8ème pays : le Portugal

Le Portugal est au football ce qu’Andy Murray est au tennis ou Fribourg-Gottéron en hockey sur glace : un éternel loser qui, au final, n’a aucun grand titre à son palmarès. Pas de bol, les coéquipiers de CR7 ont hérité du fameux groupe de la mort et, du coup, il devrait y avoir beaucoup moins de concerts de klaxons en ville. A moins que 2012 soit enfin leur année…

Pourquoi le Portugal ?

Parce que le Portugal fait partie de la caste des inaccomplis. Une équipe bourrée de talent, pétrie d’individualités notoires, des stars en veux-tu en voilà, des promesses à tout-va, le sentiment de pouvoir tout rafler, y compris la gloire. Mais à l’instar de l’Espagne pré-Euro 2008 – qui claudiquait d’éliminations précoces depuis sa finale perdue en France, en 1984 – le Portugal doit vivre étiqueté, affublé d’un titre potache : celui de sempiternel loser, celui qui échoue toujours, même lorsque l’occasion est trop belle.
Et les perdants, on aime ça. Surtout lorsqu’ils sont en quête de rédemption. Et tout vient à point à qui sait attendre, a-t-on coutume de dire. Les échecs passés n’ont d’importance qu’à ceux qui leur en donnent. Oubliée la main – vraiment volontaire ? – du génial blond Abel Xavier qui offrait un but en or à Zinédine Zidane en demi-finale de l’Euro 2000 (1-2 ap). Finis les souvenirs atroces liés à ces Grecs iconoclastes et si peu joueurs (0-1 en finale de 2004), parfaits dans le rôle d’empêcheurs de fêter en rond, chez soi à domicile.
Pour le Portugal, la mue est en marche. L’évolution constante. Et l’Euro 2012 sera le sien. Et on aime ça.

Pourquoi pas le Portugal ?

Parce que déguisés derrière leur barbe soignée à l’huile de morue frelatée, les Portugais(es) avec leur fierté mal placée ne sont au final que les cousins germains des Grecs, à qui le reste de l’Europe tient en-haut les frocs pendant qu’ils nous expliquent comment flamber les escudos qu’ils viennent de nous barboter. Prétendument foireurs, les Portugais n’ont en fait que peu d’amis à travers le monde, à part peut-être les actionnaires de Gillette ou les Romanichels suisses qui s’empressent de leur revendre leur Mercedes pourrie à 250’000 kils au compteur. Bref, chacun a les amis qu’il mérite.
Côté foot, il faut bien avoir des bitchernes (ndlr : crotte, en patois de Fully) dans les yeux pour oser supporter les imbuvables joueurs de leur Selecção Nacional de Futebol. Car non contents d’être les Craig Louganis du gazon vert avec leurs grotesques cabrioles plongeantes, les Lusitaniens sont de tels pougneurs en match, qu’en comparaison, Jérôme Kerviel n’est qu’un tout petit boursicoteur du dimanche. Donc ne soyons pas surpris que le Portugal nous ait donné avec une régularité consternante un bon nombre de têtes à claques avec les Bento, Couto, Pepe, Ronaldo et autre Mourinho.

Fais-nous rêver avec un souvenir du foot portugais !

Alors bien sûr, on pourrait faire allusion à cette 3e place en Coupe du Monde. Son meilleur résultat y date d’une époque lointaine pour le quidam sans accointance à l’Albion, une époque vaguement située entre jadis et naguère: 1966 et la Coupe du Monde britannique remportée par la nation hôte. Le Portugal s’y classe au 3e rang, derrière anglais et allemands – mais ce ballon a-t-il vraiment franchi la ligne ? –, grâce à un certain M. da Silva Ferreira, dit Eusébio, Ballon d’Or 1965 et meilleur buteur de ladite Coupe du Monde (9 buts).
Mais pour tout supporter suffisamment chanceux d’avoir navigué au Portugal en juin 2004, l’odyssée de la Selecção dans son propre pays est un souvenir immuable. Alors bien sûr, il y eut ces deux défaites mortifiantes en ouverture (1-2) et en finale (0-1) face à la Grèce, mais entre-temps, le bonheur absolu : des victoires face à la Russie (2-0), l’Espagne (1-0), l’Angleterre (2-2, 6-5 tàb)et les Pays-Bas (2-1) ; le Força de Nelly Furtado ; le stade coloré d’Aveiro ; celui de Braga avec ses deux seules tribunes latérales et son mur de roche côté but ; le gardien Ricardo qui ôte ses gants pour sortir le pénalty de Darius Vassell en quart de finale ; les marteaux de la fête de la Saint-Jean à Porto après ce même succès anglais ; les prego no prato à déguster sans discontinuer et les millions de drapeaux portugais qui ornaient les devantures des maisons. La passion de tout un peuple émaillé par cette seule défaite en finale, mais la fierté d’une équipe dorée et merveilleuse. Merci Luis Figo, merci Rui Costa, merci Pauleta, merci pour les services rendus.

