La lune de Miele continue

Mardi 8 mars 2022. Une date à marquer d’une pierre blanche pour les associations de soutien aux minorités en Suisse centrale. En effet, le EV Zug célébrait la troisième journée internationale (et consécutive) de la cage adverse inviolée. Dans le même temps, 5 victoires d’affilée (une première cette saison) du LHC avaient déjà rendu notre dernière diatribe aussi obsolète que la gauche française dans son ensemble en l’espace d’une dizaine de jours. Mieux, la cote de l’organisation la plus mirifique à l’est de la Chamberonne venait d’exploser aussi soudainement que les tarifs affichés sur les pompes à essence helvétiques pour (re)devenir le seul prétendant au titre de meilleur club de la galaxie. A ce moment-là, on ignorait encore quel genre d’or noir avait été découvert dans le vestiaire des Lions, mais on savait déjà que la rédac’ se devait d’envoyer un de ses plus vils scribouillards à la Vaudoise aréna pour assister au choc entre deux clubs dont l’affrontement s’annonçait aussi brutal que leur déconfiture programmée dès la vague apparition d’un match couperet à l’horizon.

Le match en deux mots

Team building.

Depuis leur camp de ski à Villars en février, John Fust et ses 28 têtes blondes sont prêts à affronter le sprint final qui doit les mener aux examens de fin d’année scolaire.

On ira même jusqu’à dire que le groupe vit bien et qu’il a pu intégrer la nécessité de jouer 60 minutes à fond. Mais ne lui parlez pas de la prochaine échéance, il prend les matches les uns après les autres en s’efforçant de jouer simple.

Bref, malgré toute la mauvaise foi qui nous caractérise, on est obligé de dire que le bol d’air vivifiant de la station des Alpes vaudoises a l’air de faire son effet. Ça ou le divan magique du Dr. Saul Miller, allez savoir.

Les trois étoiles du match

⭐️ Reto Berra. Auteur d’authentiques miracles de portée biblique aux 27ème, 38ème, 42ème, 43ème et 47ème minutes. Lausanne lui a tout envoyé, même l’évier de la cuisine (comme on dit au Québec), avec plus ou moins autant de succès qu’Arnaud Montebourg quand il décide de passer quelques coups de fil.

⭐️ ⭐️ Andy Miele. En plus d’être une source infinie de jeux de mots et autres calembours plus ou moins douteux, le natif de la très virile bourgade de Grosse Pointe Woods était proprement ubique hier soir. Présent sur le power play, sur le box play, à égalité numérique, rapide, technique, finissant allègrement ses charges malgré ses trois pommes sous la toise et bonifiant ses deux compères de ligne Francis Paré et Ronalds Kenins pourtant récemment à la peine. Une vraie machine, ce Miele.

Miele tambour battant.

⭐️ ⭐️ ⭐️ Luca Boltshauser. 3 blanchissages de suite face aux 2 meilleures équipes de la saison régulière. Vivement son départ à Langnau et son remplacement par Ivars Punnenovs. 

Le tournant du match

Le raté de Nathan Marchon seul devant la cage adverse à la 2ème minute. Fribourg n’aura pas de meilleure occasion de marquer lors des 3480 secondes qui suivront. Qui sait ce qui se serait passé si les coéquipiers du saint patron de tous les maçons du district de la Sarine avaient pu bétonner sur les fondations d’un but d’avance.

Le slapshot en pleine lucarne du match

Le game-winning goal de Benjamin Baumgartner à la 7ème minute. Créditée à Cody Almond jusqu’aux fameuses corrections intervenant à minuit sur le site de la ligue, la réussite de l’Autrichien tient presque autant du miracle que la reconduction du contrat du Canado-Suisse. De quoi confondre les numéros 98 et 89 du Lausanne Hockey Club ?

