Donetsk valait le détour

Un stade exceptionnel, une ambiance de feu, une température pas si glaciale que cela et un match pas mal du tout : d’accord, Donetsk ce n’est peut-être pas la porte d’à côté mais ce Shakhtar – Borussia Dortmund valait bien quelques malheureux kilomètres de déplacement.

Lors du dernier Euro, j’étais sur place en Ukraine lors de la demi-finale jouée à Donetsk mais j’avais renoncé à faire le déplacement, c’était un peu compliqué à organiser et l’affiche (Espagne – Portugal) ne m’intéressait pas plus que ça. Mais j’avais dit sur le ton de la boutade « je reviendrai à Donetsk pour voir du vrai foot, en Coupe d’Europe, avec le Borussia Dortmund ». Dès lors, lorsque les hasards (?) du tirage au sort, ou plutôt des tirages au sort, ont programmé un Shakhtar – BVB, je me sentais obligé de faire le déplacement.

La Donbass Arena est magique

Depuis le temps que je sillonne les plus grands stades d’Europe, j’ai tendance à être un peu blasé. Mais, de temps en temps, il y a encore une enceinte qui peut m’impressionner et la Donbass Arena est de celles-là. Ce stade du Shakhtar Donetsk est vraiment exceptionnel, surtout dans une soirée comme celle-là avec 50’000 fans munis de drapeaux oranges d’un côté, 2’000 supporters en jaune de l’autre, une ambiance incroyable, ce sont juste des images et des sons que tu as envie de garder imprimés dans ton esprit à tout jamais, de ces moments où tu te dis que le football, ça se vit dans les stades et nulle part ailleurs. En plus, contrairement à certaines idées reçues, il ne faisait pas si froid, même si je ne me serai pas hasardé à regarder le match à torse nu comme l’ont fait certains fans ukrainiens.

Des regrets…

Au final, si j’ai adoré ce stade, le match m’a laissé des sentiments plus mitigés. C’était du haut niveau, il y avait beaucoup de rythme et les deux équipes les plus spectaculaires et les plus surprenantes de la phase de poule de la présente Ligue des Champions ont montré qu’elles n’avaient pas éliminé Chelsea, respectivement Manchester City, par hasard. En revanche, je reste persuadé que le BVB aurait pu prendre une option plus décisive sur la qualification. Il y a ce début de match où les Allemands dominaient leur sujet, ont tiré sur la latte par Hummels mais ont pris un goal sur la première offensive adverse, un coup franc pas franchement imparable de Darijo Srna. Et puis il y a ce deuxième but, au moment où le BVB semblait prendre l’ascendant physiquement sur un adversaire à court de compétition, sur un ballon anodin qui échappe à Hummels et Schmelzer et permet à Douglas Costa de réussir un superbe enchaînement. C’est un peu malheureux de globalement contrôler le match mais de prendre deux goals sur les quatre occasions adverses en raison d’erreurs de concentration qui deviennent récurrentes.  

… mais pas que

D’un autre côté, cela aurait pu être bien pire. Le but de Robert Lewandowski est un peu chanceux car le Polonais avait loupé sa frappe dans un premier temps, ce qui lui a permis de feinter les deux défenseurs adverses. Et puis il y a eu cet incroyable sauvetage de Schmelzer devant Teixeira juste avant la pause puis ce ballon juste après le 2-1 qui a navigué devant le but et aurait tout aussi bien pu finir en 3-1. Au final, on peut donc vivre avec l’égalisation obtenue sur le tard par les deux héros malheureux du deuxième but ukrainien, Marcel Schmelzer au corner et Mats Hummels à la reprise. Et du coup, je pardonne à Mats à la fois son erreur sur le but et le fait d’avoir été trop concentré sur son match pour me prendre en photo avec Marco Reus lorsque je les ai croisés avant la partie en passant d’un bar à l’autre. Du coup, c’est un membre du staff qui a pris la photo dans la grisaille et le brouillard de Donetsk mais elle est un peu floue. Définitivement, le mode groupie adolescente ne me convient pas trop, je suis plus à l’aise dans le rôle du supporter buveur de bières.   