Fais-nous rire avec un souvenir du foot portugais !

Vu que le mot fair-play ne se traduit pas en portugais, nombre de souvenirs peu glorieux peuvent être mis à la charge des klaxonneurs poilus. J’aurais pu parler de la «bataille de Nuremberg» lors du Mondial 2006, là où les Portugais avaient mis plusieurs compresses aux joueurs hollandais résultant en six cartons jaunes et deux rouges sur le terrain et créé une atmosphère détestable sur le banc de touche. Typique.
Toutefois, l’épisode que je veux ressortir des sales tiroirs, c’est la demi-finale de l’Euro 2000 où les pêcheurs lisboètes s’illustrèrent en inventant une risible conspiration soi-disant fomentée par l’UEFA, scenario que même l’auteur de Caliméro n’aurait pas su inventer.
Petit rappel des faits : à trois minutes du terme des prolongations, sur un centre de Wiltord, Abel Xavier décida de faire du tennis-ballon dans ses seize mètres et provoqua un penalty aussi évident qu’indiscutable. S’en suivit un pétage de plombs général de melons rouges et verts ayant pour cible l’arbitre autrichien Gunter Benko qui avait pourtant fait son boulot en donnant la victoire aux Français. La punition allait s’avérer salée pour les Portugais car en se défendant avec des arguments aussi comiques qu’un Brélaz en mankini, les protagonistes (Bento, Abel Xavier et Nuno Gomes) ramassèrent une suspension méritée de six mois chacun de l’UEFA.

Pourquoi le Portugal sera-t-il champion d’Europe ?

Sur le papier, le talent est là. Mais cette fois-ci, le Portugal n’est ni attendu, ni favori. On l’adosse déjà comme victime dans ce groupe létal, recalé aux côtés du Danemark, tous deux éliminés par l’Allemagne et les Pays-Bas – eux-mêmes affublés de cette satanée étiquette de favoris. Et Paulo Bento a taillé sec dans son effectif, laissant au pays les expérimentés Ricardo Carvalho et José Bosingwa (et non pas Botswana, comme l’a dit et répété Roger Lemerre un après-midi de Canal+), des trublions qui paient cher leur insoumission au régime, le premier n’ayant pas digéré d’être placé sur le banc des remplaçants, alors que le second aurait simulé une blessure pour s’éviter une convocation dans un match amical finalement pas si insignifiant que cela. Paulo Bento a envoyé un message clair : ses ouailles devront être dévotes au projet, tenir leur rang dans un collectif, et non pas jouer l’escouade d’individualités fébriles. A ce tarif-là, le Portugal semble suffisamment armé pour aller loin, très loin.

Pourquoi le Portugal va se vautrer lamentablement au 1er tour ?

Parce que les Allemands apporteront la croix, les Hollandais les clous et les Danois le marteau. Amen !

Comment le Portugal sera-t-il champion d’Europe?

