On perd la tête

D’une intensité folle, le Spitzenspiel de la 15ème journée de Bundesliga entre les leaders Mönchengladbach et Dortmund n’a pas connu de vainqueur. Du coup, les deux Borussia doivent abandonner la première place du classement au Bayern Munich.

Après une semaine de travail plutôt chargée, je n’avais qu’une envie en rentrant à la maison vendredi soir : dormir. Le problème, c’est que je suis supporter d’un club pas vraiment situé à côté de chez moi et ce n’est pas franchement l’idéal pour se reposer. Du coup, le repos s’est limité à une heure de sieste devant Leverkusen – Hoffenheim et après départ : je devais prendre deux amis dans un bar à Berne à 1h du matin et ensuite on a roulé toute la nuit pour arriver aux aurores à Dortmund. Bien sûr, on aurait pu se contenter de partir tranquillement samedi matin et aller directement à Mönchengladbach mais on est supporter ou on ne l’est pas : le crochet par Dortmund qui a eu raison de ma nuit de sommeil avait pour seul but de pouvoir prendre l’un des Extrazug avec les fans. Oui, on perd un peu la tête avec unser BVB.

Première historique

L’Extrazug, c’est un train rempli de fans qui n’ont qu’un seul objectif durant la grosse heure que dure le trajet entre Dortmund et Mönchengladbach à travers les bucoliques paysages de la Ruhr et du Niederrhein : boire suffisamment pour dépasser le taux d’alcoolémie au-delà duquel l’accès au stade peut être refusé, 1,1 ‰. Heureusement, les contrôles qui avaient été annoncés n’ont pas eu lieu, sinon, à la place d’un impressionnant mur jaune avec 10’000 fans  dans la Sudkurve du Borussia-Park, il ne serait plus guère resté que quelque chose ressemblant au kop du Stade Nyonnais un lundi soir à Vaduz.
L’ambiance est complètement survoltée car, curieusement, c’est la première fois dans l’histoire de la Bundesliga que la première place du classement est l’enjeu du Borussen-Derby entre les Traditionsvereine Mönchengladbach et Dortmund. Il faut dire que les deux clubs n’ont pas connu leurs heures de gloire en même temps : dans les années 1970, lorsque Gladbach dominait le foot allemand, le BVB luttait contre la relégation ou évoluait même en 2ème division. A l’inverse, les Fohlen étaient déjà sur le déclin lors des grandes heures du Borussia Dortmund dans les années 1990. Et pas plus tard que l’année dernière, Dortmund a fini champion d’Allemagne (tu vas finir par le savoir), alors que Mönchengladbach échappait miraculeusement à la chute grâce, notamment, à un succès contre le BVB à quatre journées de la fin.

Le grand absent

Si les deux clubs sont en passe de renouer avec leur gloire passée, ils le doivent aussi à leurs entraîneurs, Lucien Favre d’un côté, Jürgen Klopp de l’autre, lesquels ont en commun d’être l’entraîneur à avoir la meilleure moyenne de points par match de l’histoire de leur club respectif. Lulu devance Hennes Weisweiler, Udo Lattek et Jupp Heynckes, ça situe l’ampleur de ce qu’est en train de réaliser le Vaudois dans le Niederrhein. Quant à Kloppo, il fait tout simplement mieux qu’Ottmar Hitzfeld…
L’autre match dans le match aurait dû opposer les deux meilleurs joueurs de ce premier tour de Bundesliga, Marco Reus et Mario Götze, mais le premier nommé a dû déclarer forfait en raison d’un orteil fracturé. Cela a dû être un crève-cœur pour le natif de Dortmund que le BVB avait malencontreusement oublié de rapatrier en même temps que son pote Kevin Grosskreutz après que les deux joueurs soient partis à Ahlen trouver du temps de jeu. Sans doute le principal (seul) échec du recrutement dortmundois ces dernières saisons. On ne sait pas si c’est en signe de solidarité avec son vis-à-vis absent mais Mario Götze a lui réussi l’un de ses moins bons matchs sous le maillot dortmundois.

La feinte

L’absence de Reus va vite se faire remarquer car son remplaçant Raul Bobadilla galvaude la première grosse occasion du match avec un contrôle foireux et un lob facilement sauvé par Schmelzer. Entre deux équipes en pleine confiance, puisqu’elles viennent de reporter leur derby respectif, il y a énormément d’intensité et d’engagement, c’est un vrai bon match au sommet. Il y a peut-être un peu plus de talent côté dortmundois mais les Fohlen tiennent parfaitement le choc. Les occasions se succèdent de part et d’autre, Lewandowski est repris in extremis par Jantschke alors qu’il était en passe d’éliminer le gardien ter Stegen, Dante place un coup de tête à côté et les deux meilleures occasions du BVB sont annihilées pour des hors-jeux inexistants. Finalement, l’ouverture est survenue sur le sixième corner dortmundois. Les cinq premiers avaient été affreusement mal tirés, il faut croire que c’était une feinte pour que les Fohlen relâchent leur vigilance. Et quand la tête de Robert Lewandowski est là pour réceptionner le centre de Mario Götze, cela pardonne rarement. C’est le dixième but de la saison pour le Polonais, le premier loin du Westfalenstadion.

