Septembre : les doutes et les bouquets

Fabien Cancellara a vécu une saison bizarre. Deux fois médaillé à Pékin, vainqueur d’une dizaine d’autres épreuves et décisif en tant qu’équipier de luxe dans le sacre de son collègue de la CSC Carlos Sastre au Tour de France, le Bernois a réalisé une saison en tous points exceptionnelle. Mais les doutes récurrents concernant les cyclistes et l’ensemble de la discipline ne lui ont pas non plus été épargnés.

Nous sommes dans la course en ligne des JO de Pékin. Un groupe s’est échappé et rien ne semble pouvoir leur arriver. Quand tout à coup, déboule du Diable Vauvert une fusée portant la croix suisse dans le dos. Fabian Cancellara voulait tellement une médaille que rien n’aurait pu l’arrêter. Au terme de six derniers kilomètres hallucinants, "Spartacus" vient mourir sur les talons de l’Espagnol Samuel Sanchez et de l’Italien Davide Rebellin. Beau résultat pour celui qui était le seul (!) Suisse aligné sur l’épreuve. Une sorte de belle course d’équipe.

Et deux médailles, deux !

Rassasié Fabian ? Que nenni ! Il est grand favori du contre-la-montre et compte bien faire respecter la hiérarchie. S’en suit une démonstration implacable de puissance et de maîtrise de l’exercice. Le gars de Wohlen bei Bern vole autour de la Grande Muraille et seul un homme, le Suédois Gustav Larsson, réussit "l’exploit" de rester dans la même minute que le vainqueur. Deux médailles autour du cou et des larmes de joie sur le podium qui font vibrer toute la Suisse, sauf Joël Grivel.
Mais, plus que ses victoires sur Milan-San Remo ou Tirreno-Adriatico, c’est peut-être au Tour de France que "Cance" a fait la plus grosse impression cette année. Au sein d’une équipe CSC ultra-dominatrice, il a impressionné tous les suiveurs en faisant le tempo lors des étapes de montagnes. Certaines fois, il a même accompagné ses leaders Franck Schleck, Andy Schleck ou Carlos Sastre jusqu’à mi-pente du dernier col Hors-Catégorie de la journée.

Rumeurs et forfait

Des performances qui laissent songeur et qui ont semé le doute dans le milieu. C’est le quotidien belge Le Soir qui a lancé en premier un rocher dans la gouille et accusé le Suisse, au même titre que Stuart O’Grady ou l’aîné des frère Schleck, d’avoir été ciblé pour des examens approfondis par l’agence française de lutte contre le dopage. Cancellara a mollement nié avant d’annoncer son forfait pour les Championnats du monde sur route, où il n’est donc pas allé défendre son titre du "chrono"… De quoi attiser encore les rumeurs.
"Une dépression", c’est l’excuse du Suisse pour justifier son forfait aux Mondiaux de Varese. Ce renoncement a vite été interprété dans l’inconscient collectif par une fuite des contrôles désormais bien plus pointus qu’à une certaine époque. C’est peut-être ça le plus terrible dans le cyclisme actuel. Plus personne ne croit en rien. Les exploits sont forcément suivis de doutes et, même s’il y a toujours autant de monde au bord des routes, c’est désormais plus pour récupérer des échantillons de Cochonou que pour applaudir les forçats du bitume…

Commentaires Facebook

8 Commentaires

  1. J’aime beaucoup cet article de Gary.

    Je faisais partie il y a un certain nombre d’années de ceux qui aimaient beaucoup suivre le cyclisme et notamment son épreuve reine, le Tour de France. Le rêve s’est brisé en plein été 1998…l’affaire Festina…le déni, le mensonge…Virenque et même Dufaux…ensuite tout s’est enchaîné…Marco Pantani…l’incroyable domination de Lance Armstrong…puis Camenzind…et les innombrables affaires de dopage avéré ces dernières années…

    Bref, maintenant, et comme d’autres, j’y crois plus, désolé.

    C’est vrai que Cancellara est très sympatique, très talentueux aussi…propre ? désolé j’arrive pas à y croire. On ressent dans l’article de Gary que lui aussi aime beaucoup le cyclisme, mais qu’il est un peu désabusé, comme moi. Bon, lui semble vouloir encore croire que Cancellara n’est pas dopé, son avis est tout aussi respectable que le mien d’ailleurs. L’avenir, comme souvent, nous en dira sûrement plus.