Un Euro, c’est long d’un mois. Ou court de quelques semaines. Pour arriver à ses fins, il faut être capable de monter en puissance. Jeter, d’entrée de tournoi, toutes ses forces dans la bataille s’apparente au suicide généralisé. Etre trop beau trop tôt, c’est carrément inutile, demandez aux Bataves de 2008. Mais dans ce terrible groupe B, il faudra être parfait dans la gestion de l’effectif et dans l’équilibre des forces.
Même si le Portugal s’inclinera chichement lors de l’entrée allemande (0-2), il fracassera ensuite Danois (3-1) et Néerlandais (2-1) pour s’immiscer en quart de finale et s’assurer une bonne vieille victoire, bien pourrie face à des Russes déjà miraculés (1-0). Le coup de mou étant passé sans le couperet de l’élimination, le Portugal tartera ensuite l’Espagne (3-2) avant de soulever la Coupe devant un parterre d’incrédules, y compris une équipe allemande qui crèvera encore au poteau (2-1).

Comment le Portugal va se vautrer lamentablement au 1er tour ?

Secoués par leur défaite face à la grande équipe de Suisse, les Allemands vont se venger d’entrée de tournoi en infligeant un sec 3-0 à mes amis portugais. Ces derniers se plaindront immédiatement au TAS car l’UEFA aurait disséminé du poil à gratter dans le gazon ukrainiens pour stopper les persistantes roulades de Moutinho et compagnie. Pepe est averti. CR7 boude.
Lors du deuxième match, les hommes de Bento se refont une santé après un 3-3 arraché suite à trois sorties aériennes manquées de Sørensen, aussi à l’aise dans cet exercice qu’un supporter de Wigan devant une bouteille d’Henniez. Pepe est averti. CR7 boude.
Pour le dernier match, c’est une grosse confrontation face aux Gouda boys qui s’annonce car les Portugais se doivent de prendre les trois points pour se qualifier. Pepe est averti à deux reprises pour des tacles «limites», l’un sur l’omoplate de Van Bommel et l’autre sur l’oreille de De Jong. L’arbitre anglais Howard Webb oublie de l’expulser mais se rattrape quelques minutes plus tard en montrant le rouge à Pepe qui vient de blesser intentionnellement Cristiano Ronaldo. Ce dernier avait en effet mis un bras d’honneur destiné à la copine du boucher qui le narguait en tribune. Robben score l’unique but du match sur son premier penalty réussi de l’année.
Les Portugais rentrent au pays. C’est triste les nuits ukrainiennes sans klaxon.

Les forces du Portugal

Dire que le Portugal est pétri de talent est une lapalissade idiote, un truisme latent.  Il y a déjà Cristiano Ronaldo. Bien sûr. Las des critiques puérils et des comparaisons avec Lionel Messi, l’homme sort d’une saison hallucinante, un titre de champion en poche, des certitudes avérées et quelque 46 buts en championnat, 60 avec la Ligue des Champions. Mais Ronaldo ne sera pas seul. Il se profile comme le chef d’une meute mature, qui vit de grands clubs et de succès prolixes : Nani, Pepe, Coentrao, Raul Meireles, Bruno Alves, Moutinho. Sous Paulo Bento, le collectif sera roi, et l’osmose portugaise aura enfin raison des critiques futiles et du narcissisme qui jusqu’alors égratignait la réputation de la Selecçao.
2004, c’était d’ailleurs l’ode à la tactique et à la discipline ; des vertus alors immiscées par Otto Rehhagel et la Grèce. Paulo Bento a repris les rênes du Portugal, et avec lui des motifs disciplinaires. Sous la houlette du satrape Carlos Queiroz, ça suintait la guéguerre, la bisbille interne qui tournait autour de choix tactiques défensivement inadéquats, peu à même de tenir le bon Cristiano Ronaldo au taquet. Deux buts en deux ans pour Ronaldo sous l’ère Queiroz. Depuis l’avènement de Paulo Bento, Ronaldo enfile les buts à intervalles réguliers, avec ce rythme quasiment madrilène: neuf buts en onze matchs.

