Le sourire jaune

Encore un peu sonnés par le naufrage que le LS s’est offert en lever de rideau contre Lugano, une vingtaine de supporters lausannois s’est donné rendez-vous au très bucolique Buechenwald de Gossau, avec ses 170 places assises, sa buvette qui remplit très généreusement les verres et sa sécurité bonhomme.

Ce match un dimanche après-midi, même si cela n’est pas mon horaire préféré (oui au football le samedi soir !) avait au moins le mérite de permettre un déplacement sans devoir se lever aux aurores ni se coucher à point d’heure. Mais c’était sans compter que la folle jeunesse du BWFK réinvente la notion de jet lag chaque week-end. Il faut dire que par manque de chance, ce dimanche matin suivait pile poil un samedi soir, et que bon, les grandes chaleurs actuelles obligent à une hydratation soutenue. Il aura donc fallu patienter un peu avant le départ, histoire de récupérer quelques cadavres qui auraient pu donner des idées de remake à George Romero.Le voyage sera marqué par une météo assez dantesque, la pluie se densifiant chaque kilomètre et laissant augurer de conditions de jeu titan(ic)esques. Nous nous sommes même demandés si le match pouvait être annulé, et comment retourner à Lausanne sans hydroglisseur. Mais comme par miracle (Dieu aime le foot, il est bleu et blanc et il votera NON le 27 septembre) le temps s’est subitement amélioré, permettant finalement à la partie de ne pas se dérouler en mode subaquatique.
Et tout ça pour quoi ? Ces 4 heures de route, ces 300 km sous le déluge ? Pour enfin découvrir le nouveau maillot extérieur du LS, un machin jaune fluo colorié sous halogène au Stabilo, au-dessus d’un short noir et jaune découpé dans un rideau de douche. L’impression d’être un saumon qui a remonté un torrent pendant quatre heures et qui constate que la femelle pour laquelle il a fait le chemin est en fait un mérou violet.
C’est donc dans son nouveau déguisement que le LS commencera la partie, d’assez bonne façon, avant de se faire cueillir à la dixième minute sur un contre magnifique, Ibrahimi transformant parfaitement un centre en retrait d’une rare intelligence, qui aura transpercé tout le côté droite de la défense. 1-0 contre ce qu’il convient tout de même d’appeler une équipe de bas de talus, ce n’était pas le scénario idéal pour se remettre en confiance après la gifle agricole reçue de Lugano. Malgré une égalisation rapide (Rey de la tête sur un bon corner de Marazzi avec Madou dans le rôle du gêneur sur le gardien), les Lausannois jouèrent toute la première mi-temps crispés, au fur et à mesure que l’adversaire étalait pourtant ses carences.
La deuxième partie du match verra enfin le LS se libérer de ses doutes et monter en puissance, pour finir par organiser un véritable siège devant les goals st-gallois. Rien n’y fera. Les sauvetages sur la ligne, les quelques centimètres trop à gauche, une jambe juste pas assez tendue, un ballon qui fuse sur la pelouse trempée auront provoqué de belles arythmies cardiaques dans les rangs des supporters.
Pour jauger des réelles possibilités de ce LS, il faudra d’abord le revoir à l’œuvre contre moins faible que ce Gossau (et si possible un chouïa moins fort que Lugano). Quelques impressions se dégagent néanmoins : signalons de suite que Favre ne peut rien sur le but de Gossau, lui qui n’a sûrement pas encore digéré le premier match. La défense dans son ensemble est encore en rodage (y compris la charnière centrale, point fort et clef de voûte de l’équipe lors des quelques bons matches de la saison dernière). Buntschu aura peut-être prochainement un rôle à jouer dans ce secteur.
Juste devant la défense, je suis déjà tombé amoureux de Ndzomo, qui prend vraiment beaucoup de place et perd très peu de ballons. Rey, qui joue plus haut que sa position naturelle, semble toujours aussi motivé et dépense chaque match une énergie qui suffirait à éclairer Las Vegas pendant 6 mois. A ses côtés, je dois avouer que Marazzi a vraiment effectué un bon match, vraisemblablement le meilleur depuis son arrivée à Lausanne. De plus, ses balles arrêtées ont souvent été bien tirées, ce qui comblerait une grosse lacune de la saison précédente. Après l’avoir tant critiqué, je suis vraiment heureux qu’il me fasse mentir : en l’absence de meneur de jeu, sa mise à niveau est absolument essentielle à l’équipe. Sur les côtés, Hélin a peiné en première mi-temps, alors que Pimenta a alterné le bon et le moins bon. Le premier montera cependant en puissance et finira par rater d’un fifrelin le but de la victoire (arrêt incroyable de Leite).
En poointe, Madou a été transparent en dehrs de son implication sur l’égalisation. Pas encore au top physiquement ou peu concerné par sa nouvelle équipe ? Laissons-lui un peu de temps.
Tout n’est pas à jeter donc, à part ce maillot dégueulasse issu de l’imagination de dirigeants daltoniens qui s’octroient le droit de jouer avec ce qui fonde le plus l’identité d’un club : ses couleurs. Cette équipe doit encore trouver son rythme de croisière, prendre un peu de confiance et recevoir le renfort d’un vrai numéro 10. La blessure de Szlykowicz, sur laquelle le LS ne communique pas, laissant toutes les rumeurs circuler, est une bien mauvaise affaire dans ce contexte.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Gossau – Lausanne-Sport 1-1 (1-1)

Buechenwald, 480 spectateurs.
 
Arbitre : M. Bieri.
 
Buts : 11e Ibrahimi 1-0, 21e Rey 1-1.
 
Gossau : Leite ; Gugelmann, Soljic, Tcheutchoua, Lütolf, Holenstein, Ibrahimi (85e Schiendorfer), Avanzini, Christen (66e Eggmann), Coutinho (75e Zancanaro), Todisco.
 
Lausanne-Sport : Favre ; Geiser, Katz, Sonnerat, Bilibani, Rey, Ndzomo, Marazzi, Hélin, Madou (75e Mobulu), Pimenta (75e Carrupt).
Cartons jaunes : 14e Rey, 23e Avanzini, 27e Pimenta, 28e Ibrahimi, 90e Geiser.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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3 Commentaires

  1. Quel plaisir de retrouver l’excellentissime Yves Martin sur notre site favori. Un vrai délice à lire, comme d’hab !

    (…le nouveau maillot extérieur du LS, un machin jaune fluo colorié sous halogène au Stabilo, au-dessus d’un short noir et jaune découpé dans un rideau de douche…)
    MDR

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