Qu’est-ce qu’on leur a mis !

«Support Your Local Team» peut-on apercevoir dans de nombreux stades ou sur de nombreux forums spécialisés par les supporters des clubs de leurs villes cherchant à dénoncer ce que nos amis d’outre-Sarine appellent communément les «Modefans» tantôt pour ManU, tantôt pour le Barça, ou tantôt pour le FC Novartis lorsque les millions de leurs propriétaires les rendent plus attractifs selon la période. Autant dire que pour un anti football moderne aussi farouche que moi, ce slogan m’a toujours plu. Tant pis pour moi si je suis né à Lausanne et que je ne verrais sans doute jamais mon club de cœur champion de Suisse. Ça doit s’appeler la malchance ou le destin, c’est selon !

Sauf que depuis désormais deux ans maintenant, je suis résident de cette sympathique bourgade sise au nord de la capitale vaudoise, répondant au doux nom du Mont-sur-Lausanne. Son club de football s’appelant tout simplement FC Le Mont-sur-Lausanne. «My New Local Team» en quelque sorte. D’autant plus que mon fils ainé fait les beaux jours des Juniors F2 dudit club. Ainsi, lorsque suite à la magnifique victoire, à laquelle je n’ai malheureusement pu assister, de sa première équipe en seizièmes de finale de la Coupe de Suisse face au FC Wil, le tirage au sort a désigné l’éternel «loser» du football helvétique de ces 25 dernières années, soit le BSC Young-Boys, j’ai immédiatement annoncé à mon cher rédacteur en chef que je m’occupais du compte-rendu, persuadé qu’un exploit était possible.Bon, ce n’était pas gagné d’avance. Certes, la première équipe a fière allure. Néo-promue en 1ère ligue promotion, elle caracole en tête tout en pratiquant un football alléchant et offensif. Pour les avoir vu évoluer à deux reprises cette saison, j’ai pu me rendre compte qu’il y avait du lourd dans cette formation. Mais bon, en face c’était Delémont et Breitenrain. Pas l’équipe aux deux internationaux helvétiques, à l’entraîneur star du moment et au deuxième budget du pays !

Toutefois, plus le match approchait, plus la tension montait. Les préparatifs pendant la semaine allaient bon train, les connaissances locales étaient autant motivées que moi, et l’inscription au papet vaudois d’après-match effectuée. Le long déplacement en train matinal (ah oui je rentrais d’un déplacement professionnel à Paris le jour même) me permit de me mettre en condition psychologique pour la rencontre en lisant l’excellent reportage sur Richie McCaw dans L’Equipe Magazine. Rien de tel que la pression positive d’une légende des All-Blacks pour renverser des montagnes !
Départ donc à pied de la maison en milieu d’après-midi pour le Châtaigner afin d’y retrouver un beau-père déjà au taquet et rejoindre les quelque 2’000 spectateurs qui vont répondre présents malgré un froid vif dès le soleil couché. C’est dix fois plus que d’habitude et on sent bien «l’esprit de la Coupe» si cher à nos amis de la RTS. Le coup d’envoi donné par Chappi donne un peu plus d’ampleur à l’événement et c’est parti pour 92 minutes de folie espère-t-on secrètement dans la tribune principale en tubulaires et sur les palettes CFF déposées autour du terrain. La présence assez bruyante, mais sans excès majeur, de deux à trois cents supporters bernois donne un peu plus de dimension encore à l’instant présent.
Dès l’entame de match, les Montains dominent leur sujet et mettent la pression sur Marco Wölfli. Mais la défense bernoise veille et, bien dirigée par Steve Von Bergen, empêche les locaux de se montrer trop dangereux. Le terrain boueux mais largement praticable incite au jeu collectif simple et direct des hommes entraînés par Claude Gross. Mais c’est sur un exploit individuel, soit une splendide frappe brossée de Sid-Ahmed «Zinedine» Bouziane que l’ouverture du score est réalisée. Un à zéro. Balle au centre. Et première tournée !

La réaction bernoise tombera un bon quart d’heure plus tard lorsque la défense montaine oubliera Gerndt qui peut battre le gardien Gentile en un contre un. Pas franchement mérité mais pas volé non plus. Alors qu’on pouvait penser que les rouges et blancs avaient laissé passer leur chance et logiquement céder face aux jaunes et noirs, il n’en fut rien et, à l’image d’un Gilberto «Roberto Carlos» Reis, les locaux vont multiplier les actions, surtout sur le côté gauche d’une défense bernoise à la rue, à l’instar d’un Alain Rochat particulièrement dépassé. Pas étonnant en même temps : un Suisse qui a joué à Vancouver, ça en jette au hockey mais pas au foot… Et c’est finalement fort logiquement que Domo peut battre Wölfli de près sur une nouvelle merveille de ballon brossé par Bouziane sur corner. 2-1. Nouvelle balle au centre et surtout nouvelle tournée de mousse fraîche.
Arrive alors cette fameuse 42ème minute et ce penalty sifflé par Monsieur San pour une faute à la limite de la surface. Costanzo s’élance, frappe sur sa droite mais Claudio «Buffon» Gentile part du bon côté, se détend bien et stoppe l’envoi de l’Italo-Suisse. Ça sent le tournant du match à plein nez et ça nous permet de remettre une tournée juste avant la pause. On en profite de changer de côté en même temps que les joueurs afin d’être aux premières loges pour admirer les actions montaines, et accessoirement rejoindre deux compagnons de tournées.
Au retour des vestiaires, l’équipe des hauts de Lausanne semble ne pas vouloir jouer petit bras et affiche les mêmes intentions qu’en première mi-temps. Lorsque après à peine 6 minutes de jeu, Bouziane, encore lui, offre un caviar à Ange «Eto’o» N’Silu pour le 3 à 1, le Châtaigner explose ! Certes, il reste près de quarante minutes mais avec deux buts d’avance et la sérénité affichée par cette équipe, on se met sérieusement à y croire. Nouvelle balle au centre et, évidemment, nouvelle tournée.

