Clubbing: le guide de la Women’s Champions League (2)

Ce mercredi, on vous expliquait avec force apophtegmes tous les (extraordinairement complexes) tenants et (excessivement aberrants) aboutissants de la Women’s Champions League. Il est maintenant temps de passer aux forces en présence.

Les équipes qualifiées automatiquement

Olympique lyonnais: Le club n’est pas basé à Lyon, mais à *checks notes* Décines-Charpieu, charmant bled de vingt-huit mille âmes dans la banlieue lyonnaise. Bon d’accord, c’est là que se trouve le Groupama Stadium ou Parc OL, qui peut accueillir deux fois la population totale de la ville, et donc les mecs sont techniquement également domiciliés dans cette bourgade qui gagne décidément à être connue.

8 fois championnes d’Europe depuis 2011 (dont 5 fois consécutivement entre 2016 et 2020), 15 fois championnes de France sur les 16 dernières éditions, 9 fois vainqueurs de la Coupe en 21 occurrences et auteurs de quatre triplés Champions League-Coupe-Championnat en cinq ans, les Fenottes aiment visiblement autant partager que l’Oncle Picsou.

Les Fenottes, c’est leur surnom. Si vous nous lisez depuis la Suisse romande et que le terme « feniaule » ne vous est pas inconnu, on imagine qu’il ne faut pas vous faire un dessin quant à la signification du sobriquet en question.

Si vous nous lisez depuis la Tasmanie occidentale, démerdez-vous.

On notera encore que les Gones ne sont autres que leurs pendants masculins dans le même parler régional, comble d’originalité.

L’OL en 2019 avec un sponsor maillot pour le moins tranchant. On avait déjà arrêté de compter les titres à l’époque.

Si Pully est jumelé avec Obernai pour des raisons obscures, Lyon a formé une association encore plus improbable avec Tacoma, dans l’Etat de Washington. Ainsi, la franchise locale de National Women’s Soccer League est détenue à 89,5% par le club français et répond au doux nom d’OL Reign depuis 2020. 3% des parts restantes appartiennent quant à elles à… Tony Parker. L’histoire ne dit pas si Thierry Henry est intéressé à faire partie de l’aventure ou s’il estime avoir mangé à assez de râteliers pour l’instant.

Les joueuses à suivre: Ada Hegerberg (Norvège, lauréate du premier Ballon d’Or féminin de l’histoire en 2018, ancienne joueuse du… Turbine Potsdam), Wendie Renard, Selma Bacha, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Delphine Cascarino (France), Sara Däbritz, Dzsenifer Marozsàn (Allemagne), Daniëlle van de Donk (Pays-Bas). Bon, en gros tout le contingent, quoi.

La joueuse quelque peu désorientée: Damaris Egurrola. Née en Floride d’une mère néerlandaise et d’un père venu du Pays basque espagnol, la milieu de terrain défensive lyonnaise a commencé par remonter toute la filière de formation espagnole des M17 à l’équipe A, le tout agrémenté d’une apparition pour l’équipe nationale officieuse du Pays basque, avant de claquer la porte pour intégrer la sélection des Pays-Bas. On ajoutera pour la bonne forme que la brave Damaris est également éligible en cas d’appel de la sélection des Etats-Unis (même si a priori il n’est plus possible pour elle de retourner une chemise déjà passablement froissée à ce stade).

FC Barcelone: Vous ne devinerez jamais: le diminutif officiel de la section féminine du club est le Barça. Si, si, on vous jure. Championnes d’Europe en 2021, lauréates de 7 des 11 derniers championnats d’Espagne, nonuples vainqueurs de la Coupe de la Reine, c’est quand même avec un palmarès à deux balles cinquante que les Catalanes nourrissent le rêve insensé de concurrencer l’OL. D’ailleurs, pas (ou si peu) de Camp Nou pour les joueuses blaugrana. C’est à l’Estadi Johan Cruyff et ses 6000 places que le club joue la plupart de ses matches. Ben oui, quand on leur prête le grand stade, ces dames font de l’ombre aux messieurs en attirant une foule record de 91’553 spectateurs lors d’un Clásico Barça-Real en Champions League, c’est quand même vexant.

En 2019, ça rigolait encore 90 minutes avant la photo précédente.

Les joueuses à suivre: Alexia Putellas (Ballon d’Or 2022), Aitana Bonmatí, Irene Paredes (Espagne), Keira Walsh, Lucy Bronze (Angleterre), Caroline Graham Hansen (Norvège), Geyse (Brésil).

