Les caméras de la Révolution (5/5)

Pour compléter notre enquête sur l’esprit révolutionnaire qui souffle dans le football, nous étions obligés de passer par la route du cinéma. En effet, la caméra se montre plutôt pragmatique quand il s’agit de sensibiliser ou exprimer une idée. Nous vous présentons trois documentaires à en insurger plus d’un. Vous avez le poing levé? Bon, alors silence, moteur et… révolution !

Les rebelles du foot

Ils s’appellent Mekloufi, Sócrates, Pasic, Caszely ou encore Drogba et ils ont su dire non! A l’heure où le foot business gangrène notre rapport au sport et pourrit ses valeurs et vertus, l’indomptable Cantona réveille encore les consciences. Il présente le parcours de joueurs qui, au-delà de leurs performances sportives, se sont opposés à un pouvoir ou qui ont participé à une lutte. Se faisant, ils sont ainsi devenus des figures de proue de la résistance ou de la rébellion.
Cantona s’est fait donc le chantre du film «Les rebelles du foot», un documentaire qui réaffirme les valeurs du sport dans la société à travers cinq histoires vibrantes de sincérité et d’émotions. «Qu’est-ce qu’on connaît du football? La Ligue des Champions, le montant des transferts, les tribunes qui sifflent, la violence, le business, les matchs truqués, le dopage? Vous avez raison, c’est ça aussi le foot. Mais moi je vais vous parler d’autre chose. Je vais vous parler des vraies valeurs, des hommes. Je vais vous parler de mon football. Celui que j’ai joué. Celui que j’aime.» dixit King Eric.
Ce film dresse le portrait de cinq héros. Tout d’abord, l’histoire de Didier Drogba qui, en pleine guerre civile ivoirienne, ignore les mises en garde de son club et de ses agents pour lancer un appel à l’unité et demander aux deux parties de déposer les armes (en 2004). Puis, Canto chante celle du Chilien Carlos Caszely qui fut, en 1973, un des rares footballeurs d’envergure à s’opposer et à défier ouvertement le régime militaire de Pinochet. Il refusa même ostensiblement de saluer le dictateur!

Puis, la pellicule se déroule avec Rachid Mekhloufi, joueur de l’équipe de France qui, pendant la guerre d’Algérie, a choisi la clandestinité et a rallié son pays pour défendre les couleurs de l’équipe du FLN. On y découvre encore le destin de Predrag Pasic. Défiant les  bombardements et les haines raciales pendant la guerre yougoslave, ce dernier a choisi de fonder une école de football multi-ethnique dans le Sarajevo assiégé des années 1990.
Pour terminer, Cantona rend hommage à la vie fantastique du Brésilien Sócrates qui, au début des années 1980 et en pleine dictature militaire, a transformé chaque match en meeting politique pour la démocratie.

Copa Hombre nuevo

A la fin janvier 2012, des équipes d’Argentine, du Brésil, du Chili, de Bolivie, d’Angleterre, de Belgique et de Lituanie ont participé à la première édition de la Copa America Alternative Hombre Nuevo, dans la ville de Cologne Caroya, en Argentine.
 
Il en a résulté un documentaire, produit par le collectif Hombre Nuevo et réalisé par Stephen Giachero qui raconte l’ébauche d’une alternative militante. Le cinéaste s’intéresse aux contrastes entre le football dominé par l’esprit commercial et les alternatives solidaires. Le pari était de disputer un tournoi de football en alternance, sur et en dehors du terrain, et débattre à travers cet événement du contexte actuel avec les divers protagonistes: le foot business, achat/vente de joueurs, le football masculin et féminin, le football mixte, Maradona ou Pelé ou encore la crise économique.
Ce film tente d’explorer ces échanges à travers des entretiens avec les différents acteurs et membres des clubs participants. Il retrace l’esprit d’unité qui a animé les moments partagés par les joueurs, parents et amis, au-delà de la barrière des langues, avec, comme fil rouge, le Che (Argentine oblige!) et le football.
A noter que la seconde édition s’est déroulée en février à Gualeguaychú, province d’Entre Ríos avec des équipes du Brésil, Chili, Angleterre, Lituanie, Allemagne et France ainsi que bien d’autres formations argentines.

