Il était un peu court Mayer

Un goalie sur la mauvaise pente

Toujours prête à secourir la veuve et l’orphelin au péril de la vie bon marché de ses plumitifs au rabais, la rédac’ de Carton-Rouge avait décidé d’offrir le parfait bouc émissaire à tout un pays en cas d’énième défaite en quarts de finale après une phase préliminaire quasi parfaite. En effet, l’auteur de ces lignes en était à son troisième article sur le sujet après la boucherie en mode Huvudroll IKEA en 2021 et le camouflet de l’année dernière contre les Etats-Unis. La Suisse n’avait d’ailleurs pas marqué une seule fois lors de ces deux rencontres et encaissé la bagatelle de 10 buts. Nos ambitions étaient donc aussi élevées que le Mont Wycheproof en cet après-midi d’affrontement face à l’aigle allemand, historique oiseau de mauvais augure pour la Nati.

Le match en treize mots

13, encore un truc qui porte la poisse.

L’homme du match

Robert Mayer, qui n’a absolument rien à se reprocher. En tout cas selon Killian Mottet, dont l’apport en tant que consultant dans le cadre du live ticker de Blick semble aussi indéniable que l’expertise d’Hugo Gaston en matière de fair-play ou celle de Marc-Andrea Hüsler comme préparateur mental avec spécialisation terre battue. Même Maximilian « Kevin » Kastner, le Robin des Bois germanique auteur du 0-1 sur un rotoillon sorti du fond des âges (7ème minute), doit avoir un peu de mal à partager cette analyse de comptoir. Littéralement de comptoir d’ailleurs, puisque les préposés audit live ticker se trouvaient devant un écran des Gosses du Québec de Fribourg.

On passera par contre rapidement sur le fait que le débat faisait rage depuis deux jours pour savoir qui de Leonardo Genoni (numéro 1 naturel) et donc Mayer (gardien sujet aux bourdes diverses et variées et qui n’en avait justement pas fait depuis un peu trop longtemps pour être honnête) devait se poster devant les poteaux rouges à croix blanche pour ce match décisif. Eh oui, CR n’a pas pour habitude de tirer sur l’ambulance, vous le savez bien. Il préfère garder ses munitions pour les corbillards.

Voilà qui paraît déjà beaucoup plus sensé.

Les 26 buses du match

« Un arrêt de Niederreiter qui permet à l’équipe de Suisse d’y croire encore. » Cette phrase aberrante entendue sur la RTS à moins de deux minutes de la fin de la partie illustre à elle seule la position dans laquelle Nino et ses coéquipiers se sont mis absolument tout seuls. C’est juste fascinant. Comment des joueurs avec un tel vécu en club peuvent-ils se transformer en une version Wish au mental en carton détrempé d’eux-mêmes année après année après année après année en quarts de finale du championnat du monde ?

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Vous noterez qu’on a inclus Patrick Fischer dans les buses du match, même si l’ancien joueur des Coyotes a autant de chances de se faire virer que Tina Turner de gagner Roland-Garros cette année. Oui, car au vu du critère décisif pour être engagé comme entraîneur national actuellement (être suisse), il suffirait que Luca Cereda ne soit pas intéressé par le job pour que toute procédure de licenciement avant le terme (en 2024) du contrat de l’homonyme de l’ex-présentateur de T.T.C. et Mise au point soit tuée dans l’oeuf. A moins bien sûr qu’Yves Martin réponde enfin aux appels du pied insistants de la fédération.

Le tournant du match

Le passage de Damien Riat des tribunes à la première ligne à la faveur de la maladie de Denis Malgin. En termes de mauvais présages, la liste commençait quand même à être longue…

Le geste pourri du match

La charge de Moritz Seider sur Gaëtan Haas qui lui a valu une pénalité de match (31ème). Le défenseur allemand des Detroit Red Wings passait décidément un sale début de soirée puisqu’il avait déjà clairement été victime d’un slashing ignoré par les arbitres sur l’action menant à l’égalisation de Jonas Siegenthaler 10 minutes plus tôt. Perdre son meilleur joueur à la mi-match alors que le score est de 1-1 et que l’équipe adverse, mieux cotée sur le papier, domine outrageusement, en voilà un scénario catastrophe pour la Mannschaft ! Mathias Niederberger et Cie ont d’ailleurs tellement paniqué que 8 minutes plus tard ils menaient 3-1 sur un exploit personnel du tout jeune J.J. Peterka (38ème) et une bévue de l’unité de power play helvétique exploitée en un éclair par Nico Sturm (39ème) malgré les vents contraires qui soufflaient sur son équipe depuis de longues minutes. Coup de tonnerre ou tempête dans un verre d’eau ?

Le chiffre à la con

18-11. C’était, selon nos doctes recherches Google, le bilan des rencontres Suisse-Allemagne depuis 2004. L’ennui étant que les deux derniers matches couperets entre les deux formations s’étaient soldés par une victoire teutonne (1/4 de finale du Mondial 2021, 1/8 de finale des JO 2018). De quoi apporter des kilolitres d’eau à l’imposant moulin d’un défaitisme typiquement helvétique.

Montée de l’extrémisme en Suisse.

La question absurde

On pourrait se demander à quoi bon gagner autant en phase de poule pour toujours perdre ensuite, mais à ce stade on préfère les questions existentielles: Loeffel la poule, qui était là en premier ?

Et sinon dans les tribunes ?

Une chance pour l’équipe de Suisse: le match ayant eu lieu un jour de semaine à 15h30 dans une patinoire lettone quasiment vide, presque personne n’a été témoin de la débandade. Un arbre fera-t-il du bruit en tombant si personne n’est là pour l’entendre ? Vous avez quatre heures. Voilà qui tombe bien, Blick titrait justement hier que les hommes de Fischer passaient leur examen de maturité face à l’Allemagne. Rendez-vous au conseil de classe pour examiner les cas des 26 élèves en double échec.

La minute Pascale Blattner

« Echange de cartes postales » entre une poignée de joueurs devant la cage allemande, selon Steve Roth. Comme ils en sont venus aux mains à bout portant et ne se sont pas lancé de projectiles d’une extrémité de la patinoire à l’autre, on imagine qu’il voulait parler de cartes de visites. Les deux notions sont de toute manière inaccessibles aux téléspectateurs nés après 2005.

La rétrospective du prochain match

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L’article-type pré-rédigé pour l’édition 2024 du tournoi

On pourrait essayer de gagner du temps cette fois: rinse and repeat.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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