La joueuse déconseillée aux spectateurs dyslexiques: Ana-Maria Crnogorčević (Suisse).

Vfl Wolfsburg: Double vainqueur et trois fois finaliste en WCL, sept fois champion national et titulaire de neuf Coupes d’Allemagne, le Verein für Leibesübungen Wolfsburg e. V. est l’adversaire principal de l’Olympique lyonnais en Europe depuis 2013. Voilà, pas grand chose de rigolo à part ça. Ils sont d’un sérieux ces Allemands. 

Les joueuses à suivre: Merle Frohms, Lena Oberdorf, Svenja Huth, Alexandra Popp, Felicitas Rauch, Jule Brand (Allemagne).

On nous souffle qu’il y a quand même 2-3 vannes fumeuses à faire au sujet des deux dernières joueuses citées.

Chelsea: Alors on va pas refaire le taf, on l’a déjà fait dans le Clubbing précédent. On ajoutera simplement que les Londoniennes ont manqué de peu le quadruplé (Championnat-FA Cup-League Cup-Champions League) en 2021 en prenant une retentissante déculottée administrée de pied de maître (comme dirait le maire de Champignac) par le FC Barcelone en finale de WCL (0-4).

Et pourtant Chelsea tient en général la route en finale.

Les joueuses à suivre: Millie Bright, Jess Carter, Bethany England, Lauren James, Fran Kirby (Angleterre), Sam Kerr (Australie), Kadeisha Buchanan, Jessie Fleming (Canada), Magdalena Eriksson (Suède), Maren Mjelde, Guro Reiten (Norvège), Pernille Harder (Danemark), Melanie Leupolz (Allemagne). Comment ça, ça se voit qu’on suit le foot anglais plus attentivement que les autres ?

Les équipes ayant arraché leur sésame en barrage

Arsenal: On vous voit, vous n’avez toujours pas lu notre dernier Clubbing. Sinon vous sauriez déjà tout des Gunners. A part peut-être que lors de la saison 2006/2007, les résidentes de Meadow Park se sont permis un mythique sextuplé (Champions League-Championnat-FA Cup-League Cup-Community Shield-London Women’s Cup). Sorties des griffes de l’Ajax (2-2, 1-0) en barrages, les ouailles de Jonas Eidevall ambitionnent de récupérer la suprématie anglaise récemment cédée à Chelsea cette saison.

Le stade d’un club en bois. On vous a déjà dit qu’il fallait lire notre dernier Clubbing ? Pourtant l’explication de cette vanne y est…

Les joueuses à suivre: Manuela Zinsberger (Autriche), Rafaelle Souza (Brésil), Lotte Wubben-Moy, Leah Williamson, Jordan Nobbs, Beth Mead (Angleterre), Kim Little (Ecosse), Vivienne Miedema (Pays-Bas), Caitlin Foord (Australie), Stina Blackstenius, Lina Hurtig (Suède), Katie McCabe (Irlande), Lia Wälti, Noëlle Maritz (pas vraiment, mais c’est des compatriotes).

FC Rosengård: Le Poulidor suédois. 12 fois championnes de Suède, mais surtout 13 fois deuxièmes, les habitantes de la banlieue mal famée de Malmö qui a vu grandir Zlatan Ibrahimović se sont également distinguées en Europe avec une demi-finale et six quarts de finale en Champions League.

Avant de fusionner avec Rosengård en 2013, le club a porté le nom de Malmö FF Dam entre 1970 et 2007, puis LdB FC Malmö. Pourquoi LdB ? Eh bien figurez-vous que la marque locale de produits cosmétiques Hardford avait décidé que son produit phare, « Lait de Beauté » (LdB), serait idéal pour finaliser le lifting de l’organisation de Scanie (changement de nom, logo et couleurs). Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour 24 millions de couronnes suédoises… Heureusement que Gillette n’a jamais racheté d’équipe de foot à l’époque où Thierry Henry était le visage menton de la marque. L’Aftershave FC Barcelone aurait eu de quoi se faire mousser.

Vous aurez reconnu Ramona Bachmann (10), au club entre 2011 et 2015, juste devant la meilleure joueuse de tous les temps (Marta, 11).

Les joueuses à suivre: Franchement, Persson (Mia de son prénom). 

