Saga des cartons rouges : même ses expulsions sont dégueulasses

Il deviendra peut-être le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde. Avec ses 14 réalisations depuis l’édition 2002, Miroslav Klose n’est qu’à une longueur du Brésilien Ronaldo. Faisant pour la quatrième fois partie du cadre de la Mannschaft, le vétéran allemand n’a qu’à inscrire deux petits buts au Brésil pour dépasser le joueur le plus célèbre de ces dernières années. Pourtant, il y a 4 ans, le bon vieux Miro a connu un épisode qui est bien le reflet de l’ensemble de sa carrière. Un carton rouge vraiment pas beau à voir.

Lieu : Port Elizabeth Stadium, Nelson Mandela Bay.
Date : 18 juin 2010.
Match : Allemagne – Serbie (0-1), 2e match de poules du groupe D.
Fautif : Miroslav Klose.
Victime : Dejan Stankovic.

Contexte :

Comme lors de chaque phase finale de Coupe du Monde, l’Allemagne fait immanquablement partie des favoris palpables au titre final. Grande équipe par excellence, la Mannschaft compte toujours parmi les nominés lorsque l’on énumère la liste des prétendants à la couronne. En 2010, lors du mondial sud-africain, les Teutons figurent une nouvelle fois dans la liste des grandissimes favoris. Leur force de frappe en attaque est la même que celle qui avait sévi 4 ans auparavant, lors de leur Coupe du Monde, où leur duo d’attaque avait fait fureur. Composée de la paire Klose – Podolski qui avait alors scoré à 8 reprises, la force offensive allemande pouvait se targuer d’un bilan plutôt positif. Toutefois pas suffisant pour faire mieux qu’une relativement décevante troisième place.


Klose : un mec qui risquait la blessure à chaque but marqué.

Si Lukas Podolski avait contribué à cette belle performance, Miroslav Klose n’en demeurait pas moins le buteur attitré de la Mannschaft. Déjà auteur de 5 buts en 2002, l’actuel attaquant de la Lazio en avait inscrit tout autant lors de l’édition 2006. En 2010, ce diable de Klose ne parviendra pas à faire aussi bien. Toujours associé à Poldi, il en inscrira 4, portant son total à 14. Seulement voilà, force est de constater que la plupart des buts inscrits par l’attaquant fétiche de la Mannschaft sont vilains. Tantôt une tête piquée sans sauter, tantôt un vieux rotoillon dans le petit filet, tantôt un but en taclant. Il y a un point commun à toutes ces réalisations, elles ont toutes été réalisées dans la surface de réparation à moins de 10 mètres de la cage et elles sont toutes moches. Ajoutons à cela une démonstration de joie poussive (en tout cas à ses débuts), une vieille pirouette réalisée avec autant de grâce qu’un Werner Gunthor s’essayant à la gymnastique. N’est pas Nigérian qui le veut ! Un vrai renard des surfaces, doux mélange d’Oliver Bierhoff et de Pippo Inzaghi, qui a toujours été extrêmement bon en équipe nationale, mais qui a souvent été considéré comme une vraie pive en club. Son passage prolongé au Bayern est d’ailleurs certainement à l’origine de cette réputation un peu surfaite. Auteur d’une vingtaine de buts seulement pour les couleurs du club bavarois en l’espace de 4 saisons, il n’aura pas laissé un souvenir impérissable du côté de l’Allianz Arena où Claudio Pizarro ou Giovane Elber sont eux devenus de véritables dieux.
En 2010, dans sa plus pure tradition du but dégueulasse, Klose inscrit le deuxième but de la bande à Joachim Löw face à la faiblarde Australie, lors de la première rencontre de poules de l’Allemagne. Au final, l’Allemagne l’emporte 4-0 et comme souvent lors des scores fleuves, Klose réalise un véritable festival. Rarement décisif, le joueur comptant désormais 35 ans est toujours de la partie lorsqu’il s’agit d’exploser l’Arabie Saoudite, l’Equateur ou… l’Angleterre et l’Argentine.


Bon à savoir : Klose marque en moyenne à 2,50 m de distance.

