Youpie, la saison est finie ?

Autant vous le dire tout de suite, je ne vous parlerai que très peu de Xamax-Bellinzone. Face à un adversaire du même calibre qu’Aarau, les Neuchâtelois ont alterné le bon et le moins bon. Il y a eu, enfin, de nouveau, quelques beaux mouvements collectifs mais de longs moments d’ennuis ont également marqué cette fin d’après-midi printanière à la Maladière.

Notons toutefois les excellentes prestations de Nuzzolo, Bah et Kuljic. Ce dernier, grâce à son sens du placement et sa grinta, a effectué son meilleur match à Neuchâtel. En parlant d’attaquant, Gohou n’est pas (encore ?) le tueur recherché : certes, sa puissance fera des ravages en Super League, mais techniquement et surtout tactiquement, il n’est pas (encore ?) à niveau. Voilà. C’est tout concernant le match. Victoire, maintien, un suppo et au lit.L’événement de la semaine au grand Gzamax football club, n’est ni le maintien en Super League ni la victoire des M-18 en Coupe de Suisse. Il s’agit plutôt de la mise à l’écart de l’entraîneur de la première équipe, épisode 6, par «Bernasconi Productions». Essayons de comprendre comment, une nouvelle fois, le club cher au Président d’honneur Facchinetti, n’a pas terminé sa saison avec l’entraîneur qui l’avait entamée.


Une victime de plus du Constantin neuchâtelois

Début juillet 1960, madame Schürmann pousse. Le petit Pierre-André, un ballon de foot serré contre lui, voit finalement le jour ; aïe, fait madame Schürmann… A ce moment-là, le football suisse ne sait pas encore qu’il tient un joueur qui fera plus de 400 matchs en LNA et LNB, et un entraîneur qui gagnera une Coupe de Suisse et participera à la seule victoire d’une équipe nationale lors d’un championnat d’Europe.
Pierre-André Schürmann effectue donc une grande carrière. Au printemps 2009, alors qu’il se trouvait en Suède pour son travail, un président de club à l’accent mi-tessinois, mi-neuchâtelois, l’appelle pour lui proposer de bâtir, ensemble, une grande équipe . Certes, le club en question n’a pas les moyens de devenir un grand d’Europe mais, avec du travail, un peu d’ingéniosité et quelques millions, il y a une possibilité de renouer avec un passé relativement prestigieux. De plus, Pierre-André qui mange, boit et respire football commence à avoir fait le tour des sélections nationales. Il veut sa dose quotidienne de ballon rond. A son âge, certains recherchent le frisson et laissent tomber leurs épouses pour s’intéresser à des jeunes filles en fleur ; lui abandonne le charme de Muri pour un club qui veut devenir grand.
L’histoire commence bien. La marque de fabrique PAS est visible sur l’équipe. Concentré et déterminé, Xamax fait plaisir à voir et devient même deuxième du championnat. Puis, la machine se grippe entre le mois d’octobre et la fin de l’année 2009 : 6 matchs, 2 nuls et 4 défaites. L’équipe était-elle en surrégime pendant l’été 2009 ? Le jeu stéréotypé des rouge et noir était-il devenu facilement prévisible par les autres équipes ? Certains joueurs essentiels avaient-ils déjà la tête ailleurs ? Un peu de tout ça, certainement.
Pendant la pause hivernale, Xamax perd sa ligne d’attaque et, à la reprise, son meneur de jeu se blesse ! Toute proportion gardée, pensez-vous que Barcelone dominerait aussi facilement le football européen sans Ibrahimović, Messi et Xavi ? Finalement, au bout d’un chemin de croix marqué par 4 nuls, 2 victoires et 12 défaites depuis la victoire dans un stade plein face à Saint-Gall en octobre dernier , PAS ne dirige plus la première équipe de Neuchâtel Xamax.


