Xamax, 2 ; Lausanne, 2 ; Chagaev, zéro ?

Samedi soir j’ai assisté à un match vivant mais tendu entre deux équipes qui sont actuellement à leur place en queue de classement de Super League. Dans le prolongement de cette rencontre, 20minutes.ch nous apprend que Chagaev a refait des siennes dans les vestiaires de ses employés. A-t-on assisté au dernier match de Xamax sous l’air Caparros ? Pire encore, a-t-on assisté au dernier épisode d’une mascarade qui a débuté au moment où Sylvio Bernasconi a décidé de se débarrasser de son Gzamax ?

Le match (il faut bien en parler…) :

Le début de la rencontre voit les joueurs de Martin Rueda exercer un pressing surprenant sur la défense xamaxienne ; ce sont eux qui, logiquement, se créent les premières occasions. Xamax montre l’envie de prendre le jeu à son compte pendant les cinq premières minutes mais c’est tout…

Sur le premier tir cadré de la partie des employés de Chagaev, Geiger de 25 mètres environ, réussit à tromper Favre, peu attentif à cette occasion (si mon rédacteur en chef ne me lisait pas, j’aurais pu écrire qu’un gardien de Super League aurait dû arrêter un tir si lointain…). Alors que l’on croit que Xamax va pouvoir enfin poser son jeu face à un adversaire qui paraît bien fébrile, il n’en est rien. Choix tactique ou pressing vaudois ? S’il s’agit de la première option, le spectacle ne risque pas, une nouvelle fois, d’être au rendez-vous cette année à la Maladière.

Trop confiants peut-être, les protégés de Caparros laissent jouer leurs adversaires.  Sur un tir lointain, Marazzi peut tromper Bédénik surpris par un rebond juste devant lui et gêné par le soleil qui était de retour après la terrible tempête «meurtrière» annoncée à grand fracas par la Confédération dans des messages qui promettaient l’apocalypse…

Dès lors, Xamax hausse le ton sans être encore très dangereux. Les Vaudois qui cherchent leur deuxième souffle depuis la 35ème minute usent de tous le moyens pour casser le rythme des Neuchâtelois. Roux le besogneux, simulateur à son temps perdu (souvenons-nous du dernier Servette-Lausanne), n’a pas encore suivi assez de cours de comédie pour convaincre le public présent… Sa prestation est souvent proche du ridicule. Malheureusement, il n’y a pas toujours de justice en matière de football et c’est ce truqueur qui réussira à inscrire le deuxième but lausannois un peu plus tard. Mi-temps.

Au retour des vestiaires, pendant une dizaine de minutes, une équipe de fantômes fait face aux Lausannois. Quelle passivité et quel manque de concentration des joueurs tout de noir vêtus face à une équipe, certes courageuse et volontaire mais qui ne devrait pas faire peur à grand-monde lors de ce championnat ! Et Roux, l’ami de tous, passe par là. 1-2 : à ce moment de la partie, il n’y a rien à dire.

Puis, Xamax réagit, mollement. Tréand, transparent en cette fin d’après-midi, est heureusement remplacé par Veloso. Sans dominer clairement les néo-promus, Xamax se montre un peu plus dangereux. Lausanne joue toujours et on les sent capables d’inscrire un troisième but. Il y a de l’envie de bien faire et de la bravoure dans cette équipe de pêcheurs du Léman.

Par chance, Xamax possède dans ses rangs un joueur qui a vraiment le format de la Liga espagnole. Arizmendi, tout seul, crée la panique dans la défense adverse. C’est lui, de manière méritée, qui égalise pour Neuchâtel Xamax à la 61ème minute et qui inscrit ainsi son premier but de la saison.

Comme en première mi-temps, les observateurs présents imaginent que Xamax va prendre le jeu à son compte et finira bien par faire la différence. Que nenni… Xamax ne peut-il pas imposer son jeu à domicile contre une équipe qui occupe la dernière place du classement de Super League ? Ou, est-ce un choix tactique qui frise le ridicule ?

La fin de la partie est très animée. Le K.O. est proche des deux côtés. Cela fait longtemps que je n’ai pas assisté à une partie aussi vivante à Neuchâtel. Il y a toutefois également beaucoup de déchet technique et les puristes ne doivent pas vraiment apprécier le spectacle. L’arbitre du jour ne se fait visiblement aucun ami parmi les supporters des deux camps.

Malgré un dernier coup-franc neuchâtelois extrêmement dangereux. Les deux équipes se quittent sur ce 2-2. Lausanne s’est rassuré et Xamax a, espérons-le, compris qu’en battant un Zurich qui avait la tête dans les étoiles de la Ligue des Champions n’avait encore rien gagné… Suite du feuilleton dans deux semaines ; si Bulat le veut bien ?

Les joueurs xamaxiens :

12 Jean-François Bédénik : comme depuis sa première titularisation cette saison, rien de spécial ne peut lui être reproché. Il est, de plus, un élément motivateur et est devenu le «porte-parole» des joueurs dans les médias télévisés.

