Dans 18 matches, on est en finale…

Après une chiche victoire au match aller, le LS devait confirmer ses bonnes dispositions en République serbe de Bosnie, contre une équipe qui avait paru bien faible à la Pontaise. Le contexte de ce match (région tourmentée, public survolté, doutes sur la sécurité) aura probablement retenu quelques personnes à la maison : tant pis pour elles !

Neuf membres du BWFK auront finalement embarqué à un moment ou à un autre dans le minibus organisé par le groupe, certains profitant de ce match pour visiter un peu la région avant et/ou après la rencontre. Mais pour six d’entre nous, le programme était fixé : départ de Suisse mercredi matin, arrivée à l’hôtel à Zagreb en fin d’après-midi, puis transfert à Banja Luka le lendemain, victoire, et voyage retour dans la foulée pour une arrivée triomphale vendredi vers midi, avec défilé sur la place de la Riponne devant la foule en liesse.Les trois membres titulaires du permis de conduire ont donc traversé l’Italie en se faisant doubler par la droite, puis la Slovénie – une immense forêt avec une autoroute au milieu – avant de se perdre en Croatie, où l’on a quand même réussi à rater la capitale dans un premier temps. L’arrivée à Zagreb est donc le véritable point de départ de l’aventure, le petit hôtel dégotté par Gimli étant une perle du genre, moitié auberge de jeunesse pour ce qui est du prix, de l’ambiance et des lits superposés, moitié hôtel classique pour la tranquillité, la propreté et le confort. Nous rejoignons deux de nos gars qui étaient arrivés le matin même et avaient passé la journée à se brûler les yeux à la plage. C’est donc parti pour quelques terrasses dans cette très jolie ville de Zagreb. L’ambiance y est jeune, les femmes sont magnifiques, la bière moitié moins chère qu’en Suisse… Vers deux heures du matin, nous rentrons à pied à l’hôtel en traversant le centre de la capitale sans rencontrer aucun problème, genre d’aventure que je n’aurais pas tentée à Zurich.
Le lendemain, nous pouvons profiter de l’après-midi à Zagreb, le départ pour Banja Luka étant prévu vers 17h00. Nous recommençons donc à nous entraîner aux bars parallèles. Le soleil cogne sauvagement et les locales font encore monter la température de quelques degrés. C’est au moment où je commence à me demander si Dali n’a pas peint ses montres molles sur une terrasse à Zagreb que je découvre le cidre du coin, une espèce de jus de pommes double-sucre qui tire à 5 degrés, servi on the rock. Un peu comme si le Bon Dieu te pissait dans la bouche.
A force de s’avachir sur les terrasses en goûtant les bières locales (excellentes) sous le regard humide des chauffeurs qui carburent à la flotte, on en viendrait presque à oublier que l’heure du match approche. A 17 heures, nous sortons à regret de notre farniente pour nous diriger vers la frontière bosniaque, où nous avons appris que nous allions être pris en charge par la police locale.
En effet, c’est escortés par une voiture de police tous feux allumés que nous nous rendons au Gradski Stadion. C’est un sentiment assez bizarre de voir les bagnoles se ranger pour nous faciliter le passage, et nos cerbères lancer la sirène quand les récalcitrants n’obtempèrent pas, ignorant sans doute la qualité exceptionnelle du convoi. Nos derniers doutes concernant la sécurité s’envolent définitivement quand nous sommes accueillis par une trentaine de flics sur le parking, quasiment dans l’enceinte du stade. De vrais policiers comme on les aime, avec dans le regard toute l’intelligence du mérou, et qui se sont fait un malin plaisir de nous faire mijoter 20 minutes sur le parking, avec interdiction d’aller aux toilettes. Quelques vessies ont bien failli rendre l’âme avant qu’enfin nous soyons conduits devant notre parcage, où une douzaine de policiers anti-émeute nous regardent arriver du coin de l’œil. Une ambulance et un camion de pompier complètent ce fraternel tableau. Celui qui voudra venir nous mettre une baffe devra être salement motivé.
A noter les efforts entrepris pour que nous ayons une buvette : une table, 4 bouteilles d’un litre et demi de coca et autres limonades, 35 gobelets en plastique, une serveuse. Point.
La configuration du stade veut que nous soyons dans la même tribune que le kop de Borac, dans un bloc de 400 places tout à droite. Une grille sépare les deux camps, et une douzaine de flics prennent position sur sa longueur. La bâche est posée, et nous tentons quelques chants, vite couverts par les locaux. Ce ne sera pas facile de se faire entendre, mais bon, on a l’habitude. L’hymne du club (marrant à la première écoute, à se crever les tympans au chasse-clou à la quinzième) retentit pour la première fois d’une longue série, et le match peut débuter.
Le Borac Banja Luka est clairement une équipe de première ligue, avec un engagement physique de LNA. Devant le pressing haut et agressif, le LS peine à entrer dans le match. Ainsi, durant la première demi-heure, seuls deux hauts faits sont à retenir : une occasion bosniaque d’entrée de match, et… un temps mort sifflé par l’arbitre pour permettre aux joueurs de se désaltérer. En fin de première période, le LS commence à jouer court, remplaçant les longues balles balancées en avant par un jeu à terre plus incisif, lui permettant enfin de miser sur son avantage technique évident, et se créant même quelques occases, par Roux notamment.
A la mi-temps (pendant laquelle nous ne pouvons quitter notre tribune qu’escortés et par groupe de deux), il semble évident qu’il faudrait un incroyable concours de circonstances pour perdre ce match. A moins de prendre un but gag (ce que Favre se chargera de démontrer), on ne voit pas comment Borac pourrait nous mettre en danger.
La deuxième mi-temps n’aura de cesse de confirmer cette impression. Le pressing adverse se fait moins intense, la chaleur et la fatigue étant passées par là. Lausanne pose son jeu et maîtrise globalement son sujet, se créant des occasions, dont une immense par Carrupt, qui finira par tricoter devant le gardien bosniaque. Remplacé un quart d’heure plus tard par Avanzini, il aura à peine le temps de s’asseoir sur le banc pour voir Roux ouvrir la marque dans un silence de plomb, à l’exception notable de la dizaine de gogols en haut à gauche. Même si Favre fabriquera l’égalisation que l’on sait, il semblait clair que la qualification était en poche, tant Borac n’avait simplement pas le niveau pour emballer le match, et encore moins pour planter deux goals. C’est même Steuble qui conclura les débats d’un maître tir sur le poteau.
Sur le plan de l’ambiance, le kop adverse a bien fait le job, trop rarement soutenu par la tribune d’en face. A noter que celle-ci est construite de telle façon que l’écho y est optimal, chaque gueulée du kop semblant du coup repris par le stade avec une demi-seconde de décalage. Au moins 75 minutes de chants, mais peu qui claquent vraiment. On a presque été déçus que cela ne pète pas un peu plus, car le potentiel est énorme, et les gars très disciplinés (gestuelle, sauts…) Ceci dit nous n’avons ressenti aucune agressivité particulière à notre égard, les gars préférant supporter leur équipe que nous siffler ou nous balancer je ne sais quel objet au travers de la gueule. Très bonne impression donc, et je ne peux que leur souhaiter bonne route, et d’avoir un jour une équipe à leur niveau.
Après avoir attendu une petite demi-heure au stade que celui-ci se vide, nous reprenons la route avec notre escorte. Nous n’aurons ainsi pas fait un seul mètre en Bosnie sans être accompagnés par la police locale. Drôle d’ambiance…
La suite n’est qu’on long voyage de nuit au travers de l’Europe, les conducteurs se relayant pour grappiller quelques heures de sommeil avant de prendre le volant. L’arrivée à midi à la casa est immédiatement suivie des premiers préparatifs pour le tour suivant : dans moins d’une semaine, il s’agit de se rendre au Danemark. Je connais quelques patrons qui vont avoir la grimace facile quand les demandes de congé vont être posées à la der.
Pour le match à Randers le jeudi 29 juillet, le BWFK organise un déplacement en car. Le timing étant très serré, nous lançons les pré-inscriptions dès maintenant. Voici le programme :
– Départ de Lausanne mercredi 28 juillet, en début de soirée pour permettre aux gens de travailler la journée.
– Arrivée à Randers jeudi 29 juillet en début d’après-midi.
– Départ de Randers en fin de soirée, après le match.
– Arrivée à Lausanne vendredi 30 juillet en fin d’après-midi.
Les personnes intéressées peuvent se renseigner par mail (couzin12@gmail.com) ou par téléphone (079/833’33’10).

