Haris Seferović : du plafond aux bas-fonds?

Le joueur d’origine bosnienne, malgré sa bonne volonté, était à côté de ses pompes lors de la belle copie rendue par la Nati samedi soir. Une antithèse parfaite si on le compare à ses coéquipiers rouges et blancs, techniquement et mentalement excellents. Parc Saint-Jacques – Seferovic, c’est 2:0 !

Que le temps file dans le football! Il y a un mois à peine, l’attaquant de Benfica au Portugal en mettait 4 au fond en 5 parties, et déjà on le surnommait le sauveur, puisqu’il allait enfin marquer régulièrement pour notre pays, marquer notre pays. Une aubaine pour un poste laissé libre depuis la retraite d’Alex Frei. Mais non. Haris tu t’es cru Aristote ? Aujourd’hui, sur le fil du rasoir, on a parlé trop vite. Il ne se rase plus. Et il semble que depuis ses débuts, on parle souvent trop vite des mouvements rocambolesques de la carrière déjà si riche… en clubs d’Haris.

On peut l’appeler le voyageur, plutôt que le sauveur. Seferović est un champion sans contestation dans ce domaine. Il faut lui laisser ça. Lui, qui a déjà été marqué par 5 championnats différents, à seulement 25 piges! Il lui reste juste encore à marquer. Rien que ça.

Après son but tant important en coupe du monde des moins de 17 ans devant le Nigeria, on le disait talent précoce. Accroche-toi, lors de cette fameuse compétition, il est sorti de son nid au même moment que les crampons en or des Neymar, Morata, Isco, Roberto, Götze, Xhaka et j’en passe. A peine majeur, le Lucernois appartenait déjà à la Fiorentina en Italie. Depuis, il change de salaire presque chaque année.

« Je n’arrive pas à expliquer une telle réussite » balbutiait encore notre ami il y a si peu de temps. Samedi, on n’a pas eu droit au soir de confirmation. A l’image de ses performances en dents de scie. Du talent, il devient tannant: Seferović nous a refait du Seferović.

La semaine dernière au Portugal, il était remplaçant contre les marins de Maritimo, anecdote révélatrice de son nouveau passage terriblement amer.

A croire qu’il s’est trompé de poste. Sa maman lui aurait conseillé d’être gardien durant sa jeunesse. Têtu comme une mule, le petit Haris s’en allait comme un neuf, à la pointe de l’attaque. Hier soir, Madame Seferović avait peut-être raison : si son fils était au but, à coup sûr aucun ballon ne serait rentré. Et encore je n’en suis pas certain.

Plus d’un joueur aurait mis un terme à sa carrière après un match pareil. Après quelques minutes, le barbu touchait du bois, une occasion ratée qui mentalement lui aurait fait changer d’acabit. Manqué. La suite, certes dynamique et volontaire de sa part, le divise d’avec les autres Helvètes du Parc Saint-Jacques. Le Parc Saint-Jacques, aux couleurs du mythique FC Barcelone de Hans Gamper, le fondateur. Un stade dans lequel l’ex-joueur de la Real Sociedad ne met pas le feu. Bien au contraire des ultras hongrois, adeptes des joujoux rouges qui font du bruit. Ce qui manque grandement à notre avant-centre désormais lisboète. Il y a dix jours, Bâle mettait le feu aux poudres dans cette même enceinte. Seferović, Portugais ce jour-là,  n’y a vu que du feu, justement.

Samedi, il avait la lourde tâche de relancer sa propre machine. Au lieu de ça, 3 énormes occasions gaspillées, des appels de balles mal construits, des contrôles qui rappellent LE Balotelli de Manchester City. A l’heure de jeu, le Suisse se devait de flancher. Bien loin de l’homme qui offrait des victoires de dernières minutes à la Nati contre l’Equateur ou Chypre il y a quelques années. Bien trop latent, l’assist sur le 4-0 n’a pas changé la donne, à plusieurs reprises, Seferović loupe l’immanquable. En passant, j’ai contrôlé, il est bien gaucher.

Une seconde défaite personnelle chez les Rhénans qui fait mal, à l’instar de son expression peu joviale lors de sa sortie. Hasard ou coïncidence ? Mardi, il retrouvera le stade de Luz, sa désormais nouvelle maison. Très attendu, il aura à coeur d’en planter un ou deux, ce dont il avait pris l’exceptionnelle habitude. A suivre.