En route pour la LNC ?

10e journée de championnat de LNB. Le LS se rend à Bâle pour y défier Concordia, et perd sur la marque de 2-1. Nous sommes en 2006, il y a tout juste une année… Lausanne compte 15 points, et survit à la huitième place… Le public gronde, les supporters manifesteront dans quelques semaines leur mécontentement, accélérant peut-être la démission du pitoyable Geiger…

Une année plus tard, lors de la même 10e journée, le LS perd à nouveau au Rankhof. Avec neuf points de moins qu’à l’époque (neuf points de moins !), il est un relégable tout désigné. En début de saison, le public a pourtant volontiers patienté, enchanté par la qualité du jeu proposé par nos gamins, persuadé que les résultats suivraient… Mais depuis quatre rencontres, le LS a perdu sa jouerie. Les supporters connaissent trop la première ligue pour ne pas se rendre compte que le jeu développé actuellement peinerait à mettre en difficulté les grosses écuries de la catégorie d’en-dessous. Le bloc se fait néanmoins autour de Bertine et des nouveaux dirigeants. Pour combien de temps ?Sept points de retard sur la barre. Est-ce que quelqu’un se rend compte à quel point c’est énorme ? Schaffouse, Locarno et Servette, qui sont les trois équipes à 13 points, vont-elles subitement se mettre à perdre tous leurs matches en attendant que le LS ne réagisse ? Si au moins nous jouions comme il y a un mois, si au moins notre jeu ne s’était pas complètement étiolé, on y croirait sans trop se forcer. Mais les faits sont là : durant 80 minutes contre Servette, durant 70 minutes en Swissmerd Cup contre le Wunderteam d’Echallens et pendant les deux premières mi-temps à Winterthour et à Concordia, le LS a été indigne de son statut, de son maillot, de son Histoire.
Mais que s’est-il passé, bordel, en un mois, pour que le LS ne se transforme en équipe de clapier ? Eh bien, à mon humble avis, il y a deux raisons. La première est une paradoxale excellente nouvelle : Drago est arrivé. Depuis des mois et des mois, les supporters attendaient l’engagement d’un buteur pour remplacer le fantomatique Thurre. Il est enfin arrivé, tout le monde y croyait et y croit encore. Mais l’équipe a du coup subitement changé sa façon de jouer. Elle, dont la qualité principale se trouve au milieu de terrain, a commencé à balancer de longues balles en avant pour Drago-le-Messie. Systématiquement. A tel point que les joueurs du milieu qui ne sont pas encore blessés le seront tous prochainement d’un vilain torticolis, à force de voir passer les balles aériennes.

La seconde semble invraisemblable, mais je commence vraiment à y songer : un gamin de seize ans s’est blessé. Alexandre Pasche est en effet indisponible depuis le match contre Servette. Il animait le milieu de terrain avec toute la fougue de sa jeunesse, et un talent inversement proportionnel à son jeune âge. Le hasard coquin a voulu que la lente désagrégation du jeu lausannois corresponde à sa soudaine absence. Je suis un païen qui prie tous les jours pour qu’il revienne.
N’y allons pas avec le dos de la main morte : le mal est profond, et la première mi-temps à Bâle est très révélatrice du malaise actuel. Devant la quinzaine de supporters lausannois qui avait effectué le déplacement en semaine, le LS a inventé une nouvelle façon de jouer, difficilement explicable. Vous vous souvenez du fameux «kick and rush» des Ecossais contre la France ? Ça peut vous donner une idée, en pire. En fait les Vaudois ont alterné les phases de «kick and kick» (le défenseur balance n’importe où, et si un coéquipier passe par erreur dans le coin il balance également n’importe où) et les phases de «rush and rush» (je cours partout sans m’occuper de la balle, puis je cours partout sans m’occuper de la balle).
Bien sûr, le traditionnel penalty sifflé d’entrée par la taupe du jour n’a pas foncièrement aidé les bleus et blancs (rouges pour l’occasion). Mais tout de même, quelle misère ! Celui qui peut me citer une action en première mi-temps pendant laquelle la balle a été touchée par un défenseur, un milieu puis un attaquant et qui a débouché sur ne serait-ce qu’une demi-occasion gagne une nuit avec Taylor Rain (cela pourrait être le webmaster du Club, qui a réussi à écrire à la pause que le LS était mené sans avoir mal joué… Je rêve.)
En seconde mi-temps, le LS prend d’entrée un goal, histoire de bien saper le moral de la meute de supporters. La réduction du score aurait pu valoir un début d’érection, mais le temps que l’information arrive au cerveau, Concordia avait déjà planté le troisième. Magique.

