Sous le charme d’Yverdon Sport

On l’oublie un peu trop souvent, mais le FC Sion n’est pas la seule équipe romande de football à évoluer en première division helvétique au début de l’année 2007. Il existe, au nord du canton de Vaud, niché sur les rives du lac, un club qui se bat avec enthousiasme et volonté pour porter haut les couleurs de la Romandie dans l’élite, à l’image de sa formidable présidente Linda Vialatte qui démontre jour après jour qu’il est possible d’accomplir des miracles avec des moyens financiers et matériels relativement limités.

L’association Yverdon Sport, section féminine, puisque notre lecteur avisé aura compris que c’est d’elle dont il s’agit, est depuis de nombreuses années la locomotive du football romand, seule équipe de taille à rivaliser avec les ogres suisses-allemands de Zuchwil, Schwerzenbach, LUwin.ch, Berne ou Thoune et cela doit beaucoup à l’enthousiasme et à la passion émanant à chaque instant des terrains d’entraînement et des terrains de jeu nord-vaudois. Si Yverdon Sport peut parfois dégager une image peu sympathique (voire carrément antipathique) dans le Nord Vaudois (et ailleurs…) depuis le départ du président Candaux et l’arrivée à sa tête d’un industriel de la région peu soucieux de certaines valeurs sportives, il n’en va pas de même pour les protégées de Linda Vialatte qui sont petit à petit en train de faire parler d’elles et d’intéresser le plus de monde possible à leur noble cause. Qu’il me soit permis ici de simplement mentionner l’existence au sein du club nord-vaudois d’une deuxième équipe, de M18 et d’une équipe de juniors en formation, pour mieux concentrer ces quelques lignes sur la première équipe d’YSF, véritable fer de lance du football romand actuel.


L’équipe de LNA d’Yverdon Sport section féminine
Photo © site officiel Yverdon Sport Féminin

Longtemps condamnée à faire l’ascenseur entre l’élite et la deuxième division, la première équipe d’Yverdon se retrouve cette année en LNA (quittée au terme de la saison 2001) et compte bien y rester malgré un premier tour malheureusement peu encourageant au niveau des résultats, en témoigne le classement actuel :
1. SC LUwin.ch : 5 m. – 12 pts
2. FFC Zuchwil 05 : 5 m. – 12 pts
3. FFC Bern : 5 m. – 8 pts
4. FC RS Thun : 5 m. – 6 pts
5. FFC Zürich Seebach : 5 m. – 5 pts
6. FC Schwerzenbach : 5 m. – 5 pts
7. Ass. Yverdon-Sport : 5 m. – 4 pts
8. FC Rapid Lugano : 5 m. – 4 pts
Les raisons d’être optimistes ne manquent pourtant pas du côté de la Thièle et ceci pour plusieurs raisons, indépendamment de la qualité de l’opposition et de la qualité de jeu démontrée lors de cette première partie de saison.


L’équipe de M18 d’Yverdon Sport section féminine
Photo © site officiel Yverdon Sport Féminin

Premièrement et ceci est une excellente raison d’être optimiste à moyen terme, les filles s’apprêtent à voler de leurs propres ailes. En effet, dès la saison prochaine, l’Association Yverdon Sport, section féminine, quittera en effet ce nom compliqué pour créer sa propre entité, beaucoup plus limpide : le FC Yverdon Féminin. La demande a d’ores et déjà été envoyée à l’ASF qui la ratifiera très probablement dans le courant de l’année. La distinction est d’importance pour YSF et, au-delà de la symbolique d’une indépendance fraîchement acquise, il ne fait aucun doute que le pas franchi à cette occasion est un pas dans la bonne direction et que le club est suffisamment sain et bien géré pour s’affranchir de la tutelle d’Yverdon-Sport (qui ne s’en émeuvra pas, vu le peu de soutien et d’attention affiché à sa section féminine).
La deuxième raison d’être optimiste tient à la qualité de l’effectif nord-vaudois puisque le contingent yverdonnois ne comporte pas moins de 5 internationales A (Noémie Beney, Caroline Abbé, Audrey Riat, Maeva Sarrasin et la toute nouvelle Petra Tamagni), quatre internationales -19 (Catherine Ulrich, Vlora Mehmetaj, Clio de Siebenthal et Camille Raemy) et deux internationales -17 (Maurane Jacquemin et Donika Dzeladini) ! Les blessures et les absences étant le lot d’YSF, comme de toute équipe de pointe, difficile pourtant de dégager un onze type chez les filles d’Etienne Martin (entraîneur de la promotion, en poste depuis 2005). Toutefois, force est de constater que, malgré la concurrence, un noyau semble se dégager autour de l’expérimentée et toujours irréprochable gardienne Mélissa Spaeni (internationale A à de multiples reprises) et ceci indépendamment d’une formation en 3-5-2 ou 4-4-2, les deux organisations pratiquées lors du premier tour. L’axe central est ainsi souvent composé de l’Allemande Anne Lehnert et de la capitaine Noémie Beney, parfois relayées par Caroline Abbé (qui évolue également souvent à la récupération au milieu de terrain) et les côtés occupés par Catherine Ulrich, Lauriane Dorthe ou Maurane Jacquemin. Le milieu de terrain s’articule lui donc autour de Caroline Abbé et est composé de Clio de Siebenthal, Katia Gorgal, Audrey Riat et Petra Tamagni, suivant le dispositif choisi, tandis que Vlora Mehmetaj, Maeva Sarrasin, Sarah Cheong, Sidonie Monnin et la très jeune Donika Dzeladini sont chargées de l’animation offensive. Cet effectif de qualité est souvent complété par des jeunes -18 telles qu’Aline Pinferetti, Tania Marbach ou Lara Bottini (cette dernière en provenance de St-Etienne) qui  intègrent petit à petit le haut niveau.


