Gottéron, deux petits tours et puis s’en vont

Je vous le prédisais il y a de cela une vingtaine de jours, Gottéron ne rime pas avec « bonne fin de saison ». Les dragons n’ont en effet pas tourné en rond pour me donner raison. Après une défaite à la maison amère et un revers chez un Lugano qui était en mission, c’est l’heure de la remise en question pour la sélection du canton. Qui aurait dû trouver la solution pour devenir champion ? La direction ? Chacun aura sa version mais la chanson dure trop long dans la région.

La série en deux mots

Désillusion récurrente.

Des tweets de Grégory Beaud aux tonitruants « S’ils perdent encore une fois comme ça, je leur donne plus un sous à cette équipe de ploucs » des travées de la BCF Arena, Gottéron n’a pas arrêté de décevoir tout en montrant un visage néanmoins rassurant cette saison. Preuve en est, il aura fallu attendre la sixième et dernière confrontation de la saison pour que Lugano réussisse à battre les hommes de Christian Dubé aux xGoals. Cette fameuse statistique qui fait tant plaisir à Stéphane Rochette. Mais qui croire ? Selon ces fameuses statistiques avancées, Gottéron devrait être premier de la ligue juste devant le flamboyant GSHC. Mais il y a une sorte de malaise dans cette équipe qui fait que ce n’est pas qu’elle est en sous-régime, mais que ce n’est justement peut-être pas une véritable équipe…

Les trois étoiles de la série

⭐️ Alors oui, David Desharnais n’a pas été irréprochable durant cette série. Pas non plus durant cette saison. Mais le Canadien a peut-être vécu l’une des fins de carrière les plus tristes jeudi soir, après avoir loupé les play-offs pour un point, s’être fait sortir en deux matches et surtout en finissant un vieux jeudi soir de grosse tempête au fin fond du Tessin loin de ses supporters. Mais quelle carrière me direz-vous ! Je ne vais pas vous faire ici l’étalage de tout son talent mais DD était tout de même un joueur iconique. Pour moi, bon Millennial, je l’ai connu par les jeux NHL, avec le Canadien. En arrivant sur les bords de la Sarine, d’abord durant le Lock-Out puis en 2019, David nous a montré que c’était toujours un joueur de centre d’exception ayant une vision de jeu frôlant parfois la perfection. C’est donc avec un brin d’émotion que je (nous) l’ai vu prendre sa retraite jeudi dernier malgré les multiples appels de ses fans.

*fin du moment émotion*

⭐️⭐️ Connor Hughes. Seul Fribourgeois complètement irréprochable lors de cette série, le Canado-Suisse a été exemplaire ! Y a-t-il eu un seul dragon qui a dû attendre sur la porte pour qu’elle s’ouvre ? Absolument pas ! C’est du 100% pour le portier qui n’aura eu de cesse de nous étonner cette année.

⭐️⭐️⭐️ Seules personnes ayant cru jusqu’au dernier match que Gottéron pouvait remonter la pente, les supporters qui se sont rendus à Lugano sont peut-être ceux qui ont le plus de mérite. Peut-être que si les joueurs présents sur la glace mettaient autant d’envie, d’énergie, d’abnégation et surtout d’amour pour le club que ces marcheurs de l’ombre, le résultat aurait été bien différent.

Le tournant de la série

Nous sommes mardi soir, il y a 1-1 à la BCF Arena. C’est le moment où Sutter prend un cross-check dans le dos avant de voir les Luganais inscrire le 1-2 décisif. A l’image du Valaisan (les jeux de mots du dernier article tiennent toujours), l’ensemble des dragons semble avoir abandonné cette série au moment où la vapeur s’est renversée, comme si les dés étaient jetés. Qu’on ne vienne pas me dire « Oui mais les arbitres,… » ou « La faute sur gundi… ». Gottéron s’est mis tout seul dans cette position et comme dirait un grand philosophe que je ne citerai pas : « C’est les play-offs, tu te lèves et tu te bats ! »

Le slapshot en pleine lucarne de la série

Koskinen. L’homme aux 4 saisons de NHL et de KHL a été tout simplement incroyable durant cette série. Dopé par des entames de match pas assez fracassantes de la part du dragon, le Finlandais a réussi à ne prendre qu’un seul goal sur les 56 tirs qui lui ont été adressés. Comme quoi, les grands hommes savent toujours répondre présents quand il faut sortir le grand jeu. ABE