C’est alors que je me suis rendu compte à quel point le dernier carré de fans (moi compris) était fataliste, voire sarcastique. C’est une façon comme une autre de masquer sa tristesse, ne nous-y trompons pas. Je cite :

– «Cette saison, il nous reste comme ambition de rejoindre le ventre mou du classement, là où il ne se passe rien»

– «Ne vous inquiétez pas, d’autres équipes en prendront quatre au Rankhof. Non ? Vous êtes sûrs ?»

– «Ne nous plaignons pas, on pourrait être fans de Chiasso. Eux au moindre déplacement ils font 800 km, ils étaient favoris et sont derniers, ils viennent d’en prendre 4 à la Tchaux, leur entraîneur c’est Ponte et leur président Grassi ». C’est vrai qu’on trouve toujours plus malheureux…
Bilan ? Une défaite, un gros coup au moral, et l’impression que cette équipe n’en est plus vraiment une. Je paierais cher pour avoir une oreille dans les vestiaires, car le doute m’envahit quant à l’ambiance, à l’esprit de cohésion et au potentiel de rébellion de ce groupe. Et même sans parler d’équipe, en prenant certains joueurs individuellement, ne tournons pas notre langue par quatre chemins : Scalisi s’est montré très très emprunté comme latéral droite. Moumouni a semblé n’avoir comme seul atout que la présence physique. Sonnerat, pour sa première apparition, a rappelé Mora pour la qualité de sa relance. Alvarez n’a pas pu compenser sa précipitation et sa maladresse par son indéniable engagement. Balthazar faisait vraiment peine à voir pendant une heure en attaquant de pointe, et Malgioglio a été transparent. Je ne sais pas si les autres ont vraiment été meilleurs, aux exceptions notables de Ebe (toutefois par trop maladroit) et surtout de Drago, qui a tout tenté comme faux ailier gauche. Je signale aussi que Favre a sauvé l’équipe à plusieurs reprise (et réalisé un miracle en 1e mi-temps), mais que le dernier et anecdotique goal est pour lui.
Le retour fut long pour les supporters (et j’espère très, très long pour les joueurs). L’échéance de dimanche contre Kriens revêt une importance capitale. Mais une chose est certaine : si c’est pour jouer comme les derniers matches, le LS ferait mieux de ne pas s’aligner : avec 0-3 par forfait, on s’en sortira bien. Surtout, surtout, c’est peut-être la dernière chance de montrer quelque chose au public lausannois, cocufié par la pantalonnade proposée contre Servette. Si le club phare du canton ne veut pas finir naufragé devant 500 spectateurs, cela passe par une réaction ce dimanche.
 Photos ©Pascal Muller, www.mediasports.ch

Concordia Bâle – Lausanne 4-1 (1-0)

Rankhof : 250 spectateurs.
Arbitre : M. Graf.
Buts : 10e Iandoli (penalty) 1-0, 49e Muff 2-0, 60e Balthazar 2-1, 61e Muff 3-1, 80e Bieli 4-1.
Carton jaune : 44e Ferreira, 47e Demiri, 87e Eli.
Concordia Bâle : Meili; Maric, Gloor, Schweizer (20e Ferreira), Demiri; Mathys, Kolling (62e Thüring), Grippo, Iandoli; Muff (79e Jegge), Bieli.
Lausanne : Favre; Scalisi, Moumouni, Lacroix, Sonnerat; Rey (66e Ebe), Eli, Bugnard (57e Malgioglio); Alvarez (56e Thurre), Balthazar, Drago.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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4 Commentaires

  1. bel article ,mais alors put…ca va pas nous remonter le moral peut etre quils devraient aller se faire une fondue a la buvette du FC Baulmes…..allez LS

  2. encore une saison toute pourrie. Le pire cest quon sy habitue!

    LS a un budget pour une monter une équipe faite …pour ne pas monter, mais au moins faire bonne figure. Pas vraiment bandant comme perspective. Et quand tout va mal, cest carrément affligeant!

    hop LS

  3. C’est alors que je me suis rendu compte à quel point le dernier carré de fans (moi compris) était fataliste, voire sarcastique.

    Vous connaissez bien le dicton « à ce point là, il vaut mieux en rire. »

  4. Cest une façon comme une autre de faire fuir la boule quon a tous dans le ventre à la lecture du classement. Et cette intime conviction que le LS ne survivrait pas à une relégation.

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