Pigeon d’avril 1 : Adam Almquist

On aurait pu pointer du doigt le juge unique Oliver Krüger ou encore les Player Safety (sic !) Officers (PSO) Stéphane Auger et Ryan Gardner pour l’ensemble de leur oeuvre (re-sic !) cette saison. Par pure paresse et pour respecter sa légendaire mauvaise foi, Carton-Rouge a décidé de s’acharner sur le défenseur suédois du Schlittschuh KRRRRRRlub de Bäääääärn et d’en faire le pigeon de la farce pour sa tentative d’assassinat sur le Zougois Reto Suri lors de l’Acte I de la finale des playoffs (une finale qui a d’ailleurs depuis accouché d’une… enfin voilà quoi).

Sur la route menant à Adam Almquist, passons d’abord par l’argument ridicule qui dit que comme les joueurs et les dirigeants des clubs eux-mêmes ne veulent pas de sanctions plus sévères, il n’y a pas de raison d’en administrer. Je vous laisse relire cette phrase pour être bien sûr. Oui, oui, en hockey sur glace, on vit dans un monde où l’automobiliste est juge de son infraction et où il a son mot à dire sur le montant de son amende en quelque sorte. Un monde où la police consulte la population carcérale avant d’appliquer la loi. Comme il ne sert à rien de tirer sur une ambulance à trois roues qui délègue lâchement ses maigres prérogatives aux acteurs du jeu (à quand l’auto-arbitrage finalement, ça coûterait nettement moins cher) et que la réalité on ne peut plus véridique légende urbaine selon laquelle le Club des Baratineurs de Berne est toujours avantagé par la ligue devient un chouïa éculée (même avec Ryan Gardner comme expert « indépendant »), Adam Almquist nous servira donc de pigeon émissaire en tant que représentant des joueurs s’étant rendus coupables des pires agissements sur la glace cette saison.

Et des actes indéfendables, il y en a eu quelques-uns sur nos patinoires au cours des huit derniers mois, de la charge ignoble de Marc Wieser à celle de Grégory Sciaroni en passant par le perfide coup de coude de Raphael Diaz, il y a eu de quoi disserter dans le cadre des entourages d’émissions sportives. Dans tous les cas, une absence totale de ligne a marqué les esprits des suiveurs, spécialistes et parieurs à tous crins. Et même si l’on s’était naïvement pris à espérer une sanction exemplaire pour le natif de Jönköping en guise d’énième pirouette du juge unique cette saison, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Le verdict ? Catégorie 2, « reckless », traduit librement par « cas moyennement graves » (!) dans la version française des directives de Swiss Hockey. Quatre matches de suspension et une amende de 6230 francs. Pour le citoyen lambda (ou Loïc In-Albon), nous sommes dans les environs d’un mois de salaire. Adam, lui, ne tombera pas dans les pommes pour un misérable centième de son chèque annuel estimé. Il est même fort probable qu’il puisse y ajouter une donation à une cathédrale parisienne et inclure le tout dans le même package déductible d’impôts.

Non content d’avoir accumulé quelques titres mineurs dans des régions obscures du globe (une Calder Cup en AHL et deux titres de champion de Suède, qui répondent au doux nom de « Trophée Le Mat » pour nos lecteurs les plus pédants) ainsi que deux appels de la nageoire inférieure des sirènes de la NHL avant son arrivée dans la capitale helvétique (avouez que battre de l’aile aux Detroit Red Wings c’est un comble pour un pigeon d’or potentiel), Adam Almcuistre a donc voulu ajouter la Culture de la Castagne à sa Culture de la Gagne encore fragile. Avec la bénédiction du système local au laxisme aussi consommé que la défense du Barça sur corner à Anfield (avec nos excuses à ceux qui n’ont accès qu’à la RTS et son cocktail à base du vivace et frétillant nouveau consultant Guillaume « Stéphane Henchoz 2.0 » Faivre et de matches sans enjeu et souvent sans buts). Son contrat avec les Ours arrivant à son terme, il est donc tout naturel que la rédaction de Carton-Rouge se propose de lui offrir non pas un parachute doré, mais le tant convoité pigeon d’or pour l’aider à s’envoler vers d’autres cieux et, qui sait, une ligue dotée d’une application du règlement un tantinet moins risible qu’ici.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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