss et choisit de défendre dos à la Südtribüne en première mi-temps. On déteste ça. Cela n’empêche pas le BVB de prendre instantanément le contrôle d’un match qui tourne rapidement à une attaque-défense à sens unique. Les occasions se succèdent : Subotic, Mkhitaryan et Lewandowski ne trouvent pas le cadre, Aubameyang, Mkhitaryan et Lewandowski eux le trouvent tellement bien qu’ils se heurtent au portier Baumann. La délivrance interviendra finalement sur un but de raccroc lorsque Marco Reus surgit pour placer au bon endroit un double renvoi d’Oliver Baumann sur des tentatives de Sven Bender et Robert Lewandowski.
Comme la tournée des Biergarten d’avant-match s’était faite au pas de charge, j’étais d’humeur particulièrement loquace et, après que Lewandowski eût raté l’immanquable par manque de promptitude, je serine à mon pote Karli ma vieille théorie selon laquelle Dortmund aurait dû vendre son Polonais cet été et qu’il était un poids mort pour l’équipe. Je doute que Lewa ait pu m’entendre dans l’ambiance grandiose du temple jaune mais j’étais à peine lancé dans mes théories fumeuses que celles-ci étaient démenties par la performance de classe mondiale du déserteur de Varsovie. Impliqué dans les cinq réussites dortmundoises du jour, le Polonais va notamment provoquer la faute du défenseur Fallou Diagne, synonyme de carton rouge et pénalty, juste avant la pause, un vrai coup de massue pour Freiburg. La sanction est logique même si l’on pourra toujours disserter sur l’opportunité d’un règlement imposant la double peine. 2-0 à la mi-temps après la transformation de Marco Reus et 11 Borussen contre 10 Fribourgeois, c’est forcément le cœur léger que l’on a sacrifié au rituel des tournées de la pause.

  

La balade des gens heureux

Trois jours avant un match de Ligue des Champions déjà capital contre Marseille, le BVB aurait pu gérer en deuxième mi-temps mais ce n’est pas le genre de la maison. Les Pöhler avaient envie de régaler leur fantastique public et ils ont régalé. Robert Lewandowski s’offrira le doublé avec un troisième but étourdissant de finesse, de subtilité et de maîtrise technique puis un quatrième à la conclusion d’un beau mouvement ponctué d’un centre au cordeau de Jonas Hofmann. C’est Jakub Blaszczykowski qui conclura le festival en terminant une percée de l’inévitable Lewandowski. C’était tellement jour de fête au Westfalenstadion que, l’esprit taquin et l’humeur badine, on s’offre même des standing ovation pour saluer l’annonce des buts de nos chers amis d’Hoffenheim, contre Schalke.
Le seul petit nuage dans le ciel bleu azur du magnifique été indien installé sur la Ruhr c’est que, pour la quatrième fois en sept matchs de championnat, le Bayern Munich a bénéficié de grossières erreurs d’arbitrage pour gagner. Si Josep Guardiola était venu en Bavière pour prouver qu’il pouvait remporter un titre grâce à ses compétences et non grâce à cette haïssable prime arbitral au grand, une vraie gangrène du football, c’est raté pour cette saison. Cela ne nous a pas empêché de célébrer dignement cette victoire qui permet au BVB de conserver la tête du classement. Comme c’est désormais la mode partout en Allemagne, Dortmund a aussi son Oktoberfest. Si l’on s’y est bien amusé, l’objectivité nous pousse à reconnaître que l’ambiance reste assez éloignée et inférieure à celle de la vraie Wies’n, celle de Munich. Mais, à tout prendre, on préfère l’ambiance et la fête au stade toute l’année et pas trop à l’Oktoberfest locale que trois semaines de folie fin septembre et aucune ambiance au stade le reste de l’année. Chacun son truc. Une victoire 5-0, une ambiance de feu et une Oktoberfest en prime : les deux jeunes supporters du Borussia venus de Saint-Cierges et Denezy rencontrés par hasard dans le car de mon fan’s club, triplant la députation francophone d’habitude réduite au seul soussigné, auront apprécié leur baptême du feu au Westfalenstadion. Et voilà deux convertis de plus à la religion jaune et noire !

Le début des choses sérieuses

Dortmund a sans doute livré samedi son match le plus abouti de la saison. Les occasions ont été tellement nombreuses que le score de 5-0 est presque flatteur pour ce malheureux Freiburg. En outre, le BVB a été très solide derrière, ne laissant pas la moindre ouverture aux Breisgauer. C’était peut-être un peu prétentieux dans un championnat aussi homogène et équilibré que la Bundesliga mais, en découvrant le calendrier, j’avais plus ou moins espéré qu’unser Borussia débute la saison par sept victoires car les adversaires rencontrés jusqu’ici étaient tous plus ou moins promis à la seconde moitié de classement. Nonobstant le petit accroc de Nürnberg, avec cette égalisation franconienne validée malgré un hors-jeu et une faute de main, le tableau de marche est tenu. Le Borussia va maintenant s’attaquer à des adversaires d’un calibre supérieur, à commencer par Mönchengladbach samedi. Un gros morceau : le BVB n’a jamais gagné au Borussia-Park depuis qu’y sévit un certain Lucien Favre et les Fohlen sont irrésistibles cette saison devant leur public avec trois matchs, trois victoires, onze buts marqués et deux encaissés. Comme le même jour aura lieu un certain Leverkusen – Bayern, cette Bundesliga plus passionnante et exaltante que jamais entre dans le vif du sujet et ce n’est pas pour nous déplaire. Vivement la suite !

Borussia Dortmund – SC Freiburg 5-0 (2-0)

Signal Iduna Park, 80’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Schmidt.
Buts : 35e Reus (1-0), 45e+2 Reus (pénalty, 2-0), 58e Lewandowski (3-0), 70e Lewandowski (4-0), 79e Blaszczykowski (5-0).
Dortmund: Weidenfeller; Grosskreutz, Subotic, Hummels, Durm; Bender (46e Kirch), Sahin; Aubameyang, Mkhitaryan (62e Blaszczykowski), Reus (62e Hofmann); Lewandowski.
Freiburg: Baumann; Sorg, Ginter, Diagne, Günter; Schmid, Fernandes, Schuster (66e Höfler), Coquelin (46e Höhn); Freis (74e Guede), Mehmedi.
Carton jaune: 89e Sorg.
Carton rouge: 45e+1 Diagne (faute de dernier recours).
Notes: Dortmund sans Schmelzer, Kehl, Piszczek ni Gündogan (blessés), Freiburg privé de Mujdza, Darida, Hedenstad et Pilar (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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