Slavia Prague: On s’est ennuyé ferme en parcourant leur page Wikipédia. Figurez-vous que le Slavia gagne souvent le championnat quand ce n’est pas au tour du Sparta évidemment. Pas sûr que leur qualification face à une formation islandaise ait une grande Valur.

La joueuse à suivre: Alika Keene. Une internationale jamaïcaine née aux États-Unis et passée par l’Université de Harvard, la Floride, la Lituanie (où elle a participé à l’émission de télé-réalité X-Faktorius) et la Hongrie, il faut forcément la suivre, non ?

Paris Saint-Germain: En Division 1, il y a un Classique, mais ce n’est pas celui que vous croyez. Comme l’OM est en D2, il a fallu se contenter de l’OL (et s’habituer à ne pas gagner souvent). Étonnamment, les Parisiennes sont passées subitement du statut de locataires du ventre mou du classement à prétendantes au titre en 2011. Peut-être un évènement qatartique, allez savoir.

Malgré tout, le PSG féminin défraie plus la chronique dans les coulisses que sur le terrain ces derniers temps. En effet, l’affaire de l’agression de Kheira Hamraoui sur fond de rivalité, chantage et scandale sexuel, digne des affaires de la sextape et de la famille Pogba chez les hommes, occupe généralement l’entier de la demi-page accordée au foot féminin dans L’Equipe (après les 128 pages consacrées au foot masculin). Franchement, le récit des derniers rebondissements vaut le détour (spoiler alert: la maman de Mbappé serait aussi impliquée).

Les joueuses qui ne sont pas encore en garde à vue: Ramona Bachmann (Suisse), Lieke Martens (Pays-Bas), Ashley Lawrence (Canada), Marie-Antoinette Katoto (France).

La meilleure conteuse de l’équipe: Amanda Ilestedt (une fois).

Bayern Munich: Un peu en retard sur l’immense Turbine Potsdam, Francfort et Wolfsburg, le Bayern féminin ne domine pas encore le monde. Mais avec 3 titres nationaux et 2 demi-finales européennes en 8 ans, ça ne saurait tarder.

La mine de jeux de mots divers et variés: Hanna Glas (Suède), Giulia Gwinn, Lina Magull, Klara Bühl (Allemagne), Sarah Zadrazil (Autriche), Georgia Stanway (Angleterre).

Les championnes de scrabble toutes catégories: Les Islandaises Glódís Perla Viggósdóttir, Karólína Lea Vilhjálmsdóttir et Cecilía Rán Rúnarsdóttir.

Les équipes ayant dû se taper un mini-tournoi à la con avant d’arracher leur sésame en barrage

FC Zurich: Chauvinisme nauséabond oblige, on commence par elles (et aussi parce qu’avec un 7-0 à l’extérieur au match aller à Sarajevo, on a su assez tôt que ça allait être bon). 23 titres nationaux, 15 Coupes, 12 doublés. Il n’y a pas d’équivalent au FC Zurich Frauen dans notre pays. On espère quand même qu’on leur prêtera le Letzigrund pour la phases de groupes* car le Heerenschürli et ses 1120 places risque d’être un peu juste quand même. Sauf erreur, les Suissesses disputeront d’ailleurs les poules pour la première fois de leur histoire (bon OK, cette phase a elle-même été créée il y a deux ans…) et leur meilleur résultat reste une défaite face au FC Barcelone en seizième de finale en 2014.

Les joueuses à suivre: Honnêtement, difficile à dire. Seules 7 d’entre elles ont une page Wikipédia, donc on imagine qu’on va choisir comme ça… On vous dira quand même que le FCZ compte 4 internationales suisses (anciennes ou actuelles).

Les grandes anciennes que les vioques de la rédac’ connaissent un peu mieux: Lara Dickenmann (au club entre 2008 et 2009 avant d’aller empiler les titres à Lyon et à Wolfsburg), Noëlle Maritz (2011-2013, actuellement à Arsenal après 7 ans à Wolfsburg), Coumba Sow (Paris FC), Sandrine Mauron (de retour à Servette après trois ans à Francfort), Caroline Abbé (actuellement dans le staff de la Nati après des passages à Freiburg, au Bayern, à Zurich et à Servette), Eseosa Aigbogun (Paris FC après deux saisons au… Turbine Potsdam ❤️), Adriana Leon (championne olympique canadienne évoluant actuellement à Manchester United).

La joueuse qui a un chat dans la gorge assez persistant (et qui a enrhumé la défense galloise mardi soir): La capitaine Fabienne Humm.