Les faits :

Après avoir étrillé les Socceroos 4-0, l’Allemagne est en route pour une qualification des plus tranquilles pour le second tour. Se dresse alors sur sa route un obstacle somme toute surmontable, l’équipe de Serbie. D’ordinaire peu à l’aise face aux équipes d’Europe de l’Est et plus précisément des Balkans (notamment face à la Croatie), les coéquipiers de Schweini peinent et ne parviennent pas ouvrir le score. Klose écope d’un avertissement après une dizaine de minutes de jeu, une faute tout à fait quelconque. Alors qu’Ivanovic tente une remontée de balle depuis ses 16 mètres, le Serbe est accroché, presque involontairement, par Klose qui lui marche un peu sur le talon en tentant de récupérer le ballon. La faute typique du joueur qui ne sait pas défendre, un mélange de maladresse et de «veut trop bien faire» qui coûte au  meilleur buteur de la Mannschaft un avertissement sévère. Une vingtaine de minutes plus tard, on assiste pratiquement à un bis repetita. Dejan Stankovic est en possession du cuir à mi-terrain, Klose tente une énième récupération de balle. Proche de chiper la sphère à l’ancien meneur de jeu de l’Inter, il commet néanmoins une petite faute en shootant la cheville du Serbe. L’arbitre Monsieur Undiano, très fiscal sur le coup, siffle et avertit l’attaquant allemand d’origine polonaise pour la seconde fois.
Trente-sept minutes de jeu se sont écoulées et le célèbre numéro 11 allemand doit se résoudre à quitter la pelouse, expulsé par un arbitre il est vrai aussi carré et strict qu’un Suisse-allemand à l’armée (bon, il a tout de même fermé les yeux à la 25e lorsque Klose a continué son action malgré son coup de sifflet). Réduits à dix, les Allemands vont dans la foulée encaisser le seul but de la rencontre par Milan Jovanovic. La suite, c’est une transversale de Khedira et surtout un pénalty manqué (suite à une de ces fameuses mains serbes) par l’autre attaquant Podolski qui, tout orphelin de son compère, perd ses moyens. A l’arrivée c’est une défaite inattendue par le plus petit des scores. Quant au principal intéressé de l’article, il manquera la troisième rencontre face au Ghana pour cause de suspension réglementaire. Une défaite qui sera sans conséquences pour l’Allemagne, puisqu’elle terminera en tête de son groupe. Malgré ce petit accroc face aux Serbes, elle finira pour la troisième édition consécutive sur le podium.


Le vrai duel de cet été : Klose – Ronaldo.

Plein de bonne volonté mais peu esthétique dans son style, Miroslav Klose reçoit ainsi un carton rouge à l’image de sa carrière. Efficace mais affreusement laid. Une expulsion pour deux avertissements absolument représentative de ce qui se fait en matière de carton rouge depuis quelques années. Des cartons rouges pouvant difficilement être reconnus comme mythiques. Qu’on se le dise, l’expulsion directe pour un tacle bien appuyé par derrière est une espèce en voie de disparition. A se demander si se faire sortir pour avoir accroché un maillot et avoir oublié de demander la permission de rentrer sur le terrain n’est pas l’expulsion du futur. Il est bien vrai qu’hormis la main de Suarez en quart et peut-être l’expulsion de Felipe Melo (une valeur sûre) durant le quart Pays-Bas – Brésil, 2010 compte autant d’expulsions mythiques que les Pays-Bas de titres mondiaux.
Bon, on veut bien lui pardonner à Klose. Après tout, comment un mec qui marque des buts immondes à la chaîne pourrait se faire expulser de manière épique ? Un joueur qui ne possède tellement pas de charisme qu’il en a. Une sorte de Nikolaï Davydenko du football. On lui souhaite de pouvoir réussir l’exploit de dépasser Ronaldo cet été en inscrivant deux buts de la tête à trois mètres de la cage de Tim Howard lors de la victoire 5-1 de la Mannschaft face aux Etats-Unis. Au moins comme ça le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde sera un joueur qui se sera aussi fait expulser lors d’un tournoi mondial. Ce qui reste d’ailleurs la seule et unique expulsion de la carrière d’un des joueurs les plus fair-play sur les terrains. En plus qui sait ? Lors de sa 16e réalisation en Coupe du Monde, il nous refera bien une de ces fameuses pirouettes, et rien que pour ça, on l’espère de tout cœur.

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