Le vieux rotoillon en cloche du match

La charge aussi atroce qu’inutile de Chris DiDomenico, qui avait pris son élan depuis le haut du deuxième anneau des gradins pour aller scotcher le pauvre Martin Gernát à la bande une bonne cinquantaine de mètres en contrebas (38ème). Pas sûr non plus que la détente verticale pour s’assurer d’ajuster les vertèbres cervicales du Slovaque ait été indispensable. Difficile en tout cas de trouver une action qui coche plus de cases nécessaires à l’attribution d’une méconduite de match.

Les fils se sont touchés dans le cerveau du Canadien.

Si on ne savait pas que les playoffs approchaient, on pourrait le sentir rien qu’à l’état d’esprit actuel du Top Scorer fribourgeois. Un jour on inventera des contrats valables uniquement en saison régulière rien que pour celui dont la solidité mentale en séries finales le rend presque aussi crédible que René Fasel lorsqu’il s’exprime au sujet de… euh enfin lorsqu’il s’exprime.

Les chiffres à la con

45 tirs cadrés à 16 ainsi que 21 minutes de power play en faveur des Vaudois.

Et pourtant il s’en est fallu d’une jambière (celle de Boltshauser sur un penalty de David Desharnais à la 55ème minute) pour qu’un casse qui aurait fait passer celui du Mont en 2019 pour une partie de gendarmes et voleurs dans une cour d’école enfantine soit commis devant 9600 témoins ébahis.

L’anecdote

Le Suédois – comme son prénom tente à grand peine de l’indiquer – Jacob de la Rose vient de signer à Gottéron pour la saison prochaine. On se permet de faire Eco à cette annonce fribourgeoise en exprimant notre désarroi envers la teneur de la réponse du natif d’Arvika aux appels du pied insistants de Christian Dubé. En effet, pas moyen de parler du non de la Rose dans ces conditions.

Nous sommes ici en présence d’un quart des tweets du compte officiel du club en 2022. On imagine le CM du Lausanne HC faire des poussées d’urticaire devant tout ce potentiel inexploité.

Et sinon dans les tribunes ?

Guichets fermés depuis 8h30 vendredi matin. La chasse à l’opportuniste avait d’ailleurs été déclarée ouverte la veille déjà, puisque les anciens abonnés s’étaient vu proposer un code promotionnel leur offrant deux places VIP pour la rencontre. Nos 18 ans d’expérience dans les travées de Malley nous poussaient naturellement à songer que tous les ingrédients étaient décidément réunis pour permettre au plus grand nombre d’assister à une vautrée monumentale lors d’une partie qui aurait pu être sponsorisée par le Stade de la Tuilière au vu du ratio entre les attentes générées en un temps record et le résultat auquel tout fan local endurci pouvait décemment s’attendre. Il paraît qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Pas de sortie de route pour les Rouge et Blanc en fin de compte.

La minute Jonas Junland

Trouver quelque chose à redire aux performances défensives respectives des forces en présence relèverait du non sens le plus absolu. Un peu comme si Tim Traber s’engageait comme psychologue dans une école primaire ou si Israël offrait ses services en tant que médiateur dans le conflit russo-ukrainien en somme (attention, un seul de ces deux scénarios absurdes est devenu réalité cette semaine).

On épinglera donc ici un attaquant, une fois n’est pas coutume. La protection civile organise actuellement des battues dans les forêts environnantes pour tenter de mettre la main sur des vestiges de l’existence d’un tir cadré de Christoph Bertschy en 2022. Ce n’est pas l’invraisemblable raté du futur Dragon devant la cage (enfin) désertée par Berra à la 60ème minute qui aidera les braves astreints orange-kaki susmentionnés à retrouver quoi que ce soit. 

La rétrospective du prochain match

Les hommes de John Fust sont au coeur d’un enchaînement de 3 matches en 4 jours: face à Fribourg hier soir, à Genève dans quelques heures et à Berne lundi. Une série de trois duels, les ultimes de la saison régulière, dont il faudra impérativement encore remporter les deux derniers pour garder son destin entre ses mains. On appelle ça comment ? Une série de pré-pré-playoffs ? Bref, vivement la postseason.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.