Attendus notamment à Nice et Marseille (et pas seulement en sous-traitance pour réparer la tuyauterie), les Polonais espèrent faire taire les clichés, tout en en ramenant quelques-uns de jolis…
1. Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe.
Les petites équipes qui ne font pas rêver étant déjà toutes prises, je me suis rabattu sur une équipe moyenne qui ne fait pas rêver (même s’il est vrai que tout footeux helvète échangerait sans hésitation son attaque en « -ic » contre celle en « -ski » des Aigles blancs).
2. Comment se sont-ils qualifiés?
Sans trop trembler… Quand même, commencer une campagne (enfin la vraie, après l’anecdotique rouste inaugurale en terres gibraltariennes) par une victoire contre les champions du monde sortants en impose. La suite du travail contre les bourrins écossais et irlandais fut paradoxalement moins évidente et a résulté en une quasi-avalanche de matches nuls. Il ne fallait quand même pas trop flancher sur les deux dernières journées, mais globalement, mission accomplie avec sérieux.
3. Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée?
Pas beaucoup plus élevées que celles des joueurs au maillot rouge à croix blanche… Il faut dire qu’après la dernière place d’un groupe pourtant pas fortiche lors de l’Euro 2012 à domicile, la prudence est de mise.
4. Présente-nous la star de l’équipe.
On n’oserait pas présenter quelqu’un d’autre que Robert Lewandowski. Meilleur buteur de l’ensemble des qualifications avec 13 réussites, le Lucky Luke polonais a notamment dégainé à 5 reprises en 9 minutes en septembre dernier (pauvre Benaglio !), entamant une hallucinante enfilade de 10 buts en 8 jours et 3 matches… Autant dire que feu Jean-Paul II himself prie pour qu’il ne se blesse pas, seule possibilité pour qu’il ne marque pas à lui seul plus de buts que notre Nati.
5. Quel est le joueur qui va nous émerveiller?
A n’en pas douter, c’est indirectement que de nombreux joueurs polonais vous nous émerveiller, par le truchement de l’emmêlage de pinceaux programmé de nos vedettes de la RTS à la lecture de la composition de l’équipe.
6. Quel est le joueur qui va nous faire rire ou pleurer, peut-être même pleurer de rire?
C’est surtout le 12e homme polonais qui risque de nous faire pleurer de connerie. Au vu des « performances » européennes de leurs clubs, on espère que les hooligans auront oublié de voyager et ne prévoient pas un débarquement sur la Riviera… Car les flics français sur les dents ne rêvent sûrement pas de se taper en plus des hordes d’excités tatoués aux couleurs du Slask Wroclaw et surtout du Wisla Cracovie (Dino Baggio s’en souvient encore).
7. C’est quoi leur philosophie de jeu?
La discipline, le collectif, le sacrifice, et la mise sur orbite du missile Lewandowski, le tout en comptant sur des cages bien gardées (avec Szczesny, Boruc et Fabianski, il y a de quoi faire). Bref, un peu comme la Nati, l’attaque en plus.
8. On parle du foot polonais, mais il ressemble à quoi le championnat de Pologne ?
Avec 5 vainqueurs différents lors des 10 dernières années, l’Extraklasa peut se targuer d’offrir plus de suspense que la Super League. Legia Varsovie garde souvent la main et est d’ailleurs le champion en titre, mais à quoi bon serait-on tenté de dire? Aucun club polonais ne s’est qualifié pour la Ligue des champions depuis le Widzew Lodz en 1996 ! Avec près de 40 millions d’habitants, c’est de loin le plus grand pays du continent à avoir ce déshonneur.
9. Mais au fait, c’est qui la personnalité polonaise la plus célèbre dans le monde?
Le déjà évoqué Karol Wojtyla, aka JP2, est encore dans tous les esprits (saints ou simples) et notamment, espérons pour eux, dans la tête des joueurs. Car la révolution copernicienne à laquelle équivaudrait un sacre européen nécessitera une foi d’enfer, une discipline à la Jaruzelski et des inspirations à la Chopin.
10. Fais-nous rêver avec la Pologne, mais dans un autre sport…
C’est pas que le volley fasse tant rêver, mais c’est toujours mieux que le hornuss ou le lancer de nains. Et là quand même, les Polonais sont champions du monde en titre depuis leur succès à domicile en 2014, ce qui impose un minimum de respect…
11. Au fait ça mange et ça boit quoi des polonais ?
La Pologne est « LE pays des grillades », selon le supplément « Spécial Barbecue » gracieusement offert par la Coop en vue de l’Euro. Il faut dire qu’il suffit de descendre quelques pieds sous terre pour aller chercher le charbon… Toujours est-il que l’article (p. 50), au contenu rédactionnel de haute volée, nous apprend qu’outre les « kielbasas » (mondialement réputées, mais surtout au sein de la diaspora polonaise nous semble-t-il) les autres caractéristiques culinaires sont: « plats uniques réconfortants » (on se demande ce que ça inclut), « délicieuses pâtisseries » (jamais entendu parler!), « pays d’origine du bagel farci » (ça fait rêver!) et « la viande d’abord! ». Quant au liquide, le footballeur s’envoie en théorie du thé à la mi-temps et le supporter tout le reste. Il ne faut pas pour autant se fier aux couleurs du drapeau car le rouge et le blanc ne sont pas les breuvages les plus répandus dans les plaines polonaises. Fions-nous plutôt à la simplicité (pour ne pas utiliser « sobriété » vu le sujet) de l’héraldique; le Polonais ne vise pas la subtilité avec son drapeau et en fait de même avec ses boissons: la bière et la vodka (parfois pas frelatée) avant tout! On connaît le penchant du Polak tant pour la religion que pour l’alcool car c’est vrai qu’entre « évêché » et « éméché », il n’y a qu’une lettre de différence.
12. T’as quelque chose à rajouter?
Entre les mineurs des plaines polonaises et ukrainiennes, les Irlandais du Nord et les Allemands, c’est quand même un groupe qui sent bon le coup de grisou, qu’on aurait d’ailleurs bien vu se régler à Lens plutôt qu’au bord de la Méditerranée. Et pour pas qu’ils se sentent trop dépaysés, on aurait privilégié un hébergement dans des corons au lieu des palaces habituels.
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