5 Paito : est-ce le défenseur le plus fébrile de Super League ? Dommage, car il peut mettre le feu dans une défense adverse ; une fois par match ?…

7 Marcos Agustin Gelabert : toujours à la limite de la régularité, il prend des risques inconsidérés dans son propre camp. Il tient trop longtemps son ballon en phase offensive. Heureusement pour lui, il parle espagnol ; comme son coach.

11 Geoffrey Treand : sorti après le 2ème but lausannois, très discret pour ne pas dire transparent, il a évolué dans un rôle qui ne semblait pas lui convenir.

13 Bastien Geiger : pas très à l’aise face à Marin, l’homme aux cheveux gris métallisé et qui, footballistiquement, ne fait peur à aucun défenseur de Super League.

14 David Navarro : toujours aussi sobre mais pas aussi bon qu’on nous l’avait décrit. Encore averti, il manquera le prochain match.

15 Angel Javier Arizmendi : le meilleur renfort de ce début de saison. Il est partout ; il joue juste et il domine les airs. Il a le niveau «Liga». Espérons qu’il ne se mette pas à trop s’adapter à la Super League…

16 Kalu Uche : trop de mauvais contrôles, de la difficulté à accélérer et ne donne pas bien ses balles. Il a été très mauvais en première mi-temps. Ne joue-t-il pas à son poste de prédilection ? Du mieux en 2ème mi-temps lorsqu’il a eu la possibilité d’évoluer dans la profondeur.

19 Vincent Bikana : il semblait peu concerné par la partie. A-t-il de la difficulté à s’intégrer dans ce nouveau club ? Il m’avait convaincu lors des 2 premiers matchs mais là, il n’a pas apporté de plus-value à Xamax.

22 Sébastien Wüthrich : une partie honnête pour un joueur qui semble s’améliorer au contact de Caparros.

27 Haris Seferovic : sorti à la mi-temps, il ne m’a pas encore convaincu. Très présent dans les airs, il a besoin d’être servi parfaitement dans les pieds pour être dangereux. Vivement qu’il trouve des automatismes avec les milieux offensifs.

Entrés en cours de jeu :

06 Abdou Raman Dampha : entré à la mi-temps et sorti sur blessure quelques instants plus tard après avoir été très discret. Pourquoi a-t-il remplacé Seferovic ?

20 Max Veloso : décidé, sobre, précis et en confiance après son but face à Zurich, il pourrait être un très bon joker pour cette saison.

31 Irakli Chrikashvili : il a remplacé le malheureux Dampha. Est-ce un véritable renfort pour une équipe de Super League ? A revoir pour en être sûr.

Les coulisses (hum…):

«Avec Caparros ou sans nous !» pouvait-on lire sur une banderole déployée en D4. Je crois que cette fois tout est clair de la part des supporters ; je n’ai jamais été autant d’accord avec eux ! Les faits relatés sur 20minutes.ch samedi en fin de soirée pourraient mettre fin à toute la mascarade qui a débuté lorsqu’un Tchétchène inconnu dans le monde du football suisse a racheté le club neuchâtelois. Pas totalement naïf, j’ai, toutefois, jusqu’ici laissé le bénéfice du doute à ce richissime personnage. L’amour d’un club peut rendre partiellement aveugle, paraît-il.  

Si tout ce qui est relaté dans cet article est correct et que Caparros s’en va, de gré ou de force, je ne pourrai plus continuer à supporter ce club tant que Chagaev en fait son jouet. Si d’honnêtes employés perdent leur travail sans raisons valables et si même des vies sont en danger parce que le propriétaire d’un club de football a des problèmes de transit intestinal, il serait ridicule de faire partie de la même aventure. Si tel est le cas, il est temps, amis de Neuchâtel Xamax, de se réveiller. Tant pis si tout est à reconstruire après le déluge. D’autres clubs romands l’ont fait avant nous. Et, lorsque la catastrophe aura eu lieu, souvenons-nous de la personne qui a vendu ce club à l’homme à la veste en daim le plus connu de Suisse.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Neuchâtel Xamax – Lausanne-Sport 2-2 (1-1)

Maladière, 4879 spectateurs.
Arbitre : M. Gremaud.
Buts : 16e Geiger 1-0. 25e Marazzi 1-1. 53e Roux 1-2. 61e Arizmendi 2-2.
Neuchâtel Xamax : Bédénik; Geiger, Navarro, Bikana, Paito; Arizmendi, Gelabert, Wüthrich, Tréand (55e Veloso); Seferovic (46e Dampha/72e Shirikashvili), Uche.
Lausanne-Sport : Favre; Bah, Page, Meoli, Sonnerat; Muslin, Marazzi (77e Pasche); Marin (83e Lyng), Lang; Negrão (68e Moussilou), Roux.
Notes : Xamax sans Besle (suspendu), De Coulon et Sanchez (blessés). Lausanne-Sport sans Coltorti (blessé).
Cartons jaunes : 41e Roux. 49e Arizmendi. 58e Marazzi. 72e Navarro. 85e Veloso. 90e Lang. 92e Bikana.