Les faiblesses du Portugal

Le Portugal ne constitue pas une équipe de foot. C’est tout au plus un amalgame de joueurs  ultra-narcissiques, à qui il faudrait donner à chacun un ballon plastique pour qu’ils nous fassent un beau spectacle, comme les otaries dans un cirque aquatique. En plus de ce manque d’unité, les Lusitaniens vont débarquer à l’Euro avec la plus mauvaise défense du tournoi. Avec 1.4 buts concédés par match lors des éliminatoires (dont un 4-4 contre les mirifiques Chypriotes), on peut souhaiter bon courage à Coentrao et cie avant d’aller défier les potes oranges de Van Persie qui ont enfilé la bagatelle de 3.7 buts de moyenne dans leur groupe de qualification.  
Et comme si ces signes de faiblesses ne suffisaient pas à retirer le triple A à la troupe de Bento, on s’aperçoit que le Portugal est aussi bien armé au poste d’avant-centre que Suisse et Grèce confondues. Considérant les brouettes de centres balancés dans la boîte par les Nani et Ronaldo des bons jours, le Portugal peine indubitablement à marquer, comme le démontre le 0-0 de dimanche contre la délicieuse Macédoine. Du coup, ressortir le vieillissant Nuno Gomes de son EMG et sélectionner le jeunot Nelson Oliveira avec ses trois buts de la saison au compteur ne vont pas faire perdre le sommeil à leur adversaire du groupe B.

Quels joueurs portugais vont illuminer l’Euro?

Cristiano Ronaldo, of course. Il illuminera la galerie d’une prestation digne d’un Ballon d’Or. Mais il n’est évidemment pas seul à bord, même si la performance du Portugal sera étroitement liée à sa volonté, ou pas, d’endosser ce rôle de capitaine, celui qui doit suer pour les autres, s’abandonner aux sacrifices ultimes, encaisser les critiques et assumer les tâches lourdes. Cristiano Ronaldo doit son patronyme à Ronald Reagan, ancien président américain et acteur favori du père de Cristiano. Cristiano dos Santos Aveiro, dit Ronaldo, saura-t-il se muer en chef de meute, loin de tout narcissisme ? Certainement, et il le fera au grand dam des détracteurs jalousement ronchons.

Quels joueurs portugais vont faire rire l’Europe ?

On s’est beaucoup moqué des Bedjuis et de leur prétendu crétinisme alpin, mais force est de constater que cette tare fut exportée au Portugal en contrepartie des tonnes de morue livrées dans nos vallées. Donc, une tête à claques qui va nous faire glousser durant cet Euro c’est le dénommé Képler Laveran Lima Ferreira, ou Pepe pour les simplets. Tu vois, l’immigré brésilien c’est le gars qui s’est pris dix matchs de suspension pour s’être essuyé les crampons sur Casquero avant de lâcher un bon gros «filho da putas» en direction des arbitres. Avec neuf cartons jaunes en onze Clásicos, ce danger public me parait aussi futé qu’un John Terry farfouillant dans les slips de madame Bridge.
Quant à Ronaldo, il participera comme de coutume à l’hilarité générale en adoptant sa position style «coq sur tas de fumier» avant d’expédier son énième coup franc dans le troisième anneau de la Lviv Arena.

Ton gage si le Portugal est éliminé au premier tour ?

Je m’achète illico presto le maillot de Ricardo Vaz Tê, l’attaquant portugais de West Ham United. Tout ça parce que sa sélection aurait été entièrement méritée, lui qui a propulsé West Ham en Premiership grâce à son but en finale de play-off face à Blackpool. Tout ça parce que c’est un véritable attaquant, la seule denrée qu’il pourrait manquer à la Selecçao. Tout ça parce qu’en retrouvant la Premiership, West Ham a réussi son pari. Tout ça parce qu’en remportant l’Euro, le Portugal en fera de même.

Ton gage si le Portugal est champion d’Europe ?

Dans la lignée des folles cabrioles portugaises, je m’engage cet hiver à plonger dans un bon mètre de neige poudreuse à Veysonnaz, revêtu d’un seul string à l’effigie du Portugal.  

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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4 Commentaires

  1. Sans vouloir faire le rabat-joie et défendre une équipe du Portugal que je ne porte pas dans mon coeur, lors du mondial 2006, face aux Pays-Bas, c’est plutôt ces derniers qui avaient fait les bouchers et cruellement manqué de fair-play (notamment en ne rendant pas la balle qui avait été mise dehors par les portugais).

    Sinon, toujours aussi drôle !

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