Qualifiés pour la première fois de leur histoire pour un Euro, les pensionnaires du Windsor Park de Belfast vont déferler sur la France à grands coups de pintes, de dents noires, de drapeaux à la main rouge et de chants orangistes. George Best est leur idole. Kyle Lafferty sera leur Messi.
1. Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe.
J’avais acheté en prévente des billets pour le match n° 17 à Lyon. Alors lorsque le samedi 12 décembre 2016 le tirage au sort m’a gratifié d’un Irlande du Nord – Ukraine qui fait saliver les foules telle une Nabilla à la Riponne, je me suis immédiatement dit que si Carton Rouge était de l’aventure, je me chargerai de cette affiche ainsi que de la présentation des Norn Iron.
Malgré mon amour pour leurs voisins du sud et mon avis personnel particulièrement tranché sur la situation politique insulaire (RIP Bobby Sands), je n’allais quand même pas me coltiner l’Ukraine dont je ne connais fichtrement rien. De plus, je pense préférer mille fois une petite escapade à Belfast ou à Derry que dans le Donbass.
2. Comment se sont-ils qualifiés?
Tombée dans le groupe F des qualifications, rapidement surnommé groupe de la vie par opposition au groupe de la mort tant le niveau global y était faible, la Green & White Army s’est néanmoins brillamment qualifiée en terminant première dudit groupe en devançant ce gratin du foot européen constitué, dans l’ordre, de la Roumanie, de la Hongrie, de la Finlande, de la Grèce et des Iles Féroé. Six victoires, trois nuls et une défaite soit un beau bilan tout de même. Quand on imagine ce qu’aurait été capable de faire notre Nati dans un tel groupe, cela donne tout de même un certain crédit à cette équipe.
3. Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée?
Comme en général à la fin c’est l’Allemagne qui gagne (surtout si c’est contre des britanniques), que l’Espagne ne laisse que des miettes, que la France a une équipe stratosphérique, qu’il y a encore bien au moins une dizaine de nations qui leur sont largement supérieures et que même au très sérieux indice FIST elle est à la ramasse, l’Irlande du Nord ne va pas gagner l’Euro. Pourtant, leurs chances ne sont pas plus nulles que celles du Danemark en 1992 ou de la Grèce en 2004. Et Lafferty n’est sûrement pas plus un manche à couilles que Charisteas.
4. Présente nous la star de l’équipe.
Quand ton gardien joue à Notts County, en League Two, et que la quasi-totalité des autres sélectionnés est constituée au mieux de joueurs évoluant en Championship ou se contenant de rôles de remplaçants en Premier League, il n’est pas trop difficile de sortir du lot si tu touches le ballon au moins aussi bien qu’un latéral du FC Venoge. Ainsi, Steven Davis, le capitaine, apparaît comme un extra-terrestre. En effet, le milieu de terrain est un inamovible titulaire à Southampton, une équipe qui a plutôt tendance à lutter dans la première moitié de tableau dans l’élite du football anglais. C’est la star de l’équipe. Souvent comparé à Frank Lampard pour son style similaire « box to box », il est doté d’une très bonne endurance et une belle habilité à lire le jeu. Il sait aussi se muer en buteur grâce à sa technique et à la qualité de ses frappes.
5. Quel est le joueur qui va nous émerveiller?
Tout fraîchement appelé par Michael O’Neil, l’avant-centre de QPR Conor Washington pourrait bien être la bonne pioche de l’année côté nord-irlandais. Rapide et efficace, c’est un vrai renard des surfaces. Bien que n’ayant de nord-irlandais que sa grand-mère, il a opté, mais avait-il vraiment l’embarras du choix, pour les pensionnaires de Windsor Park bien qu’il n’ait jamais vécu en Ulster.
6. Quel est le joueur qui va nous faire rire ou pleurer, peut-être même pleurer de rire?
Incontestablement l’émerveillement par le bas ne pourra pas de faire sans Kyle Lafferty. L’impérissable souvenir laissé aux supporters du FC Sion en est la preuve la plus essentielle. C’est le genre d’attaquant qui ne te plante jamais plus de 10 buts par saison malgré une équipe qui joue pour lui et dont la vie sportive n’est qu’une succession de prêts. Et dire qu’il est pourtant à l’heure actuelle le meilleur buteur en activité de la sélection. Pas sûr toutefois que vous ayez la chance de découvrir ou redécouvrir son talent car des jeunes, à l’image de Conor Washington poussent fort derrière et le brave Kyle avec son 1m93 pourrait bien se voir confiné en bout de banc.
