Celui qui sait Crimée le plus fort a toujours raison

Injustement décriée ces temps-ci pour ses agissements en Ukraine par une presse internationale faisant fi de la neutralité journalistique qui devrait être de rigueur, la Russie va prouver au monde qu’elle est grande, que son tsar est tout puissant et que l’anomalie historique que constitue son absence du palmarès de la Coupe du Monde va enfin être rétablie.

1) Pourquoi avoir choisi de présenter ce pays ?J’aurais pu vous dire que le Tsar Marc-Olivier «Vladimir» Reymond me l’avait imposé sous forme d’un diktat de 2’500 pages sous peine d’une punition consistant en 487 années de goulag en cas de refus, mais j’avoue que ce ne serait pas faire honneur à notre rédacteur en chef adoré. Et en plus cela serait loin de la réalité puisqu’il est vrai que j’ai fait ce choix de manière parfaitement délibérée et assumée. En effet, il est de bon ton d’évoquer la Russie par les temps qui courent et certaines vérités historiques se doivent d’être remises au milieu de l’église du village, comme on dit du côté de Sebastopol la Russe. Quitte à devoir chasser l’ours sans bœuf ni charrue.
2) A quoi sert ce pays ?
Plus grand pays de la planète, il sert de contrepoids à la dictature Yankee qui cherche à imposer ses idées au reste du monde. En déliquescence pendant plus d’une décennie, la Russie est de retour sur la scène internationale et ne se laisse pas conter fleurette. Patrie des droits de l’homme, chantre du respect du droit international, l’ex-URSS est à la pointe en matière de respect des minorités et d’anti-corruption.
C’est aussi l’un des plus beaux viviers d’athlètes de toutes sortes de sport absolument passionnants et qui collectionne généralement les médailles aux JO en haltérophilie, en lutte gréco-romaine ou en patinage artistique. Bon c’est aussi la légendaire KLM en hockey et l’unique intérêt du saut à la perche et du tennis féminin.
Enfin, sur le plan du football, la Russie c’est d’abord les souvenirs racontés de l’extraordinaire araignée Lev Yachine, cette vision encore bien réelle du but stratosphérique de Vassili Rats face à la France lors de la Coupe du Monde 86 au Mexique ou, plus près de nous, la belle équipe demi-finaliste de l’Euro 2008 en Suisse et en Autriche emmenée entre autres par Arshavin et Pavlyuchenko.