*Eh bien pas du tout ! Elles iront à Schaffhouse, histoire d’éliminer toute velléité de voyage depuis la Suisse romande un vieux mercredi soir. Pas grave, on ira à Lyon.

Benfica: Il y a presque autant de dénommées Silva au Benfica que dans le canton de Vaud. Contrairement aux Vaudois(es), le club lisboète est une équipe qui gagne. En effet, on peut dire que les employées du président Rui Costa ont plutôt dominé leur championnat au cours des 4 ans de leur longue histoire. Le chiffre le plus révélateur est un total de 293 goals marqués et 0 encaissé en 16 matches en 2019, soit un 18-0 de moyenne. Bof.

La joueuse fragile: Cloé Lacasse (Canada).

Le nouveau Messi(e): Kika Nazareth (Portugal).

Juventus: A l’inverse des hommes, l’équipe féminine ne semble pas répondre au sobriquet de Vieille Dame. C’est vrai que ce serait peut-être mal compris. Créée sur les cendres de Cuneo Calcio Femminile en 2017, la Juve a gagné tous les scudetti mis en jeu depuis, ce qui la rend tout aussi pénible que la section masculine pour votre serviteur milaniste.

Les joueuses à suivre: Cristiana Girelli, Sara Gama, Valentina Cernoia, Martina Rosucci, Barbara Bonansea, Lisa Boattin, Arianna Caruso, Agnese Bonfantini (Italie), Sofie Junge Pedersen (Danemark), Linda Sembrant (Suède), Julia Grosso (Canada), Pauline Peyraud-Magnin (France),

La seule citoyenne d’un pays nordique en faveur d’un congé maternité plus court: Sara Björk Gunnarsdóttir (Islande), de retour à l’entraînement en janvier 2022 après avoir donné naissance à son premier enfant deux mois plus tôt, et porteuse du brassard de capitaine de son pays à l’Euro 2022.

Le community manager le plus subtil de la compétition: 

Comme dirait Yannik Paratte: « eeeeh ouaaaaiiiiis, on ne sait pas ce qu’il a voulu faire… »

Real Madrid: En deux ans d’histoire, le club madrilène a éliminé deux fois Manchester City avant la phase de poules. Real-City en barrages de Champions League en plein été dans un stade de campagne, avouez que ça a de la gueule quand même. Pour l’anecdote, le Real est issu du fameux Club Deportivo TACÓN, qui avait jusque-là servi à raccommoder un trou dans le football espagnol.

Les joueuses à suivre: Caroline Weir (Ecosse), Misa Rodríguez, Ivana Andrés, Olga Carmona, Nahikari García, Esther González, Marta Corredera, Athenea del Castillo (Espagne), Kenti Robles (Mexique), Sandie Toletti (France), Sofie Svava (pas mal, et toi ?) (Danemark), Kathellen (Brésil).

AS Roma: Encore un club à la tradition ancestrale, fondé en 2018. Vainqueur d’une Coupe d’Italie, son CV – comme le carnet d’adresses de Petr Svoboda – tient sur un post-it.

Les joueuses à suivre: Elisa Bartoli, Valentina Giacinti, Manuela Giugliano, Elena Linari (Italie), Moeka Minami (Japon), Andressa (Brésil), Emilie Haavi, Sophie Roman Haug (Norvège), Carina Wenninger (Autriche).

SKN St. Pölten: De très loin le plus beau logo de la compétition. Il n’y a donc pas qu’un tournoi ATP à St. Pölten.

La Suissesse de service: Isabelle Meyer.

KFF Vllaznia Shkodër: Avez-vous déjà entendu parler de l’auteur des neuf derniers doublés (consécutifs) Coupe-Championnat d’Albanie ? Maintenant oui.

L’apprentissage des premières années s’est avéré douloureux.

La joueuse à suivre: On imagine qu’Arlinda Piranaj a les dents longues.

 

Voilà, vous êtes prêts à suivre la phase de poules qui débute le 19 octobre avec les groupes suivants:

 

Crédits photographiques:

L’OL en 2019 : Steffen Prößdorf/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Stepro

Le Barça en 2019: Steffen Prößdorf/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Stepro

Chelsea tient la route: Katie Chan/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:KTC

Arsenal Boreham Wood: James Boyes/CC0/Flickr https://www.flickr.com/people/37972999@N07

FC Rosengård: Hangsna/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eskilstuna_United_-_FC_Rosengård0022.jpg

Le Classique: Pierre-Yves Beaudouin/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Pyb

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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