Amando à Maradona

La passion argentine. Il faut adorer, vénérer Maradona ou au moins être argentin pour réaliser un documentaire pareil. Juan Martin Vazquez remplit les deux conditions. En 2005, il a signé un film qui fait littéralement dresser les poils. On aime ou on aime pas Maradona, mais ce documentaire, sorti trois ans avant le très médiatisé Maradona de Kusturica, vaut la peine d’être… vécu.

Au cours du tournage en 2004, Maradona était au plus mal. Il se trouvait en désintoxication à Cuba où il livrait un combat contre la dépendance à la cocaïne. Devant la caméra, Il se livre sans compromis. Pathétique, quand il peine à articuler. Drôle et tendre avec sa famille et ses amis et «surpernatural»  balle aux pieds. En dépit de ses travers et de ses dérives, il reste vrai, entier, sincère.  En regardant ce documentaire, vous allez pleurer, rire, et vous aller finir par l’adorer.
Définitivement. De la naissance de Maradona à la cure dans la clinique de Cuba, le Pibe de Oro est mis à nu avec passion mais une grande pudeur également. Entrez dans sa vie intime, célébrez-le sur la plage de Copacabana où il a inspiré chanteurs et artistes, allez l’adorer dans l’église Maradonania, partez sur ses pas à Naples… Bref, si il ne faut en retenir qu’un seul, ce sera celui-là: Amando à Maradona. La joie, l’amour, les chants, les souvenirs. Quel sacré gaillard ce Diego!

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7 Commentaires

  1. On nous pond (pas de connotation négative) un article sur des révolutionnaires et contre le football business et on nous fait l’apologie d’un tricheur et d’un dopé à la fin…comprends pas.

  2. vous devriez quand même suivre un peu mieux l’actualité de Maradona et de ses prises de position en faveur des joueurs et à l’encontre de la FIFA. A ma connaissance, il n’est pas le seul joueur DOPE ou DROGUE ni le seul TRICHEUR et regardez le film avant de parler d’APOLOGIE. ET joyeux Noël quand même.

  3. Drogba, alias le mec cupide par excellence qui court constamment après le contrat le plus lucratif possible, cité comme un «révolutionnaire» gauchiste empreint de justice sociale et proche du peuple ? J’ai rarement eu l’occasion de lire de telles conneries.

    Ou l’art de chier contre le système capitaliste du sport-business qui lui a bien rendu service à lui, ainsi qu’a tant d’autres, dont le sinistre Che en passant — et histoire de se mettre au niveau de l’infâme mélange sport-politique. En matière d’hypocrisie, la barre est placée très haute.

    Bref, heureusement que cette propagande bolchévique transpirant la fausse philanthropie est terminée avec cette dernière partie.

  4. Merci de nous contre balancer avec une série sur les fachistes du football. et les racistes et leurs débordements sur et en dehors du terrain. comme ça on aura une vue complète.

  5. Merci pour cette série, je l’ai lu avec plaisir et ai aussi visionné les documentaires, toujours intéressant.

    Le Jinks a tout de même lu toute la série en prenant à chaque fois le temps d’écrire un commentaire négatif, comme quoi il a dû avoir une relation particulièrement difficile avec le thème révolution et surtout le Che. Après sa belle série critique sur la FIFA, on se demanderait même s’il ne bosserait pas pour eux…

  6. Sympa cette série, merci Nadine. Vraiment cool les liens sur les vidéos notamment en ces périodes de fêtes où il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent à la TV.

    Bonne fête

  7. C’est vrai que c’est un peu facile pour un joueur de critiquer le système qui lui file dans de fric et je « jouer » au rebelle. Totalement ridicule.

    Le seul vrai rebelle finalement, c’est ce Javier Poves, présenté dans un précédent reportage.

    Maradona ne sera jamais un exemple ni une personne recommandable, mais ils sont peu à avoir donné autant d’émotions aux gens.

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