3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
Reprise en mains par Maître Capello à la suite d’un Euro 2012 catastrophique, la Sbornaja a réussi une belle campagne de qualification en terminant première de son groupe, devançant notamment le Portugal. N’hésitant pas à laisser à la maison les anciens cadres de l’équipe, le stratège italien a réussi à redonner confiance à cette équipe tout en pratiquant un jeu assez léché. Absente des deux dernières Coupes du Monde, un nouvel échec aurait fait tache quatre ans avant d’organiser la prochaine au pays des gazoducs.
Les menaces de déportation au goulag, d’enrôlement de force dans l’armée rouge stationnée en Tchétchénie ou au Daguestan, de désamiantage de la base navale de Mourmansk ou de réfection des réacteurs nucléaires de Balakovo ont sans doute décuplé la motivation des joueurs russes. Les millions de roubles potentiellement versées aux moins fortunées fédérations israéliennes, azéries ou luxembourgeoises ayant vraisemblablement fait le reste.
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Imaginez simplement le tenant du titre organiser la Coupe du Monde. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire car jamais une nation n’a été autant prête à sortir le chéquier pour être sûre d’y parvenir. Comme en plus, le tirage au sort a déjà pu être suffisamment arrangé pour offrir aux hommes de Vladimir Poutine un groupe indécemment faible avec la Belgique, la Corée du Sud et l’Algérie, ils éviteront ainsi l’Allemagne en huitièmes et se chargeront de régler le cas des Portugais comme ils l’ont fait à Moscou durant les éliminatoires. Opposés à des Argentins et des Espagnols en manque de devises, les quarts et les demies ne devraient être qu’une formalité administrative et financière. Dans une finale 100% BRIC, face à des Brésiliens portés par tout un peuple, l’intervention conjointe de Sepp Blatter, de Hans Bach, de Franck Ribéry et des FARCS qui ont joué le résultat de la finale au strip poker la veille, offrira le titre tant convoité à la Russie qui sera ainsi la première nation à étrenner un titre à domicile. Avant le Qatar dans 4 ans bien sûr.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au 1er tour ?
Tout simplement parce qu’on est encore en droit de croire que les dés ne seront pas pipés et que le sport a encore sa place au milieu du business. Et si on s’en tient qu’à la stricte valeur intrinsèque des équipes en lice, la Russie fait un peu peine à voir. Avec 23 joueurs évoluant au pays, fait unique parmi les 32 pays qualifiés, dans un championnat qui n’est quand même pas le plus huppé de la planète malgré les millions de roubles investis, la Sbornaja aura bien de la peine à rentrer au pays la tête haute. Face à une Belgique au bénéfice d’une génération exceptionnelle et une Corée du Sud vive, technique et toujours difficile à manœuvrer, le retour au bercail après 3 matches leur pend au nez.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Si le gardien Viktor Akinfeev est la star de l’équipe et que l’attaquant vedette du Zenit St-Petersbourg Aleksander Kerzhakov est une véritable machine à enfiler les buts et pourrait être un candidat sérieux au titre de meilleur buteur du tournoi, surtout si la défense passoire algérienne y met du sien, il s’agira de surveiller tout particulièrement deux jeunes prometteurs.
Alan Dzagoev, le plus connu d’entre eux, est le milieu offensif qui monte en Russie. Dépositaire du jeu de la Sbornaja et du CSKA, il fait preuve, à seulement 23 ans (il les fêtera le jour du match face à la Corée du Sud), de beaucoup de maturité et sa trentaine de sélections lui apporte déjà une solide expérience internationale. Aleksandr Kokorin, 23 ans lui aussi, est le nouveau buteur fétiche du Dynamo Moscou et le parfait compère de Kerzhakov en équipe nationale. Leur entente pourrait être redoutable, surtout si les éléments tournent en leur faveur car ils fonctionnent beaucoup à la confiance.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
En découvrant la photo des 23 sélectionnés russes, la déception est légitime. L’Europe de l’est n’est définitivement plus ce qu’elle était. Pas une coupe mulet à l’horizon, pas une tête d’ex-taulard. Non, juste des têtes normales, ce qui en soi est déjà un exploit vu les corps sur-tatoués et les coupes de cheveux style iroquois. Pas possible donc de se moquer d’un joueur russe pour son physique donc.
L’autre mode des footballeurs actuels sortis trop tôt de la scolarité sont les scandales en tous genres. Or, pas de trace non plus d’une quelconque affaire Zahia, d’un Tony Adams ou d’un Paul Gascoigne avinés, d’un chauffeur de taxi tabassé ou même d’une wag débitant une connerie sur son compte twitter. Non, les joueurs de Fabio Capello semblent aussi droits que leur coach italien. Pas possible de se moquer de l’un ou l’autre sur ce plan non plus donc. Au moins quand Arshavin était encore là, on avait un minimum mais là plus rien.
Alors je me suis rabattu sur les statistiques. Et là, c’est le pauvre milieu de terrain du Dynamo Moscou et capitaine de la Sbornaja Igor Denisov qui s’y colle. 42 sélections et aucun but marqué. Quel loser. Même si a priori je n’ai rien contre lui et que s’il colle un but à Courtois, je serai le premier à le féliciter !
8) Une bonne raison de les supporter ?
Outre le fait qu’un séjour au goulag ou un sort à la Anna Politovskaïa constitue une sérieuse épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque personne osant affirmer ne pas supporter la Russie. Sinon la simple évocation d’Anna Kournikova ou d’Irina Shaykhlislamova ainsi que de toutes leurs cousines plus ou moins éloignées qui pourraient éventuellement garnir les gradins des stades où évoluera la Sbornaja, dans la chaleur tropicale brésilienne, devrait suffire à convaincre le commun des mortels à ne pas manquer une seule miette des protégés de Maître Capello.

9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Outre le fait qu’aux côtés des poupées qui pourraient garnir les tribunes des matches de la Russie devraient se trouver quelques oligarques bedonnants, puants et puissamment armés, incitant plutôt à se tenir à carreau, il est actuellement plutôt de mauvais ton de soutenir ce pays et, par analogie, cette équipe. En effet, si le supporter lambda moyen soutiendra à nouveau en majorité le Brésil parce que c’est le Brésil, les Pays-Bas parce que Cruijff était magique ou encore l’Angleterre parce que les hooligans c’était trop cool, le supporter plus alternatif aura meilleur temps de se découvrir une passion pour le Honduras, la Belgique ou le Ghana plutôt que cet abominable Etat qui est vraiment très méchant avec ces pauvres Ukrainiens légèrement à droite d’Hitler.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Titrée aux championnats du monde de hockey à Minsk en mai, la Russie deviendra-t-elle la première nation à faire le doublé ?

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2 Commentaires

  1. « l’ex-URSS est à la pointe en matière de respect des minorités et d’anti-corruption. » Les gays apprécierons… Extrait du journal « Le Temps » du 8.8.2013 : Ces derniers mois, une série de meurtres atroces d’homosexuels a défrayé la chronique en Russie, tandis que la violence verbale se déchaînait. Les imprécations fusent de tous les côtés. Mi-juillet, le patriarche orthodoxe Kirill a assimilé la légalisation du mariage gay en Europe à «un symptôme alarmant de l’approche de l’apocalypse». «Nous devons tout mettre en œuvre pour empêcher qu’en Sainte Russie, le péché soit approuvé par une loi», a-t-il poursuivi (…) Les langues se délient d’autant plus facilement que le «prosélytisme» homosexuel est dorénavant criminalisé par une loi promulguée en juin dernier par le président Vladimir Poutine. Vaguement définie, la «propagande homosexuelle» est punie d’amendes allant de quelques milliers à 1 million de roubles. L’Etat justifie ces mesures par la protection de l’enfance. Le mois passé, une autre loi a été votée, interdisant l’adoption par des couples homosexuels russes et étrangers.essaye

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