Pie, mouettes et crustacés

Quoi de mieux que de passer une petite semaine sous les nuages gris anglais à la fin du mois d’octobre ?
Franchement pas grand-chose lorsqu’on a la chance d’assister à un match au sommet (en plus ça l’était vraiment) entre le populaire Brighton & Hove Albion et le moins populaire Manchester City FC. Récit en 6 points de nos quelques jours au pays du football, le vrai, mais aussi des pubs, des bookmakers, de la Pale Ale et des Chicken Pies.

1. Les Bookmakers

Avant de rejoindre le sud de la grande île et les plages prisées du Sussex, on a bien sûr profité de la frénésie de la capitale pour visiter ce qu’on avait encore jamais eu la chance de voir mais aussi pour s’imprégner de la culture locale. Et bien avant les grands théâtres, les Pubs ou les lounges de bobos c’est bien les bureaux de paris qui structuraient les rues du Great London. Du coup, pas le choix, on a été obligé d’y rentrer et de tenter notre chance dans cette loterie qui sourit bien souvent aux pépés à chapeau qui passent leur après-midi devant des courses de lévriers.

« Mais du coup, on peut parier sur quoi ? » je me demande à haute voix. « C’est facile, sur tout mon gars ! », me répond-on. Bien qu’ayant hésité de longues minutes quelle mise j’allais jouer sur la date de naissance du futur bébé d’Harry et Meghan, je me suis finalement lancé dans le foot. Allez, c’est parti pour un premier cumulé en misant un nul le soir même entre Arsenal et Aston Villa, un nul entre Brighton et City, la victoire des Wolves face à Leeds ou encore celle de Tottenham face à West Ham.

J’aime bien et me prends au jeu. En plus je m’aperçois que même depuis la Chinatown de Londres je peux miser sur une 11ème victoire de suite de Gottéron, faut en profiter ! Et pourquoi pas un autre cumulé à 5£ en misant encore sur Genève, Berne et Ambri ? Waaaaah c’est probable et si je gagne je me fais à peu près 450£. Trop beau, je vais pouvoir payer une soirée à tous mes copains !

Vous savez quoi ? Sur les 8 résultats cumulés, j’ai même pas eu raison une seule fois, pas mal non ?

Pour l’anecdote, j’ai tout de même parié 5£ sur la victoire de Marco Odermatt lors du géant de Sölden. Grâce à une petite cote, j’ai réussi à me faire 18.55£…Le tout en déduisant les 20£ investies à la base. Ou encore, en enlevant les 7£ du taxi qui m’a amené en trombe au bureau de paris le plus près avant de repartir mardi matin. Je dois bien avouer que j’ai fait autant de bénéfice qu’un vendeur de bouteilles d’eau à Dublin.

Et si on inventait une cote ultra haute pour les gars comme moi qui réussissent à faire des cumulés 100% faux ? Ce serait pas mal non ?

2. Grealish, le bien-aimé. Ha non ?

On peut rallier Londres à la coquette Brighton en un peu moins d’une heure en prenant le bon train. Une fois sur place, rien de plus facile que de suivre les fans des Seagulls vêtus de bleu et blanc sortant des différents pubs du centre. Quelques minutes de train plus tard, on s’empresse de sortir du wagon pour ne pas succomber sous les odeurs atroces de vieilles canettes ou de panses de supporters en train de digérer leur Fish and Chips de midi. Et c’est à ce moment-là qu’on fait pour la première fois connaissance avec le splendide Falmer Stadium, renommé American Express Stadium, quelques années après son inauguration en 2011, pour pouvoir se payer Lallana.

Comme dans tous les stades anglais, la boutique de l’équipe occupe une place privilégiée. On en a bien sûr profité pour passer inaperçus, ou presque, et se fondre dans la masse le temps d’un match. La bonne idée de la journée fut de se faire floquer un maillot des Seagulls avec le numéro 10 et Grealish dans le dos. « Ben oui, ça va faire rigoler, il est apprécié partout le Jack ! », j’ai pensé.

Pendant ce temps, allons-y c’est bientôt le début du match ! On va quand même pas louper le « Sussex By the Sea » hurlé à pleine voix par un stade tout entier ?

Je me demande bien quand je vais pouvoir ressortir ce maillot moi…? Peut-être à Manchester…

3. Et le match alors ?

Bien installés dans notre balcon du North Shelf, on se dit que les petits stades de Premier League ont l’avantage d’offrir une vue plutôt pas mal sur le terrain, même en ayant pris des billets « Restricted view » à moindre prix.

