Vous l’aurez certainement compris, on vient d’entrer dans la phase de remplissage des qualifications pour le vrai Euro à 16 équipes qui débute le 26 juin prochain. En effet, le troisième match de poule sert principalement aux équipes déjà qualifiées à faire tranquillement tourner leur effectif et éventuellement choisir leur adversaire et leur port d’attache en huitième de finale. On parle évidemment des quelques chanceux – probablement les dignes héritiers de Champollion – qui ont décrypté les tenants et les aboutissants d’un système aussi limpide que le ciel de Londres au mois de décembre 1952.
Le match en deux mots
Fucking bore.
L’homme du match
Raheem Sterling. Le joueur le plus bankable de l’équipe aux trois lions a livré la marchandise, ou tout du moins donné le change sur l’ouverture du score. Un goal qui vaut cher au décompte final, même si la défense adverse n’était pas loin de lui signer un Tchèque en blanc au niveau du marquage.
La buse du match
Harry Kane. « Il est tapi Kane ? Ou il est capitaine ? » nous lance le fort affable et flegmatique Yves Martin en constatant que la présence du numéro 9 anglais est aussi visible que celle des joueurs du Real Madrid en équipe d’Espagne depuis le début de la compétition. Si son handicap à ce niveau s’accentue encore, se verra-t-on contraint et forcé de le rebaptiser Harry Wheelchair ou encore de lui adjoindre un (Kyle) Walker, au mépris le plus absolu des quolibets lancés dans notre direction par la Commission de Contrôle des Jeux de Mots Bilingues Foireux (CCJMBF) ?
L’attaquant des Spurs se replace néanmoins dans la course au fameux Prix Timo Werner récompensant le plus gros raté de cet Euro seul aux 5 mètres grâce à sa seule apparition de la partie dans la zone de vérité en fin de première période.
Le tournant du match
Ce moment en deuxième mi-temps où le public ébahi de Wembley a assisté à un véritable feu d’artifice d’occasions plus somptueuses les unes que les autres.
Mais non, on déconne.
L’esthète du match
Stefan Renna. Le pauvre avait pour mission de résumer la pathétique mascarade euh pardon le match entre l’Angleterre et la République tchèque en fin de soirée. Il y avait tellement peu de contenu que l’infortuné journaliste a fini par trouver la parade: nous montrer les changements comme s’il s’agissait d’actions de jeu. Notes de style maximales décernées par le jury de CR.
Le geste pourri du match
Pas sûr que le terme « geste » soit bien choisi pour qualifier l’immobilité totale des statues défensives tchèques sur le seul but de la soirée, marqué de la tête par Sterling et son mètre septante sur la pointe des crampons. A sa décharge, on nous souffle que Kalas est plutôt un sniper.
Bořil et Kalas à l’entraînement sur le Pont Charles de Prague.
Le chiffre à la con
Zéro. Comme ce match et beaucoup trop de ses congénères au cours de ce premier tour. Vivement le Qatar en 2022, au moins le foot y sera le cadet de nos soucis.
L’anecdote
On a commis l’erreur de demander un résumé des enjeux des rencontres du soir sur le groupe Signal – on est progressiste ou on ne l’est pas – de la rédac’. Ça donne ça:
Promis, on ne nous y reprendra plus. On croit avoir vaguement compris qu’on a choisi le match le plus dénué d’intérêt de la soirée (as you do), mais pour le reste on se sent aussi incongru que Joey Tribbiani dans la section du Metropolitan Museum of Art dédiée aux échanges épistolaires de Walt Whitman.
La rubrique de Raph : Et si ce match était un épisode de Friends ?
« The One With Two Parties ».
Les parents divorcés de Rachel, qui peuvent à peu près autant se blairer que Novak Djokovic et le reste du système solaire, sont tous deux invités par erreur à une fête d’anniversaire surprise organisée par Monica. Ladite fête est donc expressément divisée en deux pour éviter toute rencontre fortuite entre les deux géniteurs de la jubilaire: l’appartement de Chandler et Joey qui ressemble à s’y méprendre par son taux d’alcoolémie au Bamee un soir de victoire helvétique en finale de l’Euro et celui de Monica, dont l’atmosphère feutrée ferait passer des funérailles à huis clos pour un concert de punk rock sous Prozac.
