Christian Clavier

Le FC Bâle l’a fait ! Il a battu Chelsea pour la deuxième fois de suite. Il a montré ce que vaut le foot suisse. Une rage, une envie, un esprit d’équipe qu’aucune star ne peut acheter. Ah merveille des merveilles ! Bâle entre dans la cour des grands ! Pouêt pouêt.

Voici ce que vous auriez dû lire en introduction d’un article parlant de la victoire en champion du club rhénan mardi (enfin, sans doute sans les «pouêt pouêt»). Cependant, malgré notre joie pour le club suisse allemand, on ne peut s’empêcher d’avoir une petite voix blasée et ingrate qui se manifeste dans notre esprit par un discret «pfff ouais ouais». Et pourquoi donc se fait-elle entendre cette petite voix ? Parce qu’elle en a vu d’autres des exploits et que souvent ils furent sans lendemain. Parce qu’elle ne peut que s’agacer que le potentiel d’une équipe capable de vaincre les Blues deux fois d’affilée ne parvienne pas à venir à bout du Steaua quelques semaines auparavant. Et parce que ces réussites ne font presque plus rêver tant que l’on n’est pas rassuré par après lors des confrontations où le boulot doit être fait. Il n’y a, de plus, pas grand-chose à redire sur la victoire bâloise de mardi soir. Elle n’est même pas tellement due à la chance. Pourtant, je ne sais pas pour vous, mais on a quand même le vieux sentiment que ça ne va pas passer contre Schalke et que Bâle va devoir se contenter de l’Europa League. On peut se tromper bien sûr mais l’éventualité d’un exploit pour rien n’est pas du tout incongrue tant on a pris l’habitude de ce genre de mésaventures.
Les supporters de l’équipe nationale savent de quoi on parle quand on évoque ce phénomène. Cela s’appelle l’Afrique du Sud en 2010 et l’événement le plus esthète de l’histoire du foot lorsque la Nati ruina sa qualification pour le deuxième tour en foirant contre le Honduras après avoir triomphé des invincibles Espagnols. Ce n’est même pas honteux, c’est absurde. Dans ce genre de cas de figure, on évoque souvent le fait que pour une équipe de niveau moyen comme la Suisse, ou le FC Bâle (ou d’autres…), il est plus facile de construire une opposition contre un adversaire plus illustre, en fermant le jeu et en procédant par contre, par exemple, que de devoir faire le jeu contre un opposant réputé plus faible.
Il me vient dès lors une image. Celle de Christian Clavier dans Les Bronzés qui justifie sa défaite au ping-pong en expliquant que c’est très difficile de jouer contre quelqu’un de moins bon que soi. Mais contre quelqu’un de plus fort aussi en fait. La théorie «Christian Clavier» s’adapte parfaitement au football lorsque des équipes cherchent à ne pas regarder en face les vrais problèmes. Ces derniers se définissent avant tout par deux facteurs principaux : un manque de motivation et d’engagement face à des adversaires peu glamour et une attitude hautaine.

Si l’on part du principe que la «Christian Clavier» est une cornichonnerie et que ce sont davantage ces deux facteurs qui expliquent cette sorte d’inconstance, on peut donc estimer que le FC Bâle est coupable d’une grave faute professionnelle et que la victoire de mardi, même si elle est garante de bonnes choses niveau comptable (on ne va pas cracher sur l’Europa League au minimum), marque toutefois un point très négatif en termes d’acte manqué. Sous-entendu, il aurait fallu gagner au moins un des deux matches contre Bucarest car ils en étaient capables. On a beau savoir faire des fresques, si on ne sait pas construire un mur pour la mettre dessus cela ne sert à rien (la rédaction de CartonRouge.ch tient à s’excuser pour l’emploi de métaphores lourdes comme Demis Roussos sur les épaules de Valérie Damidot qui fait des haltères en scaphandre ).
Peut-être que l’avenir me donnera tort et que Bâle prendra le large sur Schalke pour atteindre les huitièmes. Peut-être que la «Christian Clavier» est une réalité (et ce serait une bonne chose vu que les Allemands sont supposés être plus forts au final). Il n’empêche qu’il y a une chose à conclure sur cette question. Cela d’autant plus en pensant, par extension, à la Coupe du Monde que la Suisse vivra au Brésil cet été. Pour franchir un palier et devenir une bonne équipe (pour ne pas dire une «grande»), il faut tout savoir gérer. Il faut imposer sa supériorité contre les équipes «plus faibles» et résister avec vaillance contre les «plus forts». Et de manière générale, il faut garder son mental et son professionnalisme contre chacun. Cela parait facile à dire sur un clavier d’ordinateur. Mais il est quand même normal, qu’en tant que supporter, on finisse par exiger davantage que le simple fait d’«avoir un bon potentiel».
Le FC Bâle a fait un parcours très appréciable l’année passé en Europa League. Il a prouvé qu’il était capable de faire preuve de constance et d’engagement. Mais il serait temps de franchir un palier, comme aller plus loin en Champions League par exemple.
La semaine prochaine, ce sera la théorie Michel Blanc sur une équipe qui croit qu’elle va emballer la Coupe du Monde cet été parce qu’elle s’est qualifiée en barrages.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Bâle – Chelsea 1-0 (0-0)

