Coupe du Monde : l’Afrique du Sud, bon pied bon oeil

L’Afrique du Sud est devenue championne du monde de rugby après sa victoire face à l’Angleterre (15-6). Déjà victorieux lors de la phase de poule face au XV de la Rose (36-0), les «Sudaf’» ont joué des pénalités pour clore une Coupe du Monde bridée dans le jeu.

L’Angleterre ne sera donc pas la première nation à conserver un titre de champion du monde. Une décision discutable du juge vidéo les a privé de ce qui aurait été le seul essai d’une rencontre que les Sprinbocks avaient verrouillé de leur jeu au pied. La résurrection de Wilkinson n’a pas suffi aux hommes de Brian Ashton pour faire trembler Habana et compagnie. Au terme d’une phase à élimination directe globalement décevante, au cours de laquelle l’enjeu a souvent pris le pas sur le jeu, ce n’est pas la meilleure équipe qui l’a emporté, mais bel et bien la plus solide, comme le prophétisait le coach des «Boks» Jake White : «J’avais dit que l’équipe qui aurait la meilleure défense gagnerait».Après les phases de poule, la Coupe était pourtant lancée sur d’excellentes bases. Les Français avaient répondu présents et les stades étaient copieusement garnis et l’ambiance festive. Le jeu pratiqué par les Iles et les «petites nations» extasiaient les spectateurs. De son côté, la Nouvelle-Zélande déroulait au cours de quatre rencontres de qualifications qui ont fait perdre le rythme de la haute compétition aux «Blacks». Se balader contre la Roumanie, le Portugal ou l’Italie n’était décidemment pas une bonne préparation avant d’affronter des Français qui puisaient quant à eux dans leurs réserves pour s’extirper du «groupe de la mort».

L’exploit français des quarts de finale ouvrait la voie aux autres équipes et permettait à Bernard Laporte et ses hommes de croire à l’impossible : remporter la Coupe du Monde sur leurs terres. Il a suffi d’Anglais retrouvés et regroupés autour de leur paquet d’avant pour faire mettre un genou à terre aux Bleus, qui se sont ensuite faits exécuter par de valeureux Argentins en match de classement. Le ridicule était atteint et le peuple tricolore n’avait plus que les yeux pour pleurer et regarder en boucle les dernières publicités de leurs internationaux sur TF1. Dominici vendait toujours son après-shampooing et Michalak voulait encore leur faire manger du Quick…
Un exploit et des questions, c’est ce qui remplissait les bagages des Français à leur départ du Parc des Princes. Mais à l’instar de l’équipe hôte, c’est tout le rugby néo-zélandais qui se remettait en cause. Jamais une équipe «black» n’avait été si bien préparée, jamais une sélection n’avait paru si forte. Il a suffi d’un éclair de génie de Michalak dans la nuit de Cardiff pour bouter McCaw & co hors de la compétition. Au cours d’une année sportivement difficile pour ce pays, la nouvelle défaite contre la France va gonfler toute une nation à bloc pour mettre fin à la malédiction qui frappe régulièrement la meilleure équipe du monde tous les quatre ans.

L’IRB doit maintenant décider du format de la prochaine Coupe du Monde. Alors que l’on spécule sur une réduction de l’élite à 16 pays, les performances encourageantes des Portugais, Canadiens ou autres Géorgiens semblent avoir inversées la tendance et ouvert les yeux aux vieux Britanniques qui verrouillent cette institution. De plus, la réussite médiatique de ce mois et demi de rugby a permis à ce sport de passer un cap en vue de sa professionnalisation définitive.
Même en Suisse, le jeu à XV a effectué une belle percée, allant jusqu’à battre les scores d’audience de la vénérable TSR certains soirs de match. Et c’est désormais au CIO de franchir une des dernières barrières, en organisant dans un futur proche un tournoi de rugby… à 7 aux Jeux Olympiques.