Le vieux rotoillon en cloche de la série

Au delà du mauvais mercato et du fait qu’il balance passablement souvent ses joueurs devant la presse, la plus grosse erreur de Christian Dubé est peut-être son attitude passive sur le banc. Le Québécois ne montre plus une once de rage de vaincre derrière ses joueurs. Pas de temps mort pris, pas de coach challenge sur Sutter, Chrichri devrait parfois peut-être s’inspirer de son homologue sédunois qui, lui, n’a pas sa langue dans la poche et aime pousser ses joueurs jusqu’au bout. D’un autre côté, il est peut-être trop facile de s’énerver contre les joueurs qui ne marquent pas quand on leur laisse autant de liberté dans le jeu.

Le chiffre à la con

43. En effet, voilà 43 ans que le dragon traîne sa queue en National League depuis sa promotion le 4 mars 1980. Mais à la manière d’un Tottenham ou plus récemment du PSG en Ligue des champions, le club de la « basse » n’a jamais remporté le moindre trophée dans la ligue majeure du pays. Mais d’où vient cette si triste statistique ? Un manque flagrant d’ambition ? Un manque de moyens perpétuel ? Une gestion désastreuse sur les 43 dernières années ? Un complexe bien suisse de ne pas vouloir s’imposer ? Un manque de grinta dans le biberon de tous les Fribourgeois ? Et si ce n’était pas juste la beauté du sport ? Que dans chaque championnat, il y aura toujours des équipes stables qui ne remporteront rien pendant plusieurs décennies et des petits clubs qui flamberont l’espace d’une saison ou d’une compétition comme Ajoie il y a de cela quelques années en remportant la Coupe de Suisse ?
Dans tous les cas, si le titre revient une fois dans ma vie à Fribourg, je serai sûrement plus heureux que l’entièreté du canton de Zoug lors de leur victoire l’an passé.

L’anecdote

« L’histoire c’est des cycles » nous disait il y a peu le grand poète Aurélien Cotentin. Preuve en est, avant même le début de ces pré-playoffs, certains annonçaient Fribourg perdant en deux matches tout comme l’avait été le GSHC il y a peu. Un peu plus fourbe, lors de la création des pré-playoffs, Berne finissait 9ème et profitait dès lors de cette nouvelle règle pour rejoindre les playoffs. Cette année, les règles de la National League ont à nouveau changé, dans le sens que le gagnant (s’il était moins bien classé) ne prend plus la place au classement du perdant. Ce qui arrange bien Berne qui a réussi à passer Kloten et à éviter l’ogre genevois. Alors, chance, hasard ou mafia ? Ne soyez pas mauvaises langues, nous savons bien que tout ce qui se passe à Ittigen est fortuit. Vraiment.

Et sinon dans les tribunes ?

Le HCFG possède le meilleur taux de remplissage à domicile sur l’entier de la saison et pourtant, il concourt avec un club qui a vidé la moitié de sa direction et qui n’a jamais été aussi mal géré depuis des décennies (coucou lecteur vaudois) au titre de saison la plus ratée de National League. Loin de moi l’idée de vouloir critiquer le LHC, mais la pression est-elle trop grande dans l’Antre ? Le cercle vertueux de l’an passé s’est visiblement mué en arc défaitiste et anxiogène pour un dragon qui n’ose plus faire parler le feu face à des adversaires pourtant bien prenables.

La minute Dufner

Une minute de silence sera observée pour toute l’offensive, qu’elle soit du cru ou d’ailleurs. Rien à dire de plus.

La rétrospective de la prochaine saison

L’année prochaine, c’est la bonne ! Malgré le départ d’un des meilleurs centre du pays, le météore Dido est prêt à refaire briller la cathédrale Saint-Nicolas dans toute la Suisse ! Mais selon certains dires, l’ambiance dans le vestiaire n’est plus ce qu’elle était lors du départ de l’Ontarien… Cela va-t-il porter préjudice au (probablement) futur porteur du maillot à flammes ? Espérons simplement qu’il ne joue pas à Icare car une année de plus de la même manière pourrait bel et bien briser des liens forts et faire s’effondrer le plus grand monument du canton (la patinoire donc).

Bonnes vacances à tous et à l’année prochaine !