Borac Banja Luka – Lausanne 1-1 (0-0)

Gradski Stadium, 7200 spectateurs.
Arbitre : M. Soares Dias (Por).
Buts : 65e Roux 0-1. 69e Vukelja 1-1.
Borac Banja Luka : Avdukic; Zaric, Jandric (52e Nikolic), Trivunovic, Benovic; Stanceski, Raspudic; Muminovic, Vukelja, Mikic; Sakan (73e Sreco).
Lausanne : Favre; Nelson Borges (46e Stadelmann), Katz (74e Buntschu), Meoli, Sonnerat; Carrupt (64e Avanzini), Marazzi, Celestini, Steuble; Roux, Silvio.
Cartons jaunes : 8e Trivunovic. 43e Stanceski. 44e Celestini. 60e Stadelmann.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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7 Commentaires

  1. Très chouette article en effet, merci à Yves Martin de nous faire vivre ça « comme si on y était ». Un pays dont la bière est bonne et les femmes jolies a déjà tous les atouts nécessaires pour nous séduire !

    Par contre en Bosnie, c’est incroyable, cet encadrement policier, dis donc ! On se croirait revenu au temps glorieux de l’Union Soviétique ! Je croyais pas ça encore possible, en 2010 !

  2. J’attendais avec impatience ce compte-rendu, je ne suis pas déçu. Très sympa de pouvoir lire Yves Martin dans d’autres endroits que les éternels Winthertour, Gossau ou autre…

  3. Magnifique, on s’y croirait !

    « je découvre le cidre du coin, une espèce de jus de pommes double-sucre qui tire à 5 degrés, servi on the rock. Un peu comme si le Bon Dieu te pissait dans la bouche. » > SUBLIME !!!

    Merci Yves et bon dép’ au pays de la blondasse 😉

  4. Comme d’habitude, YM trouve les bons mots pour relater les tribulations de sa petite troupe. Un vrai régal, des passages mytiques (le jus de pomme), je me délecte à chaque fois.

    Quant à Rueda, je trouve qu’il fait tout juste pour l’instant. Cette équipe peut devenir une machine à gagner.

    HOP LS!

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