On a retrouvé une équipe !

Les crétins définitifs de la Ligue auront eu beau tout faire pour que ce déplacement s’organise en sidecar, ce sont finalement, au gré des vacances et des congés posés au dernier moment, une douzaine de BWFK qui se sont enfilés les 700 km nécessaires pour se rendre, un lundi soir, à l’étranger, défier le détenteur des douze dernières coupes du Liechtenstein.

C’est contre l’équipe la plus définitivement inutile du championnat suisse que le LS devait confirmer son excellente prestation contre Thoune (victoire 3-1). En effet, après un début de championnat pimenté par un calendrier très délicat, les prochaines échéances semblent à la portée des Vaudois, avec des matches à Wohlen, puis contre Locarno et Schaffhouse. C’est dire si une victoire en Principauté permettrait de rester au contact avec la tête avant de, pourquoi pas, s’affirmer comme l’un des prétendants au podium.Ce scénario idéal passait donc par un bon résultat au Rheinpark. Le plus gros budget de LNB – 7 millions – a enregistré 19 arrivées à l’intersaison, et aligne 5 joueurs allemands au coup d’envoi (sur les 9 que compte son contingent). Quand je disais que cette équipe est la plus-value zéro de ce championnat…
Ils ne servent à rien, certes, mais ils savent jouer. L’entame de match est compliquée pour le LS, contre une équipe particulièrement affûtée sur balles arrêtées. Le cuir tourne bien chez les adversaires, et les bleus et blancs (mais quel dommage de ne pas avoir profité de la TV pour exposer à la risée des 76 téléspectateurs notre magnifique maillot jaune fluo dégueu ridiculo-flashy) procèdent en contre. L’équipe semble tout de même un peu déséquilibrée en première mi-temps, et penche à droite, tant il est difficile de savoir quel joueur occupe la gauche du milieu de terrain, devant Bilibani. On y aura vu Carrupt, Marazzi, Tosi et Rey, mais pour ce dernier ça ne compte pas : on l’aura vu à tous les postes, devant et derrière, sauvant sur la ligne puis contre-attaquant, récupérant les ballons dans les pieds des rouges à droite comme à gauche. J’aurai à peine été surpris si c’est lui qui m’avait servi une bière à la mi-temps.
Le nul est assez logique à la pause, même s’il semblerait qu’il y avait pénalty sur Madou à la 25ème. Ce sont ceux qui ont vu le match à la TV qui nous l’ont dit, car nous on était à 80 mètres de l’action (ce qui ne nous empêchait évidemment absolument pas d’être certains qu’il y avait bien péno – et carton rouge).
Devant la bâche «MATCHES LE LUNDI NON MERCI», la quinzaine de supporters aura bien soutenu ses couleurs durant cette première période, et les gosiers asséchés accueillirent avec soulagement les quelques bières réparatrices. Au souvenir de la deuxième mi-temps contre Thoune, nous savions que Lausanne était capable de monter en puissance, et l’optimisme était de mise. Il ne fut pas déçu.
LS empoigna les 45 dernières minutes à bras le corps, bousculant enfin sérieusement les locaux, contraints pour leur part de durcir le jeu et devenant franchement désagréables au fur et à mesure qu’ils se rendaient compte que le match leur échappait. Action après action, les Vaudois confirmèrent leur emprise, et c’est finalement le remuant Carrupt qui mettra la balle au fond, profitant d’un essai en bout de course de Madou mal dévié par Jehle.
Refusant de reculer, les bleus et blancs continuèrent leur travail de sape et ratèrent de très peu le goal de la sécurité (un arrêt réflexe de gardien de handball de Jehle, une latte de Carrupt, un raté invraisemblable de Boughanem…) avant de faillir presque tout perdre dans une action finale d’anthologie, l’arbitre ne laissant pas l’avantage à Vaduz et annulant un goal valable pour revenir à la faute… Les supporters du LS présents ont tous perdu cinq années d’espérance de vie sur ce coup.
Le coup de sifflet final aura retenti comme une symphonie de Beethoven en si bémol majeur, dans une explosion de joie qui, sans exagérer, prit la forme d’un feu d’artifice de magnitude 7 sur l’échelle ouverte de Richter, dans une explosion de larmes et de guimauve. J’ai clairement vu des angelots jouer de la harpe, à peine masqués par un rideau de pétales de roses et d’hyacinthes. Bref, ce fut bon.
Il faut souligner que, non contente d’aligner les prestations intéressantes et de monter en puissance au fil des matches, cette équipe respire la joie de vivre. Quel bonheur de voir nos gars danser, se jeter à terre, sauter en notre direction pour nous saluer, remplaçants et staff compris, à la fin du match. Voilà la meilleure façon de remercier ceux qui, malgré les saisons décevantes, mouillent encore pour ce club et se cognent des traversées de la Suisse en semaine.
Après avoir gagné (sauf erreur pour la première fois de son histoire) à Vaduz, le LS se trouve donc en excellente position avant d’aller affronter un Wohlen à la dérive à domicile (trois matches et trois défaites, pour un goal-average de 2-11 !), lui qui n’a jamais égaré le moindre point au Niedermatten depuis que les Argoviens y évoluent. Dans le même temps, Winterthour accueillera Yverdon, des points vont donc se perdre devant nous…
Allez Lausanne !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Vaduz – Lausanne 0-1 (0-0)

Rheinparkstadion, 890 spectateurs.
Arbitre : Adrien Jaccottet.
But : 59e Carrupt 0-1.
Lausanne : Favre ; Katz, Buntschu, Sonnerat, Bilibani ; Rey, Ndzomo, Tosi, Marazzi ; Carrupt (89e Boughanem), Madou.