Les dindons de la farce

Désormais, chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. La neuvième édition traite d’un show permanent, en tournée dans toute la Suisse depuis exactement 100 ans.

Au Lausanne Hockey Club, cela fait un certain temps qu’on a affreusement peur que le public s’ennuie les soirs de match à la Vaudoise aréna. D’autant qu’il n’a pas souvent eu le droit de s’y rendre depuis 18 mois, alors on essaie vraiment d’éviter de le dégoûter. Surtout s’il préfère les selfies et les petits fours au hockey sur glace, évidemment. On met donc les petits plats dans les grands semaine après semaine avec, dans le désordre: inauguration en grande pompe, retrait de maillot mythique, nouveau show d’avant-match, nouvelle mascotte (évaluée à 7.5 sur l’échelle de Yodli), brunch (!), concerts plus ou moins gênants et agitation de drapeaux intempestive devant la patinoire. C’est évidemment sans compter les désormais traditionnelles animations que sont le match des papas ou les déconvenues face à un adversaire romand (ah non, ça c’est la partie non scriptée).

Alors que la durée du contrat d’un membre de l’organigramme vaudois, du chef matériel au CEO en passant par les joueurs cadres, commençait à ressembler à la longévité d’un personnage secondaire de Squid Game, il était temps de trouver un nouveau spectacle d’avant-match pour attirer le chaland (et détourner son attention des résultats) en cet automne 2021. D’autant que les soubresauts des derniers vestiges du Lausanne-Sport commençaient à méchamment voler la vedette à Petr Svoboda et Cie et que le Cirque Knie venait de planter son chapiteau dans la capitale olympique, représentant soudain une concurrence presque déloyale pour les Lions.

On s’était d’abord accordé sur Halloween, dans un timing automnal parfait. En effet, après avoir démasqué Joël Vermin, joué à se faire peur avec les moribonds Étienne Froidevaux et Robin Grossmann et s’être débarrassé de certains mercenaires fantomatiques la saison dernière, c’est Joël Genazzi qui a eu droit à la version locale du trick or treat en 2021/2022: rétrogradé au rang de septième défenseur, proposé à d’autres clubs, relégué en tribunes, puis… reconduit pour trois ans !

C’est donc vers Thanksgiving, autre célébration nord-américaine de saison, que la cellule communication du club s’est finalement tournée. Contrairement à Froidevaux et Grossmann, qui ne s’étaient pas laissés appâter par la dernière partie de ce jeu un tantinet malsain, et à défaut d’être remercié tout court, Genazzi a quand même décroché ce fameux contrat le récompensant pour 8 ans de bons et loyaux se(r)vices. Comme les (supposés) premiers participants aux festivités en 1621, le numéro 79 du LHC a dû faire face à quelques complications avant de goûter au festin servi par des colons tchèques venus civiliser la National League. Sans pour autant finir dans la peau du dindon de la farce.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.