Clubbing : Panathinaïkos

Le football grec n’est pas en très bonne santé depuis quelques années, comme la totalité du pays d’ailleurs. Avant que l’ensemble du football grec ne succombe à une courte mais terrible maladie ou qu’il ne soit sauvé par un émirat du Golfe ou des Chinois (mais la médecine chinoise ça ne marche pas), on s’est dit qu’il était temps de rendre hommage à l’un de ses plus grands représentants, j’ai nommé le Panathinaïkos.

L’histoire complètement bidon du club

Les sources divergent et les historiens du sport n’arrivent pas à se mettre d’accord. D’après certains, le club aurait été fondé durant l’Antiquité par la déesse Athéna. Athènes était alors une cité rayonnante, chantre de la démocratie. Le Panathinaïkos (club de tous les Athéniens) disputait des matchs contre le Pansparta (ancêtre du Sparta Prague) et le Pancorinthianos (ancêtre du club brésilien Corinthians). Seul problème, à l’époque, on pratiquait le sport à poil ce qui, il faut l’avouer, n’était pas très pratique pour les sports d’équipe et expliquerait leur disparition pendant le Moyen-Âge. D’autres affirment que c’est Jésus Christ lui-même qui aurait fondé le club durant sa jeunesse, mais beaucoup pensent à juste titre que cette hypothèse ne tient pas la route, car Jésus a fondé l’équipe du Brésil et le Barça, cela paraît évident, chers historiens de pacotille.

Couleurs, symboles et surnoms à la con

Le Panathinaïkos évolue en vert et possède comme symbole un trèfle. Un peu plus et on confondrait presque ce club mythique en Grèce avec la verte Erin ! Manquerait plus qu’ils se mettent à jouer au rugby ou au football gaëlique. L’origine de ces couleurs et de ce symbole est sérieusement à chercher du côté de la sympathie du fondateur du Panathinaïkos pour l’Irlande et ses athlètes au début du XXe siècle. Au niveau des surnoms, on ne les appelle malheureusement pas les Irlandais, mais de manière très originale les Verts ou les trèfles, voir le Pana mais ça c’est plutôt un diminutif créé de toutes pièces dans notre langue, il ne faut pas confondre.

Stade et supporters

Traditionnellement le Pana joue au stade Apostolos Nikolaidis mieux connu sous le nom de Leoforos. C’est en réalité un petit stade situé assez près du centre historique de la ville d’Athènes dont la capacité n’excède pas les 16’000 places. Dans les années 80, le Panathinaïkos avait déménagé au nord de la ville dans le stade olympique, à Maroussi (celui des JO 2004), stade qu’il partageait avec un autre club phare, l’AEK. Mais la crise financière du club mêlée à une volonté farouche de retourner dans « son » enceinte ont fait que le Pana est depuis quelques années de retour dans son stade originel. Certes, la capacité en termes de spectateurs y est moindre, mais l’ambiance y est très chaude. Juste au cas où tu ne serais pas au courant les fans grecs en général sont des gros malades, un petit tour sur le net s’impose si tu n’es pas au courant… Sans doute parmi les plus grandes ambiances que peut offrir un rassemblement de gens dans le monde et on n’exagère pas du tout ! Aussi bien au football qu’au basket les ultras du Panathinaïkos, la Gate 13, mettent un sacré bazar et vendent franchement du rêve, ils sont entre autres à l’origine du « Horto Magiko » (herbe magique, oui ça parle de drogue), une des chansons les plus chantées dans les kops de supporters en Europe et dans le monde ces dernières années…

Les grands rivaux du club

En Grèce, il y a trois catégories d’équipes : celles d’Athènes, celles de Thessalonique et les autres. Pour trouver le ou les grands rivaux du Panathinaïkos, il faut forcément aller chercher du côté des derbys athéniens. Et là sans grande surprise on trouve l’Olympiakos, club du Pirée, le port d’Athènes. Ces deux équipes, les plus titrées de Grèce, se disputent « le derby des éternels ennemis » ce qui annonce clairement la couleur. Oui, les deux équipes se détestent, l’ambiance y est très chaude, voire électrique et pas qu’en foot d’ailleurs (en basket surtout). Et là on ne rigole pas avec ça en Grèce… Matchs arrêtés, interdiction du secteur visiteur, émeutes, alertes à la bombe, bagarres en tout genre, matchs truqués, assassinats, bref cette rivalité-là est un sacré dossier qui mériterait largement son article à elle seule, voire une série. Comme toujours, à la base il y a une histoire de riches contre pauvres, d’ouvriers contre bourgeois, de périphérie contre centre. Mais de nos jours ces histoires de lutte des classes qui datent de nos grands-parents sont dépassées et de toute façon avec la crise tout le monde est pauvre en Grèce. L’autre grand rival c’est l’AEK Athènes, club des réfugiés grecs venus de Turquie dans les années 1920 qui a une étiquette d’extrême-gauche en Grèce. Même si ce derby n’atteint pas la folie de celui des éternels ennemis, il reste quand même très chaud. Mentionnons encore la rivalité qui oppose les clubs de Thessalonique (PAOK, Aris et Iraklis) aux clubs d’Athènes dont le Pana. Une rivalité sans doute plus ressentie du côté des clubs de la deuxième ville du pays au Nord que chez les clubs de la capitale.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade

