Quel dommage ! La Suisse s’incline sur un rien

La Suisse a mordu la poussière face à la Suède lors de son deuxième match du tournoi olympique (1-0). Une défaite (encou)rageante tant la Nati a tenu la dragée haute à un favori pour le titre.

J’espère que vous avez relevé dans le chapeau le petit jeu de mot subtil qu’un journaliste du Matin n’aurait pas renié. Les médias romands avaient d’ailleurs beau dire : lorsque deux nations se retrouvent pour la première fois après une finale d’un Championnat du monde, on appelle ça une revanche. Certes, la donne était aujourd’hui différente mais la Suisse avait raison de croire en ses chances avant de pénétrer sur la glace du Bolchoï de Sotchi pour y affronter la terrible Suède, dans une ambiance bon enfant qui a vu le froid public entamer une ola à faire pâlir d’envie le speaker de Genève-Servette.La Suède au hockey, c’est un peu le pendant des Pays-Bas au foot. Une nation pas beaucoup plus peuplée que la Suisse, mais avec une mécanique de formation sportive si bien huilée qu’elle sort des talents à tour de bras lui permettant de régater avec les meilleurs. Avec presque trois fois plus de licenciés que de par chez nous, le hockey suédois a encore de beaux jours devant lui.

Pour cette raison, et aussi parce que Steen, Karlsson, Landeskog ou encore Alfredsson, la Suisse ne pouvait pas se permettre de négliger les détails si elle entendait déjouer les pronostics. Les absences sur blessures des deux Henrik Sedin et Zetterberg ainsi que de Johan Franzén laissaient la place à quelques lueurs d’espoir. On était en droit d’espérer que, malgré toutes les stars qui lui restent, la Tre Kronor (prononcez «Tré Kröné» @ Laurent Bastardoz) sentirait quand même un peu passer la défection de ces tôliers, dont celle de son capitaine n’a été officialisée que quelques heures avant le coup d’envoi. De même, on pouvait toujours se convaincre que le faible pourcentage d’arrêts réalisé par Henrik Lundqvist cette saison – oui, 91.8% est un faible pourcentage en ce qui le concerne – donnerait l’occasion à Brunner et consorts de tirer leur épingle du jeu. Et enfin – et surtout ! – la Suisse est vice-championne du monde en titre et était bien décidée à montrer à ces NHLers de pacotille qu’elle n’est pas venue à Sotchi pour faire de la figuration !

La Nati décrescendo

Les Helvètes ont brûlé leurs premières cartouches dès l’entame du match, tirant profit d’un adversaire effrayé par ces espèces de chasubles d’échauffement floquées à la gloire du canton de Schwytz qui leur servent de maillot. Un exemple parlant des progrès qui nous restent à accomplir dans le domaine du soft power, un peu à l’image de la Norvège et ses pantalons de curling.
«J’ai ouvert le score, mais Lundqvist l’a arrêté», aurait ainsi pu dire Denis Hollenstein après 7’30 », lorsque le rempart des Rangers est revenu de nulle part pour sortir de la jambière une reprise de l’attaquant zurichois. Un tournant dans un match alors dominé par les joueurs helvétiques mais sur lequel le favori suédois a pris petit à petit l’ascendant. La domination des joueurs de l’indescriptible Pär Mårts atteindra son paroxysme au milieu de la seconde période, alors que la Nati concédait coup sur coup deux pénalités mineures.
Heureusement, la Suisse a pu compter sur Reto Berra pour la maintenir dans la partie. Celui qui est en passe de réussir le saut dans la plus grande ligue du monde a impressionné par son calme et ses multiples arrêts déterminants. Las, le gardien de Calgary a accordé un rebond sur un lancer apparemment anodin, offrant littéralement l’ouverture du score à un Daniel Alfredsson bien trop esseulé au second poteau.

Et maintenant ?

Malgré la défaite, la Suisse a tenu la dragée haute à ses adversaires scandinaves. Notamment en défense où, nonobstant l’erreur de marquage sur Alfredsson, les Streit et autre Diaz ont su modérer leurs ardeurs offensives pour assurer les arrières. On pourra tout de même regretter le relatif faible nombre d’occasions générées en power-play, exercice néanmoins en progression mais dont le potentiel reste sous-exploité (on pense notamment à Weber). Pourtant, en gardant la tête sur les épaules, nul doute que Sean Simpson et ses boys auront leurs chances samedi face à la République tchèque !

Et pour finir, une petite remarque sur nos amis de la RTS qui ont récemment fait jaser sur notre site préféré. Je me suis pris une volée de bois vert dans mon dernier article pour avoir osé jeter une ombre sur la médaille d’or de Dominique Gisin en critiquant les envoyés spéciaux du service public, devenus soudain tout à fait compétents pour certains d’entre vous, chers lecteurs, dans un élan de fierté nationaliste que je ne puis partager entièrement. Au risque de passer pour un opportuniste, je tiens à souligner ici l’excellent commentaire de Laurent Perroton – qui n’en est par ailleurs pas à son premier coup d’essai – réalisé dans des conditions on ne peut plus aléatoires. L’entraîneur de Forward Morges a prouvé à ceux qui en doutaient qu’il n’est nul besoin d’être un ancien champion pour apporter une analyse d’expert pertinente et accessible. Enfin, son discours un peu plus cérébral n’a peut-être pas pour certains le charisme des élucubrations de William Besse, mais finalement ce n’est qu’une question de goût.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Suède – Suisse 1-0 (0-0 0-0 1-0)

Bolchoï Ice Dome, Sotchi, 7968 spectateurs.
Arbitres : MM. Leggo/Sindler (USA/CZE) ; Devorski/Suominen (CAN/FIN).
But : 53e Alfredsson (Karlsson, Berglund) 1-0.
Pénalités : 2 x 2′ contre la Suède ; 4 x 2′ contre la Suisse.
Suède: Lundqvist; Hjalmarsson, Oduya; Jo.Ericsson, Kronwall; Karlsson, Ekman-Larsson; Tallinder; Eriksson, Bäckström, D.Sedin; Steen, Berglund, Landeskog; Nyquist, Johansson, Alfredsson; Ji.Ericsson, Krüger, Hagelin; Silfverberg.
Suisse: Berra; Seger, Vauclair; Streit, Diaz; Weber, Josi; Blindenbacher, von Gunten; Niederreiter, M.Plüss, Moser; Ambühl, Trachsler, Bieber; Brunner, Romy, Wick; Suri, Cunti, Hollenstein.
Notes : la Suisse sans Gardner, Bodenmann, Stephan (tous surnuméraires) ; la Suède sans Zetterberg (blessé). Tir sur le poteau d’Alfredsson (28e). La Suisse sans gardien dès 59’03".

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2 Commentaires

  1. « L’indescriptible Pär Mårts », excellente, celle-là. Une sorte de Horst Tappert (inspecteur Derrick) Suèdois…. ?

    Les matchs de préparation continuent selon la feuille de route prévue, car le tournoi ne commencera vraiment qu’après la phase de groupe… Donc, tout va bien.

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