A toi lecteur qui crois tout savoir de moi, puisque je me suis donné entièrement dans mes articles, que je me suis mis à nu, que j’ai dévoilé jusqu’à mon intimité, et bien je vais te prouver que je peux encore te surprendre. Non, tu ignores encore une chose de moi : j’ai un beau-frère, un seul, et il est … néo-zélandais ! Tu connais quelqu’un d’autre qui a un beauf kiwi ? Cela t’en bouche un coin non ? Oui, ma sœur est allée chercher un mari à l’exact opposé de la Suisse sur le globe terrestre. C’était ça ou elle nous ramenait un martien. Imagine donc l’ambiance en famille ce dimanche matin, les duels Suisse – Nouvelle-Zélande n’étant pas légion en sport. C’était la guerre ! Bon, en fait mon beauf vit en Suisse depuis 26 ans et a le passeport helvétique depuis des lustres. Mais l’occasion était belle pour trouver une excuse et boire des bières ensemble à 9 heures du matin sans que ma mère (sa belle-mère !) ne puisse nous le reprocher.
L’adversaire
Les Néo-Zélandais sont surnommés les Kiwis, référence à un fruit que tout le monde connaît, mais également un oiseau terrestre qu’on ne trouve qu’en Nouvelle-Zélande (Aotearoa en maori, soit « le grand nuage blanc »). Un oiseau terrestre, oui tu as bien lu, c’est-à-dire qu’il ne peut pas voler. Il est nocturne et couvert de plumes qui ressemblent à des poils et, détail cocasse, il a des narines au bout du bec. Voilà voilà.
Un panneau qu’on ne peut trouver qu’en Nouvelle-Zélande
Les Néo-Zélandais sont des êtres à part, puisqu’ils vivent au bout du monde. Tu veux mieux les connaître ? Clique là: Mieux connaître la Nouvelle-Zélande
L’équipe de football féminine de Nouvelle-Zélande est classée à la 26ème place du classement FIFA (la Suisse est 20ème), et première depuis 20 ans de la Confédération d’Océanie, surtout depuis que l’Australie a rejoint en 2006 la Confédération asiatique. C’est la 6ème Coupe du monde pour les Kiwis. Dans cette Coupe du Monde, la Nouvelle-Zélande a créé la surprise en battant d’entrée la Norvège (12ème nation mondiale) 1-0, leur première victoire dans un Mondial. Probablement gagnées par l’émotion, elles ont ensuite perdu sur le même score contre les Philippines (46ème nation mondiale). La régularité n’est donc pas leur fort.
En maori, la Suisse se dit « la Suisse ». Non je plaisante, ça se dit « Huiterangi ».
Dimanche 30.07.2023, 9h du matin dans le canton de Fribourg. L’atmosphère est irrespirable, l’ambiance électrique, la famille à deux doigts d’exploser.
Le match en deux mots
Bière belge.
Le moment où mon beauf m’a ouvert une St-Feuillien triple a quand même été l’instant le plus excitant du match. Merci Malcolm.
La femme du match
On va quand même désigner Gaëlle Thalmann, joueuse fribourgeoise et gardienne emblématique de l’équipe de Suisse. Elle a fait le job, 3 arrêts propres, pas les plus difficiles de sa carrière. Thalmann mérite ce titre pour l’ensemble de son oeuvre !
La méduse du match (y’a pas de buses en Océanie)
On aurait voulu citer Seraina Piubel, mais la joueuse helvétique a eu beaucoup trop de déchet dans son jeu. L’entraîneure a d’ailleurs sorti la Piubel à la 85ème minute. On aurait également pu désigner la tranchante Wilkinson, la chevaleresque Percival, ou la manuelle Hand.
Le tournant du match
Peut-être la sortie à la mi-temps de la joueuse néo-zélandaise Olivia Chance, qui a sonné la fin des chances de qualification pour son équipe. Ou alors le remplacement à la 62ème minute de l’infatigable Jeannie Longo qui, après avoir remporté son 60ème titre de championne de France à 64 ans pendant la semaine, a encore réussi à débuter le match comme titulaire.
Finalement c’est clairement la latte de Hand à la 24ème minute, la seule action vraiment dangereuse de tout le match. Si celle-ci rentrait…
L’aVARie qui aurait pu couler le match
On a trouvé la solution aux problèmes soulevés par la VAR: pas d’action, pas de VAR. En même temps avec 3 tirs cadrés pour la Nouvelle-Zélande et 1 pour la Suisse de tout le match, tous tellement inoffensifs que même Jane Birkin les aurait arrêtés, il n’y a pas non plus matière à polémique.
La Perth de balle catastrophique du match
On va pas se mentir, le niveau technique a pas été folichon. Il faudrait établir une liste de toutes les pertes de balles, et ça prendrait bien trop de temps. Il est dimanche matin, je me suis levé tôt, le match a pas été enthousiasmant. On va s’arrêter là ok ?
