Saga 1994 : Dominique Herr, le tolérant

La tolérance ? Un mot clé dans son vocabulaire. Enfant, le Bâlois Dominique Herr avait un voisin célèbre: Karli Odermatt. Logique donc qu’avec son frère, il se soit dirigé vers le football.

Dominique n’a pas de club qui le fait rêver: «Quand j’étais junior, j’aimais l’Ajax d’Amsterdam. Mon frère préférait le Bayern de Munich. J’ai toujours dit que je n’aurais pas peur de jouer en Angleterre, en raison du style de jeu.» Le Japon constitue le nouvel eldorado, mais pas le sien! «Cela pourrait être une expérience intéressante, découvrir une autre mentalité, un autre monde…»Son avenir professionnel semble tout tracé: «A l’époque des études, je me suis dirigé vers le commerce. A 17 ans, j’avais mon diplôme en poche. Mais j’ai dû faire un choix. Quoi qu’il en soit, mon avenir après le football est tracé, je m’intégrerai à l’entreprise familiale spécialisée en produits de sécurité. Je m’en occupe d’ailleurs déjà durant mon temps libre.»
La corruption, l’OM, Glassmann… Herr n’imagine pas le même genre de saga en Suisse. «Nous n’en avons jamais parlé entre joueurs. Il ne me semble pas que cela soit possible en Suisse.»

Si Odermatt était davantage un copain qu’une idole, Herr n’admire pas une personnalité outre mesure: «Je suis certes touché par des actions héroïques mais je n’ai pas véritablement d’admiration pour quelqu’un en particulier, si ce n’est pour mes enfants.»
Défenseur, il ne croit pas aux miracles dans le football: «Je suis croyant mais moins que les Valaisans, par exemple. Je respecte chaque mentalité. Je pense que chacun doit être responsable et peut puiser la force en soi.»
La tolérance est le mot clé dans son vocabulaire: «C’est peut-être ma principale qualité mais qui peut se transformer en défaut parfois. Chez les autres, j’apprécie surtout l’intelligence, la facilité d’expression, l’ouverture d’esprit. Je suis content de parler d’autre chose que de football.» Depuis qu’il a quitté son cadre familial pour la Romandie avec son épouse Nicole, Dominique baigne principalement dans le monde du football: «Mes vrais amis sont à Bâle. Nous les voyons régulièrement. Je sais que je peux toujours compter sur eux.»
Pas collectionneur pour un sou, Herr a abandonné ses superstitions: «Avant, j’avais quelques objets porte-bonheur, une montre par exemple.» Les coups de folie au niveau des achats dépendent beaucoup de l’humeur du moment: «Il m’arrive de vouloir acheter un vêtement hors de prix ou changer de voiture simplement pour changer.»
Herr n’aime pas perdre: «C’est vrai, je suis très mauvais perdant. Il m’arrive même de tricher… En famille, ce tempérament est à l’origine de petits accrochages avec ma femme… Je ne joue pas au jass ou juste une fois pour faire le quatrième. Je ne pense pas pouvoir me comparer en tant que joueur et en dehors du terrain. Je suis un type tranquille, ouvert.»  En déplacement, le blond défenseur lit passablement: «Pas des trucs lourds, mais je diversifie mes pôles d’intérêt.»
L’hymne national, Herr le murmure du bout des lèvres: «Je ne connais pas les paroles. Je trouve que je chante plutôt bien, mais ma femme n’est pas de cet avis… Je ne suis pas patriote, cela fait un peu trop militaire… Je suis surtout fier de représenter le foot suisse et son public. Ce que je déteste dans le langage du sport, ce sont les termes guerriers. Le football, c’est du business, certes, c’est mon métier, mais c’est avant tout un jeu!»
Ses fans, il les côtoie volontiers: «Je suis un des rares à rester à la buvette après les matchs. Je ne suis pas un meneur d’hommes ou un boute-en-train qui raconte des blagues. Mais j’adore rigoler et écouter les gens.»

Si aucun attaquant ne lui fait réellement peur, son cauchemar a pour nom Wynton Rufer: «Au début de ma carrière, j’avais fait trois ou quatre très bons matchs. Mais ce jour-là, Wynton m’avait tourné autour. Cela m’est resté!»

Interview, 20 ans plus tard

1. Quel a été ton meilleur souvenir de cette Coupe du Monde 1994 ?
La victoire contre la Roumanie et tous les spectateurs qui sont venus depuis la Suisse pour nous soutenir.
2.  Quel a été le pire souvenir de cette Coupe du Monde 1994 ?
La défaite inutile contre l’Espagne. On avait bien commencé ce match et nous avons eu des occasions de marquer un but avant que l’Espagne n’ouvre le score (sur hors-jeu ?….).
3. As-tu une anecdote ?
Les policiers sur leurs Harley Davidson qui accompagnaient notre bus dès que nous sortions de l’hôtel. C’est peut-être une des raisons pour laquelle je suis aujourd’hui propriétaire d’une Fat Boy.
4. Que fais-tu actuellement au niveau professionnel et/ou sportif ?
Je travaille comme agent général pour une caisse maladie à Bâle.
5. As-tu un pronostic pour l’équipe nationale au Brésil et seras-tu au Brésil ?
Malheureusement, je ne peux pas partir au Brésil pour suivre les matchs en direct. Mais je me réjouis de suivre notre équipe nationale devant la télé. De toute façon, chaque Coupe du Monde me fait penser à ma participation en 1994 et ce sont des très beaux souvenirs dans ma vie. Je pense que notre équipe a de bonnes chances pour se qualifier pour les huitièmes de finale. Après, tout se joue sur un match et on connaît des histoires merveilleuses de «petites» équipes dans des grands tournois.

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