Incapable de réagir, YB fait peine à voir. Le Mont tient bon et les minutes, bien qu’interminables, passent tout de même. Claude Gross effectue deux changements à un quart d’heure de la fin pour insuffler un peu de sang frais et on en profite pour remplacer les mousses par du Clos de la République de chez Fonjallaz à Epesses. Version chasselas. Et quand Ridge «Weah» Mobulu, bien servi par M’Futi, trompe le gardien bernois pour la quatrième fois de la soirée, c’est du délire, sauf du côté des ultras bernois qui achèveront les balustrades. Balle au centre pour la dernière fois et dernière tournée de blanc.
Au coup de sifflet final, on sent bien que c’est un véritable exploit que les hommes du président Serge Duperret ont réalisé. Des scènes de liesse ont lieu sur le terrain. Joueurs, staff, dirigeants et supporters tombent dans les bras les uns des autres. La soirée durera encore longtemps pour une bonne partie de ce petit monde. Papet et Clos de la République, en version rouge cette fois, feront bon ménage et c’est en pleine tempête et plusieurs heures après le match qu’on quittera le Châtaigner. Quelque peu éméchés mais surtout fiers de cette équipe pétrie de talent et de culot. L’ogre bâlois n’a qu’à bien se tenir. Et un 4 décembre, au Châtaigner, faudra en avoir pour défier le fleuron du football romand.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images, et Grégoire Etienne

Le Mont-sur-Lausanne – Young Boys 4-1 (2-1)

Le Châtaignier, 2000 spectateurs.
Arbitre : M. San.
Buts : 14e Bouziane 1-0; 31e Gerndt 1-1; 37e Domo 2-1; 52e Nsilu 3-1; 86e Mobulu 4-1.
Le Mont : Gentile; Reis, N’diaye, Rego, Domo; Gabriele, Mejri (73e Kilinc), Bouziane (89e Gasic); Mobulu, Nsilu, Morganella (76e M’Futi).
YB : Wölfli; Hadergjonaj, Veskovac, Von Bergen, Rochat; Costanzo (64e Kubo), Gajic; Zarate, Frey (67e Afum), Steffen (64e Nuzzolo); Gerndt.

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8 Commentaires

  1. Effectivement, faudra en avoir pour relever le défi au mois de décembre, déjà que la pelouse etait exécrable ce week-end et a largement contribué à remettre les 2 équipes au même niveau.
    Mais c’est aussi ça la magie de la coupe. Le foot est un sport d’extérieur qui ne se joue pas forcément sur les billards version champions league.

  2. le mont def. petit club des haut lausannois complètement artificiel condamné a jouer dans quelques années en 3 eme ligue si tous va vien…PS bravo quand même pour la magnifique et tres méritée victoire contre YB

  3. Étant fan de YB et au stade samedi au Mont, je ne peux que féliciter le Mont pour sa performance et sa maîtrise du match. Une équipe solidaire et combative, au contrario de YB, dont le comportement désintéressé et arrogant est bien ce que m’inquiète le plus.
    Il ne me reste plus qu’à souhaiter bonne chance aux Montois pour la suite, même si ça m’étonnerait que le FCB ait la même suffisance…

  4. Bon article qui démontre bien que le football procure des émotions franches à tous les étages!

    Pour répondre au premier commentaire néanmoins… A part les citoyens et supporters du mont, y’a pas un vaudois normalement constitué qui a pu vibrer à cet exploit… Faudrait voir pour arrêter de se branler la nouille! Ce club n’intéresse au mieux que 200 alcoolos du nord de la ville… Il est qui plus est monté de toute pièce à coup de milliers de francs bientôt regrettés par un président mégalo aussi crédible qu’un courge dans une soupe de poireaux… Dont la misérable performance de dimanche soir en direct sur la rts aura confirmé tout le bien que le 99% du canton pense de lui. Bref le mont, beaulmes, lechelles, jorat-mezieres… Que des bernard tapie ratés à la sauce vaudoise qui jouissent en donnant du plaisir à 5 vieillards et 3 équipes de f… Inutile et inutile…

  5. Et pourtant Jean-Mimi, Le Mont (machin) bat il grande YB. On peut pas en dire autant du LS… L’argent ne fait pas le bonheur mais y contribue. Regarde où est le PSG… peut-être qu’un jour Le Mont sera également tout en haut du palmarès vaudois (blague).

    Sur ce, meilleures salutations.

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