L’hymne du Sussex fait en effet plaisir à écouter, mais c’est bien le seul moment vraiment sympa des premières 45 minutes. City marque à 3 reprises et Brighton joue aussi bien que le LS en 2021.
Je m’aperçois aussi que je ferais mieux de laisser ma veste en jeans sur mon dos afin de cacher mon flocage. Le Grealish que je pensais adulé dans toute la Grande-Bretagne est en fait sifflé à chaque fois qu’il effleure ne serait-ce que d’un crampon le ballon, super cool !

En deuxième mi-temps, les Seagulls reprennent le dessus sur les stars des Citizens, le public pousse enfin et la rentrée du petit Tariq Lamptey dynamite la fin de rencontre. C’est 3-1 grâce à Mac Allister. 5 minutes plus tard c’est pourtant Mahrez qui replonge l’Amex dans la stupeur.

L’anecdote du match ? Je dois avouer qu’il est tout de même assez rare de voir l’emblème d’une équipe sportive circuler en liberté dans son enceinte. Par exemple, j’ai vraiment rarement vu des moineaux voler aux Vernets et encore moins des flamants roses fouler le gazon d’Anfield. Pourtant à Brighton, les mouettes ne se gênent pas pour jouer le 12ème homme ou même pour arroser de fientes les quelques irréductibles supporters qui osent encore manger des pies végétariens pendant le match.

Pas mal pour le troisième plus petit stade de Premier League, il manque quand même 2-3 drapeaux et un mec à torse nu qui braille en suisse-allemand dans un mégaphone.

4. Football et gastronomie

Vu que les bières ne sont autorisées que dans les travées du stade, on y a passé un petit moment et on a aussi pu tester quelques spécialités bien de chez eux, heureusement. Au diable les frites, les schublings ou les saucisses de veau. Dans le Sussex, c’est plutôt des vol-au-vent revisités qu’on mange bien assis sur son siège bleu ou debout sous les tribunes en sirotant une Pale Ale sans gaz et presque chaude. Ces petites bouchées de pâte feuilletée fournies au poulet et aux champignons sont pourtant bien moins exquises que celles qu’on pourrait trouver au café de la Croix fédérale de Goumoens-le-Jux.

Vraiment pas fameux ces vol-au-vent, mais bon on fera avec. La mise en scène est pas mal quand même, faut l’avouer.

5. Culture locale

Il est dur de passer dans le Sussex sans aller se réfugier dans un « Public House » pendant une des « rares » averses qui vous tombera sur la tête. Et les pubs sont de véritables institutions chez nos amis British, c’est une certitude. Fait marquant, l’ambiance durant les retransmissions des matchs de PL est bien souvent meilleure qu’en plein stade. Mais du coup, pourquoi on va se les geler au bord d’un terrain au plein milieu du mois d’Octobre ? Eh bien j’en ai aucune idée.

Se fondre dans la masse, rien de plus facile.

6. Le saviez-vous ?

Tout comme le club de West Bromwich, situé dans l’obscure banlieue nord de Birmingham, Brighton & Hove est suivi du mot « Albion » dans sa dénomination officielle. Mais c’est quoi ce « Albion » ? C’est pas un quartier, ni un lieu-dit et encore moins un animal fantastique, on a contrôlé. On a même posé la question à quelques Anglais pure souche élevés en barrique et sculptés par le vent de la Manche.

Verdict…? « No Clue about that ! », « What…mhhh that’s a good question. », « Oh Lord, isn’t it something about the Creators? », bref vous l’aurez compris, eux-mêmes ne le savent pas ! Du coup, on en profite pour vous rendre un petit peu moins cons !

Le nom « Albion » serait en fait le nom d’un mystérieux dieu, fils illégitime de Poséidon, qui aurait barré la route de l’Occident à Héraclès. C’est ce même demi-dieu aux grosses épaules qui aurait donné son ancien nom à l’Angleterre, « Alba » et non pas la blancheur des falaises côtières du sud de la grande île. Depuis, les Anglais, toujours très avides de poésie, ont donné une connotation mystique au terme « Albion » sensé impressionner sans grande réussite les équipes d’en face. En quelque sorte, c’est un Borussia à l’anglaise non ?

Comme ces eaux froides de la Manche, le football français vient buter contre les immenses falaises de grès anglaises, il n’est de loin pas à la hauteur.

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