    Quel beau sport que le cyclisme, mais quel dommage, ce qu’il est devenu…

  2. Entre l’excellent article et le non moins excellent commentaire precedent, on a peut etre l’explication de pourquoi Joel Grivel ne s’enflamme pas devant son micro. Comme nous tous il est sans doute desabuse et n’est pas (plus) dupe. Triste de voir ce sport magnifique tue a petit feu depuis des annees par des menteurs et des tricheurs.

    A entendre Armstrong claironner que son retour a la competition n’est pas seulement un nouveau defi sportif mais aussi une forme de pub pour la recherche contre le cancer, je me dis que les escrocs vont continuer a nous prendre pour des cons pendant encore longtemps; que ce soit sur deux roues ou quelques metres avant la ligne d’arrive d’une piste d’athletisme…

  3. Sathip, ce qui tu le cyclisme, ce ne sont pas les tricheurs. C’est la qualité des tests de dépistage.

    Avant 1998, il y avait tout autant de tricheurs, mais cela semblait convenir à tout le monde. D’ailleurs, il faut relever que ce ne sont pas les instances dirigeantes qui ont fait éclater l’affaire, mais la douane et la police. Rebelotte avec Pantani au Giro.

    Aucune instance d’aucun sport n’a intérêt à ce que ces affaires remontent à la surface, c’est la mort de leur sport annoncée. Alors dans tant d’autres sports, les contrôles sont moins poussés; les cas positifs pas révélés au grand public, ou juste ce qu’il faut pour dissiper les soupçons. Au moins, dans le cyclisme, ils ont décidé de prendre le taureau par les cornes.

    A ce titre, j’ai presque tendance à dire que le cyclisme est le seul sport honnête et respectable. Il y a un vrai effort, une vraie purge. Et les cas sont révélés. Le seul sport honnête du point de vue des instances. Je serais curieux de savoir ce qu’on penserait du foot ou du tennis s’ils étaient gérés de la même manière. Faudra-t-il attendre que la police s’en mêle?

    PS: quand je parle des instances dirigeantes des sports, je ne parle même pas des politiques et de la justice espagnoles, parce que là, c’est vraiment scandaleux. Affaire Puerto… qui en est sorti? Un allemand et un italien… Ca vous laise pas perplexe?

  4. Je trouve l’analyse de Olmat ci-dessus très bonne. Il est vrai qu’il faut louer les efforts actuels des instances(ou en tout cas de certaines d’entre-elles) dirigeantes du cyclisme pour essayer d’enrayer ce fléau, bien que les tricheurs aient encore une bonne longueur d’avance sur le dépistage malheureusement.

    Je voudrais cependant ajouter ceci : ne mettons pas le foot et le tennis dans le même panier que le cyclisme. Comme je l’avais déjà dit si je me rappelle bien lors d’un ancien article consacré au même sujet, je pense que les sports individuels de force et d’endurance (cyclisme, athlétisme, ski de fond, haltérophilie…) sont beaucoup plus touchés par le dopage généralisé que les sports comme tennis et foot justement ou la technique, la tactique et le jeu collectif (foot) prime sur le physique. J’ai bien dit généralisé parce des cas individuels de sportifs dopés, ne soyons pas naïfs, il y en a dans tous les sports et à tous les niveaux.

  5. Evidemment, les sports d’endurance sont les plus touchés. En tous cas, sont les plus touchés visiblement.

    Mais on sait, par exemple, qu’en tir à l’arc, les sportifs utilisent des bêta-bloquants… A partir de là, on peut imaginer que pour chaque sport existe un petit cocktail

    La vérité, c’est que dans le tennis par exemple, on n’a AUCUNE IDEE de ce qui se passe car tout est couvert. Les instances protègent leur sport. M’enfin, c’est clair qu’en tennis, la notion de talent joue un plus grand rôle qu’en cyclisme. Et ca, tu peux pas le doper!

  6. tout le monde est capable de faire un 100m non???? et pourtant que de cas positifs ces dernières années…

    De plus les sports tels le foot et le tennis sont des sports où tellement d argent est brasser que tt le monde y trouve sont compte a ne voir que tres peu de cas. Et du talent incroyable qui fait tant la différence ds ce genre de sports par rapport au cyclisme, il ne faut pas oublier que de faire des gestes plus beaux les uns que les autres après 5 sets sous un soleil de plomb ou apres 90 min de jeu il en faut de la lucidité….

    Le cylisme est un délit de sale gueule car il est (encore malgré tout) populaire, gratuit, est les sommes ne sont pas atronomiques par rapport à d autres sport….bref les affaires de dopage ca faire vendre!!!

    Sacré Johnny et le pire c’est que ce ne fait meme pas les grandes lignes

    http://fr.youtube.com/watch?v=cuF3uQRvZ0Y

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.