L’accident malheureux

Après la pause, Gladbach, privé de ses deux meilleurs atouts offensifs, Reus donc mais aussi de Camargo, paraît bien emprunté pour aller bousculer une monstrueuse charnière centrale Hummels-Santana. Les Fohlen semblaient incapables d’approcher le but adverse et on avait l’impression qu’il ne pouvait rien arriver de fâcheux au BVB, qui contrôlait assez tranquillement le match, surtout que Lucien Favre n’avait pas tellement de solutions de rechange sur le banc. On était beaucoup plus près du 0-2 que du 1-1, notamment sur un coup de tête de Santana qui a tenté le remake du Revierderby pour l’ordonnance des buteurs mais c’est passé au-dessus et une frappe non cadrée de Lewandowski alors que trois Dortmundois pouvaient partir au but.
Et comme toujours, tant que tu n’as pas fait le break, tu n’es pas à l’abri d’un accident. Et l’accident est arrivé à la 72e, sur un ballon à l’apparence anodine mais une déviation d’Arango et une bonne inspiration de Bobadilla ont lancé Mike Hanke dont la frappe rebondit juste devant le gardien et trompe un Roman Weidenfeller tout sauf impérial sur ce coup là. Et on en veut au 1. FC Köln, qui a relancé l’ancien attaquant de Schalke 04 en lui offrant le doublé la semaine passée, alors qu’il était en panne de confiance et de but jusque-là. Tiens, en représailles, je ne mettrai pas mon maillot des Geissböcke floqué Streller samedi prochain à Köln – Freiburg.

Logique mais évitable

Dortmund aurait pu reprendre l’avantage juste derrière sur une combinaison raffinée entre Kagawa et Götze mais la frappe de Götzinho était un peu molle et a permis au portier Marc-André ter Stegen de montrer qu’il était bien l’un des grands gardiens de demain. A priori, Gladbach se contentait de ce nul, alors que Dortmund voulait absolument les trois points mais, dans un stade en ébullition, les Fohlen sont tout de même passés les plus près du 2-1 sur un coup de tête mal cadré de Dante. Mais on allait en rester là. Sur l’ensemble du match, ce score nul est logique et mérité mais on était quand même dans une colère noire en quittant le stade. Car c’est toujours ballot d’encaisser une égalisation à un moment où l’adversaire paraît impuissant, limite résigné. Ceci dit, en tenant tête à une équipe qui venait de s’offrir le Bayern et Schalke, Mönchengladbach a prouvé que sa place dans le trio de tête n’était pas usurpée et qu’il sera un client très sérieux cette saison en Bundesliga.

Un nouveau miracle du 6 décembre ?

Quant au BVB, il doit abandonner la première place du classement au Bayern et devra compter sur un faux pas des Rekordmeister à Stuttgart ou contre Köln pour aller chercher le titre de champion d’automne. Auparavant, le Borussia Dortmund devrait maximiser ses chances de conserver son titre en terminant son pensum européen, puisque seul un miracle peut lui permettre de poursuivre son parcours en Ligue des Champions ou même en Europa League. Le seul espoir, c’est que le match a lieu le 6 décembre, le jour des miracles. Et là je ne fais pas seulement allusion au nein historique qui a sauvé la Suisse du naufrage mais à la qualification acquise par le BVB en 1/8ème de finale de la Coupe UEFA le 6 décembre 1994 contre La Corogne après une défaite 1-0 à l’aller et une victoire 3-1 après prolongations au retour avec des buts victorieux de Riedle et Ricken aux 116ème et 119ème. Contre Marseille, cela s’annonce encore plus dur puisqu’il faudra en mettre quatre pour commencer à entrevoir quelque chose. A priori, ça paraît impossible face à un adversaire qui bétonne en défense mais on a déjà vécu tellement de choses avec cette équipe du BVB qu’on veut bien perdre encore une fois la tête avec elle.

Borussia Mönchengladbach – Borussia Dortmund 1-1 (0-1)

Borussia-Park, 54’047spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Zwayer.
But : 40e Lewandowski (0-1), 72e Hanke (1-1).
Mönchengladbach : ter Stegen ; Jantschke, Stranzl, Dante, Daems ; Herrmann, Nordtveidt, Neustädter, Arango ; Hanke (92e Brouwers), Bobadilla (84e Leckie).
Dortmund : Weidenfeller ; Piszczek, Santana, Hummels, Schmelzer ; Gündogan, Kehl; Götze (77e Barrios), Kagawa (77e Blaszczykowski), Grosskreutz (86e Perisic); Lewandowski.
Cartons jaunes : 43e Schmelzer, 74e Santana.
Notes : Mönchengladbach sans Reus ni de Camargo (blessés), Dortmund sans Bender, Leitner, Subotic ni Koch (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. C’est de bonne guerre et c’est sans doute pas loin d’être une gimmick mais le meilleur joueur de cette première partie de championnat c’est possible que ce ne soit pas un joueur de Dortmund, c’est même possible qu’il soit du côté de l’Allianz Arena et qu’il s’appelle Frank Ribéry, voir Mario Gomez.

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