Dans le Kaka

L’annonce du transfert, ou du moins des tractations débilissimes entre l’AC Milan et Manchester City, sur le «cas Kaka» crée l’évènement lors de ce mercato hivernal. Il faut dire que si l’on avait uniquement l’énième départ du cérébral Bellamy ou du «pongiste» Defoe à se mettre sous la dent, on s’ennuyerait sec sur la Blanche Albion. Certes, le représentant Nivea qu’est Carlos Tevez a bien essayé d’égayer cette période en semant le «petchis» à ManU, mais il s’est vite aperçu qu’il ne fallait pas plaisanter avec sa sainteté Soeur Alex.

Affaire Kaka classée selon Silvio… Le Real et compagnie retâteront certainement le terrain en juillet.Pour voir plus clair à la saga Kaka, dépeçons un peu l’offre stratosphérique (il faut bien qu’il dépense ses rentes pétrolières !) faite par le Cheik Mansour Bin Machin à notre «pauv’footballeur brésilien» : un transfert à environ 150 millions de francs suisses, un salaire mensuel à hauteur de 3 millions, une prime de 4 millions à la signature pour compenser le manque créé par l’absence de Champions League la saison prochaine pour le futur-ex Milanais… Sans compter les contrats publicitaires et autre merchandising dont les clubs anglais ont le secret (ne rêvez-vous pas tous de boire une bonne tasse de thé au parfum Kaka ?). Ils auraient au moins pu inclure une clause demandant à Gelson Fernandes de lui cirer ses pompes, ça aurait occupé la moindre notre international suisse ! En résumé, une proposition tellement venue d’ailleurs qu’on se serait cru dans l’un des ex-palais de Saddam, ceux où même les cuvettes de toilettes étaient en or massif. L’analogie scatologique s’arrêtera là, je vous l’assure.
Ces chiffres vertigineux auraient pu être considérés comme un cadeau divin, soit par Kaka, soit par le Milan AC, et surtout pour l’agent du joueur, papa Kaka (appelé le gros Kaka par ses amis qui raillent son embonpoint). Toutefois, si l’on y regarde de plus près, tout ce bazar n’était qu’un joli cadeau de Noël tardif et empoisonné. Nul doute que le joueur se serait vu subitement doté d’une pompe à fric sans fin et que le Milan AC aurait hérité d’une coquette somme que des investisseurs avisés (et plumés par les temps qui courent !) ne pourraient véritablement refuser. On parlait déjà de Ribéry, Adebayor, Clichy, Essien et j’en passe pour faire oublier le départ du milieu de terrain… Et tiens, ça aurait aussi pu permettre au club lombard de financer l’arrivée d’une colonie supplémentaire de vétérans dont ils apprécient tant les services : à commencer par Beckham… et pourquoi pas Peter Shilton pendant qu’on y est !
Toutefois, les conséquences sportives pour le joueur brésilien et le club milanais auraient été désastreuses. Kaka aurait dû troquer ses potes Pirlo, Pato, Nesta pour des seconds couteaux style Ireland, Sturridge et Dunne (un défenseur redoutable, surtout attablé en face d’un kebab géant). Et puis bonjour l’attraction de quitter une équipe qui lutte pour le titre et d’atterrir dans un club à la quinzième place de la Premiership, avec quatre points d’avance sur le premier relégable. N’oublions pas que le développement sportif de Man City promis à Kaka pour atteindre les sommets de la très concurrentielle Premiership ne se fera pas sans anicroche, déja que Robinho, après à peine 6 mois dans la bruine du Cheshire, montre des signes d’épuisement émotionnel… Décidément, ce transfert aurait été une entreprise fort (trop ?) périlleuse pour le génie brésilien.
Pour l’AC Milan, il est évident que de perdre sa locomotive génératrice de tant d’exploits sportifs et d’exposition médiatique aurait pu avoir des incidences financières dommageables à moyen terme. Mais bon, ce n’aurait pas été la première fois qu’un club galactique nous aurait offert l’occasion de nous bidonner en observant un hara-kiri commercialo-sportif. Vous souvenez vous encore de l’investissement madoffien du Real Madrid dans le trio anglais Owen – Woodgate – Beckham ?
Les analystes financiers se frottent encore les yeux devant la débilité de cette offre inflationniste dans un monde carrément déflationniste. Eh oui, Man City vit sur une autre planète mais n’oublions pas que même les sublimement riches doivent retomber sur terre un jour et il suffit d’observer les mesures d’économie rigolotes mises en place à Chelsea depuis quelques mois pour s’en convaincre (limitation du nombre de places gratuites par match pour les amis des joueurs ou encore obligation faite aux gars de l’effectif de payer leurs repas au centre d’entraînement, tu parles d’une économie !). L’attitude dédaigneuse du Sheik Mansour face à la crise économique ne surprend guère, car après tout, ce n’est que le reflet d’un foot anglais qui s’est vendu à des managements étrangers à l’origine de fonds plus que douteux et qui vont finir par détruire le marché des transferts au niveau européen. Et attendez, ce n’est pas tout. V’là que le Cheik pas en bois veut aussi s’offrir Chelsea, avec des copains «allemands et suisses» paraît-il… Il faut vraiment croire qu’à force de côtoyer des joueurs avares et sans loyauté, les dirigeants du foot anglais qui cautionnent ces rachats de clubs à coup de centaines de millions sont devenus aussi cinglés que Bellamy & Co.
Pour conclure, Kaka a finalement refusé ces pétro-chèques alléchants sous la pression des tifosi milanais. Car que le Brésilien le veuille ou non, ce n’est pas lui qui décidera de son futur footballistique, mais bien le porte-monnaie. Reste à voir si les enchères monteront ces prochains mois… et pour cela, il suffira de suivre l’évolution du prix du pétrole pour avoir la réponse.

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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