Parc St-Jacques, 35’208 spectateurs.
Arbitre : Lannoy (Fr).
But : 87e Salah 1-0.
Bâle : Sommer; Voser, Schär, Ivanov, Xhaka (71e Ajeti); Serey Die; Salah, Elneny, Frei, Stocker (92e Sauro); Streller (78e Sio).
Chelsea : Cech; Ivanovic, Cahill, Terry, Azpilicueta; Ramires, Mikel, Lampard; Oscar (55e Hazard), Eto’o (42e Torres), Willian (86e De Bruyne).
Cartons jaunes : 37e Xhaka. 63e Serey Die. 65e Mikel. 76e Ramires.
Notes : Bâle sans Diaz ni Safari (blessés), Chelsea sans David Luiz ni Van Ginkel (blessés). 41e Eto’o sort sur blessure.

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10 Commentaires

  1. Excellent et très « vrai » malheureusement…
    C’est toujours plus facile de se sublimer face à de grandes équipes c’est sûr mais ça s’appel aussi l’expérience ! En effet, Bâle ne joue que des « gros » match en CL (sans manquer de respect aux autres club suisse) alors que des Chelsea, en joue régulièrement en championnat) et savent mieux gérer les différences entre les gros matchs et les plus « petits ».

  2. magnifique! j’aurai pu ecrire cet article (si j’avais le talent nécessaire). Toute ma vision du foot suisse est là. Rien à redire.
    On se paluche sur des exploits ponctuels mais quand il faut faire le boulot, y’a plus personne et après on vient étaler des excuses bidons.

  3. Et quand la Suisse fait le boulot sérieusement en éliminatoires, les mêmes viennent dire qu’il y avait pas de grandes équipes… Jamais contents…

  4. Désolé mais pas d’accord, est-ce que Bale c’est dégonflé contre le match décisif contre Liverpool en 2005 je crois? Non, ils ont fait le boulot. Contre MU il y a 2 ans? Non plus. L’année passée en Europa League dans les matchs à elimination directe? Non plus il me semble! J’en oublie surement. La mentalité du football en Suisse a bien changé depuis des années et avec cet article j’ai l’impression d’être de retour dans les années 90. Après, il est clair que Bale n’est pas Chelsea et que cela reste tout de même des « exploits », mais on y trouve toujours une excuse et ça en devient un peu lassant, je crois surtout que l’on a du mal à l’admettre mais le foot suisse existe bel et bien, et plutôt à un très bon niveau avec des résultats excellents pour le prouver

  5. Le foot suisse est à l’image de tous ces commentaires: sur une phrase, on parvient parfois à ne pas faire de faute d’orthographe, mais sur quatre cela relève du miracle. Ceci explique que le Portugal, les Pays-Bas, la Belgique, l’Ecosse, la Roumanie, etc. ont su réellement se dépasser, de façon régulière, afin de remporter des coupes d’Europe. Tous l’ont fait. La Suisse? Jamais. Pas même une finale. L’exploit, en Suisse, est un prétexte pour ne pas le renouveler. Perdre pour revenir sur terre et retrouver la normalité qui rassure.

  6. Très bel article. Il faut vraiment que Bâle s’arrache contre Schalke et passent le cut. Sinon on peut les envoyer droit chez les Papous franchement. Ce serait vmt giant s’ils se qualifiaient!!!

  7. J’espère que YB gagnera contre le Fc Novartis ce dimanche et je suis de tout cœur avec les allemands du FC Schalke 04 gagne contre ces arrogants de bâlois et comme ça, ça leur clouera le bec

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