7. C’est quoi leur philosophie de jeu?
A priori cette équipe n’a aucune philosophie de jeu. En tout cas pas d’après son sélectionneur puisque Michael O’Neil, lors de l’annonce le 18 mai de sa pré-liste de 28 joueurs, a indiqué vouloir « se servir de ce match amical contre la Biélorussie le 27 mai pour étudier nos options, nos systèmes et notre style de jeu ». C’est bien. Ils sont largement dans les temps. Gageons toutefois, vu sa position géographique sur une carte de l’Europe et son historique footballistique, qu’un bon kick and rush des familles soit leur philosophie de jeu la plus vraisemblable.
8. On parle du foot nord-irlandais, mais il ressemble à quoi le championnat d’Irlande du Nord?
Le championnat nord-irlandais est un championnat que personne ne connait vraiment, auquel personne ne s’intéresse plus que ça et où aucun présélectionné n’évolue. Circulez y’a rien à voir ! Libre à vous néanmoins de savoir apprécier à sa juste valeur un délicieux Crusaders-Glentoran sous un très agréable crachin de novembre dans un stade désuet. Ca doit juste être du vrai foot quoi. Comme on l’aime. Loin des paillettes, des stades aseptisés et des Qataris.
9. Mais au fait, c’est qui la personnalité nord-irlandaise la plus célèbre dans le monde?
Alors là, le maître absolu, le génie incarné, Monsieur Irlande du Nord, il n’y en a qu’un. C’est le légendaire George Best. Comme son patronyme l’indique si bien, il était tout simplement le meilleur. Un dieu vivant du football vous diront les anciens qui l’ont vu évoluer. Même le roi Pelé dit de lui qu’il était le meilleur joueur qu’il n’ait jamais joué. Techniquement exceptionnel, dribbleur fou et aussi vif que l’éclair, il a illuminé les rectangles verts. Il n’a pas non plus été en reste hors des stades où son franc-parler, son tempérament de feu et son léger penchant pour la bouteille ont alimenté les chroniques des tabloïds britanniques. Sa phrase la plus célèbre reste peut-être « Si j’avais été moche, vous n’auriez jamais entendu parler de Pelé ». La classe. Ou alors « En 1969, j’ai arrêté les femmes et l’alcool. Ca a été les 20 minutes les plus dures de ma vie ». Mythique. Ou encore « J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport. Le reste je l’ai gaspillé ». Délicieux.
10. Fais-nous rêver avec l’Irlande du Nord, mais dans un autre sport…
Outre les sports gaéliques tels que le football gaélique ou le hurling, le sport roi de la verte Irlande reste le rugby dont le championnat, par province, est œcuménique et se déroule sur l’ensemble du territoire géographique sans division politique. En ce qui concerne le nord de l’île, il n’est pas rare de voir l’Ulster se mêler à la lutte pour le titre face à ses redoutables concurrents du sud que sont le Munster, le Leinster ou le Connacht. Et tout cela dans une ambiance à faire trembler Teddy Riner.
11. Au fait ça mange et ça boit quoi des Nord-irlandais ?
Un Nord-irlandais ça boit de la bière. Et pas de la pisse s’il vous plait. Certes, leurs brasseries ne sont pas aussi célèbres que celles de leurs voisins du sud mais je vous promets qu’une bonne pinte de Cltworthy Dobbin ou de Belfast Ale n’a pas grand chose à envier à une Beamish ou une Smithwick’s. Un Nord-irlandais ça boit aussi du whisky. Et idéalement un Bushmills 16 years three woods finish, non tourbé et délicieusement frais et onctueux avec une légère pinte de vanille. Avis aux amateurs. Niveau bouffe, c’est nettement moins bien mais, vu le nombre de moutons, ils savent forcément le cuisiner même si le vieil Irish Stew n’est, à mon humble avis, pas sa meilleure préparation existante.
12. T’as quelque chose à rajouter?
L’aéroport de Belfast a récemment été renommé « George Best Airport ». Tout un symbole.
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