Méfiance

La presse allemande a plutôt bien accueilli ce résultat et parle d’une option sur la qualification. Certes, mais je me méfie encore beaucoup de cette équipe du Shakthar ; déjà, elle a plus l’expérience de ces matchs aller-retour à élimination directe que le Borussia Dortmund dont la quasi-totalité de l’effectif découvre ce type de rencontres. Ensuite, cette formation ukrainienne a un jeu qui ressemble passablement à celui du BVB, soit avec des joueurs très fort techniquement et une capacité à mettre beaucoup de vitesse dans le jeu. Et l’entraîneur Mircea Lucescu est un malin : même si son équipe ne sera pas qualifiée au coup d’envoi du match retour, elle va probablement laisser encore davantage l’initiative du jeu au Borussia Dortmund dans l’ambiance surchauffée du Westfalenstadion qu’elle ne l’avait fait dans son propre stade pour mieux le surprendre en rupture. En fin de compte, ce sera peut-être bien l’équipe qui commettra le moins d’erreurs qui va passer et, sur ce plan là, on n’est pas complètement rassuré par les dernières sorties du BVB, auquel il reste trois semaines jusqu’au retour pour retrouver sa sérénité défensive des deux saisons passées. Parce que maintenant que le titre est irrémédiablement perdu, il faut compter sur la Ligue des Champions pour amener un peu d’exaltation dans cette fin de saison dortmundoise. Tu sais que je n’aime pas trop la ligue à pognon de l’UEFA avec sa formule actuelle, ses affiches répétitives, son mode de qualification et son côté bling-bling, d’ailleurs je ne la regarde plus que d’un œil distrait à la télévision. Par contre, quand tu as la chance de te retrouver avec ton équipe favorite dans un stade comme la Donbass Arena, tu oublies les à-côtés nauséabonds et fades de cette compétition, il ne reste plus que deux équipes, quelques dizaines de milliers de spectateurs déchainés et une victoire à conquérir, largement de quoi vibrer comme cela a été le cas mercredi soir.  

Shakhtar Donetsk – Borussia Dortmund 2-2 (1-1)

Donbass Arena, 52’518 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Webb.
Buts : 31e Srna (1-0), 41e Lewandowski (1-1), 68e Douglas Costa (2-1), 87e Hummels (2-2).
Donetsk : Pyatov; Srna, Chygrynskiy, Rakitskiy, Rat; Fernandinho, Hübschmann; Alex Teixeira (83e Eduardo), Mkhitaryan, Taison (62e Douglas Costa); Luiz Adriano.
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Santana, Hummels, Schmelzer; Bender, Kehl; Blaszczykowski (80e Leitner), Götze, Reus (91e Schieber); Lewandowski.
Carton jaune : 70e Fernandinho.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

5 Commentaires

  1. Ouais, en fait t’es un bon donneur de leçons qui critique la Ligue des Champions à longueur d’année mais qui est le premier à courir à Madrid ou Donetsk dès que ton équipe y joue.

    C’est bien la le problème du foot actuel : tout le monde critique l’aspect « business » de ce sport, mais tant que les stades sont pleins, ce n’est pas prêt de changer.

  2. Salut Julien,

    vu que tu connais bien le foot allemand, je me posais une question.
    Quel est le positionnement des clubs allemands vis à vis de la ligue Europa ? La jouent-t-ils à fond où préfèrent-ils la mettre de côté pour se concentrer sur la Buli, comme le font des clubs anglais ou des clubs comme Naples.

    Parce que les résultats des trois clubs allemands en Europa m’ont plutôt surpris (défaite à domicile pour Leverkusen, défaite 3-1 à l’extérieur pour Hannovre et match nul peu avantageux pour le retour pour Gladbach).

  3. Je me rejouis d’avance de lire les justifications pathetiques de Mouquin lorsque son equipe cherie Dortmund se fera sortir de la Ligue des Champions par l’equipe qu’il deteste tellement : le Barca.
    J’imagine deja la mauvaise foi de Mouquin materialisee sous toutes ses formes : c’est de la faute de l’arbitre, de la pelouse, du terrain, du public. C’est un complot de l’UEFA, de la FIFA, du CIO, de l’UNICEF, de la NASA, de la meteo, de la nourriture, des moustiques, etc…

  4. Ah le foot allemand….

    On veut nous faire croire que la Bundesliga est le meilleur championnat du monde, le plus passionnant, etc.

    Cette année, la Bundesliga est aussi excitante que le championnat d’Ecosse…

    Le titre est joué, on sait qui va finir 2, 4 et 4 et on sait qui va être relégué…

    Donc, à part des stades bien garnis, la Bundesliga n’est pas si belle que ça (cette saison en tout cas), non ?

  5. @Adrien

    Pour le coup je suis clairement pas d’accord.

    Autant je suis le premier à défendre les foots espagnols et italiens lorsque Julien tente de nos faire gober que ceux-ci (surtout l’Espagne) ne présente pas le moindre intérêt.
    Autant concernant la Buli, il faut reconnaitre que c’est un championnat sous médiatisé qui mérite clairement le détour.

    Outre des stades plein, on assiste généralement à un jeu porté vers l’avant et très spontané qui peut donner lieu à des matchs vraiment spéctaculaires.

    Non pour moi, le vrai championnat surcoté c’est la premier league, où à part les 7-8 premiers, y’a vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent (ce qui, à mon sens n’est pas le cas ni en Buli, ni en Liga, ni en Série A).

    Après je te l’accord, le championnat semble joué. Mais bon cette saison, c’est un peu le cas partout : Angleterre, Espagne, Allemagne. Il reste un peu de suspens en Italie (surtout avec la défaite de la Juve ce soir) mais j’y crois peu : les poursuivants sont trop irréguliers.

    Quoiqu’il en soit je reste surpris des résultats des clubs allemands en Europa.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.