L’équipe de LNA d’Yverdon Sport section féminine
Photo © site officiel Yverdon Sport Féminin

Le jeu pratiqué, s’il diffère forcément de celui de leurs homologues masculins au niveau physique et de l’engagement, est souvent de très bonne qualité, principalement au niveau tactique ou technique. Il est d’ailleurs intéressant de noter, et le lecteur m’autorisera à élargir un peu le propos au-delà d’Yverdon, qu’une structure sport-études a vu le jour à l’été 2004 (au niveau suisse), permettant aux filles en âge de scolarité obligatoire d’intégrer une structure centralisée (à Huttwil, dans le canton de Berne) durant la semaine (6 entraînements hebdomadaires en plus des cours) et de réintégrer leur équipe habituelle le week-end. Un environnement idéal pour ces jeunes footballeuses qui commencent aujourd’hui déjà à intégrer les diverses sélections de -17 ou de -19 où la qualité de leur formation se fait sentir et permet à la Suisse d’obtenir de brillants résultats. Lundi 19 février a d’ailleurs eu lieu à Nyon le tirage au sort des groupes de qualification pour le championnat d’Europe -17 et, signe des temps, la Suisse s’y retrouve tête de série en compagnie de nations aussi prestigieuses que la Russie, la France ou l’Allemagne ! Le football féminin est en plein essor dans notre pays et chacun ne peut que s’en réjouir. Autre élément encourageant pour ces demoiselles, de plus en plus de footballeurs ou d’entraîneurs renommés prennent désormais en charge des équipes féminines à l’image de Walter Späni (-17 Suisse) ou d’Alain Béguin (-18 Ass.YSF ), ce qui démontre une fois de plus la volonté d’instaurer un certain label de qualité au sein du football féminin helvétique. Le football féminin se professionnalise ainsi petit à petit et s’il ne possède pas encore la reconnaissance et le prestige de son grand frère, il est clair qu’il possède tous les atouts pour y parvenir. Les filles les plus douées partent ainsi de plus en plus jeunes pour l’étranger (Allemagne, Etats-Unis, Suède, France) dans des championnats un peu plus développés que le championnat helvétique et nul doute que leur expérience sera extrêmement profitable au football suisse dans son ensemble. Dans le même temps, notre championnat se structure lui aussi et il ne serait pas si étonnant de voir à court terme beaucoup de jeunes Suissesses en mesure de se consacrer pleinement à leur passion, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui, les jeunes internationales devant jongler entre leur employeur ou leur établissement scolaire pour pouvoir participer aux inévitables rassemblements ou aux diverses compétitions. De tels processus prennent évidemment passablement de temps, mais la voie est tracée et les premières bases semblent encourageantes. Il suffit de voir déjà l’ardeur mise au travail par ces jeunes filles dans un club comme Yverdon (4 entraînements par semaine, 40 semaines par an !) pour se convaincre que le football féminin a un avenir, à condition d’être encore plus reconnu et médiatisé.
Concernant les filles d’Yverdon, justement, les objectifs à très court terme sont plus terre-à-terre et plus facilement mesurables : se maintenir en LNA et attirer de plus en plus de monde au stade. C’est tout le mal que le football romand leur souhaite.

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