Le LS n’a pas triché

Avant de parler de la rencontre entre le «petit FCB» et le grand LS (dans mon cœur), il importe d’en rappeler les circonstances. Le week-end dernier, Lausanne atomise Lugano. Une équipe qui n’avait marqué que 5 buts lors de ses 12 dernières rencontres, et après une première partie de match calamiteuse, a soudainement eu un sursaut d’orgueil en seconde mi-temps, plantant quatre goals par quatre joueurs différents. Les quelques centaines d’irréductibles qui se rendent encore à la Pontaise ont enfin été payés en émotions de leur obstinée abnégation.

Parallèlement, le FC Baulmes, pris dans une spirale de défaites, s’est séparé de son Bertine d’entraîneur afin de résister au retour de Delémont et de sauver sa place en LNB. Visiblement, les Nords-vaudois n’ont aucune envie de retrouver la première ligue, où ils n’auraient même pas la consolation d’avoir le plus beau stade de la catégorie, because Colovray.C’est ainsi une équipe du LS à qui sa dernière performance a redonné de l’envie qui se déplaçait chez des voisins qui ne devaient pas perdre. Quelques esprits chagrins pensaient que le LS allait lever le pied : ceux qui ont vu le match (ce qui n’est pas le cas de tout le monde du côté de Delémont, j’y reviendrai) ont été rassurés d’entrée de jeu.
 
Il fallait bien un beau match pour faire oublier aux spectateurs les conditions apocalyptiques dans lesquelles s’est déroulée la rencontre. Accueillis par un froid crachin, ceux qui n’avaient pas trouvé refuge aux tribunes ont tour à tour dû subir une forte bise, une grosse averse, une tempête à découiller un singe en bronze et une puissante saucée. Je parie qu’il faisait meilleur à la même heure à Glasgow pour la finale de la coupe UEFA qui n’intéresse personne parce que bon, Baulmes-LS c’est quand même autre chose.
L’état du terrain a d’ailleurs joué des tours à de nombreux joueurs, qui de glissades en triple Axel nous ont parfois offert des mouvements dignes d’une parodie de Stéphane Lambiel par les Mummenshantz. A ce jeu-là, les Baulmiérans semblaient s’être plus rapidement adaptés, à croire qu’ils avaient tous fait leurs classes en junior au FC La Chaux-de-Fonds, meilleur formateur d’hommes-grenouilles que de footballeurs.


Le sympathique Anthony Favre (Photo P. Muller)

(J’ouvre une parenthèse pour signaler qu’au même moment, dans un restaurant à Prangins, quinze de mes amis trinquent à ma santé et croquent une morce ensemble. C’était ma soirée d’anniversaire, organisée depuis plusieurs semaines ce mercredi soir, alors que FCB-LS devait encore se jouer ce jeudi de l’Ascension, dans l’après-midi… J’en avais déjà fait quelques unes pour le foot, mais rater ma propre fête d’anniversaire, jamais).
LS empoigne bien le match. Nonobstant les séquences de toboggan et autres pas de danse, les 25 premières minutes sont lausannoises. Malgré huit absents (Mauro, Balthazar, Rey, Reis, Mora, Cabral, Pasche, tous blessés, et Comisetti, suspendu !) le LS domine, donnant du volume au jeu en utilisant fréquemment les ailes. Le ballon circule bien, les idées sont bonnes, mais malheureusement aucun de la dizaine de centres qui auraient pu être très dangereux n’a été adressé au cordeau. Le LS va de l’avant, conserve la balle, pèse sur la défense de Baulmes, mais ne se crée donc pas de réelle occasion. En face, Drago place quelques banderilles en démarrant plusieurs fois tout juste hors jeu, et en prenant sa chance dans n’importe quelle position. On le connaît : il nous avait déjà fait mal au match aller à la Pontaise. Vif, hargneux, explosif, il joue des coudes, gueule, fait la comédie… Mais cela n’enlève rien à son talent. Une vraie perle d’attaquant. On ne m’ôtera pas de l’idée que Barberis a payé de son poste la blessure de Drago : avec son joueur fétiche en pleine forme, Baulmes serait sauvé depuis longtemps.
Un peu avant la demi-heure, sur sa première vraie occasion, le FCB ouvre la marque par qui vous savez, suite à une frappe de Njanke repoussée par Favre. Le football est parfois injuste, et dans une équipe au moral encore fragile comme ce LS, les effets s’en font sentir dans les minutes qui suivent. LS recule, déjoue, balance d’impossibles ballons pour personne… À une minute de la mi-temps, après avoir doucement repris confiance, une splendide action menée dans l’axe permet à Ebe d’égaliser. C’est à la fois mille fois mérité pour le LS, mais également pour le joueur, qui retrouve un second souffle depuis le départ de Geiger.