Parti à Sochaux, Ideye Brown n’a pas été remplacé

Il est évident que la responsabilité de cette misérable série incombe partiellement à l’entraîneur. Son entêtement à commencer les matchs avec un seul attaquant depuis la reprise, même à domicile, peut lui être reproché. Néanmoins, le comportement de l’équipe, en dents de scie, ne permet pas d’affirmer que celle-ci jouait contre lui. Les récentes déclarations dans la presse de joueurs actuels et «débarqués» confirment cette impression.
D’autres causes, bien plus importantes, sont à l’origine de ces mauvais résultats. Se séparer de toute sa force offensive en plein milieu du championnat en est,  pour moi, le facteur déclencheur. Même si ce n’était pas une énorme surprise, comment encore avoir confiance en son président lorsque, de retour de vacances, PAS apprend qu’Ideye et Gavranovic, jeunes joueurs qui auraient pu transformer Xamax en un «grand Gzamax» cette saison ou la prochaine, ont reçu leur bon de sortie.
Et puis, Binya de retour de la CAN, se blesse. Sans le meilleur milieu de terrain offensif vu sous le maillot xamaxien depuis des lustres, il était difficile d’espérer quelque chose de cette deuxième partie de saison. Mais, si proche de l’Europe, n’aurait-il pas fallu faire provisoirement passer l’intérêt du club avant des considérations de discipline et d’honneur et rappeler Taljevic et Rossi dès février ?
Quand on observe, non pas les résultats des derniers matchs mais la façon dont se sont déroulées certaines parties, il n’est pas choquant de se demander si l’implication de certains joueurs était vraiment totale. Certains enfants gâtés, peu concernés par l’avenir du club, n’ont pas tout donner sur le terrain. Mais, comme je l’ai déjà écrit, si le niveau du football professionnel en Suisse, la complaisance de nombreux observateurs et la naïveté de certains dirigeants leur permet de profiter d’un revenu confortable sans devoir tout donner pour un club moyen d’une ville moyenne dans un championnat moyen, pourquoi se gêneraient-ils ?


Fallait-il rappeler Rossi ?

La saison est donc terminée ; plus rien à gagner et plus rien à perdre ? Non. Au-delà de la polémique sur les prix d’entrée, le public reviendra et soutiendra son équipe lorsqu’il sentira que, peu importe l’adversaire, tous les joueurs jouent à 100% de leurs possibilités pour les battre ; lorsque ceux-ci donneront tout de la première à la dernière seconde. Il est également l’heure de laisser du temps de jeu aux meilleurs éléments des M-21. Mais dans un monde où le football est un business presque comme un autre, seront-ils vraiment l’avenir de Xamax ces prochaines années ?
PS : il y avait officiellement 4553 spectateurs ce samedi ; habitué de la Maladière, ce chiffre m’a un peu étonné en observant les différents secteurs du stade. Il n’y avait d’ailleurs que 8 «supporters» tessinois… Soit cette annonce est une erreur (volontaire ou pas), soit les Neuchâtelois sont étranges. Ils n’étaient que 3000 environ depuis la reprise à venir régulièrement au stade. Et 1500 âmes de plus se seraient déplacées après une mortifiante défaite face au dernier du classement ? Bizarre, bizarre…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Neuchâtel Xamax – AC Bellinzone 2-0 (1-0) 

La Maladière, 4’553 spectateurs.
Arbitre : M. Laperrière.
Buts : 5e Nuzzolo 1-0, 54e Kuljic 2-0. 
 
Neuchâtel Xamax : Ferro (18e Faivre) ; Ismaeel, Besle, Page, Edjenguele ; Bah; Varela, Wüthrich (68. Fatadi), Nuzzolo ; Gohou (83. Aganovic), Kuljic.
AC Bellinzone : Zotti ; Siqueira-Barras, Diana, La Rocca, Thiesson ; Kasami (65e Mihoubi), Rivera, Hima (77e Diarra) ; Feltscher, Ciarrocchi, Conti (65e Kalu). 
Cartons jaunes : 12e Hima, 20e Page, 36e Rivera. 

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