Russo retrouve les Lumières

La liberté individuelle dans les 16 mètres est un droit inaliénable

Le derby des cartels a été remporté haut la main par la coke. Et plutôt deux fois qu’une. Dieu sait si on adore les histoires d’underdogs dans les grandes compétitions, mais alors la Jamaïque… Avec un goal average de 1-1 en 4 matches (!!!), le nombre de rails nécessaire à garder les deux yeux ouverts devant ce refus absolu de jouer aurait probablement permis une refonte totale du réseau ferroviaire suisse. Hallelujah, les Reggae Girlz ont déraillé et la voie royale vers les demi-finales se poursuivait contre les Cafeteras colombiennes pour la locomotive Sarina Wiegman et ses Lionesses en roue libre. Si vous n’aviez pas encore sauté dans le bandwagon, c’était le moment !

Le match en deux mots

Deux-un.

Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas utilisé cette pitoyable échappatoire en cas de manque d’inspiration.

La femme du tournoi

Linda Caicedo. La pépite (pour d’autres termes confinant à l’abus de langage, voir « légende », « remontada » ou encore « iconique ») colombienne de 18 ans sort de la compétition, mais fait son entrée dans la cour des grandes. Elle a vaincu un cancer quand elle avait 15 ans, disputé 3 Coupes du monde cette année (M17, M20 et équipe A), marqué dans les trois compétitions et pris le temps de s’évanouir à l’entraînement avant de contribuer à la victoire face à l’Allemagne deux jours plus tard comme si de rien n’était. A l’âge où la plupart d’entre nous discerne à peine sa main gauche de sa main droite (ou de son autre main gauche dans le cas du soussigné), la star du Real Madrid a déjà vécu 3 vies. Et elle n’a visiblement plus de temps à perdre.

La méduse du match (y’a pas de buses en Océanie)

On ne le dira jamais assez. Qui est le concepteur de cette règle qui consiste à attendre à peu près 6 semaines avant d’annoncer un hors-jeu repéré 17 phases de jeu plus tôt ? Et est-il toujours en prison ? LEVEZ CE DRAPEAU BON DIEU ! 

BREF, CE QUI… pardon, on hurle. Bref, ce qui devait arriver est finalement arrivé. Dans le prolongement d’une position illicite d’Alessia Russo (8ème minute), cette même Russo a pu ajuster l’arrière du crâne d’une Carolina Arias – déjà à terre après avoir contré un essai de Lauren Hemp – d’une frappe à pleine puissance à bout touchant alors que le jeu aurait dû être arrêté depuis quelques secondes déjà. Résultat des courses ? Sortie de Arias sur blessure et premier changement cramé pour la Colombie avant la dixième minute d’un match qui aurait pu dépasser les deux tours d’horloge dans le pire des cas.

Le tournant du match

Rendez-vous dans deux rubriques. Quelle paresse aujourd’hui… ça doit être cette séance de tirs au but franco-australienne complètement dingue qui nous est restée sur l’estomac.

L’aVARie qui aurait pu couler le match

La fracture ouverte des cordes vocales généralisée au sein du contingent colombien pendant les hymnes. C’est pas en fredonnant le premier couplet du chiantissime Cantique suisse que ça arriverait…

La Perth de balle catastrophique du match

Celle de la gardienne des Superpoderosas Catalina Perez sur l’égalisation de Hemp (45ème + 6) à l’aide de ce qui était clairement une savonnette. C’est du propre. A croire que le dernier rempart du Werder Brême n’était pas complètement dans sa bulle.

Pas le temps de douter pour les Anglaises donc et c’est Russo qui viendra porter l’estocade à la 63ème minute, lancée par une Georgia Stanway qui commence à connaître la musique à force de mener les offensives à la baguette. La partition sans fausses notes du duo Hemp-Russo en attaque devrait d’ailleurs leur garantir, outre un concert de louanges, un statut de titulaire lors de la prochaine rencontre. De quoi orchestrer une élimination des Matildas si les deux pointes se mettent au diapason ? On se permet d’y mettre un bémol. 

Le chiffre Hamilton (parce que c’est quand même mieux qu’une stat’ à deux balles)

2. Comme le nombre de matches qu’il fallait encore gagner pour arriver en finale et retrouver la meilleure Lioness Lauren James.

Il faudra encore suer avant de récupérer la joueuse la plus talentueuse de la famille James.

L’anecdote qu’on aurait pu entendre à Bondi Beach…

… si seulement on y était.

Notre Conseil fédéral aime le foot. Pardon, notre Conseil fédéral aime le foot masculin. A moins que ce ne soit les caméras et le prime time au pays remarquez. Il a assisté à toutes les prestations récentes en Coupe du monde des mecs de la Nati et a consciencieusement snobé chaque seconde des deux qualifications féminines jusqu’ici (2015 et 2023). Même l’année où une visite officielle de l’homme invisible tessinois Ignazio Cassis (qui ça ?) était prévue pour le 8 août anniversaire du Dieu RF à Wellington, impossible d’avancer le voyage de quelques jours. Alors on a annoncé sans prendre trop de risques qu’on ne serait présent, à la rigueur, qu’à partir des quarts. Un peu comme si Bongbong Marcos, le président des Philippines qui a le rythme dans la peau, avait courageusement proposé de payer toutes les primes de sa poche en cas de titre mondial de ses concitoyennes.

Alain Berset, lui, a choisi son camp dans ce Mondial:

Se muant en diseuse de Buenaventura, il aurait susurré aux locaux de ne pas se Berset d’illusions: une victoire anglaise était inéluctable.

Si le match avait été une citation de Zlatan Ibrahimovic

« Les lions ne récupèrent pas comme les humains. » En 2017, Zlatan nous expliquait le secret de son retour d’une déchirure des ligaments croisés du genou en seulement sept mois. Les Lionnes anglaises ont quant à elles quatre jours pour se préparer pour leur prochain choc face à l’Australie, seule équipe à les avoir battues sous la férule de Sarina Wiegman (0-2 le 11 avril dernier).  

Ce que vous allez regretter d’avoir manqué si vous dormiez encore (comme chacun sait, « qui dort Dunedin ») 

A midi et demi ? Attention à la trypanosomiase !

La minute Johan Djourou 

« Est-ce que c’est une nouvelle conquête colombienne ? » se demande Seb Hutchinson à l’antenne d’ITV 1 après l’ouverture du score de Leicy Santos d’un centre-tir-lob (qui nous rappelle d’ailleurs celui de Ronaldinho sur David Seaman en 2002) de la 44ème minute. Quel génie.

Une autre Coupe du monde qu’on regardait au petit déj’ et dont bizarrement personne n’avait hésité à acheter les droits.

La rétrospective du prochain match se jouant dans le même fuseau horaire  

L’Angleterre retrouvera donc l’hôte australien en demi-finale mercredi prochain à midi au même endroit, le Stadium Australia de Sydney. Hemp racontait au micro de son ancienne coéquipière Jill Scott en après-match que la Colombie jouait à domicile et qu’il était difficile d’entendre ce qu’on lui disait sur le terrain. Il faudra préparer le sonotone (ou les boules quies, c’est selon) pour la suite a priori au vu du lieu et de l’opposition…

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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