Le chiffre Hamilton (parce que c’est quand même mieux qu’une stat’ à deux balles)
25’947 spectateurs ont garni le stade de Dunedin (Otepoti en maori) pour cette partie. Un public fair-play, qui s’est enthousiasmé sur chaque touche de balle kiwi, même lorsque par exemple leurs favorites mettaient la balle en touche. On a beaucoup aimé !
L’anecdote qu’on aurait pu entendre à Bondi Beach…
… si seulement on y était.
Puisqu’on dit Nouvelle-Zélande, il doit donc y avoir une Zélande originelle ? Pour toi lecteur, voici de quoi combler un vide dans tes connaissances générales et épater tes potes à l’apéro:
La Zélande est la province maritime hollandaise située le plus au sud du pays. En gros, c’est la zone située au-dessus de la Belgique, mais ce territoire a été abandonné facilement aux Néerlandais car aucune bière qui en vaille la peine n’y était produite. Peuplée de 380’000 habitants, elle est composée d’îles, de presqu’îles, de « on dirait des îles » et de « je crois que c’est une île ». D’où son nom de Zeelandia en vieux hollandais, ce qui veut dire « terre des mers ».
Attention à ne pas confondre la province hollandaise de Zélande avec la Seeland, qui est, comme tout le monde le sait, l’île principale du Danemark où se situe Copenhague, où avec le Seeland, soit la région entourant le lac de Bienne où votre serviteur a le bonheur d’habiter.
La Nouvelle-Zélande ayant été découverte en 1642 par Abel Tasman, explorateur néerlandais, ceci explique cela. Petite anecdote cocasse: il a également découvert et donné son nom à… devine… alors… et oui, la Tasmanie !
C’est vraiment très intéressant
Si le match avait été une citation de Zlatan Ibrahimovic
« Avec tout le respect que je dois à ce qu’ont accompli ces dames, et elles l’ont fait fantastiquement bien, on ne peut pas comparer le football masculin et le football féminin. »
C’est en 2013 que Zlatan a fait cette sortie peu galante dans le contexte suivant: Anders Svensson avait reçu une Volvo (je rappelle qu’on est en Suède…) pour avoir battu le nombre de sélections en équipe nationale. Therese Sjögran, qui détenait le record féminin avec 187 sélections, n’avait pas eu droit à cet honneur et cela avait créé la polémique.
Avec toute la classe qu’on lui connaît, Zlatan ne s’est pas arrêté en si bon chemin et a ajouté : « les femmes devraient être récompensées en proportion de ce qu’elles génèrent. Plutôt qu’une voiture, Therese Sjögran devrait recevoir un vélo avec mon autographe, ça suffira ».
La classe à l’état pur !
Ce que vous allez regretter d’avoir manqué si vous dormiez encore (comme chacun sait, « qui dort Dunedin »)
Mon beauf n’habitant pas tout à fait à côté, la rédaction de cet article a exigé un réveil un dimanche matin à 6h30. Si vous n’avez pas réussi à sortir des plumes à temps, vous aurez loupé la qualification helvétique, à la première place du groupe s’il-vous-plaît. C’est un peu tout ce qu’on retient.
La minute Johan Djourou
Difficile de critiquer nos commentateurs Fred Scola et Noémie Beney qui sont capables de prononcer correctement le nom de Ana-Maria Crnogorčević. Chapeau.
A la 30ème minute, Fred Scola nous a sorti un merveilleux : « On est au bout du monde et la Suisse a la tête à l’envers en ce moment ». Décidément en jambes, il déclama à la 77ème : « Le pied de Hand qui finit par chatouiller le tibia de la capitaine helvétique ». On est fan.
La rétrospective du prochain match se jouant dans le même fuseau horaire
La Suisse est qualifiée pour les huitièmes de finale contre la Japon ou l’Espagne. Bien sûr, le match finit sur un 0-0 (1 tir cadré inoffensif de chaque côté) et aux penalties, Gaëlle Thalmann qui ne veut toujours pas finir sa carrière internationale, n’encaisse aucun goal et offre une qualification historique en 1/4 de finale à la Suisse.
Il faut être honnête. Pas grand monde ne donnait à cette équipe une chance d’aller loin dans le tournoi, surtout sans victoire en 2023. Il faut donc admettre que les filles ont fait le job. Qui aurait parié qu’elles allaient finir première du groupe ? Ok, il y a eu deux fois 0-0. On s’en fout, on prend. Et désormais, elles n’auront plus aucune pression. Allez les filles !!
Crédits photographiques:
Kiwi annimal: Burzuchius and Glen Fergus/Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0
File:K is for Kiwi (bird).jpg – Wikimedia Commons
Panneau Kiwi: AlasdairWCC/Wikimedia Commons/BY-SA 3.0
File:DSCN4236 Kiwi roadsign on Ohakune Mountain Road.jpg – Wikimedia Commons
Zlatan: Doha Stadium/Flickr/CC0
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Zlatan_Ibrahimovic_(11668830745).jpg
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