La Squadra bosse fort

Avec un an de retard, l’Euro 2020 a finalement commencé. Devant son public, l’Italie a étrillé une Turquie venue à Rome déposer un bus que José Mourinho n’aurait pas lui-même garé. Historiquement rodés au catenaccio, les Italiens auront mis une mi-temps pour desserrer le verrou du Bosphore. Malgré une attaque faiblarde, cette Squadra Azzurra a les moyens de voyager loin en 2021 et logiquement jusqu’au Final Four à Wembley.

Le match en deux mots

Forza Squadra.

L’homme du match

Leonardo Spinazzola. Dans son jardin du Stadio Olimpico, le latéral gauche de l’AS Roma a tout fait. Il s’est fréquemment mué en ailier gauche pour déséquilibrer le bloc turc, a défendu avec brio sur les rares contre-attaques adverses, et aurait pu obtenir un penalty en fin de première période en voyant l’un de ses centres repoussé par une main turque. Il a aussi déclenché plusieurs frappes dont celle amenant au deuxième but italien de Ciro Immobile en renard des surfaces. A l’inverse de son compère à droite, Alessandro Florenzi, inexistant et globalement mauvais depuis qu’il a signé au PSG, Spinazzola a illuminé de tout son talent ce match d’ouverture. Il pourrait bien être le Fabio Grosso de la Coupe du monde 2006 qui avait permis à l’Italie de sortir les Allemands chez eux en prolongations en demi-finale, puis d’anéantir les Français en inscrivant le penalty victorieux lors de la séance de tirs au but en finale.

La buse du match

J’aurais pu dire Merih Demiral pour son magnifique but contre son camp et sa reconnaissance envers le pays qui l’emploie généreusement. Mais Turin n’est pas Rome et encore moins l’Italie. Alors je dirais l’équipe turque dans son ensemble pour ce non-match proposé. Commencer un Euro attendu impatiemment depuis un an par toute la planète en proposant si peu de jeu est au mieux une insulte au football, au pire un déshonneur effectué à son pays. Mais comme c’est la Turquie, cela ne nous surprend pas, ni ne nous dérange à vrai dire.

Le tournant du match

Cela aurait pu être cette grossière main turque dans la surface de réparation en toute fin de première période. Il y a trois mois, l’arbitre et/ou le VAR aurait sifflé penalty. Mais les instances ont encore fait évoluer dernièrement la règle des mains dans la surface. Si le score était resté à 0-0 en seconde mi-temps, on aurait entendu les Italiens se plaindre de cette injustice jusqu’à Sion. Mais comme Demiral a eu la bonne idée dix minutes plus tard de catapulter le ballon dans ses propres filets, on a évité la polémique. Le csc du défenseur turc de la Juve est donc le véritable tournant du match.

L’esthète du match

L’arbitre néerlandais Danny Makkelie pour son impeccable brushing. Bon, vous me direz, le gars a eu un an pour le préparer aussi…

Le geste pourri du match

La simulation de Burak Yilmaz en fin de première période dans la surface de réparation italienne face aux 63 ans de Giorgio Chiellini. L’ancêtre de la Juventus Turin, qui a joué autant de fois depuis le début de la pandémie que Marco Verratti a chopé le coronavirus, a failli mourir de rire en mondovision tellement le plongeon du Kral était ridicule.

Toute ressemblance avec Francesco Totti au Stadio Olimpico serait purement fortuite.

Le chiffre à la con

Avec les arrêts de jeu, ce match d’ouverture de l’Euro aura duré 97 minutes, soit exactement le même temps que le troisième set disputé simultanément entre Rafael Nadal et Novak Djokovic à Roland-Garros. En tant que fan de tennis, enfin en tant que fan de Roger Federer pour être tout à fait précis, j’ai donc juste manqué un set entre les deux pires énergumènes de la planète tennis en visionnant ce match de foot inaugural Italie – Turquie.

L’anecdote

Lorenzo Insigne est petit comme Diego Maradona. Lorenzo Insigne joue à Naples comme Diego Maradona. Lorenzo Insigne a inscrit un splendide troisième but du plat du pied que le roi Diego n’a pas dû renier depuis là-haut. On t’aime Lorenzo comme on aimait Diego.

La rubrique de Bientz : mon coup de gueule du soir

L’Euro 2020 décalé en 2021 se joue soi-disant dans toute l’Europe. En réalité, plusieurs pays jouent leurs matches du premier tour à domicile sans que l’on sache d’où vienne vraiment ce favoritisme. Certaines nations en jouent deux, d’autres trois comme l’Italie ce soir qui affrontera prochainement la Suisse et le Pays de Galles sur ses terres romaines. Cette programmation est scandaleuse en matière d’équité. Comme je regrette les anciennes compétitions majeures disputées avec seulement un ou deux pays organisateurs…

Et si le match avait eu lieu en 2020 ?

L’Italie aurait fessé la Turquie de la même façon. Il n’y aurait pas eu de public. On ne nous aurait pas fait croire que Burak Yilmaz était le meilleur attaquant turc de tous les temps. Et Marco Verratti aurait peut-être été présent au coup d’envoi plutôt qu’en boîte de nuit.

La minute Pierre-Alain Dupuis

Ayant regardé le match depuis la France tout en zappant de temps à autre avec la demi-finale de Roland-Garros disputée entre l’insupportable Nadal et l’épouvantable Djokovic, je n’ai pas remarqué d’envolée lyrique stupéfiante.

La rétrospective du prochain match

Les Turcs vont faire match nul contre les Gallois pour maintenir leur faible espoir de qualification en tant que meilleurs troisièmes de groupe. Quant à l’Italie, elle va naturellement s’effondrer chez elle, à Rome, contre la Suisse. Pourquoi ? Pour aucune autre raison valable que notre légendaire chauvinisme romand.

A propos Thierry Bientz 47 Articles
Après avoir parcouru 250 000 kilomètres à vélo en 20 ans, j'ai décidé de prendre un peu la plume pour raconter le cyclisme...

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