Les vraies légendes du Pana sont, à quelques exceptions près, à chercher dans les années 70, à l’époque où le football grec était encore amateur et le pays une dictature. Des noms qui ne disent probablement rien à personne qui composaient l’excellente équipe de 1971 et qu’on pourrait allègrement inventer sans que personne ne le remarque. Mais vu que l’on essaie parfois d’être honnête on citera Mimis Domazos, Antonis Antoniadis, Giorogios Moustakis et Anthimos Kapsis. Bon on te laisse trouver l’intrus qui s’est glissé dans la liste et peut-être gagner ce chèque de 10’000 Euros à encaisser auprès de TF1. Plus récemment, l’idole du peuple vert a été un Polonais qui est devenu une légende. Ce Polonais, pas forcément très connu, c’est Krzysztof (Christophe) Warzycha qui a passé 15 ans au club, disputé presque 400 matchs officiels et scoré près de 250 buts. Une jolie moyenne quand même pour l’attaquant qui n’a connu que deux clubs dans sa carrière et a poursuivi sa carrière en tant qu’entraîneur en Grèce (sans grand succès). Il s’est même récemment lancé dans la politique dans son pays d’adoption où c’est bien le bordel, bien du courage. Sinon on est obligé de citer Giorgios Karagounis, presque 300 matchs avec le Pana, puisque c’est tout simplement – je l’avoue – mon idole.

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Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir

Il y a bien eu Djibril Cissé, Sidney Govou et Jean-Alain Boumsong, ce qui ensemble réuni fait beaucoup quand tu y penses. Heureusement, Nikos Aliagas serait supporter de l’Olympiakos, ça équilibre un peu. Mais quand quelqu’un ose passer des verts du Panathinaïkos aux rouges et blancs de l’Olympiakos ou vice-versa, il te tend une perche pour figurer dans cette catégorie. Ils sont pourtant une poignée à avoir réalisé une telle folie, sans doute des individus qui n’ont pas un sens de l’autoconservation très développé. Citons plus particulièrement le cas d’Antonis Nikopolidis. Le gardien héros du hold-up grec de l’Euro 2004 est resté fameux pour son titre mais également pour être passé d’un ennemi à l’autre dans la foulée de son sacre européen au Portugal. Celui que l’on nomme volontiers le George Clooney grec s’est brouillé avec les dirigeants du Panathinaïkos durant la saison 2003-2004 ce qui l’a précipité remplaçant après plus de dix ans de loyaux services. Des histoires de renouvellement de contrat et d’augmentation de salaire bien sûr, quand on vous dit que l’argent corrompt la société. Peu avant l’Euro héroïque des Grecs, il est révélé au grand jour que Nikopolidis aurait signé chez l’archi-rival de l’Olympiakos… club avec lequel il évoluera pour la fin de sa carrière professionnelle et même plus encore. Une trahison sur fond d’argent qui vaudra même au gardien grisonnant des huées lorsqu’il soulèvera le trophée lors du plus grand succès sportif grec de l’histoire qui fait que tout le monde les déteste.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore

Le palmarès du Panathinaïkos comprend 20 titres de champion, ce qui ne représente même pas la moitié de ceux que compte le rival Olympiakos. Sur la scène européenne, aucun club grec n’est parvenu à s’adjuger le moindre titre… C’est pourtant le Panathinaïkos qui en a largement été le plus proche avec une finale de Coupe des Champions perdue en 1971 face à l’Ajax de Johann Cruyff ainsi que deux demi-finales en 1985 et surtout en 1996. Cette dernière est probablement la plus marquante puisque le Panathinaïkos alors emmené par Warzycha, Apostolakis ou encore Kalitzakis retrouve le grand Ajax, champion en titre, qui compte dans ses rangs les De Boer, Litmanen, Kluivert, Davids, Kanu et surtout Kiki Musampa. Un match aller à l’ancien stade Olympique d’Amsterdam (qui sera détruit l’été suivant) où les Grecs verts s’imposent « à la grecque » en inscrivant le 1-0 sur un modèle de contre emmené par Giorgios Donis et conclu par l’inévitable Warzycha. De quoi faire rêver et espérer un peuple entier d’une finale. Malheureusement, au retour les Athéniens seront cruellement battus 3-0 dans leur antre en craquant dans le dernier quart-d’heure.

Bon ok, et actuellement

Après avoir connu quelques années compliquées, le club de tous les Athéniens est de retour à la deuxième place du championnat grec, place qu’il a occupé régulièrement ces dernières années. Il faut dire que sur les 20 dernières éditions de championnat, 18 ont été remportées par le rival Olympiakos et ça n’est a priori pas prêt de changer… Et après on ose se plaindre de la domination du FC Bâle en Suisse. Plus sérieusement, le Panathinaïkos a récemment été en partie racheté par les supporters eux-mêmes, un peu comme ce qui se fait en Espagne, ce qui a permis au club de sortir un peu la tête de l’eau. Bon bien tout cela est très joli, mais la date du début du championnat grec a été reportée cette année pour causes de violence entre supporters mais également, et surtout, pour des histoires de désaccords entre la Fédération grecque et plusieurs clubs (dont le Pana). Ceux-ci menaçaient de se retirer du championnat afin de dénoncer la collusion entre la fédération et l’Olympiakos… Bref, le football grec est encore et toujours dans de sales draps.

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