Tour de France : doping story, 6e, 7e et 8e étapes

C’est non sans un certain soulagement que je peux vous narrer les dernières pérégrinations de notre cycliste chargé comme un mulet asmathique, enfin plutôt les miennes sur ce coup-là… En effet, au soir de la 5e étape, votre chroniqueur adoré a eu la mauvaise idée de se laisser entraîner par Henri Broncand dans une de ses mythiques sorties nocturnes et j’ai failli le payer de ma vie.

Arrivé difficilement à Autun, la perspective des cols et de la canicule des Alpes a donné soif à notre ami. Pour solidifier les liens de notre excursion, j’accepte à contrecoeur de l’accompagner dans une taverne dont il a eu l’adresse par un de ses collègues des Cyclistes Dopés Anonymes (CDA). Pensant à tort avoir le temps de me remplir la panse d’un plat typique du coin avant de passer à l’alcool, j’ai rapidement dû déchanter. Après une quatorzaine d’apéros, nous partîmes directement sur le gros vin rouge en berlingot puis sur les digestifs servis dans des chopes d’un fort beau gabarit. A l’insu de mon plein gré, alors que je comptais déjà environ 27 doigts sur ma main droite, une nouvelle rasade d’alcool de poire est venue à bout de moi. Non content de m’être vomi dessus, j’ai pivoté sur moi-même dans le bar et ai cordialement arrosé avec le fond de mes entrailles un groupe de Hell’s Angels en goguette, attablé non loin de là.
C’était la goutte d’eau(-de-vie) qui a mis le feu aux poudres. Désinhibé par les vapeurs alcooliques, j’ai sur-réagi à une insulte gratuite d’un motard tout de cuir vêtu. Puis, une gifle en entraînant une autre, de lancers de chaise en coups de pieds retournés, de coups de tête en arcades ouvertes, les souvenirs de cette longue nuit restent flous, seul mon organisme en a gardé les séquelles.
Ce n’est que 36 heures plus tard que j’ai repris mes esprits. A moitié nu dans une cellule de la banlieue de Bourg-en-Bresse, je me suis éveillé la tête posée sur les jambes velues d’un travesti brésilien dont le changement de sexe a apparemment échoué. J’essayais alors de me situer géographiquement et de me rappeler ce qui a bien pu se passer. En regardant ma montre, je vois déjà qu’une journée et demi a été perdue, je cherche alors du regard Henri, espérant qu’il ait été arrêté lui aussi par la même patrouille.

A vue de nez, il n’était pas dans la même cellule que moi ou alors il est passé au travers des contrôles policiers. Je demande à mon geôlier ce qu’il s’est passé et pourquoi je suis là. Celui-ci me regarde comme si j’avais violé sa grand-mère et me raconte la folle fin de soirée dont j’ai été l’auteur. Après l’altercation avec le groupe de motards, je serais monté sur le bar pour faire profiter l’assistance de mes attributs. Puis, après avoir harcelé sexuellement le patron, je suis sorti dans la rue pour mendier quelques piécettes en «breakant» sur un air d’accordéon.
Quand le gendarme vit à quel point je tombais des nues et étais perplexe devant ses affirmations, il me dit que de toute façon, j’ai été dans le coma idyllique trop longtemps et n’ai ainsi pas pu être entendu dans les 24 heures, je bénéficiais d’un non-lieu pour vice de procédure. En fait, ils ne m’ont pas réveillé parce qu’ils voulaient voir ma tête au réveil, quand je me rendrai compte que j’avais demandé la main du travesti à qui j’avais offert une bague achetée avec l’argent gagné à danser sur le bitume.
Sorti de prison vers la mi-journée de la 7e étape, j’appelle Henri et Nadel, qui se trouvaient être au bord de la piscine de leur hôtel, à l’arrivée de la 8e étape. Au téléphone ils m’abreuvent de détails médicaux, de lancinantes performantes sportives, de produits stupéfiants que Broncand a ingurgités… Encore mal réveillé, je gobe tout très naturellement, mais après un rapide contrôle, le soir même, sur le compteur de la voiture-suiveuse, je m’aperçois qu’ils y sont certainement allés par l’autoroute, juste pour profiter du Grand-Bornand «by-night».
Heureusement que la journée de repos arrive, moi je suis à bout et mon casier judiciaire est désormais aussi rempli que mon compte en banque a été vidé.

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