Shaq irrite

Désormais, chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. La quatrième tournée porte sur le nouveau chevelu de l’équipe de Suisse : Xherdan Shaqiri.

Le fait d’être né suisse oblige à des contorsions bizarres. Par exemple, dans les années 80, il fallait être fan de lancer du poids. Obligé. Alors qu’on prenait des secouées dans tous les sports et que seule la reconnaissance de la défaite honorable comme discipline olympique aurait pu redorer un peu notre blason, voilà qu’un Golgoth thurgovien de 130 kg envoyait un boulet à plus de 22 mètres et transformait tout un peuple en amateurs de ce sport si gracieux.

Changement de décor dans les années 2000 : pour obtenir le passeport à croix blanche, il FALLAIT être un mordu de bateaux et tout connaître de l’histoire d’Alinghi, sinon pas moyen. Ce sont d’ailleurs les seules années durant lesquelles on a pu prononcer en Suisse le mot « syndicat » sans se faire immédiatement dénoncer à la police. Tout Helvète était un marin en puissance, et chacun ressentait enfin avec dix ans de retard qu’on a tous quelque chose en nous de Roger Montandon.

A noter que c’est aussi dans les années 2000 qu’un jeune tennisman bâlois a commencé à remporter des titres, fédérant toute un pays. Difficile depuis d’avouer que l’on est Suisse sans être fan de la petite balle jaune. Ce serait comme un Polonais qui boit du sirop ou une photo d’Emily Ratajkowski habillée. Il y a des limites à ce que le cerveau humain peut appréhender.

Et nous voilà arrivés dans les années 2020. Le lancer du poids et la Coupe de l’America sont retournés dans l’anonymat, pendant que RF devenait une marque de casquettes mondialement connue. Mais il est une autre idole intouchable : le footballeur Xherdan Shaqiri, 60 cm de tour de cuisse, 44 de tour de mollet et bien plus encore de tour de melon.

Le sélectionneur Petkovic a depuis longtemps arrêté de nous faire croire que le temps de jeu en club était décisif pour être sélectionné, et cela tombe bien : XS est visiblement plus heureux assis sur le banc à Liverpool qu’en train de courir derrière la balle dans un autre club. Avec cinq titularisations en Premier League lors de cet exercice pour aucun but marqué, il fait encore moins bien que la saison dernière lors de laquelle il avait scoré… une fois.

C’est pourtant bien sur Shaq que la Nati comptera pour l’Euro 2021, auquel elle s’est qualifiée sans lui (aucune apparition durant les qualifications et deux refus de convocation pour les matches décisifs contre l’Eire et Gibraltar).

Je ne discute pas son talent. Mais la Suisse aura franchi un cap quand elle aura le réservoir suffisant pour se passer des joueurs qui se satisfont d’être remplaçants en club, et qui se permettent de choisir leurs matches. Aujourd’hui, je préférerais encore qu’on s’aligne avec Nestor Subiat qu’avec Xherdan Shaqiri.

 

Crédits photographiques :

Xherdan Shaqiri : Steindy/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:AUT_vs._SUI_2015-11-17_(256).jpg 

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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