Allez les blancs !

Il a donné à l’athlétisme une nouvelle dimension. En tapant son nom dans Google, plus de 1’400’000 résultats apparaissent. Il est blanc. Il court vite. Vous l’avez reconnu. C’est… c’est… Christophe Lemaitre !

Lors du meeting du Stade de France de ce soir, le Haut-Savoyard sera, avant même le coup de feu du starter, le deuxième athlète le mieux payé de la réunion. Derrière Usain Bolt, bien entendu, avec ses 210’000 euros. A simplement 21 ans, le premier athlète blanc sous les dix secondes sur 100 mètres a ouvert de nouvelles perspectives.

Ribéry de l’athlé

Il n’a pourtant l’air de rien le bon Christophe. Il est tout grand (1m90), tout maigre (74 kg), tout dégingandé et cause comme un Franck Ribéry qui aurait pris des anesthésiants pour chevaux. Mais voilà, le natif d’Annecy a permis de briser de nombreuses barrières psychologiques et physiques. Et éventuellement d’intéresser les racistes à l’athlétisme, qui sait ?
Il y a un peu moins d’une année, à Barcelone et à tout juste vingt ans, il s’est offert un incroyable triplé 100 mètres, 200 mètres et 4×100 mètres. Triple champion d’Europe. Paf ! Ça claque comme un Julien Fivaz qui saute à 7m50 sans mordre au sixième essai du meeting de Lucerne. Depuis, il a abaissé régulièrement le record de France de la ligne droite, aujourd’hui fixé à 9’’95. Ce soir, à St-Denis, dans le sillage de Bolt, il devrait battre celui du 200 mètres malgré la pluie et la pression.

Phénomènes de foire

A quelques kilomètres près, Lemaitre aurait presque pu être suisse. Heureusement pour lui, il est né du bon côté de la frontière. Imaginez l’histoire s’il avait dû s’entraîner à Macolin… Pas sûr qu’il soit passé sous les 11 secondes à tout juste 16 ans. «L’Eclair Blanc» est venu au monde à Culoz et après s’être essayé au handball, au rugby et au foot, il a eu la bonne idée d’essayer par hasard l’athlé. C’est peu dire qu’il a transformé l’essai.
Auparavant, les plus grandes «curiosités» de ce sport venaient d’Afrique du Sud. Une femme à barbe et un kangourou springbok. Le premier, Oscar Pistorius, avait fait le «buzz» en essayant – sur la piste et devant les tribunaux – de se qualifier pour les Jeux Olympiques des valides. Surfant sur cette popularité, l’amputé des deux jambes avait été invité sur quelques meetings européens comme une bête de foire.

Femme à barbe

Autre athlète digne du cirque, Caster Semenya. La/Le médaillé(e) d’or des championnats du monde de Berlin en 2009 sur 800 mètres avait lancé un véritable feuilleton à l’insu de son plein gré, pour finir par se faire cataloguer au rang d’hermaphrodite et de pouvoir continuer sa carrière, comme un(e) vulgaire Bulgare des années septante.
Au moins, concernant Lemaitre, il n’y a pas de doute. Il est bien blanc, c’est bien un homme et il va bel et bien vite. Il est même français, ça il n’y a pas de doute, il suffit de bien écouter. Par contre, est-ce sain de le faire mousser de cette manière sur le simple prétexte qu’il ne soit pas brun foncé ? Je dois dire que cette question m’a longtemps taraudé.

A une époque où les Suisses et les Français moyens sont désormais de sept couleurs et de 43 origines différentes sans que cela ne choque personne (enfin, les jeunes générations, pas sûr que du côté de La Croix Fédérale à Vugelles-La Mothe ou du Sternen de Neumühle on en soit déjà là), voir ainsi un jeune blanc-bec jouer à armes égales avec les Jamaïcains et les Américains est une bonne nouvelle pour ce sport. Il suffit juste de garder une certaine mesure au moment de comparer les races…

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2 Commentaires

  1. S’il avait été allemand, russe ou anglais, est-ce qu’on aurait vraiment parlé de sa couleur de peau?
    N’est-ce pas le contexte politico-social en France qui en fait une « exception raciale »?

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