SUISSE : Sweet Suisse Team

La Suisse part à l’Euro avec des ambitions très modestes. Il serait difficile de se la jouer plus frimeur au vu des dernières prestations de la Nati. Force est de constater que nous ne sommes pas dans le béat optimisme exagéré d’il y a deux ans où on pensait qu’on allait manger notre groupe et faire un merveilleux parcours jusqu’en demi. Mais ça fait quand même longtemps que l’on ne s’était pas approché d’une compétition avec si peu de certitudes…

1. Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe.

Parce qu’une fois de plus, ça va me permettre de me plaindre qu’ils sont nuls avant, de me plaindre qu’ils sont nuls après mais, trente secondes avant le début de chaque match, m’envoyer une dose d’espoir qui ne viendra d’on ne sait où et qui me persuadera que Seferovic va mettre un triplé et que Schaer tiendra la baraque derrière… ou peut-être est-ce juste la bière…

2. Comment se sont-ils qualifiés ?

On s’en souvient tous, il a fallu ravaler sa fierté et attendre patiemment que les deux fois 90 minutes contre l’Angleterre se terminent pour ensuite passer tout juste contre la Slovénie et l’Estonie. Une qualification sans panache. Il paraît qu’il faut être content parce que «c’est bien pour un petit pays comme la Suisse de se qualifier parce qu’avant c’était rare». Ce qui fait quand même un peu aussi preuve d’une acceptation d’une réalité sans aucune ambition supérieure. Dans un sens, ça se rapproche d’être marié à Monica Bellucci depuis 30 ans et de lui dire chaque premier samedi du mois à 8h40 que c’est l’heure de faire l’amour parce qu’il faut bien quand même.

3. Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Dans la mesure où une acceptation de la votation sur le RBI a davantage de chance de se produire, dans un pays où tout le monde dit non à six semaines de vacances obligatoires, ça veut tout dire.

4. Présente-nous la star de l’équipe.

On ne sait lequel choisir. Entre Shaqiri : le gnome qui se blesse une fois tous les deux mois. Inler : le champion d’Angleterre qui ne sait même pas quelles sensations donne la pelouse sous les pieds. Embolo : le futur grand qui ne sort même plus du lot en Super League. Seferovic : Monsieur zéro but par match. Sommer : Monsieur deux buts par match. Lichtsteiner : l’un des meilleurs latéraux du monde dont on attend encore les performances sous le maillot national et pareil pour Xhaka, on a l’embarras du choix. Chaque joueur donne généralement l’impression d’avoir baissé de niveau depuis le Brésil. Vous savez, quand on a pris 5 à 2 contre la France.

5. Quel est le joueur qui va nous émerveiller ?

Il y a deux ans, peu d’entre nous souhaitaient voir Mehmedi venir au Brésil à cause de son inutilité au sein de la Nati. Il avait été l’un des meilleurs finalement. On doute que ce phénomène se reproduise avec le joueur qui vit une saison compliquée à Leverkusen. Misons sur un autre improbable dès lors : Almen Abdi, il joue à Watford et n’y vaut pas moins que Behrami. Et pour le coup, lui c’est un vrai oublié. Par contre de là à utiliser le terme «émerveiller», je ne suis pas sûr que vous soyez sur la bonne page.

6. Quel est le joueur qui va nous faire rire ou pleurer, peut-être même pleurer de rire ?

Sans aucun doute la défense centrale, dont tous les joueurs nous réservent une avalanche de gags extraordinaires. Sur toutes leurs dernières prestations, on aurait pu mettre la musique de Benny Hill quand il court après des filles en soutien-gorge et qu’il tape sur le crâne du chauve. Avec Djourou, Schaer et Senderos on n’en sera pas loin.

7. C’est quoi leur philosophie de jeu ?

On se réjouit de la découvrir. Les joueurs encore plus…

8. On parle du foot suisse, mais il ressemble à quoi le championnat suisse ?

La Super League consiste en un championnat à la fin duquel le FC Bâle gagne et un club romand fait faillite. Une sorte de palliatif à n’avoir pas eu de vrai prestige dans l’histoire du foot. On aime notre Lausanne-Sport ou notre FC Sion mais on aurait quand même bien aimé naître à Liverpool parfois.

9. Mais au fait, c’est qui la personnalité de Suisse la plus célèbre dans le monde ?

A l’image des joueurs de l’équipe, majoritairement binationaux, les grandes figures nationales sont souvent partagées par d’autres origines. Federer a une maman sud-africaine, Einstein était allemand en premier, Guillaume Tell a été piqué à une sombre légende scandinave et Pingu vient de l’Antarctique. D’ailleurs à une époque, des mecs comme Le Corbusier, on l’envoyait se faire naturaliser en France. Fallait pas pousser, on n’allait pas garder ces espèces de saltimbanques d’architectes !

10. Fais-nous rêver avec la Suisse mais dans un autre sport…

Bien sûr, on pourrait parler du tennis de ces dernières années mais penchons nous sur le sport dans lequel la Suisse est sans doute la championne internationale : se plaindre que ses voisins font du bruit le samedi soir à 22h01, un sport extrêmement populaire qui offre à ceux qui le pratiquent d’unir leur passion pour la délation et de pourrir la vie des gens qui ne veulent pas se lever le dimanche à 6h00 pour regarder les autres gens par la fenêtre. Non mais parce que franchement, le règlement c’est le règlement !

11. Au fait ça mange et ça boit quoi des Suisses ?

Après un week-end aux caves ouvertes du Lavaux et dans des bars à Lausanne, on pencherait pour affirmer que les boissons de chez nous sont le vin et les bières artisanales (ou le Jägermeister pour certains contributeurs de CartonRouge.ch). Mais si j’étais un Américain je parlerais de cette infâme Goldschnee, ce breuvage dégueulasse à la cannelle agrémenté de petites feuilles d’or, histoire de montrer que nous, en Suisse, on pisse tellement le fric qu’on en met dans nos schnaps. Un peu comme si, au nord de la France, on produisait une gnôle au charbon et une liqueur au lithium en Australie.

12. T’as quelque chose à rajouter ?

Comme beaucoup d’entre vous qui ont eu des billets pour le premier tour suisse, l’idée de les mettre sur Ebay immédiatement après les horreurs que furent ces amicaux de mars m’a traversé l’esprit. Mais comment envisager de louper ces quelques jours à payer des logements hors de prix pour faire la fête dans une manifestation qui sera presque militarisée à cause du terrorisme, tout en attentant de voir notre équipe se prendre une rouste contre le pays organisateur qui est celui contre qui, justement, on déteste perdre ? N’empêche que ce sera quand même bien peut-être.

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