Deux salles, deux ambiances. Do or die pour accrocher la troisième voire la deuxième place sur un malentendu d’un côté, et de l’autre deux équipes déjà qualifiées luttant mollement pour la gloriole associée à une première place au prestige plus que douteux dans un tournoi dans lequel seule une quatrième place vous assure un statut particulier, celui d’avoir réussi l’exploit de se faire éliminer quand même au premier tour de ce qui devrait être renommé l’école des fans.
Comme lundi soir, entre le match phare fièrement retransmis en direct sur votre télévision et celui du pauvre relégué sur RTSsport.ch (Cédric Moret est-il puni ? Qu’a-t-il fait à Massimo ?), Carton-Rouge a évidemment fait le bon choix.
Et si le match avait eu lieu en 2020 ?
Roland-Garros déplacé au mois d’octobre, Wimbledon purement et simplement annulé, les championnats du monde de hockey en Suisse reportés aux calendes grecques, pas d’examens de maturité et pas l’ombre d’une correction ou d’un cours en présentiel depuis le mois de mars. Ouais, on aurait probablement eu que ça à foutre.
P.S. Est-on en train de vous avouer que le confinement nous manque (un peu) ? Tout à fait.
La minute Pierre-Alain Dupuis
Elodie Crausaz, visiblement effrayée toute la soirée par la perspective de faire des calculs: « La victoire était obligatoire entre la Croatie et l’Ecosse pour assurer une qualification en étant au pire troisième, quatrième, pardon, meilleur des troisièmes. On s’est compris. » Oui, voilà effectivement qui résume notre compréhension de la situation, proche du néant elle aussi.
La rétrospective du prochain match
Franchement, on se réjouit de ce Suisse-Belgique, Suisse-France, Suisse-Allemagne, Suisse-Portugal, Suisse-Espagne, Suisse-Suède, Suisse-Slovaquie ou encore Suisse-Pologne à Séville, Bucarest ou Glasgow. On vous avoue que toute cette incertitude nous mine. On est à deux doigts de complètement craquer et de se brancher sur la Copa América, comme la terrasse du kebab d’à côté:
Ouais, en fait finalement on va renoncer: il paraît que cette année la compétition est organisée en Méritocratie Occidentale et que les quatre premières équipes de chaque groupe de cinq se qualifient pour les quarts de finale, ça a l’air drôlement fun…
P.S. Si par le plus grand des hasards on perd (sait-on jamais, il paraît que c’est un truc qui arrive parfois à nos compatriotes lors de matches à élimination directe), la RTS a déjà prévu de quoi relativiser:
On a envie de sortir klaxonner rien qu’en lisant ce titre.
Crédits photographiques:
Pont Charles : Tadeáš Gregor/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Grtek
Remplissage ?
Pas d’accord, on commence justement à avoir des matchs avec des équipes qui doivent gagner, et donc jouer. Le remplissage, c’était les deux premières journées.
Mwouais. Combien d’équipes devaient absolument gagner pour se qualifier hier soir ?
oulah, mais s’il te plait. l’Ecosse et la Croatie, ce qui a donné un match animé. Le Danemark lundi soir, ce qui a donné un match superbe. La Pologne aujourd’hui, ce qui a abouti à 3-2, l’Espagne ce qui a aboutit à 5-0. La Hongrie qui a failli crée la suprise, ce qui a même mis les portugais en 4è position pendant quelques minutes. Non là il faut juste ouvrir les yeux, les 2 premières journées de l’Euro c’était soporifique sauf rares exceptions, et c’est justement lors de cette dernière journée que c’est devenu palpitant.
Si tu le dis. Moi je me suis contenté de regarder ce somptueux Tchéquie-Angleterre et d’écrire au deuxième degré pour un site satirique sans pouvoir me référer aux matches de ce soir qui n’avaient pas encore eu lieu 😄
Et sinon, pour redevenir un peu sérieux, il y a ce thread sur Twitter qui m’interpelle quand même un tout petit peu: https://twitter.com/mouradaerts/status/1407999102017847304?s=21
Ah oui je ne défend pas pour autant ce système qui donne trop de qualifiés.
pourquoi choisir ce match plutôt que Croatie-Ecosse? Si je veux du spectacle, je vais aller vers le match où les deux équipes doivent absolument gagner, pas celui où les deux sont déjà qualifiées…
merci quand même d’avoir fait le pompier de servie 😉
Très honnêtement? Par pure mauvaise foi! Comme tout le reste de la rédac’ regardait l’autre et que celui-là ne valait a priori pas un clou, je me suis dit qu’il y aurait plus de matos pour être ultra négatif sur tout, comme à mon habitude 😊