Depuis le débart de Geiger
(photo Pascal Muller),
Ebe a retrouvé un second souffle

En seconde mi-temps, l’engagement monta encore d’un cran, entre un LS qui résistait aux assauts adverses et un Baulmes qui se ruait à l’attaque avec l’énergie du désespoir. Comme souvent dans ce genre de cas, c’est suite à une action très dangereuse du LS que Drago put partir en contre pour planter le second goal, qui déclencha des manifestations d’hystérie dans les rangs Nord-vaudois. Le LS, vexé, remis l’ouvrage sur le métier, et il n’y a guère que dans les cinq dernières minutes que l’on eut l’impression qu’ils n’avaient plus les ressources nécessaires, et qu’ils levèrent un peu le pied de fatigue et de dépit.
Défaite assez frustrante, tant le nul aurait mieux reflété la réalité de ce (bon) match. Il est donc temps de revenir sur mon nouvel ami, celui qui signe «L. V.» sur la page d’accueil du site officiel des SRD et qui accuse les deux clubs vaudois d’entraide. Je lui adresse en tout amitié ce petit mot :
«Cher L. V., j’aimerais savoir ce qui te permet de parler d’entraide vaudoise au terme d’un match dont tu n’as vu aucune image. Si tu penses que le LS ne peut pas perdre à la régulière à Baulmes, c’est que tu es resté bloqué en l’an 2000, à l’époque où le FCB venait d’être sacré champion de groupe de deuxième ligue régionale, alors que le LS s’en allait défier l’Ajax. Les choses ont malheureusement changé, et si je suis bien placé pour savoir que le LS a «soldé» quelques matches cette saison, je puis t’affirmer qu’hier il n’en fut rien. L’engagement fut constant, parfois même à la limite de ce qui est acceptable. De nombreuses fautes ont d’ailleurs été sifflées durant toute la rencontre, et il a fallu en fin de match un miracle du bien nommé Beney pour que le LS ne reparte pas avec un point bien mérité. Penses-tu aussi que quand nous avons perdu le 4 mai contre Yverdon à la maison, c’était pour les sortir de la zone dangereuse à vos dépens ? Et notre défaite à Locarno le 18 avril participe-t-elle d’un complot anti-Jurassien, parce que nous sommes jaloux que vous ayez un Mister Suisse aux goals ? La vérité est qu’aujourd’hui le LS est une équipe très très moyenne, qui peut perdre contre n’importe qui. Et l’autre vérité, c’est que si vous aviez viré votre momie de Gigandet du banc un peu plus tôt, vous ne seriez pas obligés de jouer la parano en cette fin de saison. Avec mes salutations sportives».
Je termine cet article en signalant que le dernier match de la saison à la Pontaise mettra le LS aux prises avec le FC La Chaux-de-Fonds, samedi 19 mai à 19h30. A cette occasion, l’entrée au stade est entièrement gratuite. Venez nombreux suivre ce LS en pleine reconstruction, et prenez plaisir à voir évoluer sa toute jeune garde (Basha, Pasche, Lalombongo, Katz…).

Baulmes – Lausanne 2-1 (1-1)

Sous-Ville : 1100 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri.
Buts : 26e Drago 1-0, 46e Ebe 1-1, 70e Drago 2-1.
Baulmes : Beney; Cottens, Geijo, De Camargo; Margairaz (82e Filipovic), Fallet, Zari, Renatus (65e Verdon), Gilardi; Njanke, Drago.
Lausanne : Favre; Kaissi, Lacroix, Miéville, Scalisi; Malgioglio (77e Arona), Basha (70e Lalombongo), Bugnard, Ebe; Crettenand, Thurre.
Notes : LS sans Comisetti (suspendu), Cabral, Reis, Rey, Mora, Pasche, Mauro, Balthazar (blessés).

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. Yep, pas de problèmes avec la « légitimité » de ce match, le LS a joué le jeu, menaçant Beney en toute fin de match. Baulmes a gagné avec un peu de chance, mais sans irrégularité.

    Bon.

    Yves, jadore ta prose et tu le sais (ou pas), mais je me permets de simplement exprimer mon désaccord par rapport à Bertine Barberis. Je ne mets aucune faute sur son dos, mais il faut bien reconnaître que son FC Baulmes na rien à voir avec celui de Moulin, que ce soit au niveau de létat desprit ou simplement de la jouerie. Il y a vraiment eu un déclic dans cette équipe et le retour de Dario Drago nexplique pas tout, je pense. Voilà quoi, je veux pas défendre Barberis, ni lenfoncer, mais les faits sont là, Baulmes a montré plus de jeu en deux matchs sous Moulin quen 12 depuis la reprise…

    Voilà, voilà.

    Ah, et on dit « Baulmérans » 😉

    Blaourg.

  2. A noter que depuis, le commentaire en page principale sur le site des SRD a été modifié. On ny parle plus dentraide. Faute avouée étant à moitié pardonnée, jenvoie un demi-bonne chance aux Delémontais pour la fin de la saison.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.